Dossier

11.03.2008 à 07h21 par |Source : Rédaction

Chronique XM #0 : Baisse de prix Xbox 360, quel impact ?

Bizarrement, alors que plus ou moins tout le monde la pensait obligatoire pour redynamiser les ventes et l'appelait de ses voeux, la baisse de prix de la Xbox 360, maintenant qu'elle est effective (ou presque : elle prendra effet ce vendredi), suscite quelques doutes et provoque comme par miracle un soudain débat sur les carences de la console de Microsoft. Qu'en est-il vraiment ?

C’est donc officiel : toute l’offre hardware de Microsoft est sur le point de baisser, plus encore que ce qui était prévu au départ dans les nombreuses rumeurs qui avaient innondé le net quelques jours auparavant. Tous les tarifs seront diminués de 80 € à la fin de la semaine, ce qui placera le Pack Elite à 370 €, le Pack Premium à 270 € et et le Pack Arcade à 200 €.

D’un simple point de vue tarifaire, la manoeuvre permet à Redmond de se replacer idéalement par rapport à la concurrence. Son offre de base, le Premium, reprend ses distances avec la PS3 la moins chère (400 €), avec qui la différence de 50 € seulement se justifiait de moins en moins. Mais le pack principal de l’offre Xbox 360 arrive aussidésormais à un cheveu du prix de la Wii. Si on met de côté l’éternelle question de la fiabilité, si on considère la valeur intrinsèque des hardwares, l’offre de Microsoft est à présent, et de loin, meilleure que celle de Nintendo.

Le pack Arcade, lui, passe sous la barre symbolique des 200 €. Ce n’est pas un hasard si Redmond l’a positionné de cette manière : ce seuil tarifaire est communémentconsidéré dans l’industriecomme la barrière psychologique au delà de laquelle tout un pan de la clientèle cesse d’hésiter et achète. En dessous de 200 €, le prix cesse d’être un frein. Robert Kotick, PDG d’Activision,avait souhaité, il y a quelque temps, que les constructeurs franchissent cette barre des 200 €, Microsoft est le premier à le faire, et c’est un joli coup.

Seulement voilà, au lendemain de l’annonce, la troupe des analystes, presque à l’unisson, prédit que cette fameuse baisse générale ne suffira pas. Le plus célèbre d’entre eux, Michael Pachter, prédit une augmentation des ventes probable de 20%, tout en notant que Sony devrait rapidement combler l’écart à nouveau important séparant Xbox 360 et PS3. La rumeur court que le constructeur japonais préparerait lui aussi une baisse de prix cette année, mais on ignore quand celle-ci interviendra.

Circonspects, David Cole de DFC et Ed Barton de Screen Digest accueillent la nouvelle avec méfiance. S’ils s’accordent sur une très probable augmentation ponctuelle des ventes, ils doutent tous les deux que le facteur prix soit le seul à peser dans la balance.

Les deux compères ont parfaitement raison. Mais ils enfoncent une porte ouverte : on sait depuis longtemps que Microsoft souffre d’un déficit d’image en Europe. Mis à part le Royaume-Uni, premier marché du continent aux goûts proches de ceux des consommateurs américains, la Xbox 360 est en difficulté un peu partout, et ce depuis un bon moment. Dès l’été 2006, la console a montré des signes de faiblesse sur la majorité des marchés, et depuis,cette tendancene s’est jamais démentie. La PS3, lancée plus d’un an après la 360, avec moins de jeux et un prix plus élevé, a désormais, grosso modo, la même base installée que sa rivalesur le vieux continent. La Wii, elle, s’est envolée un peu partout et domine la majeure partie des marchés. Le public européen montre, jour après jour, son grand attachement aux jeux faciles d’accès et aux marques Nintendo et Playstation, implantées depuis maintenant très longtemps et devenues, au fil des années, lesmarques "de base" quand on parle de jeu vidéo.

Le problème de la Xbox 360 est double en Europe. La machine souffre d’un déficit d’image doublé d’une offre logicielle qui n’est pas encore totalement adaptée aux attentes du public. Voilà pourquoi une baisse de prix, aussi importante soit-elle,ne suffira pas. La console est, c’est entendu, désormais à un tarif idéal, il lui manque encore un moteur pour exploiter ce potentiel marchand.

Les déclarations de François Ruault, directeur de la division grand public de Microsoft France, faites à la presse à l’occasion de la baisse de prix, sont à ce titre assez équivoques.

"Nous n’avons peut-être pas suffisamment investi autour de la marque Xbox. Avec cette nouvelle phase, nous souhaitons désaisonnaliser notre approche du marché" a-t-il déclaré.

Voilà qui démontre que Microsoftsait que la baisse ne suffira pas, que le problème est plus profond. Et compte réagir. Une grande campagne de promotion va être lancée incessamment, et, comme on le constate déjà, un gros effort va être fourni pour mettre en avant GTA IV, titre-clé de l’année,etles contenus téléchargeables exclusifs l’accompagnant. Dans l’idée, la démarche de Microsoft est donc la bonne. La baisse de prix n’arrive pas seule, le groupe semble prendre conscience de son retard. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard de voir la baisse de prix intervenir d’abord en Europe, et six mois seulement après la première. Même si, d’un avis général, les tarifs américains devraient aussi être revus à court terme, le fait que l’Europe passe enpole positionest un des premiers signes visibles de la nouvelle stratégie de Redmond sur le vieux continent, qui annonçait l’année dernière vouloir se focaliser sur ce marché précis.

La principale difficulté reste donc de faire connaître la Xbox 360, de la "démocratiser", et de faire paraître davantage de titres grand public dessus. Un processus long, financièrement pénible, sur lequel Microsoft se casse les dents depuis déjà plusieurs années. Compte tenu de l’investissement commercial promis par Redmond, les prochains mois seront donc particulièrement révélateurs sur ce que la 360 peut espérer en Europe face à la PS3 et à la Wii.

Rappel des modalités de la baisse de prix de la Xbox 360.

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