Jeux

Elex

RPG | Edité par Nordic Games | Développé par Piranha Bytes

6/10
One : 17 octobre 2017
26.11.2017 à 16h56 par - Rédacteur

Test : Elex sur Xbox One

Elexcitant ?

Ils ont marqué la branche des RPG au début des années 2000 avec la saga des Gothic puis surpris, pour le pire comme pour le meilleur, le long des trois épisodes ô combien éclectiques de Risen : on parle bien évidemment des allemands de Piranha Bytes, de retour aujourd’hui avec Elex. Si vous avez toujours eu du mal à définir votre univers favori entre celui de l’Heroic-Fantasy, du monde post-apocalyptique ou encore du segment futuriste, ça tombe bien, Elex a la réponse à tout. Reste qu’il n’est pas donné à tout le monde de le découvrir, tant ce nouveau RPG se plait à jouer avec nos émotions… Et nos nerfs.

Dans une galaxie lointaine, très lointaine, la planète Magalan fut autrefois une sorte de Terre bis. Les hommes y ont vécu, prospéré ; ils louaient des deux pièces avec balcon et garage en option, vivant une existence tout ce qu’il y a de plus commune pour nous. Mais à l’instar de nos pauvres dinosaures, les habitants de Magalan n’ont pas vraiment eu le temps de contempler le ciel quand une météorite s’est abattue sur leurs terres, causant la mort d’une grande partie de la population et provoquant des changements climatiques majeurs. Ceux qui ont survécu ont alors progressivement assisté à la mutation de la planète, à l’apparition de bêtes jusqu’ici inconnues. L’homme est alors devenu une proie, une espèce en voie de disparition. Mais c’est surtout la découverte d’un minerai apparu en même temps que la météorite qui changea la face du monde. Cet élément aux propriétés extraordinaires, c’est l’Elex. Ses propriétés sont diverses, son utilisation permet tout et n’importe quoi : source d’énergie, il peut aussi permettre aux hommes de devenir plus forts, plus intelligents… Plus dangereux. L’Elex est rapidement devenu sur Magalan la source de toutes les solutions comme de tous les maux. Les hommes se sont alors divisés, avec d’un côté ceux comme les Clercs qui y virent l’œuvre, le cadeau d’un dieu ; de l’autre les Berzerkers qui, au contraire, en refusent l’utilisation brute mais ont choisi de le transformer pour redonner vie à la planète. Aux extrémités, on retrouve les Hors-la-loi qui ont vu ici un moyen de développer de nouveaux produits dopants, une source de puissance nécessaire à leur quête de liberté. Et puis il y a les Albes, peuple du Nord usant et abusant de l’Elex pour créer des super soldats, tellement gavés qu’ils en perdent la raison. C’est d’ailleurs précisément un Albe que l’on incarne dans Elex.

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Jax est un haut gradé de sa faction, un héros, une bête noire pour ses ennemis. L’ennui, c’est qu’il n’est pas infaillible et a tout de même raté sa mission. Alors, comme le veut la tradition, il doit être abattu par ses pairs. Son vaisseau est ainsi mis au sol par un tir de missile et le pauvre Jax se fait allumer comme un lapin par ses ex-équipiers. Par chance, il survit au guet-apens mais un problème n’arrivant jamais seul, le bougre se souvient que son équipement s’est éclipsé dans les mains d’un voleur alors qu’il gisait au sol, mourant. Retrouver le voleur et traquer ses exécuteurs : voilà sur quelles missions débute Elex, RPG ouvert à la troisième personne dans la plus pure tradition des jeux Piranha Bytes. Autrement dit, attendez-vous à beaucoup de combats et pas moins de dialogues à choix multiples ayant une incidence plus ou moins grande sur l’histoire. Celle-ci porte Jax aux quatre coins d’une carte relativement grande (bien plus que dans Risen) mais surtout composée d’environnements très variés, fruits d’un mélange improbable comme on n’en a rarement -voire jamais- croisé. Des forêts où se mêlent huttes et ruines de béton, vestiges d’une époque plus évoluée ; des déserts et de la ferraille à la Mad Max, des terres rocailleuses où l’on croise un mécha en faction devant un fort digne de Mass Effect : Elex, c’est tout ça à la fois. L’exploration est ainsi propice à bien des surprises puisque l’on peut enchainer un combat avec un raptor tout de suite après avoir occis un soldat équipé d’un lance-flamme, d’une épée ou carrément d’un fusil à plasma. Si le scénario n’a rien d’extraordinaire (les surprises sont rares), il gravite autour d’un monde très intéressant où différentes visions s’affrontent (foi, liberté, traditions, progrès…) pour la conquête d’un élément offrant à tous la puissance nécessaire à l’accomplissement de leurs dessins. Il y a une certaine cohérence dans l’univers d’Elex, ce qui n’est pas rien compte tenu d’un postulat de départ potentiellement casse gueule.

