Dossier

08.10.2005 à 14h21 par

X05 : le Salon, la Conférence

Ca y est ! Dernier grand événement avant la sortie mondiale de la Xbox 360, le X05 a refermé ses portes mercredi dernier après deux journées bien remplies. Pour Microsoft, l'enjeu du salon était de convaincre la presse et d'impressionner après des prestations plutôt mitigées jusque-là, dont celle du dernier E3. Dans le cadre magnifique de la ville d'Amsterdam, une des plus belles métropoles européennes, la firme de Redmond a beaucoup montré, mais a-t-elle réussi son pari ? Compte-rendu.

Préliminaires

S’il est un point sur lequel Microsoft aurait difficilement pu mieux faire, c’est celui du choix de la ville hôte de son X05. Située à quatre heures de train de Paris, Amsterdam est une ville au charme fabuleux qui constituait l’écrin idéal pour cet événement majeur.

Edifiée au 12ème siècle, la première cité des Pays-Bas est étroitement liée à l’eau, ne serait-ce que par son nom. En effet, Amsterdam signifie "Digue sur l’Amstel", la ville étant édifiée sur le confluent de ce fleuve et de l’Ij, autre cours d’eau néerlandais. Baignée de nombreux canaux, à l’instar d’une certaine Venise, elle recèle des trésors d’architecture et possède un charme envoûtant, plutôt rare de nos jours.

Dans ce contexte, Microsoft avait judicieusement organisé un transfert hôtels/X05 en bateau qui s’est vite transformé en une véritable visite de la ville depuis ses canaux. Soleil et température agréable, verdure, ponts et maisons superbes ont agrémenté ce prélude parfait à la conférence qui s’annonçait décisive.



La Conférence Microsoft


Une fois les quelques 1500 invités arrivés sur place et un rapide apéritif servi, tout le monde fut amené, par un jeu de couloirs en toile agrémentés de néons verts, dans un colossal amphithéâtre, où trônaient un immense écran vidéo ainsi qu’une Xbox 360, située en-dessous, sur l’estrade. Après que tout le monde se soit installé et que les différents preneurs de vidéos (dont nos amis BlimBlim et Snake X) aient placé leur matériel, le show allait pouvoir débuter.

Replaçons les choses dans leur contexte : cette conférence était la dernière grosse opportunité offerte à Microsoft de frapper un grand coup avant la sortie de la 360, grand coup qu’on attendait depuis l’E3 et qui n’était pas encore venu. Tous les espoirs étaient permis, d’autant que les plus grosses pointures de l’univers de la Xbox allaient intervenir : Chris Lewis, vice-président de Xbox Europe, Robbie Bach, Jay Allard et Peter Moore.

Lewis fut le premier à prendre la parole, annonçant d’entrée que la sortie de la Xbox 360 ne signifiait pas la fin de la Xbox première du nom. De nombreux jeux, plus ou moins attendus, furent alors présentés en vidéo. Cependant, malgré la volonté de Microsoft de citer la première Xbox, il était évident que ce serait la 360 qui serait la vedette, et le discours s’orienta rapidement vers elle.

Avec 200 jeux d’ores et déjà en préparation sur 360, le catalogue ne risque pas de ressembler à un "no games land". En tant que vice-président de la section Europe, Lewis a également énuméré quelques grands développeurs du vieux continent, dont Rare. A suivi ce que tout le monde ou presque attendait : la vidéo ingame d’un des premiers niveaux de Perfect Dark Zero, annoncé comme le Halo de la 360 et pressenti pour être le jeu phare du salon.

On pensait, on voulait être subjugués par ce jeu si secret jusqu’à maintenant, mais, comme les applaudissements de la salle, fournis mais pas délirants, le montrèrent, le soufflé se dégonfla quelque peu. Montrant un niveau joué en coop, que nous serions amenés à expérimenter nous-mêmes plus tard, la vidéo montrait à n’en pas douter un jeu Next-Gen plutôt soigné, mais pas LE jeu, pas la bombe qu’on souhaitait. Peut-être en attendait-on trop à ce moment-là,et d’ailleursnotre avis serait amené à évoluer après avoir pu jouer au titre de Rare.

Suite à cette première séquence, ce fut au tour de Robbie Bach de s’exprimer. Les quelques minutes durant lesquelles il discourut constituèrent le moment le plus masturbatoire de la conférence pour Microsoft, puisque, non content de se satisfaire du "très grand succès" de la Xbox, il lista ensuite des objectifs pour la 360 semblant encore bien incertains. Le bilan pour la Xbox actuelle version Bach fut simple : 22 millions d’unités vendues dans le monde, succès considérable pour le Xbox Live avec 2 millions d’inscrits, l’implémentation réussie du disque dur et des titres qui auront " marqué l’histoire " comme Halo ou Fable.

Loin de s’arrêter en si bon chemin dans sa symphonie verbale, Bach annonça ensuite les grands axes de la stratégie Xbox 360.

