Jeux

Borderlands 3

FPS | Edité par 2K Games | Développé par Gearbox Software

8/10
One : 13 septembre 2019 Series X/S : 10 novembre 2020
27.09.2019 à 16h19 par

Test : Borderlands 3 sur Xbox One

Pour une poignée d’éridium

Sorti discrètement après une gestation difficile, le premier Borderlands fut un succès rapide, immédiat. Le deuxième épisode enfonça rapidement le clou, au point de finir adapté sur tous les supports possibles et d’accoucher de plusieurs spin-off de qualité. Au même titre que Skyrim pour Bethesda, tous les moyens semblaient donc valables pour retarder au maximum la sortie du troisième opus et ainsi pouvoir continuer à éponger sans vergogne le potentiel de son prédécesseur. 2019, l’attente est enfin terminée. Mais en valait-elle vraiment la peine ?

L’histoire de Borderlands 3 prend place plusieurs années après la fin de Borderlands 2 et la victoire de la sirène Lilith et ses chasseurs de l’arche sur Le beau Jack et les troupes d’Hypérion. Dans la peau d’un pilleur fraîchement débarqué sur Pandore, on retrouve rapidement la jolie rousse, accompagnée de son éternel acolyte Claptrap, aux commandes de l’organisation des pillards écarlates. Aux prises contre les jumeaux aux pouvoirs de sirènes, Tyreen et Troy, sociopathes ayant réussi l’exploit d’unifier les sadiques, fanatiques et autres malades mentaux qui arpentent les plaines de Pandore, les nouveaux chasseurs de l’arche devront donc une fois de plus partir à la recherche des clés de l’arche, en espérant réussir à battre de vitesse le duo diabolique, aussi narcissique que dangereux. Réduit à sa plus simple expression dans le premier épisode et nettement plus approfondi et mis en scène dans sa suite, le scénario est désormais l’un des éléments centraux de Borderlands 3. Entrecoupée de cinématiques réalisées directement à partir du moteur du jeu, la campagne vous fera voir du pays et vous permettra de rencontrer des dizaines de personnages patibulaires, plus ou moins familier. Parmi ceux-ci, le plaisir de revoir les jolies Moxxi ou Maya, en plus des charismatiques Zéro ou Rhys (issu directement du fantastique spin-off : Tale From the Borderlands, la moustache en plus), Borderlands 3 propose évidemment son lot de nouvelles trognes parmi lesquelles le séducteur Vaughn et son slip toujours impeccable. Ou encore l’IA particulièrement relax Balex. Bien qu’accompagné de cinématiques relativement bien mises en scène, de dialogues nombreux à l’humour qui tombe souvent à côté et d’une volonté de varier les situations en dépit de l’inévitable répétitivité du concept initial, l’histoire de Borderlands 3 peine à captiver autant sur la durée que la crise précédente et les délires mégalomaniaques du beau Jack. Un bémol néanmoins peu gênant devant sa consistance ludique.

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Après le désert post-apocalyptique de l’épisode originel, les contrées enneigés de sa suite ou encore la Lune à gravité zéro de sa «pré-séquelle», Borderlands 3 va vous permettre cette fois-ci d’aller faire un tour dans les planètes partageant le système solaire de Pandore. On navigue entre un retour aux sources sous forme d’hommage/remake au premier épisode lors des premières heures de jeu et des rues ravagées par les guerres de corporations de la mégalopole Prométhée (ressemblant étrangement au New Mombasa de Halo ODST). Borderlands 3 nous porte jusqu’aux marécages poisseux de Eden-6 et son manoir ancien rappelant l’île du Dr Ned, en passant en coup de vent par les temples montagneux d’inspirations asiatiques d’Athénas. Pour atteindre ces planètes, forcément très éloignées les unes des autres, vous allez rapidement vous retrouver passager du Sanctuary. Dans ce vaisseau de croisière et HUB central du jeu, vous pourrez dépenser vos précieux dollars pour augmenter la taille de votre inventaire, remporter des prix au casino de Moxxi, vous entraîner au tir au pigeon ou encore de dépenser votre précieux «éridium» – accumulé en remplissant les objectifs des centaines de défis de style que vous remporterez notamment en utilisant les armes selon leurs marques, leurs genres ou tout simplement leurs types de dégâts – dans la boutique de skins et dans des objets décoratifs pour continuer de fragger avec style. C’est également l’endroit qui vous servira à stocker les armes les plus rares que vous aurez réussi à dénicher. Ou encore à ouvrir les coffres légendaires en échange des clés en or. Clés en or que vous pourrez récupérer en échange de codes Shift, offerts au compte-goutte par Randy Pitchford et son équipe sur Facebook et Twitter.

