Jeux

NBA Live 19

Sport | Edité par Electronic Arts | Développé par EA Tiburon

6/10
One : 07 septembre 2018
17.10.2018 à 15h49 par - Rédacteur

Test : NBA Live 19 sur Xbox One

Switch switch bis

Pour s’être fait dunker dessus à répétition par un adversaire sûr de sa force, NBA Live a été forcé de revoir son plan de jeu : de 2010 à aujourd’hui, l’ancien poids lourd des parquets s’est offert deux pauses, chose inédite dans le monde des simulations sportives annuelles. Trois saisons manquées, c’est ce qu’il a fallu à EA Sports pour aboutir à un NBA Live 18 fragile, mais respectable. De quoi espérer être compétitif en 2019 ?

Portée par un emballage ESPN inchangé mais toujours très réussi malgré des commentaires un peu trop sages, c’est la réalisation d’NBA Live 19 qui frappe la première. Encore supérieure à ce qu’on nous proposait l’an dernier, elle met inévitablement en lumière les superstars de la discipline, au détriment des seconds couteaux ou de l’éplucheur qu’on n’arrive que trop rarement à attraper au fond du tiroir. Si Embiid, Irving et Harden sont criants de vérité et bénéficient de proportions plus satisfaisantes que par le passé, les no-names de la ligue doivent se contenter de modélisations très approximatives, un peu à l’instar de ce que propose FIFA avec ses footeux les moins valorisés. Les stades et autres environnements sont quant à eux très convaincants, avec des plans larges sublimes et des playgrounds hauts en couleurs – pour ces derniers, la lisibilité n’est pas toujours évidente mais le rendu est réussi. Quel que soit le type de basketball envisagé, NBA Live 19 a globalement de la gueule, c’est certain. Du moins, tant que ça ne bouge pas trop.

nba live 19 test 1

Les premières minutes balle en main sont pourtant validées : les déplacements et manipulations de la gonfle allient souplesse et précision, de sorte qu’on marche, sprinte ou crosse avec ce qu’il faut de crédibilité. La pénétration en isolation est plutôt bien gérée elle aussi, avec un passage des épaules que l’on sent parfaitement et qui permet de déclencher une finition sans risque. Les tirs en suspension nous ont aussi paru convaincants, y compris lors de contestations plus esthétiques que réellement dissuasives : à condition de respecter un timing pas toujours évident à trouver (la jauge manque de feeling), les meilleurs shooters font souvent ficelle et à ce niveau, ça paraît normal. C’est moins réussi au niveau des mouvements de l’IA, qui tarde à offrir des solutions d’elle-même et qui force donc souvent à l’utilisation d’un pick & roll basique ou des systèmes préenregistrés, heureusement fonctionnels malgré la laideur des icones.

nba live 19 test 2

Fort d’un premier quart temps qui met l’eau à la bouche et multiplie les actions de classe, NBA Live 19 est immédiatement rattrapé par la patrouille du relâchement, ce qui limite les perspectives de beau jeu à moyen et long terme. Outre cette IA générale un peu trop figée, on pense à des collisions qui semblent parfois trop artificielles, comme si elles étaient gérées par un script à l’endurance trop limitée. Tant que l’énergie est là, les joueurs se bloquent, se poussent et s’écartent avec cohérence, limitant ou au contraire favorisant les démarquages et donc les positions de tir. Une fois rincé, le système multiplie les passages à travers et autres glissades visuellement cradingues, ce qui nuit immanquablement au réalisme de la simulation. On aurait aimé vous parler de ses dunks follement bien animés et d’up and unders machiavéliques, mais ce serait trop s’avancer quand nombre d’animations cassent sous la pression comme autant de chevilles mal bandées. Lorsque votre pivot qui dépasse le quintal décolle sans élan en oubliant soudainement qu’il était verrouillé par son homologue, on prend volontiers les deux points mais le sentiment du devoir accompli rentre au vestiaire. Sans doute inévitable étant donné le nombre fou de statistiques et paramètres techniques en balance, ce genre de situation est aussi observable chez 2K, mais pas à ce point. Sympathiques au premier abord, les manipulations du stick droit pour contenir son adversaire finissent par occasionner une pelletée d’humiliations, comme s’il fallait reproduire à chaque game l’équivalent d’un best of de carrière des plus grosses sauvageries de Jamal Crawford. Les passes sont quant à elles très aléatoires, et les transmissions laser abusives ne manquent pas. La physique de balle montrant vite ses limites avec des rebonds fumés et parfois captés de manière invraisemblable, on finit par ne plus trop croire à ce qu’on fait. Plus on exploite les possibilités d’NBA Live 19, plus on remarque les coutures d’un costume peut-être pas encore suffisamment bien taillé. Spectaculaire mais mal maîtrisé, Live tend à dévaluer son produit d’appel.

nba live test 3

C’est d’autant plus dommage qu’au-delà d’un mode franchise un peu trop basique (où sont les statistiques, EA ?), NBA Live 19 propose avec The One une carrière solo assez intéressante. L’enrobage scénaristique y est réduit au minimum, évitant au passage les cinématiques et placements de produits malaisants observés ailleurs. Si les marques traditionnelles du basket sont évidemment présentes, on reste sur des éléments de jeu, à savoir des éléments de personnalisation de court, ou des chaussures et vêtements à porter en NBA ou sur les playgrounds. Et nul besoin de sortir la carte bleue pour s’équiper : très agréablement délesté de toute microtransactions, The One propose un grind sensé qui récompense par paliers. On y croise un paquet de lootboxes à ouvrir, mais seules les ressources glanées ici et là permettent de faire sauter les verrous. Et quand bien même le système déplairait, on gratte quelques paires et autres items à intervalles réguliers, par exemple en faisant grimper les stats de son poulain. Entre rêves de NBA et conquête (ou défense) de terrains personnalisés, on choisit sa destinée sans être bloqué dans l’une ou l’autre des lignées. Si votre quête de temps de jeu au sein des champions NBA ne progresse pas, claquer quelques dunks à 5 points – chaque joueur, en créant son antre, en définit aussi les règles – peut permettre de gratter les quelques points d’XP nécessaires au déverrouillage d’une nouvelle capacité, ou de passer un cap au shoot, etc. Enfin, rappelons l’inclusion dans cette partie « streetball » des joueuses WNBA, qui permettant de composer une équipe mixte assez rafraichissante. Dommage que la ligue féminine ne soit représentée qu’au travers de matchs amicaux, en dehors.

6/10
NBA Live 19 est un jeu attirant : malgré un Ultimate Team dont on conchie les velléités pécuniaires, son rôle d’outsider lui fait lever le pied en termes de microtransactions et autres lourdeurs commerciales. De plus, son mode principal est une proposition mixte dont on apprécie la fraîcheur et le potentiel. Enfin, il semble disposer d’un moteur capable de soutenir de futures itérations, dont on espère qu’elles sauront gommer tout ce qui n’est pas encore à la hauteur. Car en l’état actuel, le titre d’EA ne peut prétendre à captiver les ballers confirmés : ses limites sont trop vite atteintes et les travers qu’elles occasionnent brisent trop souvent le flow des matchs.

+

  • La présentation ESPN
  • The One, long et intéressant
  • Accessible et ludique

-

    • Trop de limites à la simulation
    • Modélisations secondaires médiocres
    • Commentaires et statistiques en retrait