Jeux

Assassin’s Creed Syndicate

Action/Aventure | Edité par Ubisoft | Développé par Ubisoft Montreal

6/10
One : 23 octobre 2015
02.11.2015 à 19h47 par - Rédacteur

Test : Assassin's Creed Syndicate sur Xbox One

Ce n'est pas une 'Victory' pour Syndicate ...

Après un (très) bon Assassin's Creed Unity qui n'avait pas forcément conquis tout le monde à cause d'une polémique concernant les nombreux bugs et autres soucis de framerate que pouvait contenir le jeu, Ubisoft continue sur sa lancée avec une toute nouvelle équipe (Ubisoft Québec), une toute nouvelle époque et une toute nouvelle ville avec Londres. Après la Révolution Française, c'est donc au tour d'une autre révolution - moins sanglante celle-ci puisqu'industrielle, d'être au centre de l'aventure d'Assassin's Creed Syndicate. Celle-ci se déroule à Londres durant l'époque Victorienne. Ubisoft a-t-il retenu les erreurs commises avec Unity ? C'est ce que nous allons tenter de voir.

Pour changer les habitudes, nous allons contrôler deux personnages dont une femme. Oui, vous avez bien lu, après Aveline de Grandpré dans Assassin’s Creed III : Libération et Shao Jun dans Assassin’s Creed Chronicles : China, c’est au tour d’Evie Frye de montrer son beau visage et ses belles courbes sur notre écran. Nous pouvons même aller plus loin en précisant qu’Evie est la première femme contrôlable dans un épisode canonique de la saga mais, comme nous vous l’expliquions, elle n’est pas seule. En effet, son frère jumeau du nom de Jacob Frye est également jouable à tout moment (en dehors des missions spécifiques mais nous y reviendrons) sur la simple pression d’une touche. Nous allons donc suivre les aventures des deux anglais aux caractères très différents dans leur rêve commun de démanteler l’organisation anglaise (et plus précisément londonienne) des templiers sous les ordres d’un certain Crawford Starrick qui semble contrôler toute la ville. Comme vous le devinez sans doute, nos deux héros seront confrontés à d’innombrables obstacles mais cela n’empêchera pas nos deux jumeaux de poursuivre leurs aventures et, par la même occasion, laisser quelques cadavres sur leurs passages.

Comme d’habitude avec la franchise, le scénario n’est en rien bouleversant. Mais, pour notre plus grand malheur (et contrairement à Assassin’s Creed Unity), il faut avouer que nous sommes en face d’une histoire qui ne captivera pas forcément le joueur. La raison n’est pas la trame scénaristique en elle-même mais son traitement, son rythme et surtout sa mise en scène ou devrait-on dire sa non-mise en scène. En effet, Assassin’s Creed Unity proposait une aventure qui se laissait suivre grâce à des cinématiques qui mettaient en valeur les péripéties d’Arno, que ce soit en mission principale ou, dans une moindre mesure, dans les missions secondaires. Dans Syndicate ? Vous ne retrouverez rien de tout cela ! C’est malheureux à dire puisque le titre possède une agréable ambiance qui colle parfaitement à l’époque Victorienne et Londres est une ville qui fourmille de vie. Pour résumer la mise en scène d’Assassin’s Creed Syndicate, à chaque mission, nous avons droit à un petit temps de chargement et une cinématique d’une dizaine de seconde seulement. Pourtant, le prologue de Syndicate était aux antipodes avec une introduction aguicheuse dotée d’une véritable mise en scène (même si nous aurions préféré que la scène du train soit jouable) , ce qui nous laisser penser que ce n’était qu’un amuse-bouche ; ce ne fut pas le cas. De ce fait, en dehors du prologue en question et de la toute fin du jeu, il manque clairement un côté épique au niveau de la trame scénaristique. Ce manque de rythme ne pousse pas le joueur à plonger dans l’histoire et l’ambiance du jeu malgré son potentiel évident.

