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Blues and Bullets

Point'n Click | Edité par A Crowd of Monsters | Développé par A Crowd of Monsters

-/10
One : 28 août 2015
25.04.2016 à 17h00 par - Rédacteur

Test : Blues and Bullets sur Xbox One

Dans la famille des jeux d'aventure au format épisodique, je demande le fils au tempérament discret, celui qui ne fait pas beaucoup parler de lui mais qui dégage quelque chose qui attise la curiosité. Développé par les studios indépendants "A Crowd of Monsters", Blues and Bullets tisse lentement mais sûrement la toile de son intrigue sur une Xbox One où la concurrence est rude quand on s'attaque au trio inévitable du genre : format épisodique, choix moraux et histoire avant tout. Tels sont les ingrédients d'un cocktail qui a fait ses preuves auprès de la concurrence et que Blues and Bullets reprend à sa manière en mettant en scène Eliot Ness dans une aventure sombre et violente.

Oubliez quelques instants l’image d’Eliot Ness que sa véritable histoire et les récits héroïques ont façonné dans nos esprits. Nous sommes aux Etats-Unis dans les années 1950, la prohibition est une affaire pliée depuis un moment et Eliot Ness est désormais un homme qui a avancé dans l’âge et qui a quitté la police. Pour lui, la vie au cœur des forces de l’ordre se limite désormais à servir des cafés et des parts de tarte à ses ex-équipiers dans le restaurant qu’il dirige. Mais quand on est l’icône de la justice, un Incorruptible, un homme capable de défier Al Capone et de le mettre derrière les barreaux, le passé finit toujours par nous rattraper. Des disparitions d’enfants… Cette enquête qu’Eliot Ness n’est jamais parvenu à élucider refait surface et pousse l’ancien policier à mettre de côté blouse et boulettes pour reprendre son six-coups et faire parler son flair légendaire.

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Blues and Bullets choisit donc de prendre des personnages historiques (Eliot Ness et Al Capone) pour les plonger au cœur d’une aventure originale à la thématique particulièrement sensible. Parler de l’enlèvement d’enfants n’est évidemment pas quelque chose qui se traite à la légère, et on peut facilement tomber dans le mauvais-goût ou au contraire, ne pas aller au bout de ses idées. Blues and Bullets s’en sort bien jusqu’ici, en dépeignant un univers sombre, sans pitié, qu’il n’hésite pas à mettre en mouvement au cours d’un prologue sordide. Mais le thème de l’enquête n’est pas seulement l’élément évoquant la noirceur de Blues and Bullets. Le soft s’affiche en noir et blanc, ne laissant de place à la couleur que quand il faut afficher du rouge : difficile de ne pas penser à Sin City. Les choix faits dans la direction artistique se révèlent particulièrement judicieux en soutenant habilement l’ambiance lourde qui pèse sur Blues and Bullets.

« ces défauts ne nuisent pas tant que cela à une expérience immersive comme celle proposée par Blues and Bullets. Les dialogues sont soignés, les doublages en anglais plutôt bons »

Il est néanmoins possible de rétorquer qu’il s’agit aussi d’un bon moyen d’adoucir les critiques sur l’aspect purement technique. Graphiquement parlant, le titre se place dans la moyenne des productions du genre (à savoir acceptable mais guère plus) ; il souffre surtout d’animations rigides et les expressions faciales en particulier ne convainquent pas vraiment. Enfin, on se demande pourquoi les éléments visuels servant à signaler une interaction ou un objet sont si gros : leur rouge vif vient parfois gâcher un tableau que la direction artistique rend agréable à admirer. Mais vous l’avez compris, ces défauts ne nuisent pas tant que cela à une expérience immersive comme celle proposée par Blues and Bullets. Les dialogues sont soignés, les doublages en anglais plutôt bons. On dispose assez souvent de plusieurs choix de réponses dont certains, vous vous en doutez, auront une incidence plus ou moins importante sur la suite de l’aventure.

