Jeux

Dragon Age : Origins

RPG | Edité par Electronic Arts | Développé par BioWare

8/10
360 : 05 novembre 2009

Test : Dragon Age : Origins sur Xbox 360

Parmi les développeurs de RPG, Bioware a su, au fil des ans, se forger une solide réputation auprès des joueurs. Tout d’abord grâce au cultissime Baldur’s Gate, puis par la suite avec les tout aussi bons Knights of the Old Republic, Neverwinter Nights ou plus récemment Mass Effect. Ils sont devenus des références du jeu de rôle à l’occidentale. Pourtant, depuis leur rachat par Electronic Arts, ils n’avaient pas encore pu faire leur preuve. Avec Dragon Age : Origins, les joueurs ont enfin l’occasion de voir qu’ils n’ont pas perdu de leur superbe, bien au contraire.

Bienvenue en Ferelden

Ferelden est un royaume sauvage, dont l’air respire à plein nez le chien mouillé. C’est une terre hostile, où les combats sont légions et où la vie ne tient généralement qu’à un fil (de fer). Mais pour tout un peuple, Ferelden c’est avant tout "chez eux". C’est pourquoi, quand les engeances – créatures maléfiques jaillissant des profondeurs de la terre – commencent à se rassembler aux pieds de la forteresse d’Ostagar, la peur et l’angoisse se lisent sur tous les visages du royaume.

Issu de l’une des six origines possibles, le personnage principal sera rapidement recruté par la Garde des Ombres, un ordre qui depuis des siècles met un point d’honneur à lutter contre les engeances. Pourtant, la bataille d’Ostagar ne sera que le tout début d’une immense quête visant à déjouer de sombres affaires politiques, à parcourir le monde en vue de rassembler le maximum d’alliés possibles et enfin à mettre un terme à l’invasion des engeances.

Vous ne serez pourtant pas seul dans votre périple. Dès les premières heures de jeu, quelques compagnons se joindront à votre cause. (Ici ne seront détaillés que les quelques premiers alliés pour ne pas gâcher la surprise). Tous ont une histoire, un passé qu’il vous faudra découvrir au fil de l’aventure. Tout comme vous, Alistair est un garde des ombres. Ancien templier, il cache pourtant un passé plus tumultueux que ce qu’il voudra bien vous raconter dans un premier temps. Morrigan, quant à elle, est une sorcière des terres sauvages de Korkari. Froide et hautaine, elle est avant tout d’un pragmatisme et d’un franc-parler à faire peur. Enfin, cédant à la mode actuelle, le troisième compagnon que vous rencontrerez aura le nom que vous lui donnerez. En effet, il ne s’agit ni plus ni moins que d’un Malbari, une race de chien locale.



Chez Bioware c’est une habitude, les personnages ne sont pas uniquement là pour vous raconter leur vie et vous aider au combat. Ils ont des sentiments, des réactions et n’hésitent pas à approuver (ou non) vos actes et vos paroles. Ils discuteront également entre eux lors de vos périples en ville, pour peu qu’ils soient dans le groupe actif. Ces dialogues sont en général plutôt amusants (mention spéciale pour les interactions Alistair/Morrigan) et contribuent à donner une consistance à ces personnages auxquels vous vous attacherez vite. Difficile dès lors de choisir entre tous vos compagnons de fortunes tant ils rivalisent d’intérêt. Dans tous les cas, il faudra faire en sorte de ménager leur sensibilité pour forger au fur et à mesure du jeu une certaine amitié, voire de l’amour. En effet, certains compagnons sont « romançables » et n’hésiteront d’ailleurs pas à vous montrer de l’intérêt ou de la jalousie. À vous de leur offrir des cadeaux, et d’agir selon leurs lignes de conduite avant de pouvoir conclure.

