Jeux

Halo 2

FPS | Edité par Microsoft Studios | Développé par Bungie

8/10
360 : 10 novembre 2004
10.11.2004 à 11h51 par - Rédacteur

Test : Halo 2 sur Xbox

Le voilà, enfin. Après une attente aussi fiévreuse que savamment orchestrée par quelques apiculteurs de chez Microsoft, l’élu autoproclamé descend sur Terre afin de faire le deuil de son prédécesseur et de s’imposer en nouvelle référence du FPS console.

De la sobriété, pour commencer

Certains joueurs, c’est mon cas par exemple, aiment retarder le

plaisir de lancer une partie solo en allant au préalable faire un tour dans les

options. Ca doit tenir d’une déviance sexuelle ou d’un trauma post-natal, je ne

saurais le dire, mais quoi de plus amusant que d’aller flâner dans les menus

d’un jeu qu’on attend depuis longtemps ? L’ennui avec Halo 2, c’est qu’on en a

vite fait le tour, et qu’en plus ils ne sont pas très jolis (mais heureusement,

le thème musical est classe et fait passer la pilule). On note pêle-mêle la

disparition de certaines configurations de pad, l’absence de réglages sonores

(gênant au niveau des voix), ainsi que l’impossibilité de choisir le sens du

partage de l’écran en coop’ (c’est vertical quand la Xbox est réglée en 16/9ème,

et horizontal le reste du temps, point final). On notera aussi avec une certaine

amertume la disparition des logos qui indiquaient en quel niveau de difficulté

on a terminé chaque niveau. Enfin, il est toujours impossible de faire la

campagne coop’ en Link, ce qui est fort dommage mais qui n’empêche pas cette

dernière d’être un petit bijou de fun. Loin d’être scandaleuses, ces absences

font un peu tâche et Bungie aurait tout de même pu étoffer un peu son jeu de ce

côté-là.




Mais où est la Résistance ?

La trame d’Halo 2 s’appuie sur un background dont la richesse

est incontestable. Il est d’ailleurs impressionnant de voir à quel point

l’univers d’Halo peut être énorme, surtout quand on sait par quoi est passé Halo

pour arriver sur Xbox. Un peu à la manière de Star Wars, un univers cohérent

s’est développé autour de la base créée par Bungie, et c’est ainsi que l’on se

retrouve aujourd’hui avec des bouquins, des sites et tout un tas de choses qui

gravitent autour d’Halo.
Tout ça pour dire que cette fois, et attention au

léger spoiler qui va suivre, le studio américain a décidé de prendre appui sur

la richesse de ce background et de nous concocter un scénario bien balèze qui

donne autant de place aux humains qu’à leurs ennemis, les covenants (et plus

particulièrement les Elites). L’histoire d’Halo 2 mêle donc allègrement

politique, religion et biceps dans des lieux aussi divers que multiples, une

recette très appréciée par Jack Bauer et compagnie.
Le problème dans tout ça,

c’est que raconter deux histoires simultanément est hyper difficile et doit être

fait avec le plus grand brio pour que le scénario reste bien compréhensible. Si

la chose paraît aisée dans un bouquin, elle l’est visiblement beaucoup moins

dans un jeu et comprendre le scénario d’Halo 2 du premier coup me paraît un peu

illusoire. La première fois, on passe son temps à se demander qui fait quoi,

pourquoi tel personnage est ici et le côté brumeux des explications que l’on

reçoit n’arrange rien à l’affaire (qui a dit Matrix ?). Rassurez-vous tout de

même, une deuxième partie suffit à remettre une bonne partie de l’histoire dans

le bon ordre, et on n’y pense plus.
Non en fait, ce qu’il y a de plus grave

au niveau du scénario pondu par Bungie, c’est la manière dont il se termine.