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Mais Blues and Bullets, bien que très linéaire (pas de chemins alternatif, pas d’aller-retours), ne se contente pas de son seul scénario et propose quelques moments qui viennent diversifier la progression. On découvre ainsi une partie enquête sur le lieu d’un crime (ô combien violent) où il s’agit de recoller les morceaux de la scène pour en retracer le déroulement. Dommage que la collecte d’indices se limite à s’approcher des indicateurs décidément trop présents ; mais en dépit de ce côté très assisté, on prend du plaisir à voir apparaître lentement un début d’explication. A d’autres moments, le soft nous envoie jouer le pistolero lors d’affrontements proposés à la manière d’un rail shooter : rien de bien technique là-dedans, mais on apprécie que les choses s’emballent un peu. Enfin, quelques QTE finissent de dynamiser certaines rencontres ; ne vous inquiétez pas si vous n’êtes pas fana du concept, il reste dans l’ensemble assez peu utilisé. Les choses s’enchaînent ainsi pendant deux heures (nous aurions aimé en profiter une petite demi-heure supplémentaire) jusqu’à un dénouement qui marquera à coup sûr les esprits et qui donne vraiment envie d’en savoir plus sur la suite.

Episode 2 

A la fin du premier épisode, nous disions espérer que l’attente ne serait pas trop longue avant de pouvoir reprendre l’enquête d’Eliott Ness. Il a malheureusement fallu patienter près de huit mois pour qu’enfin les choses reprennent. Sachant que pas moins de cinq épisodes sont attendus au final, on ne peut que vivement souhaiter un rythme de sortie un peu plus élevé pour les chapitres à venir.

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Il faut dire qu’en dépit du résumé relativement complet qui nous est servi avant de reprendre les commandes du détective, on se sent un peu bête quand une des premières questions (avec un temps de réponse limité) porte sur un élément vu dans le premier épisode et pas forcément des plus marquants. Passée cette petite bousculade, on retrouve tout de même rapidement un vrai plaisir à se plonger dans l’univers sombre et impitoyable de Blues & Bullets. On reprend l’enquête là où on l’avait laissée, alors que reviennent un à un les souvenirs des événements parfois effroyables qui ont ponctué le début de l’aventure. Si ce nouvel épisode nous permet d’avancer un peu dans l’enquête sur les disparitions d’enfants à Santa Esperenza, il se concentre surtout sur le passé d’Eliott Ness, en pleine Prohibition. On découvre ainsi les dessous de ce personnage peut-être plus complexe qu’il n’y parait et ces flashbacks sont l’occasion d’apporter un éclairage supplémentaire sur les événements du présent. Le tout se laisse suivre avec plaisir et traite une fois de plus de sujets graves et violents sans prendre trop de pincettes.

« Les deux heures nécessaires pour terminer ce chapitre passent néanmoins bien et on ne perd rien de l’envie d’en apprendre plus sur la quête d’Eliott Ness »

Dans son fonctionnement, ce second épisode reprend exactement la même formule que son prédécesseur. La direction artistique toute de noir et de blanc fait toujours son petit effet, les dialogues sont bien écrits et l’ambiance sonore assure. En revanche, il est bien dommage qu’aucune modification n’ait été apportée à l’interface de jeu : les indicateurs d’indices sont toujours trop visibles et les réponses aux questions ne font jamais aucun doute. Les scènes d’action sous une forme semblable à du rail shooting sont toujours de la partie. Rafraîchissantes au début, elles sont un peu trop présentes ici et finissent par lasser, offrant au passage une séance de quelques secondes de tir aux pigeons un peu hors sujet. Les deux heures nécessaires pour terminer ce chapitre passent néanmoins bien et on ne perd rien de l’envie d’en apprendre plus sur la quête d’Eliott Ness.

Heure par heure, Blues and Bullets distille habillement les éléments d'une aventure sombre, extrêmement violente, intrigante à plus d'un titre. Porté par une direction artistique qui vise juste et fait nous fait lui pardonner les quelques errances techniques qui le parsèment, le titre de A Crowd of Monsters impose son identité. A mi-chemin entre le jeu d'aventure « à la Telltale » et le point & click traditionnel, avec un fond pour l'heure très solide, Blues and Bullets n'a pour le moment pas grand chose à envier aux autres références du genre sur Xbox One. A part peut-être son côté trop assisté. On espère maintenant que le rythme de sortie des prochains épisodes sera rehaussé pour ne pas perdre une miette de cette aventure ô combien prenante.

+

  • Direction artistique qui fait mouche
  • Ton très mature bien maîtrisé
  • Gameplay plus varié que dans les autres jeux du genre
  • Bande-son dans le ton

-

    • Des carences techniques (animations entre autres)
    • Plié en deux heures
    • Recherche un peu trop assistée