Jeux

Colin McRae Rally 04

Course | Edité par Codemasters | Développé par Codemasters

8/10
360 : 19 septembre 2003
17.09.2003 à 07h23 par

Test : Colin McRae Rally 04 sur Xbox

Colin Mcrae 3 avait divisé les foules à l’automne dernier. Alors que certains l’avaient adoré (moi le premier), une bonne partie des « gamers » l’avait trouvé indigne de la série. Afin de mettre tout le monde d’accord, Codemasters nous livre le 4ème opus sur un plateau, moins d’un an après la sortie de son prédécesseur. En tant que fan absolu de cette licence ô combien mythique, je dois vous avouer qu’au départ, j’ai eu un peu peur que l’éditeur ne soit en train de « tuer » sa série phare. Les annonces sur les nouvelles possibilités du titre m’ont vite rassuré quant au potentiel du titre, et je dois dire que j’étais plus qu’impatient de tâter la bête. Après quelques secondes d’attente, le jeu se lance enfin, le sigle Codemasters apparaît, et un large sourire s’esquisse sur mon visage. Sourire qui n’allait pas disparaître de sitôt, c’est moi qui vous le dit…

Droite à fond sur gauche à fond

Il est 16h45, c’est la dernière spéciale de ce rallye d’Angleterre, décisif pour le titre. McRae me colle à moins d’une seconde au général, il va falloir tout donner pour rester devant. Le temps est pourri, la piste détrempée, le pare-brise semble encore porter les stigmates des mauvais chocs des spéciales précédentes. Je distingue à peine le commissaire sur ma gauche qui décompte les secondes : 5, 4, 3 ,2, 1, GOOOOO !!!! J’écrase l’accélérateur et ma 206 fait gicler une énorme motte de terre, patinant comme dans du beurre. Mon copilote commence à m’assommer avec ses notes inaudibles, recouvertes par le bruit d’un moteur qui n’en peut plus : « droite 5, puis gauche 3, sur épingle droite, rondins à l’extérieur. Tout droit sur grand saut puis droite 6, attention rocher à l’intérieur puis gauche 2 sur droite 2 ». Le paysage défile devant moi à une vitesse ahurissante, je slalome comme je peux entre les murs, en priant chaque seconde pour que la voiture ne heurte pas un arbre un peu trop mal placé. Dans cette bruine opaque, j’ai du mal à distinguer les courbes, mon seul guide étant la voix de mon copilote : « gauche 3, épingle droite 2 sur gauche 5, sur droite 4 sur crête, grand saut puis gauche 2, après descente, sur pont très étroit. Entrée dans portail sur gravier, puis droite 4, attention ne pas couper, rochers à l’extérieur. Puis droite 3, droite 4, gauche 2 et 100 mètres sur arrivée. » J’ai le souffle coupé, et je pousse un énorme ouf de soulagement. Je reprends petit à petit une respiration normale. Mon ingénieur ouvre alors la portière de la caisse encore fumante et me saute dans les bras : McRae est battu de 2 petits dixièmes, le titre est à moi. Les douleurs semblent s’estomper d’un seul coup, recouvertes par une sensation de bonheur presque trop puissante pour être réelle…

Voilà le type de courses que Colin 4 vous propose, c’est du rallye, du vrai, au travers de 52 spéciales n’offrant aucun temps mort. C’est un sport intense, haletant, et Colin 4 retranscrit à merveille ces sensations, cela grâce à un élément qui a toujours fait la force de la série : un gameplay qui tutoie la perfection ludique…




Colin Maxi Turbo Power McRae Boost Racer 4

Oui, le gameplay, élément de base de tout bon jeu de caisses digne de ce nom. Une nouvelle fois, Codemasters nous livre une merveille de compromis arcade/simulation, permettant à un joueur de n’importe quel niveau, de pouvoir s’amuser facilement au bout de quelques parties. Cependant, il reste assez technique pour tenir en haleine des dizaines d’heures durant les affolés du chrono comme moi. La marge de progression est vraiment énorme.

Concrètement, comment cela se traduit-il ?? Et bien, sachez que notre jeu du jour est plus technique que son ancêtre. A savoir que la direction est moins sensible, la caisse répond beaucoup plus progressivement, les dérapages se font plus en douceur, la glisse est beaucoup mieux restituée. C’est-à-dire que si vous voulez passer en « vrac », votre bolide va tout doucement se mettre en travers, perdant petit à petit de la vitesse, alors que dans le 3, les dérapages étaient beaucoup plus secs. La conduite est donc un poil moins nerveuse, mais gagne dangereusement en réalisme et en finesse. Le charme opère tout de suite : les sensations de pilotage déjà fantastiques du 3 grimpent encore d’un cran, atteignant des sommets. Pour profiter à fond du jeu, il faudra vous entraîner, mais Colin 4 en vaut vraiment la chandelle. Les transferts de masses sont diaboliquement bien gérés et dans les courbes, on sent le poids de la voiture basculer d’un côté à l’autre. C’est aussi ça le « réalisme à la Colin ». Dès les premières courses, on cherche la fluidité parfaite dans chacune des courbes, en « trajectant comme un porc » sur les 52 splendides tracés qui figurent dans le jeu.