Sans parler de scandale (le mot serait peut-être un peu fort), on peut se

demander ce qui a bien pu passer par la tête des scénaristes pour nous offrir un

dénouement aussi plat. Non content de nous proposer un dernier affrontement

assez merdique contre un adversaire d’assez faible importance, ces messieurs ont

cru bon (attention spoiler) de ne pas nous laisser terminer

l’aventure aux commandes du Master Chief, ce qui constitue une incroyable erreur

scénaristique, (fin du spoiler) d’autant plus que le

cliffhanger qui suit est aussi énorme que mal branlé (les joies de la

traduction…). Là où Halo premier du nom s’achevait sur un dernier niveau

haletant et une fin relativement ouverte, Halo 2 laisse tomber le joueur au

moment le plus important et s’en sort avec une pirouette des plus misérables, un

peu comme si Kill Bill s’était limité à son volume 1. Bien sûr, les fans seront

aux anges de savoir qu’un Halo 3 est foutrement inévitable, mais beaucoup de

joueurs garderont longtemps l’impression de s’être méchamment fait enfler, c’est

certain.
Au final, il semble que Bungie ait eu les yeux plus gros que le

ventre. Après deux années de gestation, un secret encore mieux gardé que celui

d’Amanda Lear et des phrases choc à tire-larigot, on aurait quand même pu

espérer un peu plus qu’une fin de type « to be continued » du jeu le plus

attendu jamais créé sur Xbox non ?




Un sans-faute visuel

Tout le monde ou presque est d’accord, Halo 2 est magnifique,

aussi bien techniquement qu’esthétiquement. Même si la différence avec le

premier Halo ne saute pas immédiatement aux yeux (et peut même paraître en

défaveur du second dans un premier temps), il suffit de comparer des screenshots

du 1 et du 2 pour se rendre compte du travail formidable effectué par les

programmeurs. Si certains décors paraissent moins fournis qu’auparavant, les

véhicules et personnages ont un niveau de détail hallucinant et bougent avec une

aisance rare. Pour garder un framerate optimal, quelques concessions ont été

faites et on notera par exemple une sorte de clipping qui fait disparaître

certains détails sur les ennemis lorsque l’on s’éloigne d’eux. Ca fait peut-être

un peu tâche, mais au moins l’animation ne faiblit à aucun moment de l’aventure

(en coop’, c’est autre chose). Par contre on tolèrera moins les bugs de textures

ou autres ralentissements qui surviennent dans certaines cinématiques… Mais le

bilan graphique reste toutefois excellent, et Halo 2 se montre de ce côté bien

plus efficace que son prédécesseur, ce qui n’est pas le cas en terme de son.

La partie sonore est en effet médiocre, au sens premier du mot.

Si la qualité et la beauté des musiques composées par Mr O’Donnell ne sont plus

à démontrer, certains morceaux plus « metal » s’intègrent un poil moins bien à

l’action, même si cela reste très subjectif.
Les doublages sont par contre

assez peu convaincants en version française, ce qui est probablement dû à un

travail bâclé au niveau de la traduction. Le ton y est, mais le discours est

parfois si confus qu’il est difficile de s’y retrouver au début, et on note

quand même pas mal d’approximations, notamment dans la séquence finale,

incompréhensible en français. Il y a aussi un problème au niveau du nombre peu

important d’acteurs, certains font donc 3 ou 4 voix et cela participe

malheureusement à la confusion générale.
Là encore, comment Microsoft a-t-il

pu se montrer aussi laxiste sur un jeu si attendu ?

Cinq minutes

Il ne vous faudra en effet pas plus de cinq minutes pour

retrouver vos sensations pad en main et découvrir les nouveautés développées par

Bungie. On retrouve la bonne vieille gravité lunaire qui permet de faire des

sauts aussi hauts que lents, un nombre plus important de véhicules (le scorpion

est d’ailleurs surpuissant), quelques nouvelles armes covenant et des

changements parmi les pétoires terriennes. Le gun paraît ainsi moins létal, le

bazooka dispose d’un mode tête chercheuse et le fusil mitrailleur du 1 laisse sa

place à un modèle disposant d’un zoom. C’est simple, on n’a que l’embarras du

choix.
LA grosse nouveauté d’Halo 2, c’est bien entendu le fait de pouvoir

tenir une arme (de poing) dans chaque main, à condition de faire le deuil du

lancer de grenades et du coup de crosse, impossibles à faire quand on a les deux

mains prises. Cet ajout est fort sympathique et tranche avec le côté

généralement posé des combats puisqu’il se montre plus efficace à courte

portée.
On appréciera aussi la possibilité de s’emparer de certains véhicules

alors même que leur conducteur essaie de nous écraser, ce qui s’avère éminemment

sympathique et pas si facile à faire, tant la probabilité de se faire

écrabouiller est grande.
On le voit donc, Bungie a su garder ce qui a fait la

force du premier Halo tout en ajoutant quelques petites nouveautés qui ne

dénaturent en rien le côté on ne peut plus efficace et fun du gameplay de

base.




