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Dead Rising 4

6/10
One : 06 décembre 2016
06.12.2016 à 20h37 par

Test : Dead Rising 4 sur Xbox One

T'as les boules, boules, boules !

Priorité au direct. Nous apprenons que la ville de Willamette, meurtrie en 2006 par l’invasion zombie aujourd’hui endiguée, est de nouveau dans la tourmente. Alertée par le crash d’un hélicoptère en plein sur le centre commercial qui fut jadis l’épicentre de toutes les ignominies, notre équipe a pu rapporter quelques images du drame avant que nous ne perdions la liaison avec nos drones. Sur ces dernières, nous distinguons une importante présence armée faisant feu sur ce qui semble être des revenants, malgré les réfutations vigoureuses du Ministère de la Santé. Selon la rumeur, l’ancien reporter Frank West, qui avait tout révélé du zombisme, serait sur place. Oui, de nouveau. Nos clichés ne peuvent cependant confirmer ces spéculations. Il y a bien un homme oui, mais il ne ressemble pas à West.

Noël, joyeux noël ! La dinde à peine enfournée, Capcom profite de la période de Thanksgiving pour réveiller ses monstres assoiffés de sang. Quoi de mieux que la grand messe du Black Friday pour faire revenir des enfers les ultra-consommateurs voraces de notre ère à la solde des soldes ? Bien loin des tons post-apocalyptiques et des introductions inspirées de films catastrophes dont sont affublés les Dead Rising depuis maintenant trois épisodes canoniques, le quatrième volet de la saga griffée Capcom débute comme un Ghostbuster gentiment gore, à l’humour potache presque familial. La présence au casting d’un Frank West totalement remodelé aux faux airs de Mel Gibson, égaré dans les allées du centre commercial de Willamette, pourrait presque faire passer cet opus pour un reboot. L’extrême simplification de ses mécanismes de jeu abonde d’ailleurs dans ce sens. À titre d’exemple, les zombies ne deviennent pas plus dangereux à la tombée de la nuit. En fait, la nuit ne tombe plus vraiment dans cet épisode, le chronomètre ayant totalement disparu, gommant au passage le système de cas à débloquer à heure fixe. Le cycle jour/nuit disparaît dans cette proposition de faire se dérouler l’action sur une journée bien remplie, découpée en six chapitres. Le tourbillon d’évacuation des toilettes, autrefois symbole d’une sauvegarde quelque-peu contraignante, n’est plus une obsession pour West. Sa vessie ayant été refaite avec la plupart des éléments de son ancien visage, Frank jouit désormais de classiques sauvegardes automatiques via checkpoints. Enfin, s’il y a toujours des survivants à sauver dans les allées de Willamette, ces derniers n’ont plus à être raccompagnés dans les planques une fois libérés de leurs oppresseurs. Des planques construites par Jean-François Copié-Collé, puisqu’elles sont toutes identiques. Sim-pli-fi-ca-tion, pigé ?

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À l’image des épreuves PP qui n’ont plus besoin d’être déclenchées à des spots particuliers, Dead Rising 4 joue la carte de l’épuration. L’intégralité du jeu est de toute façon bien suffisante pour faire tomber quelques records et remporter de précieux points d’expérience bonus. L’arbre de compétences est découpé en 4 branches principales : bagarre, résistance, tir et survie. Certaines aptitudes rendent l’esquive plus réactive quand d’autres proposent un regain plus rapide de la santé, entre autres joyeusetés. Comme d’habitude, la technique la plus intelligente est de débloquer dès que possible les slots supplémentaires de l’inventaire afin de profiter au mieux de l’expérience basée sur la construction d’armes. Le rafraîchissement de cet inventaire est par ailleurs une des nouveautés majeures, même si l’on se galère toujours autant pour ramasser précisément l’objet désiré étalé sur le sol. Les armes sont en effet désormais classées parmi les trois catégories que sont les armes de corps à corps, celles de jet et les pétoires, accessibles via chaque direction du pad directionnel de la manette.