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Borderlands 3 vous fera voir du pays, en naviguant de planète en planète quasi-instantanément grâce au système de voyage rapide intégré directement à votre carte. Parfait pour rattraper la pelleté de missions secondaires qui viendront s’amonceler dans votre journal, en attendant que vous ayez le niveau nécessaire pour en affronter les dangers. Bien qu’ayant toujours une structure sous forme d’open-world divisé en plusieurs cartes plus ou moins grandes, Gearbox a évité le piège du monde ouvert surchargé d’objectifs. Les missions principales éviteront soigneusement de vous faire recroiser les mêmes endroits trop souvent, donnant presque le sentiment d’un jeu linéaire lorsque l’on se concentre uniquement sur celles-ci. Les cartes proposent évidemment leur lot d’activités optionnelles, comme des enregistrements à découvrir, des écrits Eridiens à déchiffrer et également quelques mini défis. Vous devrez par exemple remplir des contrats pour le compte de Zero, rechercher des restes de robot afin d’aider Claptrap à se forger un nouveau compagnon sobrement baptisé Kevin ou encore partir à la chasse aux monstres pour satisfaire l’insatiable soif de sport de Sir Hammerlock. Le tout est accompagné de plusieurs dizaines de missions secondaires dont certaines s’avèrent particulièrement réussies, comme une participation à un show TV improbable. Tout cela couplé aux 23 missions de la campagne principale, parsemées de moment particulièrement épiques, entre combat en véhicule contre une ville bâtie sur roues, semblant sortir tout droit du dernier nanar produit par Peter Jackson et boss gigantesque protégeant les arches et leurs secrets. Autant dire que Borderlands 3 promet des dizaines d’heures de jeu au plus motivé des pilleurs de l’arche et surtout un accès au Graal du niveau 50 relativement aisé.

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Evoquons maintenant les chasseurs de l’arche, les quatre protagonistes qui vous accompagneront dans votre chasse au skags et au loot. Véritable armurerie vivante. Zane est un agent spécial qui peut utiliser au choix, drone, bouclier ou leurre holographique pour prendre le contrôle du champ de bataille. Amara, quant à elle, est l’inévitable sirène de cet épisode et profite comme ses consœurs de puissants pouvoirs élémentaires lui permettant de privilégier le combat rapproché. Vient ensuite Moze, jeune artilleuse, pouvant déployer un mécha de combat dévastateur qui sème la mort dans les rangs ennemis. Pour finir, FL4K – prononcer flaque – roi des bêtes auto-proclamé, se voit continuellement accompagné par l’un de ses trois animaux de compagnie et peut disparaître totalement pour prendre l’ennemi à revers. Aussi bien pensé pour le joueur solo souhaitant parcourir l’aventure à son rythme qu’en complément d’une escouade de 4 joueurs, les différents archétypes de cet épisode se révèlent tous réussi et suffisamment différents pour vous inciter à monter plusieurs persos. Chaque personnage peut changer à la volée entre l’un des 3 pouvoirs différents à n’importe quel moment et possède chacun des avantages liés à sa classe. FL4K par exemple peut lier l’un de ses 3 pouvoirs avec n’importe lequel de ses 3 minions, pour autant de possibilités différentes. Zane quant à lui peut choisir de sacrifier les grenades pour équiper deux pouvoir en même temps. Autant de possibilités, qui liées à l’équipement, aux arbres de compétences très complet et aux différents skins permettent de modeler un personnage selon ses préférences de jeu.

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L’élément central de Borderlands 3 reste son gameplay et à ce niveau-là, on est rapidement rassuré, tout roule toujours sur des rails parfaitement fixés au sol. Mélange improbable à sa sortie entre FPS frénétique en groupe et hack-n-slash, la série a depuis fait un paquet d’émules, de Destiny à The Division en passant par Anthem. Dans les faits, peu de choses ont changé entre les 7 longues années qui séparent les deux derniers épisodes. On retrouve donc une maniabilité FPS classique, légèrement assouplie mais toujours un peu lourde en comparaison de concurrents plus nerveux, Doom en tête. Mais on retrouve un gameplay désormais agrémenté de quelques nouveaux mouvements comme des glissades ou un coup puissant en retombant au sol permettant de faire un peu de ménage autour de soi. Un brin limité au début, vous pourrez débloquer au fil de l’aventure des mods vous permettant d’agrémenter la palette de coups au corps à corps de savoureux bonus, comme la récupération de munitions ou la prise de contrôle d’ennemi. Fidèle à son concept en reprenant l’évolution directement inspirée de Diablo 3, Borderlands 3 vous permet de rapidement faire évoluer votre personnage via trois arbres de compétences différents, pour autant de pouvoirs vous permettant de renforcer les capacités défensives ou destructrices de votre chasseur de l’arche. Au bout d’un certain nombre de points de compétences dépensés dans l’un des arbres, vous pourrez également profiter d’un avantage renforçant votre pouvoir lié. Etre équipé de deux avantages en même temps vous permet de renforcer vos pouvoirs et de les agrémenter selon le rôle que vous souhaitez remplir dans votre escouade.