Pourquoi du potentiel me direz-vous ? Tout simplement parce qu’Assassin’s Creed Syndicate est à Londres ce qu’Assassin’s Creed Unity était à Paris. Nous sommes parfaitement plongés dans l’ambiance et l’atmosphère sonore et visuelle sont agréablement réussies et il est plaisant de voir les habitants vaquer à leurs occupations. Du simple passant, au distributeur de journaux en passant par les policiers dans leurs rondes ou encore aux pompiers en service, sans oublier les enfants qui jouent au football (ce qui est une première dans l’histoire de la franchise), autant vous dire que nous avons en face de nous une ville particulièrement vivante. Rajoutons à cela nos rencontres habituelles avec les personnages historiques comme Charles Darwin, Graham Bell et Charles Dickens.

Bien entendu, il ne faut pas oublier le duo principal qui est aussi charismatique qu’attachant. Comme nous l’évoquions ci-dessus, nous avons droit à deux personnages aux caractères bien différents. D’un côté nous avons la belle Evie Frye, une femme intelligente et posée. Elle pense bien plus que son frère avant d’agir et elle est consciente des répercutions de ses actions ainsi que celles de son frère mais elle laisse également ses émotions prendre le dessus, ce qui ne sera pas forcément de très bonne augure. Elle est toujours disposée à aider quiconque même si cela doit la ralentir. Elle est également consciente des risques mythiques de l’objectif des templiers avec, par exemple, les fragments d’Eden et leurs utilisations. Une chose qui ne préoccupe pas du tout son frère jumeau qui ne croit pas aux éléments ‘magiques’. Donc vous comprenez que Jacob Frye est l’exact opposé de sa sœur. Il a toujours été le ‘mauvais élève’ de la famille, préférant l’action aux discutions. Jacob est avant tout un joueur, il aime provoquer ses adversaires, faire couler le sang et son côté arrogant et confiant fait de lui un personnage réellement charismatique. Mention spéciale à sa voix française doublée par l’excellent Sébastien Desjours (bien connu des amateurs de  séries) qui excelle toujours dans ce genre de rôle de personnage arrogant et prétentieux que nous adorons apprécier. Le caractère et les agissements de Jacob lui causeront des ennuis mais il n’est pas pour autant dénué de morale puisqu’il aidera la population et se liera même d’amitié avec une personne des forces de l’ordre.

Nos deux héros aux caractères opposés se sépareront dans leurs aventures (Jacob en chassant les templiers et Evie en cherchant le fragment) mais se retrouveront parfois le temps de quelques petites disputes. Une relation compliquée qui laisse tout de même entrevoir de forts sentiments l’un envers l’autre et nous voyons dès le début que, malgré les idées divergentes, ils resteront complices et que rien n’est plus important qu’Evie pour Jacob et inversement. Une relation qui est toujours plaisante à suivre et chaque moment passé avec les deux personnages est un régal tant les personnages sont attachants et les piques et gestes de l’un envers l’autre amusants.

« En dehors du prologue et de la fin, Syndicate ne propose que quelques dizaines de secondes de cinématiques dans lesquels il ne se passe pas grand chose et ce manque de rythme et de côté épique ne pousse pas le joueur à s’invertir alors que le potentiel est bien présent.»

Qui dit deux personnages jouables aurait forcément dit coopération mais ce n’est malheureusement pas le cas. Ce qui avait été introduit dans Assassin’s Creed Unity (coopération multijoueur) a tout simplement disparu pour ce Assassin’s Creed Syndicate et le multijoueur compétitif n’a également pas fait son retour. Mais nous aurions pu imaginer que l’IA contrôle Evie ou Jacob afin de nous aider dans notre périple et il n’en n’est rien. Dommage, cela aurait pu être sympathique avec un système d’ordre lors de quelques missions. Ceci étant dit, nous avons la possibilité de changer de personnage à tout moment (en dehors des missions spécifiques aux personnages) via une simple pression de touche. Chaque personnage ayant chacun leur arbre de capacité, vous avez ainsi le loisir de leur donner une identité propre via l’arbre de compétence et via votre façon de jouer. En effet, connaissant leurs caractères, vous jouerez d’une manière différente (intentionnellement ou non) si vous contrôlez Evie ou Jacob. La première vous poussera sûrement à jouer la carte de l’infiltration totale, en devenant une ombre aux yeux de vos adversaires et de faire des missions plutôt féminines (comme la libération des enfants) alors que Jacob vous poussera un peu plus à ne pas rechigner sur des assassinats brutaux et des affrontements au corps à corps si tout se passe mal.

