Jeux

Final Fantasy XV

RPG | Edité par Square Enix

4/10
One : 29 novembre 2016
08.12.2016 à 13h25 par

Test : Final Fantasy XV sur Xbox One

Revenu d’entre les morts en 2013, Final Fantasy versus XIII s’était mué en un épisode canonique par un trailer explosif dévoilé en grandes pompes à l’E3. Après trois ou dix ans d’attente, c’est selon, Square-Enix nous livre donc enfin le fameux et tant désiré Final Fantasy XV. Pour le meilleur ? Pas sûr.

L’excitation est bien là au moment de lancer le jeu. La première fois que l’on arrive sur l’écran-titre d’un nouveau Final Fantasy, pour celles et ceux qui sont habitué(e)s à cette grande série, c’est toujours un peu particulier. La musique de Yoko Shimomura, qui laisse déjà augurer la qualité de l’OST,  nous retiendrait presque sur celui-ci. Et puis, après autant d’années à attendre, nous ne sommes plus à quelques secondes près. Mais bref, lançons-nous dans le vif du sujet. Après une introduction qui pose brièvement le décor et nous présente (ou pas) les personnages, on se retrouve déjà dans notre splendide… voiture, la Regalia, à parcourir les routes de ce vaste monde. Le héros, le prince Noctis, a rendez-vous avec sa promise, Lunafreya.

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Pour un tel événement, autant emprunter la voiture à papa. Et tant qu’on y est, allons-y entre amis. Noctis est donc accompagné de ses plus fidèles compagnons. D’abord, on ne peut pas rater l’intenable Prompto, le clone de Cloud maniéré et pénible en toute circonstance, mais il est gentil et aime prendre des photos. Une sorte de fusion entre Hope et Vanille de Final Fantasy XIII, difficile à supporter donc. Ensuite, Ignis, le méthodique du groupe, il fait la cuisine et réfléchit à de nouvelles recettes même en pleine action. Enfin, Gladiolus, veste ouverte, tatouages sur le bras, c’est la caution virile du groupe et il n’hésitera pas à dire crument ce qu’il pense à « Noct » durant ce périple. Notre héros lui, bien qu’il adore s’adonner à la pèche, arbore un style plutôt ténébreux. À la Sasuke, comme la mode l’exige. La mode de 2006, certes, mais n’oubliez pas qu’il s’agit de Final Fantasy versus XIII, en théorie.

« Prompto, le clone de Cloud maniéré et pénible en toute circonstance. Il est gentil et aime prendre des photos. Une sorte de fusion entre Hope et Vanille de Final Fantasy XIII, difficile à supporter donc. »

Final Fantasy XV, c’est avant tout la promesse d’un RPG grandiose et, pour ce faire, il fallait bien rejoindre le club des open-worlds. On ne va pas y aller par quatre chemins, en tant que monde ouvert, FFXV est raté. Les plaines sont assez vastes, mais incroyablement vides. Même dans les deux villes que l’on visite – et qui sont plutôt jolies – il n’y a rien à faire. En comparaison, Rabanastre de Final Fantasy XII était bien plus vivante. Et le reste est simplement ponctué de stations-service égarées et de quelques magasins ci et là (on peut de toute façon accéder à un magasin directement depuis la voiture). Après le richissime The Witcher 3 ou même Fallout 4, qui proposait un monde ouvert cohérent et très bien aménagé, FFXV se pose là en tant que cancre de la classe, l’élève sans doute mignon mais qui redouble depuis dix ans. Si les balades en voiture présentent pour principal intérêt la possibilité d’écouter les musiques des anciens opus de Final Fantasy (heureusement, on peut aller instantanément aux endroits déjà visités), puisqu’en conduite manuelle on se déplace en réalité sur des rails, celles à pied ne sont guère plus palpitantes. C’est lent et ennuyeux, même si de temps en temps, on rencontre des monstres pour épicer un poil notre voyage dans le vide. Pour pallier à cela, les chocobos sont disponibles assez vite et leur vitesse augmente progressivement, ce qui atténue le calvaire. Les ‘donjons’ sont nettement plus réussis : «classiques mais efficaces», comme on dit.