Dans la vie il faut choisir

Difficile donc de sélectionner les personnages qui nous suivront, pourtant, le choix est bien le principal moteur de ce Dragon Age : Origins. Dès la création du personnage, votre origine aura des répercussions directes sur toute l’aventure. Votre race, votre classe, votre sexe… le moindre paramètre aura des conséquences sur la manière d’appréhender les quêtes, et sur la perception que les autres auront de vous. De plus, chaque choix de dialogue permet d’agir à sa manière. Une altercation pourra donc souvent être résolue par plusieurs voies : diplomatie, intimidation, en soudoyant ou tout simplement par les armes. A vous de choisir d’être gentil, hypocrite, ironique ou encore purement méchant. Attention toutefois, car vos actes pourront avoir des répercussions sur la suite des événements. À titre d’exemple, une quête dans la tour des mages vous permet d’invoquer des créatures. Plus tard, une quête du Cantor vous demandera de savoir ce qu’il est advenu d’un groupe de personnes, et vous saurez vite qu’ils ont été massacrés par une des créatures que vous avez invoquée.

Si la structure globale de la quête principale reste figée, chacune des grosses branches de l’histoire vous demandera de choisir entre deux possibilités. La conséquence de cette structure de jeu oblige à compléter au moins deux fois la quête principale pour tenter les deux approches. Quoi qu’il en soit, chacun des choix que vous effectuerez durant la partie servira petit à petit à construire l’avenir de Ferelden, et de voir l’une des multiples fins.

Bien sûr, tout ne changera pas intégralement, mais vous serez très probablement surpris de voir les multiples subtilités qui feront que chaque partie aboutira à un final différent.



Mais dans Dragon Age, les choix ne se limiteront pas à l’aspect scénaristique. À chaque passage de niveaux, il faudra bien choisir les compétences et sortilèges à apprendre. En effet, il ne sera pas possible d’apprendre tout ce que votre classe de personnage vous propose. Sans parler des spécialisations qu’il faudra débloquer au fil de l’aventure et qui permettront d’affiner vos héros ; il faudra sans cesse réfléchir à la manière de les faire progresser. Votre guerrier se battra-t-il avec une arme à deux mains, un bouclier, un arc ? Votre mage préférera-il les sorts de soutien ou d’attaque ?

Ton univers impitoyable…

Le tour de force de Dragon Age réside dans son univers aussi cohérent que profond. Pour le coup, Bioware a réussi un tour de force. Non seulement le royaume de Ferelden est magnifiquement décrit, mais le jeu regorge de détails sur les contrées voisines, qui seront très certainement le théâtre des opus futurs. Le jeu en lui-même est déjà généreux en informations, mais pour les joueurs les plus avides, le codex est là pour enfoncer le clou. Le nombre d’entrées de cette véritable encyclopédie de Ferelden est assez incroyable. Tout y est décrit avec minutie, au point que le texte semble prendre vie.

Ne croyez pas ceux qui dénigreront le jeu en parlant de « Seigneur des Anneaux light ». Dragon Age dispose de son monde bien à lui. On retrouve certains éléments comme dans tous les univers d’heroic-fantasy, mais nombre de subtilités confèrent un aspect unique à Ferelden. On y apprend par exemple que le cercle de mages est une sorte de prison dorée, surveillée en permanence par les templiers. Tout mage quittant le cercle se voit traité d’apostat, et immédiatement pourchassé. De plus, ici, les nains n’ont aucune animosité envers les elfes, qui eux, en ont plutôt après les humains. En effet, les elfes ont été durant des siècles entiers soumis à l’esclavage par ceux qu’ils appellent désormais « Shemlens ». Certains restent parqués dans des bascloitres comme dans la ville de Dénérim, tandis qu’une minorité se cache dans la forêt pour tenter de garder son indépendance.



L’écriture des dialogues est d’une rare qualité, et vaut largement un bon roman. Tout cela ne serait certainement que peine perdu, si le doublage du jeu n’était pas de qualité, mais il n’en est rien. Certains personnages sont plus réussis que d’autres, mais devant le travail accompli et la qualité du doublage des acteurs principaux, on ne peut que s’incliner. Il est rare de voir un jeu disposant d’une version française d’aussi bonne qualité, que ce soit au niveau des textes ou des voix. Le tour de force est d’autant plus impressionnant que TOUS les dialogues sont doublés et qu’ils sont nombreux.