-Faire croître l’industrie du jeu vidéo

-Occuper la première place mondiale du marché des consoles de salon

-Ne pas laisser le marché européen de côté comme cela avait pu être fait par le passé

-Conquérir le Japon

Des buts, vous le comprendrez, en qui nous sommes moins portés à croire que mister Bach, du moins pour le moment. S’il est quasi-certain que la Next-Gen contribuera un peu plus à la démocratisation du jeu vidéo, à l’ouverture des marchés, il reste encore difficile d’imaginer que Microsoft pique la première place de Sony, et peut-être encore plus de penser que le marché japonais accueille à bras ouverts sa console nouvelle génération.

Dans l’esprit de Robbie Bach, il n’y a apparemment aucun doute, puisque la Xbox 360, et on le cite, est la console Next-Gen la plus puissante, tant au niveau du software qu’à celui du hardware, qu’elle possède les meilleurs jeux, le meilleur service en ligne et le plus fort lineup de l’histoire.

Certes ce discours légèrement optimiste ou mégalo, à vous de choisir, était plaisant à suivre, mais on était alors encore dans l’expectative, attendant les autres annonces qui allaient être faites.

Ces annonces, on les sentait bien arriver en même temps que l’adulé Jay Allard (peut-être légèrement gagnant à l’applaudimètre). Mais il était dit que les jeux attendraient encore, puisque dans l’immédiat, le divin chauve nous invitait à parcourir le dashboard et à tester les capacités Live de la 360, tout cela en temps réel, sous nos yeux, avec, du moins l’annonçait-il, une connexion Internet normale.

On découvrait ainsi en vrac les thèmes de dashboard, permettant de mettre son interface aux couleurs de différents jeux (Jay choisit PGR3), la musique qui continue de fonctionner dans tous les écrans du dash, la liste des amis Live à affichage instantané sans chargement, le gamer score, sorte de capital de points accumulés dans tous les jeux joués ou encore le nouveau Live Arcade, recelant plein de mini-jeux sympas et possédant des high scores en ligne.

Un aspect surprenant se révéla être la facilité d’accès et de navigation du dash. Aucun temps de chargement, une interface claire, lisible et épurée. Sans doute ce qu’on a vu de mieux en la matière sur consoles.

Autre aspect intéressant, qui devrait calmer les tricheurs, encore trop nombreux sur le Live : un système de préférence sera mis en place, qui permettra de sélectionner les joueurs agréables pour les rencontrer à nouveau, et, à l’inverse, de "marquer" les adversaires insultants, tricheurs, etc. manipulation ayant pour effet de les écarter à jamais de vos futures parties. Mine de rien, on tient là un système intéressant, dans le sens où un tricheur invétéré se verra peu à peu exclu, à cause de sa mauvaise réputation. On espère vivement que ce système portera ses fruits.

Prochaine étape : le Marketplace. On pourra y télécharger trailers et démos de jeux à venir. Enfin, Jay se décida à lancer une partie de PGR3, à partir d’une liste d’amis Live très simple d’utilisation, qui fut jouée par un autre que lui, mais qui eût le mérite de démontrer les qualités graphiques du titre de Bizarre, même en situation de jeu online.

Quatrième larron, Pete Moore, monsieur tatouage, allait lui davantage s’intéresser aux jeux de la console, pour notre plus grand bonheur. D’entrée, il annonçait la couleur en déclarant : "Nous, chez Microsoft, on a toujours préféré montrer du gameplay plutôt que des vidéos pré-calculées". Pique destinée, vous l’aurez compris, à Sony, et qui, avec tout le respect dû à l’éditeur japonais, se justifiait tout à fait (rappelez-vous la fin du trailer de MGS4).

Une phrase revint souvent : "It’s all about the games". Tout pour les jeux. Ceux-ci seront la base de l’aventure Xbox 360. Encore heureux.

S’en suivit une démo de Gears of War jouée en temps réel par Cliff Bleszinski d’Epic. Proposant un niveau très axé suspense/angoisse, dans une nuit zébrée d’éclairs et inondée de pluie, elle fut impressionnante, et nous y reviendrons dans un 1st Look complet puisque nous avons eu le privilège d’assister à une présentation du jeu menée par Cliff en personne.

Ensuite, Peter annonça quelques titres marquants, tous exclusifs. Crackdown d’abord, le jeu signé Real Time Worlds (studio de David Jones, créateur de GTA et de Lemmings), mettant en scène un héros surpuissant, lâché dans une ville immense. Une sorte de GTA, les super-pouvoirs en plus, à la liberté encore accentuée. Intéressant.

Suivit Too Human, titre développé par Silicon Knights (Legacy of Kain, MGS : The Twin Snakes) et orienté action où on incarnera un dieu cybernétique : Baldur. Pas grand chose n’a filtré sur ce soft, premier épisode d’une trilogie qui devrait débuter vers fin 2006.

