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10.08.2018 à 11h36 par - Rédacteur |Source : La Rédaction

Edito – La pensée d’XM carbure à l’héroïne

Un édito approuvé par Julien Clerc

C’est l’été et comme chaque année l’industrie du jeu vidéo en profite pour prendre un peu de repos bien mérité. L’actualité s’appuie majoritairement en ce moment sur des bandes-annonces à l’intérêt pas toujours évident, nous invitant parfois à suivre un lien pour mieux devoir revenir dans quelques temps et découvrir ce que le jeu nous prépare vraiment. Gamescom oblige. Mais dans ce marasme estival que la chaleur actuelle n’aide pas vraiment à surmonter, il y en a un, un développeur, qui est parvenu à susciter un mélange d’amusement et de circonspection suffisamment fort pour ouvrir l’édito Xbox-Mag de ce mois d’août avec un jeu qui ne sortira même pas sur Xbox One.

Le 7 septembre prochain SNK publiera sur Switch et Playstation 4 un jeu qu’il a lui-même développé, baptisé SNK Heroines : Tag Team Frenzy. Comme son nom l’indique plus ou moins, il s’agira d’un jeu de baston à deux contre deux regroupant les combattantes les plus célèbres de la sphère SNK. De Fatal Fury à Samurai Showdown en passant par Art of Fighting, c’est une belle brochette de fighteuses qui attend sagement sa sortie dans un mois. Mais si certains auraient pu se contenter de ce casting puisque comme on dit, il n’y a que Mai qui m’aille, SNK a pensé qu’un crossover de ses jeux sans Terry Bogard ressemblerait un peu à un repas sans dessert. Et pour citer le grand Ciccolini, alias Gérard Depardieu, « un repas sans dessert c’est comme un weekend sans gonzesse ». La boucle est bouclée et SNK annonce Terry Bogard… En version féminine. Sur la casquette rouge Fury devient Cutie, la paire de jeans perd 90% de sa surface et les biceps XXL du frérot d’Andy ont été déplacés vers la poitrine de la « nouvelle Terry ». That escalated quickly comme dirait l’autre.

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A la découverte de ce coup de communication rondement mené par SNK, une question a traversé l’esprit de votre serviteur. Même deux ou trois à vrai dire et si nous étions sur Psychologie Magazine nous évoquerions peut-être la façon dont SNK, avec Terry Bogard, invite les joueurs à explorer leur moi intérieur pour mieux cerner leur sexualité. Mais nous sommes ici pour parler jeu vidéo alors c’est plutôt du côté du rapport de force entre grandes figures masculines et féminines que porte le questionnement. Terry Bogard version 95D est évidemment un clin d’œil avant tout autre chose, une façon d’apporter un peu d’humour dans une industrie qui ne jure presque plus que par le sérieux. Les connaisseurs de la maison SNK ne manqueront d’ailleurs pas de nous rappeler que le créateur de King of Fighters n’en est pas à son coup d’essai : en 2000 Iori Yagami jouait les travestis dans SNK Gals’ Fighters sur Neo Geo Pocket Color. Mais tout de même, on peut se poser une question qui est de savoir à quel point l’impact d’une icône masculine peut-être fort quand il débouche sur son ajout dans un jeu voulu comme 100% féminin ? Ce qui a amené une question plus générale et a motivé le sujet de cet édito : comment se portent les héroïnes ces temps-ci ?

Peut-être n’est-ce là qu’une impression, mais il semble qu’il soit aujourd’hui plus que jamais difficile pour une héroïne de se faire une place sur le haut des marches qui mènent au panthéon de l’industrie du jeu vidéo. Lorsque l’on jette un œil aux jeux sortis sur la console de Microsoft depuis 2013, il n’est pas forcément aussi évident de trouver aujourd’hui des titres qui mettent à l’honneur des femmes qu’à l’époque Xbox/PS2 et précédente. Il y a bien sûr la saga Tomb Raider qui fait jurisprudence, surtout depuis le moment où l’on a cherché à démonter le cliché de la Lara Croft hypersexualisée pour en faire avant tout une héroïne forgée par la force, le courage et l’abnégation. Dans un genre tout autre, Life is Strange a lui aussi montré que l’on peut faire de belles choses avec une héroïne de tous les jours. On est même bien d’accord avec vous pour rappeler que Gears of War 5 mettra finalement à l’honneur une femme en la personne de Kate, même si l’on attend tout de même de voir comment cela va se traduire en termes de narration. Il n’est pas rare que le personnage principal d’un jeu puisse être au service de l’histoire d’un autre, plus que de la sienne. Il y a aussi Control, le futur jeu de Remedy. Mais à part ça, on se rend compte que les héroïnes sont non seulement très peu nombreuses sur cette génération et dans de nombreux cas, en difficulté pour faire valoir leur statut.

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On pense à celle qui sort la tête de l’eau pour mieux la replonger, à savoir Kate Walker dans le très modeste Syberia III. A côté de ça, Mirror’s Edge fait un retour raté qui marque probablement la fin de ses aventures, tandis que Zoe Castillo fait de la résistance dans le très sympathique Dreamfall Chapters, mais l’impact reste évidemment modéré. Les autres, on ne cesse de les attendre. Un jour reviendra Beyond Good & Evil, un autre marquera peut-être celui du retour de Johanna Dark dans un Perfect Dark que l’on ne finit plus de réclamer chez Xbox-Mag. Verrons-nous un autre Recore ou un nouveau Kameo ? Si l’on prend ces quelques noms qui sont le gros de ce que la marque Xbox a ou aura comme héroïnes dans ses cartons on se dit que tout de même, c’est une belle brochette de noms et que, coïncidence ou pas, les univers qui ont mis à l’honneur de vraies héroïnes ont engendré des titres véritablement marquants. Tout cela sans vulgarité ou esthétique tape à l’œil. Justement, les grands titres menés par des héroïnes ont le plus souvent comme point commun celui de s’attacher au fond et pas tellement à la forme. Bayonetta faisant office d’exception en jouant sur les deux tableaux, affaires de goûts mises à part. Ces derniers temps, il semble qu’il manque avant tout aux créateurs de ces figures charismatiques les moyens de les faire vivre pleinement leurs aventures : la liste évoquée comprend soit des titres qui ont manqué de moyens pour être à la hauteur (Syberia III, Recore), soit des jeux qui ont bénéficié difficilement (Beyond Good & Evil) voire pas du tout du soutien plein et entier de la part des éditeurs (Perfect Dark, Kameo). Pourtant, il n’existe pas beaucoup d’alternatives à la plupart des jeux cités et même si nous n’avons mené aucune étude pour dire cela, on a envie de croire qu’il existe toujours un public pour ces jeux.

Alors, s’il y a peut-être quelque chose sur laquelle travailler aujourd’hui, c’est sur le retour des héroïnes. Il ne s’agit pas de dire qu’il est mieux de joueur le rôle d’une femme plutôt qu’un homme mais très souvent, un personnage féminin travaillé a un impact particulièrement fort sur la qualité globale d’un titre. Nous en avons besoin parce que c’est toujours l’occasion d’apporter un petit quelque chose, un point de vue inévitablement différent et potentiellement intéressant qui a été le gage de bien des aventures de qualité par le passé. Il manque encore à cette génération Xbox la figure féminine qui marquera les années à venir.

Parce qu’aussi badass puisse être le Master Chief, il peut retirer son casque tant qu’il veut : il aura difficilement autant de classe que Samus Aran.

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