« la progression est beaucoup trop lente. Très tôt dans le jeu, on se rend compte que les victoires au combat rapportent peu de points d’expérience et que seules les missions vraiment importantes permettent de faire le plein »

Notre bon Jax a donc fort à faire pour parvenir à ses fins et cela passe inévitablement par de la coopération avec les trois grandes factions en place. A force de travail, il est possible de rejoindre définitivement une cause et de combattre en son nom. Le choix est important car il ouvre vers de nouvelles compétences autant qu’il vient fermer la porte à d’autres qui auraient pu nous intéresser. Ainsi, en rejoignant les Berzerkers, on embrasse l’amour pour les épées, arcs et armures médiévales au détriment de l’arsenal à poudre des Hors-la-loi ou celui technologique des Clercs (ma préférence à moi). En revanche, on dispose de l’usage du mana, élément issu de la modification de l’Elex qui est proscrit à l’état brut chez les Berzerkers. Place alors à toute une palette de magies que n’ont pas les autres, qui se reposeront alors sur les pouvoirs psychiques chez les Clercs ou les injections de stimulants chez les Hors-la-loi. Le choix d’une faction est aussi une affaire d’affinité, selon que vous soyez plus sensible à l’approche médiévale, post-apocalyptique ou futuriste du RPG. A côté des branches spécifiques aux factions, on retrouve une large palette de compétences générales, réparties sur quatre grands axes que sont le combat, la survie, l’artisanat et la personnalité. Sachez néanmoins qu’il faut cravacher pour augmenter tout cela. D’abord parce qu’il faut obligatoirement s’adresser à un maitre de la catégorie en question pour déverrouiller une compétence, moyennant argent et points de compétence ; mais surtout parce que les niveaux augmentent lentement. Il est donc inévitable de se spécialiser un minimum, tout en gardant à l’esprit que certains choix de dialogues dépendent du niveau de certaines capacités.

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C’est là le premier reproche que l’on peut faire à Elex : la progression est beaucoup trop lente. Très tôt dans le jeu, on se rend compte que les victoires au combat rapportent peu de points d’expérience et que seules les missions vraiment importantes permettent de faire le plein. Cette lenteur s’applique également aux missions visant à nous rapprocher un peu plus de l’entrée dans une faction : c’est long, voire carrément interminable pour qui vise les Berzerkers, décidément bien exigeants. Le secondaire (et c’est tout de même à gros vivier à objectifs) ne récompense pas toujours la prise de risque à sa juste valeur : un vrai problème dans un jeu 100% Piranha Bytes, à savoir difficile, souvent injuste. Ne comptez pas trop sur la difficulté réglable pour vous adoucir les voyages, dans tous les cas Jax parait bien faible face à la plupart des ennemis. Un peu comme dans un Dark Souls (dont il reprend le placement des touches d’attaque et défense sur les boutons de tranche), le plus petit des ennemis est une source de danger, même après plusieurs heures de jeu. Mais à la grande différence du jeu de From Software et son cheminement balisé et progressif, Elex a parsemé son monde d’ennemis aux niveaux très différents, sans placement logique ou un tant soit peu prédictible. La puissance des ennemis n’a rien à voir avec la région dans laquelle ils se trouvent, non : c’est une loterie dont le tirage s’effectue une fois celui-ci locké. Si une tête de mort apparaît, mieux vaut courir. Le problème, c’est que le fameux crâne nous fait coucou huit fois sur dix. On a beau enchainer les missions, glaner de l’expérience ou recourir à l’aide d’un compagnon (dont l’utilité tend plus vers l’appât que le combattant) sans que ne disparaisse jamais le sentiment d’être vraiment trop faible. De quoi renforcer le sentiment d’être bien mal récompensé pour nos efforts.

