Jeux

Fallout 4

RPG | Edité par Bethesda Softworks | Développé par Bethesda Softworks

8/10
One : 10 novembre 2015
04.12.2015 à 14h47 par

Test : Fallout 4 sur Xbox One

Annoncé de façon surprise il y a quelques mois, Fallout 4 s'est imposé comme l'une des sorties majeures de cette fin d'année. Après des présentations alléchantes, notamment au dernier E3, il faut dire que les fans de RPG attendaient beaucoup du nouveau Bethesda. Voyons si ce dernier parvient à tenir toutes ses promesses.

Fallout 4 a tout d’abord la particularité de se situer, chronologiquement parlant, plus tôt que ses prédécesseurs. Le prologue nous plonge même (brièvement) avant l’explosion nucléaire qui ravagera le monde. Une entrée en la matière plutôt sympathique, qui nous permet de personnaliser notre héros ou héroïne. Une création par ailleurs agréable, que cela soit par sa présentation, ou ses possibilités qui se révèlent être assez diverses. Nous pourrons ensuite choisir la répartition de nos points d’aptitudes SPECIAL (acronyme cher à la série, qui désigne les sept caractéristiques principales de notre personnage), et si jamais on se trompe, il est possible de modifier une dernière fois son héros à la fin de l’introduction du jeu. En bref, un départ dynamique et plaisant à vivre qui nous plonge tout de suite dans le bain.

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Évidemment, nous sommes dans un Fallout, et lorsque votre personnage se réveille pour sortir de sa cuve, il découvre un monde ravagé. Que cela soit à la première ou à la troisième personne, explorer les Terres désolées de Boston a quelque chose de très immersif et particulièrement grisant. Ce qu’il faut signaler, c’est qu’en plus d’être assez vaste, la carte de Fallout 4 comporte un nombre très conséquent d’endroits à visiter et de bâtiments dans lesquels nous pouvons entrer. La taille de la zone de jeu s’avère donc être savamment exploitée et alterne des endroits bien garnis, et d’autres plus ‘vides’ (pas dans le sens négatif) où l’on ressent vraiment l’ambiance post-apocalyptique voulue. Du pur point de vue de jeu en monde ouvert et bac à sable, on sent que Bethesda maîtrise son sujet. En revanche, un aspect vraiment pénible concerne les chargements qui ponctuent chaque entrée ou sortie d’un bâtiment, même pour les petits… C’est parfois un calvaire, et c’est d’autant plus dommageable quand la plupart des RPG essayent maintenant de réduire au maximum les chargements.

« Que ça soit à la première ou à la troisième personne, explorer les Terres désolées de Boston a quelque chose de très immersif et particulièrement grisant. [...] En plus d’être assez vaste, la map de Fallout 4 comporte un nombre très conséquent d’endroits à visiter et de bâtiments dans lesquels on peut entrer »

Malgré ces déconvenues, on ne pourra enlever le plaisir global de l’exploration dans Fallout 4. Mais, si son univers demeure toujours de qualité, et les personnages qui nous accompagnent (dont le fameux chien) de bonne facture, on ne peut pas franchement en dire autant d’autres points cruciaux. On peut notamment pointer du doigt une écriture sans prise de risque, et généralement peu inspirée. On ne ressent pas le cynisme et l’humour noir qui était autrefois un symbole de la série. En fait, l’une des choses les plus amusantes, ce sont les remarques de notre personnage lorsqu’on zappe des dialogues… L’histoire principale (pas très bien servie par une mise en scène minimaliste qui plus est) se traverse au final de façon presque anecdotique, nous réserve très peu de moments marquants ou de quêtes qui sortent significativement du lot. Il y a quelques rares moments comiques, comme avec les robots, mais rien d’extraordinaire. Plus dommage encore, les choix dans les dialogues sont souvent dénués de tout intérêt et ne comportent guère de réelles conséquences. À part des choix de types persuasifs, on a grosso modo le droit entre «oui», «non» (c’est à dire : «je reviens plus tard») et un dérivé – «sarcastique» la plupart du temps – qui débouche sur la solution positive. En plus d’être très limités, ces choix basiques ne permettent pas de donner davantage de profondeur à des dialogues déjà bien tièdes. Nous sommes loin des RPG de BioWare par exemple, et la qualité d’écriture de la trame principale n’est pas égale au Fallout : New Vegas d’Obsidian non plus. Après un Fallout 3 déjà décevant de ce côté-là, la série continue donc de s’édulcorer un peu plus…