En parlant des phases de combats, Assassin’s Creed Syndicate nous offre un tout nouveau système de combat et cela ne fait pas de mal. En effet, si Unity avait réussi à trouver une bonne formule avec des combats à l’épée enfin plaisants (et un peu plus punitifs), les développeurs de Syndicate ont préféré partir d’une feuille blanche en proposant quelque chose d’inédit : les combats au corps à corps. Ce qui donne un système moins technique que ce que proposait Unity bien qu’il soit toujours question de timing et de contres. Si, au début, il est très facile de tuer un adversaire en martelant la touche d’attaque, cela se corse rapidement si vous êtes entourés et le contre sera (toujours) plus que bénéfique. Lors de la présentation de Syndicate, ce système de combat ne semblait pas vraiment alléchant mais manette en mains, il faut avouer qu’il est plutôt sympathique (bien que simple) et c’est un régal d’assister aux animations de mise à mort qui sont réellement jouissives. Rajoutons à cela la possibilité de prendre en otage un garde afin de passer discrètement dans un endroit sécurisé ou encore ramener vivant une cible qui aurait dû être remis aux forces de l’ordre.

Moins tactique ? Certes, mais pas forcément moins compliqué. En effet, l’arbre de compétence (qui influe grandement sur votre niveau) est un élément qu’il faut nécessairement prendre en compte puisque les missions peuvent être bien plus élevées que votre niveau du moment, ce qui compliquera votre tâche quand il s’agira de tuer un ennemi qui sera forcément bien plus résistant et qui demandera bien plus de temps à tuer si son niveau est grandement supérieur au vôtre. Par ailleurs, les costumes n’ajoutent plus vraiment de particularité à votre personnage (un petit bonus tout de même) et même si certains seront contre cette idée, il faut avouer qu’il est préférable de dissocier la tenue des compétences afin de vêtir nos héros avec un revêtement qui nous plaît plutôt que d’avoir quelque chose d’utile mais pas forcément de notre goût.

Nous pouvons noter d’autres nouveautés dans ce Assassin’s Creed Syndicate par rapport à son grand frère Unity. Tout d’abord la gestion du personnage. En effet, Paris proposait une architecture – peu élevée – permettant de se balader de toit en toit sans soucis grâce à l’agilité (parfois bien exagérée) d’Arno, ce qui lui permettait de rejoindre des bâtiments plus facilement et rapidement et de s’infiltrer afin de combattre d’une manière plus ‘noble’ dirons-nous. Nos deux héros restent agiles (tout en étant plus lourds) mais évoluent dans un environnement plus massif, brutal, ce qui les dispense de saut à la Superman comme nous avions pu le voir dans Unity. Ce n’est d’ailleurs pas un défaut puisqu’il est toujours bon de voir que les héros d’Assassin’s Creed ne sont pas que des clones. Et puis Londres possède une architecture bien différente : pour se mouvoir entre deux bâtiments, il faudra user de son grappin qui est d’ailleurs bien utile même si nous aurions apprécié pouvoir s’en servir lors d’une chute. Mais cela serait chipoter puisque l’outil est diablement efficace (en dehors d’une course-poursuite particulièrement usante) afin d’explorer les recoins de Londres et de grimper plus rapidement même si l’outil aurait gagné à bénéficier d’une meilleure précision.