Troisième annonce : le nouveau jeu de BioWare, Mass Effect. Un trailer affichant de très beaux graphismes fut projeté. RPG à la sauce spaciale, il promet beaucoup de liberté ainsi qu’un scénario à la hauteur d’une grande épopée de science-fiction. A placer dès maintenant dans les jeux les plus prometteurs de la console, même si, au fond, rien de concret n’a vraiment été montré.

Vinrent par après les jeux 3rd party, avec une démo de Call of Duty 2, jouée par Grant Collier et une présentation de King Kong (Ubisoft).

C’est alors que l’intermède surprise de ce début de soirée intervint, puisqu’un message enregistré de Peter Jackson lui-même nous apprit que le barbu, coupable d’avoir commis une certaine grande trilogie récemment et non content de collaborer avec Microsoft pour l’adaptation de son King Kong, allait devenir le producteur exécutif du film Halo. Très belle surprise, surtout quand on connaît le bonhomme et ses passions.

Par la suite (et fin) furent annoncés Tomb Raider Legends, Splinter Cell 4, un nouveau Wolfenstein signé id Software et Alone in the Dark Next-Gen. Une belle brochette de jeux dont la longue présentation des titres EA (dont Superman Returns et FIFA road to Worldcup) ne parvint pas à estomper l’intérêt.

Sentiments mitigés à la fin de cette conférence très attendue, parce que d’une part, elle s’était révélée tout à fait correcte, avec des annonces surprises (Mass Effect, Halo : le film produit par Pete Jackson), des démos en temps réel, des infos sur les ambitions de Microsoft, un grand dynamisme général, mais d’autre part, aucune news fracassante n’avait fait d’apparition. Cependant, on peut se demander quel événement aurait réellement pu enflammer la soirée. Un Perfect Dark ahurissant ? un trailer de Halo 3 ou de Fable 2 ? Finalement, on en attendait peut-être trop, trop tôt. Au niveau du spectacle, de l’agencement de la soirée, Microsoft a globalement plutôt assuré, même s’il est certain qu’il aurait été de bon goût d’avoir une info qui aurait " tué sa mère ". Au final, si on dresse aujourd’hui le bilan, celui-ci est bon, mais pas exceptionnel.


La soirée X05


Suite à la conférence officielle avait lieu une soirée au cours de laquelle de nombreux titres Xbox 360 seraient jouables. Se déroulant à l’intérieur d’une immense salle circulaire plongée dans une atmosphère de club à la mode, elle permit de tester presque tous les jeux que l’on attendait, à l’exception de Gears of War.

Alors que l’on s’apprêtait à se jeter sur les bornes, des basses dignes d’une rave se mirent en route (le genre qui fait tellement trembler le sol que les verres de champagne tombent des tables) et le centre de la salle, caché jusqu’alors par une grande toile, révéla un spectacle d’acrobates, dont le centre d’attraction était une charmante demoiselle déguisée en Joanna Dark. Dans le même temps, quelques plats cuisinés commencèrent à être distribués, dont de délicieuses frites/mayo, spécialité du coin.

A la fin des impressionnantes pirouettes aériennes de nos amis acrobates, les jeux furent enfin accessibles, toujours sous les coups de boutoir de la sono qui fit sans doute éclater de nombreux tympans durant la nuit. Premier constat : malgré la sortie imminente de la console, la plupart d’entre eux étaient salement buggués. Aliasing notamment. Sans gêner l’évaluation des différents gameplays (quoique, parfois…), cela ne facilitait pas l’appréciation des graphismes, qui constituent, avouons-le, la principale avancée de la Next-Gen.

Notez qu’au vu de la grande masse d’impressions que nous avons rassemblées, nous vous proposerons très bientôt plusieurs 1st looks ainsi qu’un second dossier qui rassembleront les éléments importants des essais que nous avons pu faire.

Après plusieurs heures de beuverie, la tête alourdie par la musique (Microsoft avait clairement abusé à ce niveau) et la tête pleine des images des dizaines de jeux présents, tout le monde s’en retourna à l’hôtel alors que se profilait une seconde journée bien moins tonitruante.


La seconde journée


Durant ce second jour, presque tous les jeux étaient à nouveau jouables, mais le principal intérêt était la possibilité d’accéder à de multiples présentations dans des showrooms privées. Sans apporter d’infos capitales, elles permettaient de rencontrer les hommes derrière les jeux et de leur poser des questions, tout en accédant à des vidéos ou menus inédits des titres en développement. Un buffet proposant des spécialités néerlandaises trônait au milieu de la salle, déjà visitée la veille avant la conférence. N’ayant duré au final que cinq petites heures, cette fin de programme accentuait encore davantage l’impression que ce X05 était passé à la vitesse de l’éclair. Quand ça passe trop vite, c’est qu’on ne s’ennuie pas, et effectivement, on ne s’était pas ennuyés une seconde.


Si les jeux Xbox 360 vous intéressent, courez lire notre dossier résumant toutes nos impressions sur les titres du X05.

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