Une déception relative

Et oui, c’est un fait : l’aventure solo d’Halo 2 m’a quelque

peu déçu, et je lui ai (dans l’ensemble) assez nettement préféré celle du

premier, d’une part pour la qualité de son scénario (voir plus haut), mais aussi

pour sa mécanique de jeu moins scriptée.
Je trouve en effet le placement

initial des ennemis et/ou leur apparition sur le champ de bataille bien trop

semblable d’une partie à l’autre. Bien entendu, une fois apparus, ils réagissent

comme avant selon de multiples critères que je ne saurais énumérer, mais leur

arrivée est liée à des scripts trop visibles pour moi. Les ennemis qui

apparaissent dans mon dos ou au fond d’une cavité d’où rien n’est censé sortir,

ça va bien pour Medal of Honor, mais dans Halo ça fait cheap. Le spectacle et la

mise en scène s’en trouvent améliorés, et beaucoup n’y verront aucun problème,

mais ça m’a gêné.
L’IA alliée semble aussi plus que limitée tant vos acolytes

sont mous de la gâchette, pour ne pas dire du gland. S’ils ne se font plus aussi

facilement écraser qu’auparavant, leur utilité au combat est plus que relative

et la manière qu’ils ont de disparaître sans crier gare pour ressurgir d’on ne

sait où quelques instants plus tard est assez limite. Je préférais ces bons

vieux marines dont il fallait prendre grand soin sous peine de les perdre à

jamais. Snif, José, tu me manques l’ami…
Ensuite, et même si la chose est

nettement moins présente que dans Halo, il reste quelques problèmes de level

design. Si les décors sont variés et nombreux, on n’échappe pas à quelques

copier coller un peu vilains et à quelques temps morts impressionnants de

longueurs. De même, si certains niveaux sont palpitants, d’autres se traversent

ultra facilement, au nez et à la barbe de leurs habitants. J’ai eu parfois

l’impression de traverser un conflit en tant que spectateur, tant les diverses

factions ennemies se battent entre elles sans prendre ce bon vieux MC en

considération. Bien sûr, on vide trois ou quatre chargeurs et on file quelques

coups de crosse pour se donner bonne conscience, mais au final on pourrait

presque s’enfiler ces niveaux sans tirer un coup de feu.
Enfin, la durée de

vie me paraît peu fameuse pour qui n’a pas envie de s’arracher les cheveux dans

les modes de difficulté les plus élevés. Terminer le jeu en normal m’a pris

environ 8 heures et hormis deux ou trois gros pics de difficulté (ces salopards

de *@#! sont bien plus résistants et hargneux qu’avant), l’aventure avait

presque tout d’une promenade de santé. Les habitués d’Halo auront donc tout

intérêt à commencer direct en Héroïque, tandis que les nouveaux venus pourront

s’aguerrir sur le mode normal. Les plus fadas attaqueront le mode Légendaire,

toujours aussi difficile (encore plus je dirais), et trouveront ainsi que la

durée de vie est tout à fait satisfaisante (à l’année prochaine les gars). Mais

dans l’ensemble, je trouve que la rejouabilité de ce Halo 2 est plus faible que

celle du premier.




Et à plusieurs ?

Après quelques semaines de pratique, un petit patch et toujours

pas de contenu téléchargeable, le constat est clair, Halo 2 n’est pas une

révolution sur Xbox Live. S’il dispose d’atouts certains, comme la possibilité

de checker sa liste d’amis, de balancer messages et invits très aisément, il est

blindé de tares plus ou moins pénibles selon que l’on y joue seul ou entre amis.