« il n’est plus possible de consommer par erreur un pack de lait dans le feu de l’action après la destruction d’une arme, comme cela pouvait se produire auparavant»

Les habitués des anciens Dead Rising auront pourtant du mal à s’adapter à ces quelques changements, puisque les raccourcis liés aux touches de la manette font automatiquement changer l’arme équipée. Par exemple, si nous sélectionnons une arme de jet, le jeu attend de nous que nous la lancions avec la gâchette LB. Si par erreur nous pressons LT comme auparavant, à savoir la touche de mise en joug avec une arme à feu, alors le jeu nous fait nous équiper d’un fusil de l’inventaire. Si vous avez compris la logique, vous comprendrez qu’il n’est donc plus possible de jeter un objet pour les attaques au corps à corps comme à l’accoutumée, LT nous équipant d’une arme à distance et LB d’une grenade ou assimilée. Dernier changement majeur, la vie se regagne si l’on dispose au moins d’un élément de type santé et que nous l’utilisons en pressant la croix directionnelle allant vers le bas. Grâce à ce procédé, il n’est plus possible de consommer par erreur un pack de lait dans le feu de l’action après la destruction d’une arme, comme cela pouvait se produire auparavant. Il n’y a par contre plus ce choix stratégique de gaver son inventaire d’aliments de survie plutôt que d’objets létaux pour affronter des situations promises comme dangereuses.

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Pour le reste, l’ADN de la série bien que modifié reste parfaitement identifiable. Frank West se retrouve dans une ville bourrée de monstres réels comme humains et doit accomplir différentes missions, en s’équipant de tout ce qui lui passe sous la main, pour monter en niveau et arriver au clap de fin. Les plans pour construire des armes combo sont toujours de la partie, comme la construction de véhicules empruntée au héros précédent ainsi que les refuges à nettoyer (donnant ici accès à des marchands). Dead Rising 4 recèle d’un grand nombre de quêtes annexes, à l’image des survivants à sauver, des appareils de communication à détruire ou des « rumeurs » sur lesquelles enquêter qui annoncent en fait la présence de psychopathes plus puissants que la moyenne. Oubliez la starification de ces cinglés qui apportait du cachet à la série, Dead Rising 4 ne s’embête plus à caractériser ces sales types : ils font désormais partie de la horde qui parcourt cette aventure, sans autre distinction que leur style vestimentaire et quelques répliques singulières. Il s’agit sûrement de la perte la plus dommageable pour la licence, qui avait su s’ancrer dans un hommage constant aux œuvres cinématographiques des maîtres du genre. De manière générale, les personnages sont aussi intéressants que la rubrique astrologie d’un Closer. Les diverses répliques du reporter principal n’égalent malheureusement jamais, hélas, le comique des situations dépeintes dans quelques cut-scenes. Oui, Frank aurait mérité de retrouver des âmes au moins aussi hautes en couleur que celles rencontrées dix ans plus tôt.

« Les rejetons de l’enfer n’hésitent plus à chuter des précipices pour former des cascades de chair, s’amassant en pile grouillante en contrebas pour mieux dévorer le badaud imprudent pour un résultat saisissant »

À défaut de nous baigner dans un univers à l’écriture soignée, les développeurs de Capcom ont misé sur le contenu et la diversité. Que ce soit à pied, à bord d’un véhicule ou muni d’un exosquelette, la carte se montre généreuse avec son grand centre commercial cerné par une ville aux multiples ramifications et maisons à visiter. Sous un flot incroyable de zombies, évidemment. À ce titre, Dead Rising 4 contient les scènes de massacre en masse les plus gargantuesques de toute l’histoire du jeu vidéo, en particulier grâce aux passages en exosquelette et à ses bonus d’équipement liés. Nos revenants sont cependant atteints du mal dont ils souffraient déjà pendant le troisième volet, puisque leur cerveau ne semble s’activer que lorsque le joueur se rapproche d’eux. Il est donc courant d’apercevoir des morts-vivants totalement immobiles, au loin, pendant les phases de massacre en véhicule, sûrement pour libérer un peu de mémoire et ainsi faire tourner le tout sans ralentissement. Les rejetons de l’enfer n’hésitent plus à chuter des précipices pour former des cascades de chair, s’amassant en pile grouillante en contrebas pour mieux dévorer le badaud imprudent pour un résultat saisissant. Nous sommes également ravis de constater une localisation des dégâts très précise, permettant de démembrer bras après bras un zombie au flingue si l’envie nous en dit, pour mieux prendre un selfie à ses côtés et faire marrer les copains.