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Si le jeu nous proposait des quêtes intéressantes pour contrebalancer avec ce monde ouvert mal maîtrisé, on serait indulgents. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Les quêtes annexes sont d’une banalité incroyable, nous ressortant les éternels poncifs inhérents aux J-RPG depuis vingt ans. Nourrir un chat, trouver cinq grenouilles rouges ou encore aller chercher des flageolets, voilà le programme de notre cher prince. Quelques unes rattrapent un peu le bilan global, avec l’exploration d’une forêt ou d’un volcan par exemple, mais cela n’enlève en rien la scénarisation ridicule des quêtes. Pour gonfler le contenu du jeu, Tabata et sa fine équipe ont aussi eu la brillante idée de nous bombarder de contrats de chasse, qui sont disponibles dans les divers restaurants qui parsèment le continent. Pas tellement palpitants et multipliant les allers-retours fastidieux, ils ont au moins le mérite de se montrer assez généreux au niveau des récompenses.

« Les quêtes annexes sont d’une banalité incroyable, nous ressortant les éternels poncifs inhérents aux J-RPG depuis vingt ans. Nourrir un chat, trouver cinq grenouilles rouges ou encore aller chercher des flageolets, voilà le programme de notre cher prince. »

Ces voyages pourraient presque être sympathiques si on nous proposait des panoramas et environnements à couper le souffle. Mais non, sur Xbox One, le titre de Square-Enix se montre en général plutôt laid, avec une distance d’affichage très moyenne, de nombreuses textures baveuses et des effets de flou permanents. Le framerate souffre aussi régulièrement lors des mouvements de caméra brusques ou lorsque beaucoup d’ennemis apparaissent à l’écran. Et la direction artistique se montre au final assez banale, avec quelques bonnes choses de temps à autres mais bien souvent sans génie. Le bilan graphique est toutefois rattrapé par les modèles des protagonistes et des monstres, bien rendus, et surtout animés avec brio – notamment en combat.

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Les combats, parlons-en. Sur le papier, on a le droit à du Kingdom Hearts-like, soit à quelque chose de très dynamique. Et effectivement, c’est très dynamique, ce qui est plutôt un bon point. Mais malheureusement, ils sont surtout énormément confus. L’action est souvent peu lisible et pas aidée par une caméra totalement à la ramasse. Les joutes deviennent à certaines occasions de véritables calvaires, en particulier dans les endroits exigus. Malgré quelques subtilités (le changement d’armes pour trouver les faiblesses de l’adversaire, les attaques de dos, l’arsenal fantôme assez jouissif à utiliser ou encore les parades et ripostes), et un wait mode qui permet de figer l’action, ça tourne souvent au martelage de boutons. Pire, les combats de boss, censés être épiques et grandiloquents, deviennent souvent un massacre à cause de la confusion des batailles, et d’autres fois à cause de purs et simples bugs. La magie est bien présente, mais son utilisation est pénible tandis que celle des invocations, malgré leurs apparitions impressionnantes, s’avère être aussi aléatoire qu’incompréhensible.

« Mais malheureusement, les combats sont surtout énormément confus. L’action est souvent peu lisible, et pas aidée par une caméra totalement à la ramasse. »

L’histoire, elle, peine à passionner. Mal introduite, maladroitement narrée, à la mise en scène inégale, elle comporte de plus en plus d’ellipses étonnantes au fur et à mesure de notre avancée. De surcroît,  l’enchaînement des événements, que l’on subit plus qu’autre chose, est souvent peu cohérent. On passe d’un objectif à l’autre sans trop savoir pourquoi, ça part dans tous les sens et les rôles des uns et des autres sont souvent flous. Aussi, les choix de dialogues qui se présentent à nous sont pour la plupart parfaitement inutiles («Tu veux aller visiter la ville ?» – Non «Super, allons visiter la ville !»). Condensée sur une petite vingtaine d’heures de jeu, la quête principale rencontre toutes les difficultés du monde à nous immerger et à nous émouvoir, en dépit d’un final (réussi pour certains, prétentieux pour d’autres) qui tente le tout pour le tout. Le dernier tiers du jeu, qui devient subitement totalement linéaire (mais rassurez-vous, vous pourrez retourner explorer les plaines vides pour terminer ses quêtes passionnantes… en allant dormir pour vous replonger dans le passé), est significatif de l’ambition tombée à l’eau des développeurs. Les trous scénaristiques se multiplient et le jeu finit par devenir lourdingue au possible, avec en point d’orgue un chapitre imbuvable qui croit que nous imposer un mix raté de Metal Gear Solid et Resident Evil, durant deux heures interminables, pouvait être une bonne idée dans un Final Fantasy. Joli suicide.

