Jeux

DRIV3R

Course | Edité par Atari | Développé par Reflections

-/10
360 : 22 juin 2004
15.07.2004 à 13h51 par - Rédacteur

Test : DRIV3R sur Xbox

Dire que nous avons hésité avant d’écrire ce test et de donner cette note à Driv3r serait un doux euphémisme. Lancé à grand renfort de publicités tapageuses et de marketing viral tout en oubliant 90% de la presse vidéoludique qui n’a pas reçu le jeu à temps, ce jeu est en train de battre bien des records de vente quelle que soit sa plateforme d’accueil. Ou comment vendre un jeu pas fini à millions grâce à des méthodes de brigand…

Avant tout, j’aimerais signaler que nous devions recevoir le

jeu à peu près au moment de la sortie, ce qui en soit est déjà assez dramatique

puisque nous n’aurions pas eu le temps de proposer un test correct avant la

sortie en magasin, mais passons. A noter comme on vous

l’avait expliqué que la presse elle aussi a reçu le jeu bien trop tard pour

proposer des tests avant la sortie du jeu en rayons, qu’elle soit internet ou

papier (certains l’ont reçu à l’heure, on en

parlesurl’article en bas de la page–lisez , c’est intéressant -). Evidemment, il était trop tard

et le malheur était fait, des milliers de gens se sont jetés sur Driv3r dans des

magasins spécialisés décorés pour l’occasion et peuplés de vendeurs assurant que

oui, Driv3r est un excellent jeu et qu’il serait criminel de ne pas l’acheter

dans les prochaines minutes.
Souvent, le fait de ne pas envoyer le jeu à la

presse avant la sortie signifie qu’il y a anguille sous roche. Cette fois, c’est

d’un véritable python de 17 mètres qu’il s’agit, vous allez voir pourquoi dans

les lignes qui suivent.




C’est donc 4 ans après un Driver 2 bien asthmatique que

Reflections remet le couvert et nous ressert une aventure de Tanner, un flic

infiltré dans le monde de la pègre qui n’hésite pas à utiliser les grands moyens

(même si ça implique de laisser mourir des innocents…)pour garder sa

couverture et confondre les méchants. Cette fois, c’est un gang de voleurs de

voitures (qui a parlé de 60 secondes chrono ?) qu’il devra arrêter de

l’intérieur en remplissant diverses missions se déroulant dans les villes de

Miami, Nice et Istanbul.

4 ans après, on ne peut pas dire que beaucoup de choses aient

changé dans le monde de Driver. La principale nouveauté, empruntée à son modèle

avoué GTA3/VC, vient du fait que l’on peut diriger Tanner dans des missions « à

pieds » dans lesquelles on fait parler la poudre à l’aide de pétoires diverses

mais très classiques. L’ennui avec ces phases, c’est qu’elles sont à l’image du

reste du jeu, c’est-à-dire loin d’être finies. Tanner se meut avec une extrême

raideur et le système de visée se révèle totalement inconfortable et à mille

lieues de ce que peuvent offrir les jeux d’action à la troisième personne. Cela

occasionne des gunfights maladroits et confus, dans lesquels on ne peut pas

viser les ennemis en hauteur et en contrebas sans reculer de plusieurs mètres.