« Dans Syndicate nous avons droit à une duo aussi sympathique qu’attachant. La belle Evie plus mature et altruiste qui se concentre avant tout sur l’infiltration et le charismatique Jacob, doublé par le talentueux Sébastien Desjours, un assassin arrogant et qui aime faire couler le sang. Une relation compliquée entre les deux qui est réellement plaisante à suivre.»

En plus du grappin, Syndicate propose les calèches afin de parcourir la très grande carte de Londres et d’effectuer quelques missions de courses-poursuites. Loin d’être inutile, la calèche a tout de même de nombreux défauts dont la conduite qui n’est franchement pas agréable. Nous ne comptons pas le nombre de fois où nous avons percuté le décor, les passants ou les autres calèches par simple mégarde. Si les calèches ne sont pas forcément le moyen de transport le plus plaisant, elles restent utiles sur de longues distances ou tout simplement pour se balader. Rajoutons à cela le système de gang à la manière d’Assassin’s Creed II : Brotherhood avec différentes missions (qui sont toutes identiques mais se situant dans les différentes parties de la ville) à accomplir afin de conquérir la ville tout entière. Cela pour faire grossir les rangs de votre bande (dont le niveau est évolutif) en tuant les chefs rivaux dans des affrontements entre deux gangs (malheureusement bien moins épique qu’espéré).

Techniquement, le jeu est dans la lignée de ce que proposait Assassin’s Creed Unity. Nous avons une carte plus grande contenant de nombreux passants (vaquant à leurs occupations) et un trafic important que ce soit sur terre ou sur la Tamise avec de nombreux bateaux vous permettant de traverser sans vous mouiller. La ville de Londres est moins maussade que celle de Paris avec notamment plus de verdure ainsi que des jardins bien plaisants. Le clipping est malgré tout bien présent (il se voit notamment en calèche) bien qu’atténué par la brume locale. L’ambiance locale est parfaitement retranscrite lorsque la nuit débarque avec un temps pluvieux des plus réalistes. Au premier abord, nous avions pu craindre un pas en arrière graphique par rapport à Unity mais il n’en est rien. Certes, Unity était des plus impressionnants notamment grâce à son jeu de lumière notamment en intérieur, mais nous remarquons rapidement qu’il en est de même dans Syndicate même si c’est sûrement moins frappant. Rajoutons à cela des musiques bien plus présentes qu’Unity, ce n’est pas pour un mal, bien au contraire, puisqu’elles collent parfaitement à l’ambiance.

6/10
Nous allons être clair tout de suite : Assassin's Creed Syndicate n'est pas le successeur que nous pouvions attendre d'Unity. Mettons-nous d'accord, Assassin's Creed Syndicate n'est pas un mauvais jeu, bien au contraire mais le manque d'expérience d'Ubisoft Québec saute irrémédiablement aux yeux et cela porte clairement préjudice au jeu. La licence Assassin's Creed gagnerait sûrement à rester au repos au moins pendant une ou deux années afin de revenir avec un titre plus travaillé puisque les bases posées par Unity (ainsi que les ajouts de Syndicate) sont bonnes mais, visiblement, les développeurs de Syndicate ont manqué de temps pour les peaufiner et les sublimer. Et c'est bien malheureux puisque le Londres Victorien avait énormément à offrir. D'autant plus que la présence de deux héros est l'un des autres points forts du titre ; associer un assassin féminin charmeur et un bad boy charismatique était une très bonne idée. Une idée ruinée par la mise en scène quasi inexistante.

+

  • Le Duo Evie et Jacob Frye
  • Sébastien Desjours au doublage de Jacob
  • Une femme jouable dans la saga principale
  • L'ambiance visuelle et sonore de Londres
  • Une ville aussi vivante que belle
  • Le système de combat

-

    • Nous cherchons encore la mise en scène
    • Un scénario qui ne décolle jamais
    • La conduite des calèches
    • Absence d'un mode multijoueur coopératif
    • Retours dans le présent toujours aussi inutiles