Jeux

Control

TPS | Développé par Remedy

8/10
One : 27 août 2019
26.08.2019 à 15h00 par - Rédacteur en Chef

Test : Control sur Xbox One

Control surprise

Trois ans après Quantum Break, revoilà les finnois de Remedy Entertainment. Et les choses ont changé depuis la sortie des aventures temporelles de Jack Joyce puisque le studio de la banlieue d'Helsinki a fait le choix de s'émanciper en développant un projet multiplateforme avec l'aide des Italiens de 505 Games cette fois-ci. En voulant conquérir un public plus large, ce nouveau projet n'a cependant pas bénéficié d'autant de lumière et de mise en avant que son prédécesseur. Pourtant, le nouveau récit de Sam Lake est à la hauteur d'Alan Wake et de Quantum Break, et les dépasse même sur certains points.

Difficile de s’étaler longuement sur le scénario de Control. D’une part parce qu’il serait dommage de divulguer des spoilers qui pourraient nuire à l’expérience de jeu et à la découverte. Mais également parce que c’est une nouvelle fois Sam Lake et son esprit un peu torturé qui nous offrent le scénario totalement alambiqué du jeu. Cette fois-ci il envoie Jesse Faden à l’accueil du Federal Bureau of Control, un lieu mystérieux qu’elle cherche depuis 17 ans et dans lequel elle pense pouvoir retrouver son frère Dylan. Après avoir arpenté quelques couloirs, elle se retrouve nommée directrice, s’équipe de «l’arme de service» et se lance alors au cœur d’une aventure qui va la dépasser totalement, avec pour mission principale de combattre une entité mystique nommée le Hiss.

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Avis aux claustrophobes, l’action de Control se déroule exclusivement à l’intérieur du Bureau Fédéral de Contrôle, autrement dit en milieu clos. Une volonté qui participe à l’ambiance générale du titre qui nous entraîne dans diverses zones de ce bâtiment austère. Au vu des équipements du centre exécutif, l’action se déroule dans les années 80 avec des open-space bardés d’écrans cathodiques, mais également des salles tout à fait singulières, notamment dans le département de recherche. Disposé comme un véritable Metroidvania, le level-design invite le joueur à faire de nombreux allers-retours, heureusement vite comblés par la présence de plusieurs points de contrôles qui permettent de se rendre d’un endroit à un autre rapidement et soulager ainsi un aspect du jeu pas forcément très fun. Les maps manquent volontairement de précision et obligent à se creuser la tête ou à tâtonner pendant un long moment avant de trouver un accès vers la bonne salle. Des énigmes viennent également corser le tout, sans qu’elles ne soient jamais trop compliquées pour bloquer le joueur durant plusieurs minutes.

Le tout dans une ambiance très particulière mais superbement menée par Sam Lake et les développeurs de Remedy. Sous les traits de Jesse Faden donc, on navigue constamment dans une ambiance schizophrène qui ne nous laisse que très peu d’indices sur la vraie nature des événements. Un sentiment renforcé par plusieurs éléments comme la téléportation dans l’étrange hôtel Oceanview et ses énigmes, mais également par les voix et les murmures qui accompagnent l’héroïne dans son combat et sa quête de vérité. Globalement, la direction artistique offre une atmosphère inquiétante totalement maîtrisée et se vit d’autant plus intensément avec un home-cinema ou d’un casque 5.1. Le jeu de couleurs apporte également sa pierre à l’édifice avec l’utilisation de couleurs primaires intenses, notamment pour marquer le territoire du Hiss d’un rouge aussi agressif que flippant. On regrette d’ailleurs que la technologie du Ray Tracing ne soit pas possible sur Xbox pour un rendu qui aurait pu s’avérer grandiose (seule la version PC en profite).

Pour en revenir au Hiss, l’entité mystérieuse sera votre unique adversaire. Celle-ci se répand à travers les agents du Bureau Fédéral qui ne sont pas équipés d’un système ARP, seul élément capable d’éviter la contamination. Le gameplay prend la forme d’un TPS plutôt classique, sans mise à couvert, avec une maniabilité suffisamment souple pour permettre à Jesse de se déplacer de façon simple mais agréable. A mesure de l’avancée dans l’aventure, diverses techniques psychiques, et notamment de télékinésie, s’ajoutent au panel plutôt basique de départ. Pas de chichi du côté des flingues puisque seule l’arme de service est disponible, avec pour capacité d’adopter diverses formes allant du simple pistolet au mini lance-roquettes. Pas de munitions à récupérer, l’arme se recharge elle-même avec le temps, et oblige le joueur à alterner entre cette arme unique et les capacités psychiques dont la jauge diminue également selon utilisation.