Une belle histoire, mais aussi un jeu

Dragon Age : Origins est un jeu de rôle au scénario diablement prenant, à l’écriture superbe, soutenu par un doublage globalement de qualité, et par ses personnages charismatiques, mais c’est avant tout un jeu.

Pour les connaisseurs, l’interface et le système de combat se rapprochent énormément de ceux de Knight of The Old Republic. Il s’agit de combats en temps réel, où vous pourrez donner des ordres à chacun de vos 4 personnages. Pour ce faire, à n’importe quel moment, il est possible d’enclencher une pause tactique, d’une simple pression sur la gâchette gauche.

Vous aurez alors tout le temps de gérer au mieux vos actions. Pourtant, il serait laborieux d’enclencher la pause toutes les 2 secondes. C’est pourquoi, vous pourrez établir pour chaque personnage des scripts comportementaux. Il s’agira alors de définir quelle action faire dans tel ou tel cas. Cela vous permettra de vous occuper principalement d’un seul personnage, et de laisser les autres vivre leur vie, pour des combats plus nerveux et vivants.



Concernant les menus, globalement ils sont clairs et réussis. Les cartes sont lisibles, les quêtes classifiées, l’inventaire permet de comparer les objets entre eux, l’écran de statut permet d’obtenir de l’aide sur n’importe quel critère etc. Tout a été fait pour que le joueur néophyte s’y retrouve autant que le rôliste chevronné. La fonction de sauvegarde du jeu est, elle aussi, totalement flexible, et il sera possible de sauvegarder à n’importe quel moment, tant que ce n’est pas pendant un combat où un dialogue. Toujours en parlant de flexibilité, il est possible de modifier à la volée la difficulté du jeu, même en pleine baston. Les moins doués apprécieront, tant le jeu s’avère difficile à dompter. Si certains combats semblent être presque trop simples, d’autres en revanche risquent d’en frustrer plus d’un. Il n’y aura donc aucune honte à baisser le niveau de difficulté en cas de nécessité.

Le jeu n’est évidemment pas parfait, il a quelques menus défauts, qui pour la plupart proviennent d’une adaptation de la version PC. On notera ainsi l’absence de l’éditeur de niveaux (mais on s’y attendait), quelques difficultés parfois à définir notre cible, quelques temps de chargements longuets (bien diminués par une installation sur le disque dur) ou encore quelques quêtes qui traînent un peu en longueur. Rien de bien grave en définitif. L’esthétisme un tantinet aléatoire risque par contre de rebuter un peu plus. Ainsi, si certains lieux sont magnifiques (en particulier la ville Naine d’Orzamar), d’autres sont moins réussis. C’est en particulier le cas de la forteresse d’Ostagar peu riche en détails. En fait c’est la végétation qui est particulièrement ratée dans ce jeu. C’est d’autant plus dommage qu’à coté, tout le reste force le respect, en particulier la musique absolument divine.

Dragon Age : Origins est l'un de ces jeux qui marquera longtemps les esprits. Long et passionnant, le soft surprend par son univers fabuleusement soigné et ses personnages charismatiques et attachants. Il plonge le joueur dans une quête épique et émouvante grâce à une narration exceptionnelle, une mise en scène éblouissante et une musique envoûtante. Difficile de ne pas être dithyrambique devant un jeu d’une telle qualité. Sans atteindre la perfection, Dragon Age vaut le détour, passer à coté serait véritablement criminel. Bioware prouve une fois de plus sa maîtrise du genre, et il va être difficile d’attendre une éventuelle suite.

+

  • Doublage français globalement de qualité
  • Jouabilité bien pensée pour le pad
  • Une narration d’exception
  • Des personnages attachants
  • La richesse de l’univers
  • Musique divine

-

    • Temps de chargement parfois longuets
    • Les décors extérieurs moyens
    • Il manque certaines fonctionnalités disponibles dans la version PC
    • Quelques quêtes traînent un peu en longueur (immatériel, tréfonds)
    • A quand la suite ?