Jeux

Bayonetta

Action/Aventure | Edité par Sega | Développé par Platinum Games

10/10
360 : 08 janvier 2010

Test : Bayonetta sur Xbox 360

Lorsque le studio Platinum games fut créé par d’anciens de Capcom (et plus précisément du feu studio Clover) et qu’ils annoncèrent du même coup un partenariat avec Sega pour l’édition de quatre nouveaux jeux, tous les regards se sont tournés vers eux. Après un Madworld excellent sur la console de Nintendo, il était tout naturel d’attendre avec impatience le dénommé Bayonnetta, dont les premiers échos étaient particulièrement élogieux. Affublé de la note ultime dans le magasine nippon Famitsu, le titre est clairement attendu au tournant. Vaut-il réellement tant de louanges ?

Oui, oui, oui, je suis une sorcière

Dans la trinité des réalités, (enfer, paradis, et chaos), un équilibre naturel s’était formé grâce à deux clans opposés. Les sages de Lumen et les Sorcières de l’Umbra oeuvraient ainsi au maintient de l’ordre des choses. Afin de garantir cet équilibre, il était interdit à chaque clan d’entretenir des relations avec l’autre. C’est pourquoi tout fut bouleversé lorsqu’un sage et une sorcière tombèrent amoureux et eurent un enfant. Une grande guerre finit par éclater et aboutit à la destruction mutuelle des deux clans. Un certain nombre d’années plus tard (le fin mot vous sera révélé plus tard dans le jeu), une sorcière, emprisonnée dans un cercueil, fut libérée. Cette femme (vous l’aurez deviné) a pour nom Bayonetta. Ayant perdu non seulement une grande part de ses pouvoirs mais aussi et surtout de sa mémoire, elle se mettra en quête de son passé. Pour se faire elle devra faire face à des hordes de créatures angéliques.

Prenant à contre-pied total les canons du genre, les auteurs du jeu nous proposent enfin de jouer les méchants et de botter un maximum de culs-benis. Néanmoins, les anges qui se dresseront devant notre belle sorcière sont loin de ressembler aux idées que s’en font la plupart des gens. Le design résolument baroque du jeu n’y est pas étranger, et au final, les démons finissent par sembler plus sympathiques que ces derniers.


Quoi qu’il en soit, on prend un véritable malin plaisir à se servir d’eux comme défouloir. Et a priori, notre petite Bayonetta y prend elle aussi un plaisir quasi orgasmique. Particulièrement fière et sûre d’elle, elle ne se laisse jamais désemparer. La miss est toujours maîtresse de la situation, même lorsque viennent lui chercher noise des créatures faisant plus de trente fois sa taille. Bayonetta est certes un jeu d’action (et quelle action), mais c’est aussi l’occasion pour l’équipe de développement de partir toujours plus dans la surenchère. Rarement un jeu n’aura eu le droit à des personnages plus poseurs et plus effrontés. Pourtant ce ne sont pas les situations ahurissantes qui manquent pour tenter de les déstabiliser. Si les premiers instants de jeu restent sages, le jeu part de plus en plus dans la démesure et enchaîne les séquences qui resteront longtemps gravées dans les mémoires, et ce jusqu’à l’apothéose finale.

Fans de situations réalistes passez votre chemin, l’ambiance du jeu lorgne plus du coté de tigre et dragon version moderne et magie, croisé avec le ballet balistique du film Equilibrium. On peut ne pas aimer, mais c’est incontestablement une réussite.

Non contents de nous livrer un jeu aussi abusé que possible, l’équipe de Platinum games a profité de son alliance avec Sega pour offrir nombre de clins d’œil aux fans de la firme. Par exemple, vers le début du jeu, la petite brune est assise coté passager d’une voiture rouge, discutant avec son chauffeur. A la radio passe la musique du jeu Outrun. D’autres clins d’œil sont éparpillés dans le jeu, et je vous laisse les découvrir. Sachez seulement que Space Harrier et After Burner sont de la partie. Pourtant ces clins d’œil ne sont pas les seules traces d’humour du jeu. En effet, Bayonetta ne se prend clairement pas au sérieux, et n’hésitera pas à parsemer l’histoire de petites touches comiques bienvenues.


Sorcière nymphomane peut-être, mais guerrière avant tout

Révolutionner le jeu d’action, voilà le but avoué du jeu. Si l’ambiance lorgne réellement du coté de l’inédit, qu’en est-il du gameplay ? A première vue le tout semble relativement classique. Une touche pour les pistolets, une autre pour les poings, une troisième pour les pieds, une touche de saut, une esquive. Voilà qui à l’air clairement classique (surtout pour qui a joué à Devil May Cry). Pourtant dans la pratique c’est tout autre chose. Le nombre de combos possibles est tout bonnement ahurissant et mets à l’amande pas mal de jeux de bastons. Que ce soit la combinaison des touches ou le timing utilisé, tout aura une influence sur le résultat final de l’enchaînement de coups de la belle. Le pire dans tout cela, c’est que le rendu final sera tellement fluide et les mouvements s’enchaîneront avec tellement d’élégance qu’on croirait voir un spectacle de danse. Le tour de force est d’autant plus impressionnant qu’il est possible d’acquérir de nouvelles armes, permettant autant de coups supplémentaires. Sachant qu’il est possible à n’importe quel moment de switcher entre une combinaison d’armes et une autre, les possibilités sont astronomiques et laissent entrevoir une marge de progression plus que large.