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Ce parti pris ‘grand public’ permet ainsi au jeu de toucher davantage de joueurs, même si forcément, ce choix ne plaira pas à tout le monde. Cet opus s’efforce de ne jamais choquer ou de bousculer les mœurs, se contentant de demeurer ‘gentillet’. Pourtant, son gameplay n’est pas si accessible que cela et il faudra lire beaucoup de tutoriels au préalable si on souhaite en saisir l’ensemble des subtilités, encore plus pour ceux et celles n’ayant pas touché aux précédents volets. On ne décrira ici évidemment pas point par point chaque composante du gameplay, ou bien le test risquerait de se transformer en véritable guide. Sachez tout de même que les grands principes de la série perdurent, avec notamment la gestion des radiations (forcément, dans un tel monde il faut éviter de finir totalement radié), ou encore les systèmes de piratage et de crochetage. L’arbre de compétences (si on peut l’appeler ainsi) a un peu changé, et il faudra ajouter des points avec intelligence dans chaque catégorie SPECIAL pour ensuite débloquer de nouvelles aptitudes. La partie des combats, elle, se voit sensiblement améliorée en comparaison à Fallout 3. À ce propos, pour ces phases, on sent que la vue FPS reste prioritaire puisqu’à la troisième personne la caméra posera parfois problème, notamment dans les lieux exigus.

« Ce parti pris «grand public» permet ainsi au jeu de toucher davantage de joueurs, même si forcément, ce choix ne plaira pas à tout le monde. Cet opus s’efforce de ne jamais choquer ou de bousculer les mœurs, se contentant de demeurer «gentillet» »

En terme d’ergonomie, le tout est bien pensé avec des changements d’arme et utilisations d’objets qui peuvent se faire aussi par le biais de raccourcis. De toute manière, l’accès au Pipboy (notre menu) a le mérite d’être fluide et rapide. L’arsenal assez vaste d’armes permet à tous les joueurs d’y trouver leur compte. Que cela soit les armes à feu, les armes au corps à corps ou les explosifs et grenades, il y a de quoi faire et varier les plaisirs. Il faudra en outre bien surveiller ses munitions, qui peuvent vite descendre, pour éviter de se retrouver dans des situations compliquées. De même avec les objets de soin. Ajoutons que le titre encourage assez rapidement à utiliser les puissantes armures assistées, qui seront bien utiles pour les quêtes les plus difficiles, même si on peut s’en passer pour une bonne partie du jeu. Par contre, si Fallout 4 propose un nombre incroyable de babioles et autres objets de tous genres à ramasser, le poids de l’équipement devient vite une tare… Si d’un côté on a envie de tout prendre, il faut savoir rester sage ou alors cela nous oblige à constamment jeter d’autres objets en pleine mission pour équilibrer le tout. Sur la longue, c’est assez désagréable.

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Pourtant, le système de crafting en lui-même est extrêmement complet et parfaitement conçu. Que ce soit pour améliorer nos armes ou nos armures ou se lancer dans la construction, nous pouvons trouver une utilité à tout en recyclant les objets que l’on déniche sur notre chemin. Si l’amélioration d’équipement, qui se débloque aussi au fur et à mesure grâce à nos compétences, est sympathique, le mode construction apporte moins de satisfaction. Le postulat de départ d’un mélange entre Fallout et Les Sims est alléchant, mais dans les faits ce mode (qui se déclenche à partir d’ateliers) est guère jouable, avec l’absence d’une caméra en vue de haut, et une logique parfois peu compréhensible. Heureusement, il n’est qu’optionnel majoritairement, puisque la plupart des constructions que l’on vous demandera pour des quêtes sont liées à l’électricité et ne nécessitent pas de grandes constructions. Mais là aussi, Fallout 4 ne donne pas l’impression d’aller au bout des choses et à vrai dire, c’est un peu dommage car l’idée était fort intéressante. De plus, s’il y a beaucoup d’endroits où l’on peut établir des colonies, le transfert de ressources entre celles-ci – en dépit d’une aptitude prévue pour cela – s’avère être laborieux. C’est un peu un souci récurrent du jeu, pétri d’idées louables mais pour lesquelles la façon d’être mises en place n’est pas toujours la plus cohérente possible.

« Le postulat de départ d’un mélange entre Fallout et Les Sims est alléchant, mais dans les faits ce mode (qui se déclenche à partir d’ateliers) est guère jouable, avec l’absence d’une caméra en vue de haut, et une logique parfois peu compréhensible »