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Frank West oblige, l’appareil photo marque effectivement son grand retour dans la série et permet toujours de prendre les clichés les plus fous afin de s’octroyer quelques points d’expérience. Muni d’un analyseur de spectre et d’une vision nocturne, cet appareil amène des phases d’enquête à la croisée d’un Resident Evil Revelations et de Condemned lors de séquences prévues à cet effet. Simples, elles demandent au joueur d’équiper le bon système de vision pour mettre en évidence des preuves capables de faire avancer l’enquête. Le bon point, c’est qu’il est possible de se déplacer aussi facilement que dans n’importe quel FPS lorsque l’on est équipé de l’accessoire, permettant de la jouer à la Outlast dans les endroits envahis par les ténèbres et renvoyant pour de bon la rigidité du premier Frank West aux affaires classées. Au menu des mécanismes de gameplay typiques, nous signalons la possibilité de s’accroupir pour adopter une marche silencieuse et ainsi accomplir des missions que nous n’oserons qualifier d’infiltration.

« Il faut dire que ce manteau de noël dont il est vêtu lui apporte un petit charme supplémentaire, exacerbé par l’utilisation d’une bande sonore de haut vol dans les menus et radios grâce aux reprises de véritables musiques de noël »

Les deux derniers chapitres de Dead Rising 4 qui concluent la vingtaine d’heures de jeu de la campagne pourraient être à eux seuls des arguments pour l’achat du titre tant le rythme y est soutenu et l’ambition enfin au niveau de nos attentes. Plongés sous une nuit hivernale au brouillard volumétrique du meilleur effet qui met (enfin) en valeur la ville de Willamette et ses décorations de noël, ils parviennent à faire monter une tension que nous pensions disparue pour conclure sur un final à la fois réussi et surprenant. La grande simplification de son génome en fait en tout cas l’épisode le plus facile de la série, et par voie de conséquence le plus accessible. Sans être vraiment beau, la faute à des personnages drôlement modélisés et à un certain manque de précision en extérieur, Dead Rising 4 supplante son grand frère aisément. Il faut dire que ce manteau de noël dont il est vêtu lui apporte un petit charme supplémentaire, exacerbé par l’utilisation d’une bande sonore de haut vol dans les menus et radios grâce aux reprises de véritables musiques de noël. Dommage que la campagne ne soit pas jouable en coopération, même si un mode multijoueur octroie la possibilité à quatre compères d’accomplir de petites quêtes au sein de Willamette.

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Les jouets cassés au déballage faisant pleurer nos petites têtes blondes, nous devons souligner en guise de commentaire final que notre version de test comporte des bugs plus ou moins gênants. Nombreux mais pas bloquants, les bugs visuels se notent à la pelle, en plus de problèmes aussi étranges que pénalisants. On signale par exemple la voiture qui se prend des dégâts sans que l’on ne fasse rien, les dialogues qui se déclenchent alors qu’un mur nous sépare de nos interlocuteurs, des zombies emprisonnés dans les polygones du décor et qui empêchent de nettoyer une planque, le menu pause qui ne revient pas au jeu et oblige donc à tout relancer, et enfin tout un pan de voix françaises absentes lors de la fin du jeu, transformant le dénouement en séquence surréaliste digne du jeu télévisé Pyramide. Autant dire que le patch correctif est attendu comme le divin enfant.

6/10
À la fois simili-reboot (Frank à Willamette) et suite voire conclusion, Dead Rising 4 simplifie ses mécanismes et offre une expérience efficace, facile, jamais ennuyante. Si, dans l'histoire racontée, l'élève manque de dépasser le maître, Dead Rising 4 en tant que jeu ne se réinvente pas et ne prend que peu de risques pour arriver à ses fins. L'abolition de tout un tas d'éléments que nous aurions juré comme faisant partie de l'ADN de la série sans que rien ne les remplace ou n'améliore drastiquement la formule jette cependant un froid pour une quatrième proposition. Entre ses pitreries et son sérieux de rigueur, Frank rappelle pourtant au cours d'un dialogue qu'il faut « faire l’histoire, mais ne pas se laisser manger par elle ». Si un petit morceau de son âme a bel et bien été croqué, West assure encore le spectacle. Kling, Glöckchen, klingelingeling !

+

  • Long, amusant et bourré de choses à faire, en solo comme en multi
  • Des scènes de massacre les plus intenses jamais proposées
  • Toujours fluide malgré les marées inhumaines
  • La fin
  • Une bande sonore pas piquée des hannetons

-

    • Peine à se renouveler
    • Encore des errances dans la jouabilité
    • Des personnages inintéressants pour la plupart, et moches
    • Des bugs
    • La campagne n'est pas jouable en coop