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Le loot quant à lui sera rapidement la carotte qui vous poussera à signer pour la trentaine d’heures que dure l’histoire principale. Sachant qu’une fois l’aventure terminée, vous débloquerez une spécialisation pour votre personnage, à choisir entre trois branches différentes vous permettant de réunir le courage nécessaire au lancement d’une nouvelle partie en mode chasseur ultime, divisé en trois niveaux de chaos pour autant de difficulté et de gains rapportés. Toujours codifié selon cinq codes couleurs, allant du blanc commun à l’orange légendaire, le système d’armes aléatoires vous poussera toujours vers plus de combat et plus de récompenses. Vous permettant de vous retrouver avec des armes aussi folles qu’un fusil de sniper tirant des roquettes à un pistolet lance-flamme ou encore une mitraillette automatique qui explose sur l’ennemi une fois son chargeur vide. Au rayon des nouveautés, vous pourrez désormais profiter d’armes possédant deux modes de tir différents, certaines cumulant plusieurs attaques élémentaires, vous permettant d’électrifier le bouclier d’un ennemi, puis de lui brûler le cuir d’une simple pression sur le bas de la croix directionnelle. Plus anecdotique, vous pourrez également agrémenter votre engin de mort d’un pendentif, à acheter chez l’agréable marchand de Sanctuary. Vous pourrez enfin profiter des nombreux butins pour renforcer vos mods d’armures, de grenades ou encore de classe, pour profiter d’avantages uniques et parfois suffisants pour faire la différence dans la fièvre du champ de bataille.

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Borderlands 3 propose toujours de parcourir les longs chemins entre deux objectifs au volant de véhicules. Au nombre de trois et désormais modifiables, pour peu que vous ayez le courage d’aller récupérer les engins abandonnés aux quatre coins des cartes, ils se contrôlent entièrement avec les deux sticks, à la manière des véhicules de la saga Halo et demandent un léger temps d’adaptation avant d’être parfaitement maîtrisés. Anecdotiques dans la plupart des missions de l’histoire, les véhicules se révèlent toutefois au centre de quelques passages réussis et permettent de profiter d’une puissance de feu suffisamment jouissive pour rendre certains allers-retours entre missions secondaires nettement moins ennuyeux.

Bien que très joli techniquement parlant, il est difficile de ne pas exprimer une légère déception devant l’aspect visuel général de Borderlands 3. Les environnements pourtant divers et variés, manquent parfois cruellement de détails et surtout de vie, particulièrement lorsque l’on arpente les environnements urbains. Les intérieurs pour la plupart non-modélisés, nous interdisant le franchissement des portes ouvertes par un écran noir, laissent d’ailleurs un côté amateur assez déstabilisant lors des premières minutes de l’aventure. La version Xbox One X nous laisse le libre choix entre un mode résolution privilégiant un affichage en 4K, pour les propriétaires d’un écran compatible, limité à 30 FPS ; ou bien au mode performance qui limite la résolution au full HD, mais double le nombre d’images par seconde. Pour des raisons de dynamisme évident, le 60 FPS est évidemment à privilégier, mais on regrettera tout de même une finition encore perfectible. Ralentissements fréquents lorsque l’action se veut frénétique, aliasing encore visible en mode performance et surtout des micros freezes lors de certains passages qui se transforment même dans de rares cas en des retours au dash violents : on aurait apprécié une finition impeccable. Mais en l’état rien ne gêne réellement la progression et le suivi du jeu qui au fil des mises à jour devrait se voir faire le plus grand bien.

8/10
Autant avare en nouveautés que généreux dans sa proposition, Borderlands 3 met à profit son manque d’innovation pour aboutir à la version quasi-ultime de son concept initial. Il réussit également l’exploit d’être aussi prenant à parcourir seul dans son coin qu’à plusieurs en groupe. Dynamique, bourré à ras bord de contenu, soigné dans ses mécaniques de jeu et sa campagne, il sera autant difficile pour les fans de la licence de ne pas s’installer tranquillement dans le wagon de tête pour un long voyage que pour les réfractaires aux épisodes précédents de prendre le train en marche.

+

  • Gameplay encore plus dynamique et instinctif
  • Aussi bien pensé pour le solo que le multi en équipe
  • La galerie de personnages, anciens comme nouveaux venus
  • Enormément de contenu dès le lancement
  • La folie des armes aléatoires et du loot
  • Mode performance ou résolution sur Xbox One X

-

    • Histoire peu captivante, malgré les efforts fournis en mise en scène
    • Le fond et la forme ont trop peu évolué en sept ans
    • Encore trop de soucis techniques (ralentissements, micro freezes, etc)