Parlons de ces spéciales justement. Si le soft a un tel pouvoir d’immersion, c’est aussi car les « aires de jeu » qu’il nous propose sont parfaitement adaptées au style de conduite du jeu. Au programme, 8 pays (les mêmes que Colin 3, j’aurai bien aimé en voir 2 ou 3 supplémentaires, comme le Tour de Corse) proposant chacun des revêtements très variés et par conséquent des styles de conduite à adopter également bien différents. La voiture réagira différemment selon les terrains rencontrés. Japon et Espagne vous donneront 2 visions opposées du pilotage sur asphalte (une surface demandant d’ailleurs beaucoup plus de doigté que dans les précédents Colin, la voiture colle moins à la route), Grèce, USA et Australie pour le gravier fin, Finlande et Angleterre pour le gravier lourd sans oublier la Suède pour la neige et la glace. D’ailleurs, l’évolution du gameplay devrait surprendre plus d’un habitué de la série durant les premières heures de jeu : le pilotage sur asphalte demande désormais plus de retenue, et il ne suffit plus de planter des grands coups de frein à main. En Suède, les barrières de neiges vous renvoyant sur la piste sont beaucoup moins nombreuses….

Chacune des spéciales a sa propre personnalité, en proposant des passages et des styles de courbes particuliers, qui permettent de bien les différencier entre elles. Les dénivelés sont plus impressionnants qu’avant et les descentes à flanc de col demandent un cœur gros comme ça. Dernier point concernant les spéciales : certaines reprennent des portions (en sens inverse) de spéciales qui figuraient dans Colin 2 et 3. Pour résumer, les sensations sont donc vraiment excellentes, la conduite plus réaliste et chaque nouvelle spéciale est source de nouvelles émotions, quel bonheur !!




Colline Ma Craie K-Treu, ze t’aime

Vous voilà certainement rassuré sur l’élément essentiel du jeu. Maintenant reste à savoir si Colin 4 a su corriger les défauts de son aîné. A cette question, je réponds sans hésitation : oui !!! Niveau modes de jeu, on retrouve un mode championnat, un mode rallye, un mode étapes et une option course rapide. Concentrons-nous sur le mode championnat, qui est la plaque tournante de ce nouveau Colin. A l’intérieur de celui-ci, on trouve 6 championnats à proprement parler : 2 championnats 2 roues motrices (en mode normal et avancé), 2 championnats 4 roues motrices (idem), un championnat Groupe B et un championnat Expert. Pour chacun d’entre eux, vous aurez à concourir entre 5 et 8 rallyes vous emmenant aux 4 coins du monde. Pendant les rallyes, vous pourrez bien sûr régler votre caisse dans tous les sens (option désormais disponible également en mode rallye et étape) et réparer votre bolide (cela devient même indispensable dans les niveaux de difficulté les plus élevés tellement la voiture se détruit facilement au moindre choc). Freins, suspension, turbo, refroidissement, boîte de vitesses…A vous de choisir quels organes de la voiture vous voulez remettre à neuf, organes ayant subi vos péripéties de chauffard du dimanche.

Plus important encore que tout cela, le mode championnat propose cette fois un vrai challenge. Si les 2 roues motrices et les WRC (dans une moindre mesure) ne devraient pas vous poser trop de problèmes, il n’en va pas de même pour les championnats Expert et Groupe B.

Le championnat Groupe B offre sans conteste le challenge le plus relevé en vous proposant de prendre le volant de monstres de puissance (500 chevaux et plus) tels que la 205 T16, la Ford RS200 ou encore l’incontrôlable Audi Quattro (le jeu propose 21 caisses au total). Les voitures « de base » demandent déjà beaucoup de tact et de doigté, mais là, chaque dixième en trop sur l’accélérateur vous enverra directement contre le platane le plus proche. La moindre erreur ou hésitation sur la trajectoire à prendre est immédiatement sanctionnée. Dans ce mode, il faut parfois recommencer les spéciales une dizaine de fois avant de faire un passage correct tellement le pilotage de ces avions de chasse est particulier..




Sois un vrai pro, joues sans les rétros

L’expérience la plus intéressante réside tout de même dans le championnat Expert. Challenge ultime de tout fan de rallye qui se respecte, celui-ci impose des conditions de pilotage très particulières : vue cockpit obligatoire, affichage réduit (plus aucun temps intermédiaire et vous ne connaissez pas votre position dans la spéciale), et dégâts poussés à l’extrême. Afin de rendre l’expérience encore plus enrichissante, je vous conseille de jouer avec les vitesses manuelles. Et là, c’est le grand frisson. Le seul fait de jouer en vue cockpit suffit à changer tous vos repères de conduite et demande une concentration de tous les instants. Chaque bosse, chaque courbe est ressentie de manière encore plus forte. Si on prend un virage un peu trop large, on sent l’arrière du véhicule partir balayer le bas-côté, en priant pour que l’on ne fasse pas une mauvaise rencontre avec un poteau ou un sapin. Fait rare pour être souligné, la vue cockpit est parfaitement jouable, et procure des sensations décuplées. Je vais peut-être vous paraître masochiste mais c’est un bonheur que de devoir distinguer au loin les courbes sur le tracé tortueux des spéciales japonaises disputées sous un déluge, de frôler les arbres à 220 km/h dans les forets finlandaises. Ou bien de s’extirper des courbes ultra-piégeuses tout en dévers, et bordées de rochers des parcs anglais. Ca c’est du rallye !! Le seul petit regret concernant ce mode Expert concerne sa difficulté : seuls les 3 derniers rallyes de la saison (sur 8) m’ont demandé un gros effort, les adversaires étant particulièrement lents en début de saison. Pour en finir avec les modes de jeu, on pourra noter que le championnat est jouable à 2 en alterné, et que les modes rallye et étape seront jouables à 2 en splitté et à 4 en alterné. La durée de vie est donc vraiment conséquente, que ce soit pour les amoureux du chrono ultime ou pour les autres.




