Jeux

Shadow of the Tomb Raider

Action/Aventure | Edité par Square Enix | Développé par Eidos Montreal

8/10
One : 14 septembre 2018
25.09.2018 à 21h49 par

Test : Shadow of the Tomb Raider sur Xbox One

Sous le soleil exactement

Depuis son retour fracassant Lara Croft ne souffle jamais longtemps. Après Tomb Raider, c’est un deuxième épisode Rise of the Tomb Raider (ROTR) qui a confirmé et développé les très bonnes dispositions du reboot. Avec Shadow of the Tomb Raider (SOTR) voici donc un nouvel opus censé aller encore plus loin dans la maitrise et les ambitions. Du moins sur le papier, car une telle promesse n’est pas forcément la plus simple à tenir, faire toujours plus sans s’éloigner des fondamentaux qui ont fait son succès.

Lara Croft est une aventurière, personne ne l’oublie. Elle parcourt le monde et nous fait voir du pays. Cette fois-ci Lara nous embarque quelque part entre le Mexique et l’Amérique Centrale. Un changement de lieu qui se traduit à l’écran par un souci du détail encore plus poussé mais aussi par une immersion dans une culture où se mêlent l’héritage de la chrétienté apportée par les Conquistadors et celui d’autres croyances issues des civilisations disparues. Du moins jusqu’à nouvelle ordre. Lara va donc partir à la poursuite de puissantes reliques pour contrecarrer les plans de vieilles connaissances, les membres de la société secrète des Trinitaires. Je ne vous gâcherai pas la découverte du scénario de Shadow of the Tomb Raider, sachez qu’il vous réserve son long de rebondissements et de moments épiques.

SOTR test 1

Lara Croft est aussi une archéologue, on a parfois tendance à l’oublier. Avec cet épisode la série s’appuie plus que jamais sur ce qui a fait son succès. Si le reboot mettait l’accent sur le grand spectacle et les combats, une formule enrichie avec ROTR, SOTR met l’accent sur l’exploration de tombeaux et de cryptes qui recèlent de pièges, trésors et bien sûr d’énigmes. Sur ce dernier point SOTR parvient largement à tracer la route en s’écartant de l’ombre d’un Nathan Drake qui reste intouchable sur l’aspect grand spectacle. Il est cependant dommage de voir que la traversée de ces tombeaux est en majeure partie optionnelle si l’on se contente de suivre le scénario de l’aventure principale.

Depuis le reboot Lara Croft s’est forgée une réputation de survivante. On croyait l’égérie sexy tombée aux oubliettes, victime des grands changements du jeu vidéo, abandonnant progressivement les caricatures pour des personnages de plus en plus complexes. Mais elle est revenue plus forte que jamais. Une volonté inébranlable qui lui permet de faire face à des situations dignes de la fin du monde. Plusieurs séquences du jeu sont de véritables démonstrations qui virent au festival pyrotechnique XXL. Les phases de parkour sont elles aussi l’occasion de vertigineuses ascensions. Toujours sur la brèche, Lara sait escalader et user de son grappin pour se sortir des situations les plus vertigineuses.

SOTR test 2

Lara est une chercheuse. On apprécie d’ailleurs que dans sa démarche du « toujours plus » cet épisode n’ouvre pas plus son aspect monde ouvert. On reste sur des zones où les activités optionnelles et les quêtes annexes permettent de passer plus de temps sur une aventure qui se termine sans doute un peu vite. Mais c’est aussi le lot des bonnes histoires : trop longues, on leur reproche aussi de tirer sur la corde. Un reproche qui peut en revanche ici s’appliquer sur le « crafting » et l’amélioration des équipements et autres tenues de Lara. On se retrouve souvent à ramasser des caisses et autres tas de bois pour progressivement améliorer son arsenal. Bien que le tout soit aussi négociable auprès des marchands.