L’IA de ces derniers est assez pathétique, ils ne bougent jamais et se

contentent de vous allumer poliment en attendant la grande faucheuse. Hors des

fusillades, de nombreux bugs vous gâcheront la vie en vous empêchant d’entrer

dans une voiture, de descendre d’un bateau sans en être éjecté ou d’ouvrir une

porte comme tout un chacun. Autant dire que les missions se déroulant à pieds

sont un calvaire et plombent le gameplay au lieu de l’enrichir.
Une fois au

volant d’une conduite intérieure, on se dit qu’il y a un petit problème. Loin

d’être désagréable, la maniabilité ne propose rien de nouveau par rapport à

Driver premier du nom, sorti sur PSone il y a 5 ans quand même. On retrouve la

même gravité qui vous fait décoller au moindre trottoir, les freins surpuissants

qui permettent de tourner à angle droit sur 25 centimètres, et tout ce qui

faisait le succès de Driver en 1999 (sans les enjoliveurs qui se font la malle,

dommage). L’ennui, c’est qu’en 2004 ça fait un peu léger, et que GTA a fait bien

mieux depuis, tant en quantité qu’en qualité. Bien sûr, les nostalgiques de ce

gameplay permissif apprécieront de retrouver ce qui leur plaisait autrefois,

mais on est en droit de demander mieux, d’autant plus que ce ne sont pas les

poursuites ou les balades à moto qui changent la donne. Ces dernières sont une

vraie plaie à piloter, Tanner ne se penchant tout simplement pas dans les

virages, obligeant le joueur à tourner au frein à main et donc à perdre toute sa

vitesse. Et puis bonjour le fun… Inutile d’aborder les balades en bateau,

futiles et aussi lentes qu’un David Trézéguet avec des boulets aux pieds. Les

cavales n’ont pas changé d’un iota, elles non plus. On fuit toujours des flics

rapides mais stupides qui se contentent de suivre notre trajectoire à la trace

au lieu de rouler prudemment et de profiter de leur énorme (et injuste) avantage

de vitesse. Résultat, un long slalom entre les palmiers aura presque

systématiquement raison d’une voiture, et on peut continuer sa route jusqu’à la

prochaine patrouille qui vous « sentira » dans son cône de visée, même si elle

se trouve à quelques rues de là. Dans le genre paléolithique, on ne fait pas

beaucoup mieux.
La seule chose qui différencie Driv3r de Driver côté conduite

est l’amélioration du moteur physique, qui permet de restituer les chocs avec un

certain réalisme, du moins lorsque ceux-ci concernent des véhicules (une

touchette avec un poteau vous fait pivoter comme s’il vous agrippait, chose qui

a son petit côté insupportable). Les dégâts sont correctement représentés mais

pas de quoi rester estomaqué plus de 2 ou 3 secondes, et puis surtout les

accidents n’impliquent que deux ou trois voitures au maximum puisque celles-ci

roulent à une allure réduite et respectent bien les distances de sécurité.

Heurter quelqu’un n’a donc rien de particulièrement drôle, surtout quand on sait

que le moindre choc peut vous faire perdre la mission, les timings étant très

serrés par moments. 4 années de développement pour nous pondre un capot qui

saute, des ailes qui se plient et une voiture qui explose en morceaux bien

distincts (qui disparaissent en moins de deux), y’a du record de

non-productivité dans l’air…




Pour continuer les analogies entre Driv3r et son aïeul, la

réalisation s’avère relativement poussive bien qu’assez plaisante au premier

abord. Les textures sont relativement fines, les véhicules fort bien modélisés

et l’ensemble a plutôt de la gueule, même si le rendu est assez aseptisé et

manque de charme. Si ce n’étaient ce framerate bas et inconstant et le clipping

monstrueux qui plombent le jeu, on aurait là une réalisation bien plus

impressionnante que ce qu’on pu nous montrer les derniers GTA et True Crime

réunis. La moindre course poursuite est l’occasion de nombreux et énormes

ralentissements qui sont source de bien des échecs et d’une frustration assez

inédite chez le joueur qui n’en demandait pas tant, énervé qu’il était à essayer

de boucler une mission déjà bien difficile. Les bugs graphiques et le clipping

sont moins gênants mais alourdissent sensiblement la douloureuse, qui porte

décidément bien son nom.
Beaucoup s’extasient sur la qualité des cinématiques

et de la partie sonore du jeu, et ils ont plutôt raison même si tout est loin

d’être parfait. Les cinématiques paraissent très décousues et la voix-off

par-dessus des scènes visiblement importantes font penser à un changement de

dernière minute, comme si la production n’avait plus assez de thune pour finir

le boulot et s’était contentée de balancer un « Bon les gars, on finit le reste

à la bouche et on raconte ce qui se passe plutôt qu’on ne le montre ». Assez

anonyme pad en main, Tanner s’avère peu charismatique dans les FMW, d’autant

plus qu’il ne parle pas souvent et que son personnage manque de panache. Bref,

les cinématiques font preuve d’une qualité technique indiscutable, mais le reste

fait un peu trop cheap à mon goût, et donc peu convainquant.
Le doublage est

excellent en VO et un peu moins en VF, même si on reste dans la bonne moyenne.