Primo, l’absence de serveurs implique qu’un des deux camps est systématiquement

avantagé par rapport à l’autre. Si l’on ajoute à cela l’optimatch un peu étrange

qui propose parfois des parties quelques peu déséquilibrées (6 joueurs niveau 9

contre 7 joueurs niveau 10/11 par exemple), on peut vraiment arriver à péter un

cable tant l’injustice paraît énorme, surtout quand tout le monde a une

connexion théoriquement de qualité. S’ensuit généralement des parties

désagréables, pleines de mauvaise humeur et pas vraiment arrangées par la

possibilité de parler à ses adversaires. Dieu seul sait ce qui a pris à Bungie

d’implémenter cette option, mais en tout cas Halo 2 est bien vite devenu un jeu

où les insultes fusent plus vite et plus fort que les balles, et il n’est pas

rare de rencontrer une cohorte d’américains haineux qui se chargent de nous

rappeler notre condition de pauvre batracien. Halo 2, porte drapeau de la haine

entre peuples ? Sûrement pas le but de Bungie, mais c’est pourtant le cas.

Finissons avec les maps, bien peu nombreuses et franchement pas terribles pour

certaines, surtout quand cet optimatch insensé nous organise un petit 4 vs 4 sur

un mode pourri dans la map la plus grande du jeu. Quand on sait qu’il n’y a que

deux maps viables lorsque l’on joue à 16, ça atrophie bien vite l’envie des

joueurs de faire de longues sessions sur le jeu.
Certes, les modes sont

relativement nombreux, les stats hyper exhaustives (et stockées sur le site de

Bungie) et le mode Live en lui-même a vraisemblablement bénéficié de beaucoup de

recherche, mais les défauts sont bien trop nombreux et le plaisir trop absent

pour que nous décernions la palme à Bungie. Les joueurs solitaires prendront

sûrement bien plus de plaisir que ceux qui jouent pour le plaisir, la déconne et

le fair-play, mais je me plais à croire que ces derniers doivent être

majoritaires sur le Live. En tout cas, avec sa gestion étrange de la

communication entre joueurs (appuyer sur un bouton pour parler, quelle idée!),

ses bugs, déséquilibres énormes et triches diverses, Halo 2 n’est pas un jeu que

je recommanderais à un joueur débutant sur le Live, au risque de le dégoûter

rapidement.

Merci aux 3T d’Ultima La Rochelle pour

m’avoir prêté le jeu

Le mode Live d'Halo 2, aussi attendu soit-il, est une vive déception après quelques mois de pratique (au début) intensive. La frustration y est reine, le ressentiment est son valet et le fun se dissipe très vite, même si l'on peut s'amuser entre amis ou en Lan. Son aventure solo, finalement assez peu soignée au regard du temps de développement et du buzz énorme organisé autour du jeu, s’avère tout de même très agréable à parcourir une fois ou deux. On reste toutefois très loin de la puissance du premier Halo, et pour ma part je reste sur ma faim avec cette suite…

+

    -

      • Apparemment moins complexe qu'Halo, sa suite n'en reste pas moins magnifique, avec des graphismes très beaux et stylés. Les menus ralentissements observés durant certaines cut-scenes et le clipping sur les persos n'entachent pas ce tableau idyllique.
      • Hormis le coup de crosse qui me paraît un peu mou du genou, la maniabilité est toujours aussi excellente et les nouveautés apportent vraiment un plus au jeu. Un régal.
      • Pour moi, il est certain qu'Halo 2 n'est pas aussi long, passionnant et rejouable que son prédécesseur. Le nombre et la variété des modes multijoueurs (coop', Lan, Live) assure tout de même une durée de vie très conséquente.
      • Les musiques sont dans l'ensemble magnifiques et soutiennent très bien l'action. Au niveaux des voix, c'est nettement moins bon, il aurait fallu une meilleure traduction et plus de doubleurs pour rendre le scénar' plus facile à suivre.
      • Associez une mise en scène un peu casse gueule, des doublages approximatifs et une fin limite ''foutage de gueule'', et vous obtenez le scénario d'un des jeux les plus attendus de ces dernières années... Dommage.
      • Avec sa campagne solo très sympa à défaut d'être inoubliable, une réalisation globalement excellente et des modes multi qui promettent des mois d'amusement, Halo 2 est un jeu certes perfectible mais reste indispensable sur Xbox.
      • Le jeu bouge extrêmement bien et le framerate est imperturbable en solo. Dès que l'écran est partagé, c'est une autre histoire, mais cela n'empêche pas de s'amuser.
      • Le mode Live est frustrant à plus d'un titre. Assez novateur, il souffre d'un manque de variété au niveau des maps, de quelques incohérences énormes qui font que le plaisir se dilue vite dans un océan de rancoeur.