Loin d’être du genre à longtemps négocier, Lara est aussi une guerrière sans pitié. Les mercenaires à la solde des trinitaires, mais aussi d’autres ennemis plus exotiques, sans oublier les animaux sauvages, ne feront pas le poids face à elle. Pas question pour autant de les attaquer de front, si certains passages font la part belle aux fusillades, le jeu privilégie l’approche furtive avec un raffinement qui ferait pâlir de jalousie un Sam Fisher au meilleur de sa forme. Lara ne manque pas de tourner l’environnement son avantage pour se dissimuler, que ce soit dans les hauteurs de la jungle ou bien même confondue avec un mur, recouverte de boue dans un clin d’œil appuyé à Schwarzy et Predator. Là encore, le jeu s’écarte de la concurrence et si le grand spectacle n’est jamais loin les affrontements se font plus rares que dans les épisodes précédents.

SOTR test 3

Lara est une érudite. Elle apprend face à l’adversité et engrange les points d’expérience en multipliant les activités annexes. La demoiselle va ainsi pouvoir acquérir de nombreuses compétences pour améliorer ses talents selon plusieurs axes, l’exploration, la survie, le combat ou encore l’infiltration. Cet aspect RPG très allégé est souvent lié à la progression dans l’histoire, ce qui dans les faits permet l’incorporation progressive de nouvelles options de gameplay. Pas question de forger une Lara plus ou moins orientée dans une voie, au final l’équilibre est garanti et ce ne sont que des bonus et des gages de variétés.

Dans le sillage d’Indiana Jones (et donc de Tintin), dans le même esprit que celui qui anime les belles aventures qui sacrifient le réalisme sur l’autel du divertissement, Lara est une héroïne. Pas de celles qui se battent pour des valeurs trop lourdes à porter pour un personnage de jeu vidéo, mais de celles qui nous embarquent dans un périple tout droit sorti de ces récits où se mélangent l’aventure, les trésors, les méchants et même parfois les monstres surgis de nos peurs enfantines. Malgré un manque certain d’humour et certaines situations très violentes SOTR nous délivre une histoire qui ne se prend jamais trop au sérieux, faisant passer l’action avant la vraisemblance, le spectacle avant la cohérence.

SOTR test 4

C’est là toute la force de Shadow of the Tomb Raider mais aussi, par moments ses limites. On ne saura trop répéter que le jeu transpire la passion de ses créateurs. Les environnements sont splendides et variés et le mode photo pour les plus patients vous permet de partager des clichés de vos plus beaux panoramas. Les décors n’en restent pas moins, parfois, le cadre de situations qui jurent avec le réalisme de l’ensemble, comme par exemple cette séquence un peu ridicule où Lara se déguise pour passer inaperçue au sein d’un groupe de guerriers qui ne parlent pas sa langue. Une sacré capacité d’adaptation qui ne doit jamais faire oublier que le jeu ne se veut pas réaliste mais bien le digne héritier de l’esprit d’un autre grand archéologue au chapeau avec ce goût partagé pour les séquences ébouriffantes, les moments qui frôlent le gore sans oublier les courses poursuites où tout s’écroule.

A voir ou à revoir : Trailer Xbox One X Enhanced de Shadow of the Tomb Raider

8/10
Ne cherchez pas plus loin, Lara Croft est le couteau suisse dont vous avez toujours rêvé. Capable de mélanger les genres avec brio sans renier la qualité de chacun de ses aspects, l’aventurière jongle en permanence entre un rythme soutenu et la possibilité de pousser plus loin l’exploration des tombeaux, la chasse des grands prédateurs ou encore l’amélioration de ses compétences. Cet exercice de haute voltige se parcourt avec un réel plaisir malgré la sensation inévitable pour un nouvel épisode de rejouer par moments des séquences déjà vues auparavant. Un constat plus qu’un reproche puisque c’est le fait de toutes les séries que de capitaliser sur son ADN et de le faire grandir sans totalement le modifier.

+

  • De l’aventure rythmée
  • Une réalisation somptueuse (sur Xbox One X)
  • Des tombeaux à explorer
  • Une formule toujours aussi efficace

-

    • Malgré une impression de redite inévitable
    • Quelques problèmes de frame rate
    • Quelques séquences un peu brouillonnes