Les bruitages sont globalement bons, mais les sons de moteur horripilent très

vite suivant les modèles pilotés, la palme revenant aux motos qui forcent le

joueur à baisser le son sous peine de devenir immédiatement taré. Là encore, le

budget paraît être passé principalement dans le casting de luxe plutôt que dans

la partie jouable du titre, c’est dommage.




Enfin, du côté de l’intérêt et de la durée de vie du soft, cela

reste acceptable même si on est loin d’atteindre la semelle du GTA Double Pack,

qui combine deux jeux qui sont chacun plus longs et diversifiés que ce Driv3r.

La partie undercover se boucle très rapidement une fois qu’on a compris la

manière de fonctionner du jeu et une fois qu’on sait où sont les limites de l’IA

(pas bien loin je vous rassure). Les mini-jeux n’attireront que les grands fanas

de Driver (une espèce en voie d’extinction je pense) et le mode balade recèle

quelques voitures à débloquer ainsi que la quête des Timmy Vermicelli, un clin

d’œil moqueur à GTA VC qui rappelle un peu le proverbe de la paille et de la

poutre… Il est aussi amusant de constater que les divers bugs de gameplay

arrivent bien plus souvent en mode balade qu’en Undercover, les développeurs

ayant visiblement camouflé lesdits bugs dans ce dernier. Classe.
Le mode

réalisateur, plaisant mais pas si profond que ça, ne suffira clairement pas à

retenir le joueur, même si la possibilité d’uploader ses « films » sur le Live

est sympathique de prime abord.




http://www.gamesindustry.biz/content_page.php?section_name=ret&aid=3680

Le problème de Driv3r, c’est son manque total de finition qui pénalise tous les compartiments du jeu, comme le dit si bien Jean Michel Larqué. La pression d’Atari sur Reflections pour sortir le jeu avant GTA San Andreas est pathétique mais au vu des ventes, efficace. Débarrassé de toutes ses tares, Driv3r eut pu être un jeu sympathique, mais en l’état il est bien trop médiocre pour mériter votre attention tant que son prix n’aura pas baissé notablement. Atari s’est surpassé et a réussi à faire pire qu’Enter the Matrix dans la catégorie « ruinage de licence ».

+

    -

      • Plus ou moins pompé sur divers films, il part sur de relativement bonnes bases. Toutefois, on a l'impression de subir diverses ellipses qui ruinent petit à petit le boulot fait par les développeurs des cinématiques.
      • La modélisation des véhicules est extra mais les villes manquent de charme et de vie (peu de piétons). Il reste de nombreux bugs graphiques, c'est à croire que la phase de débogage a été passée sous silence.
      • Les voitures sont agréables à piloter mais on ne note presque aucun changement depuis Driver 1. Le reste se situe entre le très moyen (motos) et l'horripilant (Tanner, bateaux).
      • Le mode principal se torche en moins d'une après-midi et les minis-jeux tiennent plus du gadget qu'autre chose. Le mode réalisateur et sa fonction Live sont anecdotiques.
      • De bons doublages mais des bruitages qui saoulent très vite. Les musiques sont sympas mais tournent en boucle de manière trop visible, ça manque de soin.
      • Nous mettrons une note à Driv3r quand Atari nous enverra une version finie (c'est-à-dire jamais, nous ne sommes pas dupes). Le jeu peut être amusant quelques heures pour les joueurs pas trop regardants, mais la qualité n'est vraiment pas au rendez-vous.
      • Ralentissements énormes et nombreux, framerate tout juste correct le reste du temps. Préparez le collyre, vous en aurez besoin...