Si le jeu dispose d’un petit coté exploration, avec divers objets à trouver et à collectionner, il se focalise tout de même (à l’inverse de Darksiders) sur les combats. Même la recherche des portails d’Alfeim aboutit à des défis d’ordre martial. Ce sera d’ailleurs l’occasion de montrer vos talents car ces défis seront loin d’être gagnés d’avance et demanderont une véritable maîtrise des différents coups possibles. D’ailleurs, cette notion de maîtrise des combats se retrouve tout le long du jeu avec un système de trophées. En effet, après chaque « arène » de combat, vos performances sont évalués, donnant droit à d’éventuels bonus pécuniaires. Il va s’en dire qu’il sera intéressant d’éviter de taper sans réfléchir, surtout que l’obtention des trophées platine nécessite de ne pas se faire toucher.

Pourtant, aussi bon que soit le système de combats ce sont les attaques sadiques et les apothéoses qui font véritablement le sel du soft. Les premiers sont des invocations d’appareils de tortures pour achever les anges malheureux (dames de fer, guillotines, étaux, tronçonneuses…). Pour se faire il faudra juste avoir suffisamment de barre de magie. Ensuite, bourriner une certaine touche permettra de maximiser les dégâts et d’accroître le bonus.

Les apothéoses pour leur part ne s’effectuent qu’à des endroits fixes du jeu. Ce sont grosso modo des Finish Moves et ne s’effectuent que sur les Boss et les Demi Boss. Pourtant, chaque utilisation de ces Apothéoses sont l’occasion d’une scène particulièrement jouissive et donnent une véritable impression de puissance.

A-tu déjà dansé avec le diable au clair de lune ?

Une ambiance et un gameplay ne suffisent pas à faire un bon jeu. Il faut aussi que la réalisation suive. Heureusement pour Bayonetta, c’est le cas. Dans tous les domaines, le jeu est digne de l’appellation AAA. Le premier contact avec le jeu est pourtant bien timide, avec des graphismes bien sans plus. Mais plus on avance dans le jeu plus on remarque le soin apporté à l’ensemble. Les passages au paradis sont à ce titre tout bonnement mirifiques. On s’extasie devant les jeux de lumières, ou les effets de particules. Au final on à parfois l’impression d’être devant une toile de maître.



Les animations ne sont pas en reste comme précisé plus tôt dans le test. Dommage simplement que les caméras ne suivent pas toujours (syndrome Ninja Gaiden ?) et que cela rende parfois les situations un peu brouillonnes. Heureusement que les moins doués pourront revoir la difficulté à la baisse s’ils ont du mal avec ces combats survoltés et pas toujours lisibles. La durée de vie du titre elle aussi est de bonne facture pour le genre avec pas moins de 18 heures de jeu au compteur pour en voir la fin la première fois. Et vu la pléthore de choses à débloquer (costumes, armes, personnages…) nul doute que vous en aurez pour votre argent.

Beaucoup de qualité déjà, pourtant le tour de force se situe aussi au niveau sonore. Les doublages anglais sont de très bonne facture (rassurez vous le jeu est sous titré en français), les bruitages plus que convaincants… pourtant c’est à la musique que le jeu doit ses lettres de noblesses. Variant de la Pop à l’épique en passant par des cœurs d’inspiration religieuse, les musiques du jeu ont bénéficié d’un soin tout particulier. Elles renforcent l’ambivalence du titre, qui mêle moments dramatiques et passages loufoques. Au passage on soulignera avec plaisir la participation d’une chanteuse francophone pour le thème principal et pour la reprise de « fly me to the moon » en la présence de Helena Noguera. Quoi qu’il en soit, la musique est toujours juste et flirte parfois avec le divin, ce qui d’ailleurs est parfaitement en adéquation avec l’esprit du jeu.

Bayonneta est né du pari fou d’Hideki Kamiya de bouleverser le genre du jeu d’action. C’est un pari tenu haut la main. Le jeu démarre timidement, mais l’action s’intensifie petit à petit, laissant se succéder des passages de pure anthologie dans une surenchère et une démesure presque insolente. Le jeu est affublé de petits défauts, mais qui ne sont que goutte d’eau dans l’océan de bonheur qu’il procure. Si l’année 2010 s’annonce prometteuse, on peut en tout cas dire qu’elle démarre sur les chapeaux de roue avec ce jeu d’une qualité telle qu’il sera difficile de le faire tomber de son piédestal. Clairement Bayonetta est le meilleur jeu estampillé Sega depuis bien longtemps.

+

  • Réalisation de haute volée
  • Un design ultra original...
  • Un système de combos d’une fluidité remarquable
  • Les scènes d’anthologie qui se succèdent
  • Les Apothéoses
  • Bande sonore de grande qualité

-

    • Des caméras capricieuses
    • Des passages un peu brouillons
    • Une histoire qui manque un peu de clarté
    • ... qui peut rebuter