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La réussite dépend alors de la faculté du joueur à jouer avec cette alternance sans quoi la mort viendra frapper un bon nombre de fois notre héroïne. Sans proposer de niveaux de difficulté, le jeu est tout sauf trop simple même si jamais vraiment frustrant. Chaque ennemi du bestiaire dispose de ses propres forces, qu’il s’agisse des agents saturés qui explosent, des ennemis volants spécialisés dans l’esquive ou des quelques boss souvent soutenus par une horde d’ennemis, entre autres. La combinaison des pouvoirs et de l’arme de service amène des gunfights nerveux et une pointe de soulagement lorsque le dernier élément d’une vague d’ennemis s’envole en fumée. En plus de sa mission principale, Jesse va également pouvoir se plonger dans plusieurs quêtes secondaires, la plupart du temps pour purifier des objets altérés avec la nécessité de se confronter à un boss. Les alertes de bureau sont quant à elles des quêtes annexes bénéficiant d’une limite de temps et permettent surtout de récupérer des éléments permettant de débloquer de nouvelles formes de l’arme de service et des mods.

Car comme dans tout bon Metroidvania qui se respecte, le loot est également présent et permet de faciliter la vie (et évite de la perdre trop souvent surtout). Classés en cinq catégories, ces mods peuvent augmenter les jauges de vie et d’énergie psychique ou augmenter l’efficacité de certains pouvoirs par exemple. Les mods d’armes quant à eux augmentent les capacités des diverses formes de l’arme de service. En réussissant les missions, des points de compétences peuvent être récupérés pour alimenter un arbre, lui aussi précieux pour la survie de Jesse. L’ensemble se montre en tout cas très cohérent, simple d’utilisation et invite réellement à inclure ces missions à l’ensemble afin de faire grimper la puissance de l’héroïne mais également la durée de vie du jeu, la faisant passer d’une dizaine d’heures en ligne droite, au double pour celui qui prendra le temps de se pencher sur ces quêtes et de fouiller chaque pièce à la recherche des nombreux documents disponibles (plus de 150).

Là où le bât blesse c’est assurément du côté de la technique. Même si un patch day one devrait corriger la plupart des errances du jeu, on regrette d’avoir à faire à d’énormes chutes de framerate après chaque fin de chargements (déjà un poil longs). Pas besoin de s’éterniser sur la version française absolument catastrophique, notamment d’un point de vue de la synchronisation labiale. Heureusement les options permettent de passer en Version Originale sous-titrée en français, et offrent même la possibilité d’afficher ces sous-titres en plusieurs tailles différentes, et d’y mettre un fond ou non. Les personnages quant à eux manquent un peu de naturel malgré l’incorporation d’acteurs connus comme Courtney Hope, qui avait déjà été aperçu dans Quantum Break dans le rôle de Beth Wilder.

8/10
Control c'est le projet de toutes les peurs. Du côté du studio pour commencer, qui n'a pas bénéficié des mêmes moyens que pour ses deux précédentes grosses productions. Pour le joueur de l'autre côté qui se retrouve plongé dans le nouveau délire de Sam Lake. Un scénario volontairement alambiqué qui rappelle quelques grandes séries de science-fiction comme Stranger Things ou Lost pour ne citer que les plus récentes. Globalement, Control se vit comme un pas vers l'inconnu, et chaque nouveau pas entraîne des révélations, mais aussi de nouveaux doutes. La direction artistique majestueuse nous fait à la fois aimer l'ambiance, et la détester pour les peurs qu'elle parvient à installer. A vivre avec un home-cinema ou un casque 5.1, l'immersion est d'autant plus grande et les défauts du jeu disparaissent rapidement pour laisser la place à la survie et à la quête de vérité.

+

  • Ambiance exceptionnelle
  • Scénario perché mais maîtrisé
  • Du Metroidvania en 3D
  • Beaucoup de quêtes annexes
  • Difficulté parfaitement dosée

-

    • Techniquement très limite
    • Synchro labiale insupportable
    • Des chargements un peu longs