Le Roms s’enflamme, Colin 4 c’est sa came

Gameplay sensationnel, modes de jeu à foison, ce nouveau Colin a tout bon jusqu’à présent. Il est maintenant temps d’aborder le chapitre des graphismes. Les premières salves de screenshots qui avaient filtré laissaient planer de gros doutes quant à la qualité du titre dans ce domaine. Heureusement, le tir a été corrigé pour cette version finale. Si les caisses sont toujours superbement modélisées, les décors (point très critiqué dans Colin 3) ont eux subi un lifting conséquent. Et la présence de spéciales du 2 et du 3 permet d’établir des comparaisons objectives : prenons l’exemple des spéciales anglaises. Les bords de routes ne sont plus désormais de simples morceaux de texture verte mais regorgent désormais de végétation en tout genre, qui aura tôt fait de vous ralentir dès que vous mettrez ne serait-ce qu’une seule roue en dehors de la piste. Même constat au Japon : les lierres envahissent désormais les murets bordant la piste, les branches viennent même sur la piste par endroits, le rendu est beaucoup moins aseptisé que dans CMR 3. Tout cela contribue bien entendu au charme du jeu, et à cette ambiance typique du monde du rallye qui m’est si chère. Aucun reproche à faire non plus concernant la fluidité du soft, peut-être le jeu manque-t-il juste d’un poil de vitesse. Mais là je chipote. Le bilan technique est donc également à la hauteur même si Rallisport reste à mon avis encore un petit cran au-dessus sur ce point. Achevons ce tableau idyllique par un environnement sonore d’excellente facture, les bruitages de moteurs étant particulièrement réussis, variant selon les voitures et les catégories (une 2 CV ne fait pas le même bruit qu’une Quattro), et des crissements de pneus réalistes, finissant d’immerger le joueur dans le monde du rallye à la sauce Codemasters.

Nul jeu n’étant

parfait, on pourra tout de même regretter l’absence d’un mode Live (l’option

Xbox Live est présente mais sert uniquement à poster ses temps sur le site

Internet du jeu), d’un championnat jouable à 2 en splitté et d’un mode Arcade

(comme Colin deuxième du nom) ou encore que les graphismes ne soient pas tout à

fait au niveau d’un RSC, pourtant sorti il y a de cela 18 mois, et ce malgré une

nette progression par rapport au 3. Certains risquent de le trouver trop dur,

mais on est pilote ou on ne l’est pas ;).




Bravo. Bravo aux développeurs qui ont réussi à relever le défi qui leur était imposé, en améliorant ce que Colin 3 avait de bon, tout en corrigeant ce qu’il avait de moins bon. Mission parfaitement accomplie pour ce qui constitue la nouvelle référence en matière de simulation de rallye sur Xbox. Un gameplay toujours aussi magique, des sensations uniques, une durée de vie plus que satisfaisante (même pour ceux qui se contenteront de finir les championnats), des graphismes nettement revus à la hausse… Les craintes que j’ai eu lors de l’annonce précoce de ce nouveau Colin n’avaient finalement pas lieu d’être. Seuls les quelques reproches énumérés un peu plus haut lui empêchent d’atteindre la perfection (pour Colin 5 ??). Cet épisode réconciliera les déçus du 3 avec la série, et confortera les autres dans l’idée que chez Codemasters, on aime le rallye. Maintenant, vous pouvez brûler des cierges pour que votre boutique préférée reçoive le jeu dès vendredi, vous ne le regretterez pas ;)

+

    -

      • Les voitures sont vraiment superbement modélisées et les décors se sont bien remplis depuis CMR3.
      • Le mix parfait (ou presque) entre arcade et simulation. Plus on joue, plus on aime. Une vraie drogue en sorte.
      • 6 championnats dont un ou deux reservés aux vrais pilotes. De quoi s'amuser un bon moment...
      • Bruitages ultraréalistes et musiques très convenables. On est habitué à bien pire dans les jeux de caisses..
      • Ce 4ème Colin nous confirme que la série est toujours un incontournable de la simulation automobile. Des sensations dantesques pour un jeu gigantesque !!
      • La vitesse d'animation est parfaitement adaptée au style de pilotage du jeu. Codemasters maîtrise son sujet.