Jeux

Conarium

Aventure | Edité par Iceberg Interactive | Développé par Zoetrope Interactive

6/10
One : 11 février 2019
01.03.2019 à 09h39 par - Rédacteur

Test : Conarium sur Xbox One

Co-co-comme des Conarium

Encore aujourd’hui, l’Antarctique fascine. Alors on imagine aisément comment l’immense continent blanc a pu inspirer nombre d’auteurs dans une première moitié du vingtième siècle qui vit plusieurs expéditions tenter de rendre compte de la nature profonde de l’Antarctique. H.P Lovecraft est évidemment de ceux-là, de ces auteurs qui ont embrassé le mystère pour donner naissance à l’épouvante qui survit jusqu’ici avec Conarium, une aventure inspirée par l’ouvrage « Les Montagnes Hallucinées ».

C’est en 1936 que fut publié « Les Montagnes Hallucinées » de H.P Lovecraft, soit une quinzaine d’années après ce que l’on considère comme la fin de l’âge héroïque de l’expédition en Antarctique. Découverte au début du XIXème siècle, cette terre fascine et se mue dans l’esprit de Lovecraft comme le berceau d’une civilisation oubliée mais pas totalement perdue, surévoluée et surtout dangereuse pour l’humain qui s’en approcherait d’un peu trop près. Les membres de l’expédition relatent alors avec effroi dans Les Montagnes Hallucinées l’expérience qu’ils ont vécu, l’horreur de la vérité qui se cache en Terra Incognita. C’est quelques années après les événements du livre que Conarium pose son intrigue. Il est une nouvelle fois question d’Antarctique, de recherches scientifiques et bien évidemment, de choses qu’il aurait mieux valu laisser à leurs places. Le joueur incarne Franck Gillman, l’un des membres de l’équipe et manifestement seule âme qui vive lorsqu’il reprend connaissance, l’esprit embué et les souvenirs épars.

conarium test 1

Oui, le coup de la panne mémorielle c’est un peu convenu mais cela permet de se lancer sans retenue aucune dans l’arpentage des couloirs de la station scientifique, avant d’être amené à explorer des grottes et autres sanctuaires, témoignages de l’existence manifeste d’un peuple qui n’a rien d’humain. Si marcher, observer, écouter (le tout en vue à la première personne) sont les activités principales du joueur de Conarium, celui-ci n’est pas à proprement parler un walking simulator. Sur une échelle allant de l’absence totale d’interaction à la Dear Esther au jeu proposant de vraies énigmes, Conarium se situe entre les deux, à la manière d’un Gone Home ou What Remains of Edith Finch un poil plus interactif. Il y a bien quelques petites énigmes mais la plupart d’entre elles reposent sur la possession du bon objet au bon moment, lequel ira se loger tranquillement là où il faut. Deux ou trois manipulations d’objets pourront peut-être demander un effort supplémentaire mais n’imaginez rien qui mette véritablement votre cerveau à l’épreuve. En somme, Conarium se place avec le derrière entre deux chaises : il n’a pas la qualité des énigmes pour être un jeu du genre mais à côté de cela, la progression n’est pas uniquement contemplative et orchestrée « au pas près » comme cela doit l’être dans un véritable walking simulator.

conarium test 2

L’ambiance est néanmoins au rendez-vous. Blindé d’objets à observer, de notes à lire (en français, comme les sous-titres), de souvenirs et de visions à découvrir, Conarium ne ménage à aucun moment l’attention du joueur et distille son histoire avec force et conviction. On se prend rapidement au jeu de l’explorateur, on progresse sans trop de retours en arrière à moins de vouloir déverrouiller quelques éléments subsidiaires. L’aventure se boucle alors -très précisément dans notre cas – en trois heures trente, ce qui représente une durée tout à fait dans la norme pour le genre, sans qu’il soit toutefois intéressant d’y revenir s’il on a bien pris le temps d’étudier un maximum de choses lors du premier run. Il y a une deuxième fin disponible, mais elle est anecdotique et facilement déblocable en rechargeant une ancienne sauvegarde à un moment qui vous semblera bien évident.

conarium test 3

S’il y a dans le jeu une -et une seule- tentative complètement manquée de jouer avec les nerfs du joueur en le forçant à échapper à un ennemi bien gonflant, on ne retrouve pas de jump scares dans Conarium, pas d’autres artifices visant à effrayer le joueur. Tout est affaire d’ambiance, de sentiment d’oppression et cela fonctionne très bien grâce à une bande-son superbement menée, tant pour le choix des musiques que pour celui des bruitages. On peut émettre quelques réserves pour les doublages du héros, pas toujours dans le ton, mais le jeu a eu de toute façon la bonne idée de proposer un mode « silence » supprimant les commentaires que se fait ponctuellement Franck Gillman à lui-même. Bien vu. Graphiquement c’est revanche moins engageant, avec certes un rendu très propre (et par ailleurs la possibilité sur Xbox One X de choisir entre esthétisme et performance) mais tout de même assez peu détaillé et usant parfois plus que de raison du copiage d’éléments du décors.

6/10
Bel hommage à Lovecraft que ce Conarium qui, s’il ne sait pas vraiment s’il est un jeu d’aventures teinté d’énigmes timides ou un walking simulator « plus », parvient à imposer son ambiance inquiétante, oppressante à la faveur d’une bande-son incroyablement bien fichue. Le rythme est maitrisé, l’histoire prenante et très bien documentée : pour peu que l’on soit réceptif à ce genre de jeu très posé et facilement bouclable en un après-midi, Conarium est un titre tranquillement recommandable.

+

  • Bande-son superbement bien maitrisée
  • Beaucoup d’éléments à voir et à lire
  • Etonnamment bien rythmé pour le genre
  • Hommage réussi à l’univers Lovecraftien
  • Mode « silence » et optimisations Xbox One X bienvenus

-

    • Des énigmes qui n’en sont pas vraiment
    • 3h30, ça peut rebuter
    • Graphiquement propre mais un peu pauvre
    • Un ennemi, une plaie

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