« Certains verront ici un jeu qui cumule les mêmes qualités et défauts que Risen : si vous connaissez le susnommé, vous avez alors une idée assez valable de ce vers quoi vous avancez »

Cette difficulté aléatoire égratigne des combats qui sont dans l’ensemble assez agréables, que ce soit au corps à corps ou à distance grâce à un très large choix d’armes et face à un bestiaire bien fourni. Mais elle nuit surtout au plaisir de la découverte du monde, d’autant que les développeurs ont eu la bonne idée d’équiper Jax d’un jet pack offrant une poignée de secondes d’envolée. Ça parait peu mais croyez-le, l’exploration prend une dimension différente quand on peut gagner en hauteur en un clin d’œil ou ralentir des dizaines de mètres de chute pour accéder à des zones inaccessibles en apparence. Le level design met d’ailleurs beaucoup à profit l’utilisation du jet pack en jouant sur le relief montagneux, multipliant les falaises, crevasses et autres habitations construites sur des promontoires. Dommage du coup que les choses ne suivent pas toujours d’un point de vue graphique. Elex fait le yoyo qui a du mal à remonter, avec quelques jolis points de vue, des éclairages parfois surprenants mais aussi des textures qui font le grand écart d’un élément à l’autre, un peu d’aliasing et une pincée de clipping. En ajoutant à cela un framerate qui connait quelques toussotements, des animations d’une rigidité estampillée 2000 et des modèles de personnages en mode copier/coller (particulièrement chez les femmes que l’on différencie seulement à la coiffure), l’univers Elex attire clairement plus pour son concept que pour sa mise en œuvre. Il faut compter aussi avec un inventaire pas franchement pratique, une map qui ne l’est pas beaucoup plus ou encore des sous-titres pas toujours faciles à lire (les voix, en anglais, sont correctes). Il faut donc passer au travers de bien des désagréments pour peut-être apprécier la longue et riche expérience Elex (il y a vraiment de quoi faire). Certains verront ici un jeu qui cumule les mêmes qualités et défauts que Risen : si vous connaissez le susnommé, vous avez alors une idée assez valable de ce vers quoi vous avancez. Dans le cas contraire, c’est votre degré de patience et persévérance qui déterminera votre accueil face à un jeu probablement trop ambitieux, peut-être un peu bancal, mais pas dénué d’un certain charme.

6/10
S’il y a une chose que l’on ne peut pas reprocher à Elex, c’est de s’employer à créer un univers comme on n’en croise pas tous les jours dans le RPG. Ni ailleurs. Le mélange à priori improbable entre Heroic-Fantasy, ambiance futuriste sur fond de technologie ou inversement primaire post-apocalyptique fonctionne bien, même s’il n’est pas vraiment aidé par une prestation technique à la traine. Mais profiter de cet univers atypique a un prix, et pas des moindres. Elex impose une progression assez lente et rendue surtout délicate par des affrontements à la difficulté aléatoire, source de bien des moments de frustration. Le titre de Piranha Bytes demande de la patience, un peu de tolérance aussi, mais les courageux et amateurs de ce type de RPG devraient néanmoins trouver avec Elex de quoi satisfaire leur envie d’aventure et on imagine, leur goût pour le danger.

+

  • Mélange des univers surprenant
  • Monde aux ambiances très diverses
  • Grande carte et un jet pack pour l’explorer
  • Nombreuses compétences, armes, et styles de jeu
  • Du dialogue à la pelle et des choix
  • Bonne durée de vie…

-

    • … Mais une progression assez lente
    • Difficulté complètement aléatoire
    • Techniquement bien en retard
    • Interface peu pratique
    • Quelques moments de frustration à prévoir