L’aspect graphique du jeu a été beaucoup mis en cause avant même sa sortie. Il est vrai que, comme Fallout 3 et New Vegas en leurs temps au final, Fallout 4 n’est pas un jeu qui fait cracher leurs tripes aux consoles de dernière génération. Il est dépassé sur plusieurs points, les animations sont inégales (celle des sauts…), certaines textures ne font pas plaisir aux yeux. Il est clair que c’est loin d’être une claque graphique et qu’il aurait pu aisément sortir il y a quelques années. Toutefois, fort d’une direction artistique excellente (et plus variée qu’il n’y parait), le jeu sait aussi offrir de très jolis panoramas et d’imposantes structures qu’on ne rechigne pas à admirer. Bien que les intérieurs soient forcément plus quelconques, on oublie tout de même plutôt vite les carences graphiques du titre. Ceci étant, plus difficile de fermer les yeux sur les nombreux soucis techniques et bugs qui parsèment notre aventure. Entre le chien régulièrement coincé dans une porte, des goules qui meurent automatiquement à mon arrivée, un luminescent qui reste bloqué dans un escalier, des problèmes d’animation, des personnages qui se mettent à voler etc, nous avons eu le droit à une jolie compilation. Si la plupart de ces ‘détails’ sont tout compte fait plus amusants que gênants, nous avons par contre parfois pesté sur des sauvegardes automatiques malvenues qui nous replaçait au beau milieu d’une joute entre trois ou quatre ennemis…

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Si, comme vous l’aurez compris, la partie graphique n’est pas l’un des points forts de Fallout 4, ce n’est pas le cas de la bande-son. On a effectivement le plaisir de retrouver un Inon Zur en très grande forme ! Peu avare en compositions toutes aussi exceptionnelles que variées, le compositeur israélien qui a notamment opéré sur Dragon Age : Origins nous livre ici une formidable OST. Cela contribue fortement à une immersion optimale lorsque l’on arpente les Terres désolées, mais soutient aussi idéalement l’action lors de fusillades pêchues. Et puis, si vous voulez changer d’ambiance, les radios sont toujours de la partie. De même, les doublages sont en majorité de qualité, y compris en Français, même si le mixage audio n’est pas exempt de défauts et certains dialogues ont un volume extraordinairement bas par rapport aux autres, ce qui rend les sous-titres nécessaires.

« On a effectivement le plaisir de retrouver un Inon Zur en très grande forme ! Peu avare en compositions toutes aussi exceptionnelles que variées, le compositeur israélien [...] nous livre ici une formidable OST »

Fallout 4 est donc un jeu rempli de paradoxes, donnant l’impression de ne pas toujours faire les choses à fond et c’est bien dommage. Avec un peu de caricature, on pourra conclure que c’est typique d’un jeu Bethesda, qui continue à émerveiller dans les domaines qu’il maîtrise, mais reste fainéant là où des progrès seraient les bienvenus. Il faudra donc fermer les yeux sur certains défauts pour pleinement apprécier Fallout 4 et, une fois cela acquis, on sera plongés dans un RPG dense et incroyablement riche qui, passées les quêtes principales assez courtes, continue de nous offrir du contenu en masse. Pour les joueurs et joueuses qui s’essayeront à explorer chaque recoin de la carte, à visiter tous les bâtiments disponibles, à effectuer la moindre quête et à exploiter au maximum les systèmes de crafting et de construction, ce ne sont pas des dizaines d’heures de jeu mais quelques centaines sur lesquelles il faudra compter. Et les autres qui s’intéressent surtout à la quête principale auront le loisir de la refaire pour tenter une fin avec une faction différente puisque le jeu dispose de quatre embranchements dans sa dernière partie (c’est malheureusement bien là l’un des seuls choix importants offerts par le jeu).

8/10
Fallout 4 frustre autant qu'il passionne. Plus orienté grand public que jamais au sein de la série, il en décevra certains à cause de ses dialogues édulcorés ou de son histoire en retrait. Ceci étant, ce Fallout 4 reste un RPG très solide et nous livre une exploration grisante grâce à son univers particulier. Un peu fainéant par moment, laissant l'impression qu'il aurait pu encore mieux faire sur divers points et bénéficier d'une meilleure finition, il n'en reste pas moins un jeu à la fois amusant et agréable à parcourir et c'est bien là l'essentiel.

+

  • Univers plaisant à découvrir
  • Inon Zur nous livre une bande-son formidable
  • Direction artistique classieuse
  • Une grande liberté et beaucoup de choses à faire
  • Système de crafting très complet
  • Gameplay des combats au point
  • Une map vaste qui regorge de lieux à visiter
  • Personnalisation du héros
  • Les différentes "factions"
  • Les radios

-

    • De nombreux bugs, une finition qui laisse à désirer
    • Histoire en retrait, dialogues sans reliefs
    • Gestion du poids de l'équipement désagréable
    • Peu de quêtes qui sortent du lot, pas de moment vraiment marquant
    • Mode construction à la jouabilité foirée
    • Les colonies et leurs ressources un peu pénibles à gérer
    • Graphiquement et techniquement assez moyen
    • Chargements abusifs