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Les personnages, déjà guère aidés par leur design, dégagent pour la majorité des personnalités superficielles, accumulant les clichés, à l’image du méchant qui devient caricatural à souhait. Les personnages secondaires sont aperçus de façon trop succincte pour se montrer convaincants, et à la fin de l’histoire, nous ne sommes finalement pas des masses plus avancés sur Cor, Ravus ou Aranea qu’au début de celle-ci. Mais les moins bien traités restent les personnages féminins. Il faut dire que ça commence mal avec Cindy, la petite-fille de Cid (incarnant cette fois le gérant d’un garage), fabuleuse représentation de la femme-objet qui n’aidera pas vraiment à redorer l’image du jeu vidéo japonais de ce côté-là. Et quand ce n’est pas leur physique qui pousse la caricature, c’est leur personnalité, à l’instar d’Iris (sœur de Gladiolus) que l’on a l’impression d’avoir déjà rencontré dans trente-six autres J-RPG et dans autant d’animes. Aranea, elle, réunit un peu les deux alors que ça aurait pu être un personnage intéressant. Enfin, le rôle de Lunafreya n’est qu’effleuré à l’arrivée.

«  Les personnages, déjà guère aidés par leur design, dégagent pour la majorité des personnalités superficielles, accumulant les clichés, à l’image du méchant qui devient caricatural à souhait. »

Mais s’il y a bien une chose que l’on ne peut pas reprocher à Final Fantasy XV, c’est la qualité époustouflante de sa bande-son. Il n’est jamais facile de composer pour un Final Fantasy, série marquée par les OST fantastiques du grand Nobuo Uematsu. Celles de Sakimoto pour FFXII et Hamauzu pour FFXIII furent controversées, mais avaient le mérite de proposer chacune un style bien distinct et collant à l’univers de ces jeux. Yoko Shimomura, elle, risque bien de mettre tout le monde d’accord. Les pistes magnifiques s’enchaînent inlassablement, en particulier les musiques de combat qui sont toutes plus géniales les unes que les autres. Bien souvent, d’ailleurs, les pistes tentent désespérément de rendre au jeu le côté épique que les développeurs n’ont pas réussi à lui insuffler…

4/10
On aurait bien envie de l'aimer, Final Fantasy XV. Et lors des premiers chapitres, malgré des défauts évidents, on se prend presque au jeu. Malheureusement, les défaillances qui surviennent à presque tous les niveaux (technique, gameplay, narration...) rendent l'ensemble trop souvent indigeste. Le dernier tiers du jeu termine de transformer nos illusions en une énorme frustration... Celle de voir un RPG au potentiel énorme complétement gâché.

+

  • Bande-son excellente
  • Choix de musiques dans la voiture
  • Quelques bonnes choses dans le système de combat
  • Animations très réussies

-

    • Techniquement moyen
    • Combats souvent confus et sujets à bugs
    • Histoire décousue et parsemée d'incohérences
    • Monde ouvert vide, sans réel intérêt
    • Quête principale plutôt courte
    • Personnages globalement superficiels
    • Character-design parfois de mauvais goût
    • Quêtes "fedex" banales à foison
    • L'utilisation de la magie et des invocations
    • Des scènes supposément épiques ratées
    • Le dernier tiers, une plongée en enfer
    • Manque de finition constant