Jeux

Just Cause 4

Action | Edité par Square Enix | Développé par Avalanche Studios

4/10
One : 04 décembre 2018
14.12.2018 à 15h00 par - Rédacteur en Chef

Test : Just Cause 4 sur Xbox One

Dictature fâchée

Cela ne nous rajeunit pas, mais voilà déjà douze ans que Rico Rodriguez voyage d'île en île pour déloger les dictateurs en tous genres à coups de roquettes. Apportant son lot de nouveautés à chaque nouvel épisode, Just Cause est devenu une des franchises les plus explosives du marché, montrant au fil des ans sa volonté de faire dans la démesure pour satisfaire les joueurs en mal d'action. Une recette efficace, mais qui commence logiquement à accuser le poids des années, et ce n'est pas ce quatrième épisode qui nous contredira.

Trois ans, c’est le temps qu’il aura fallu attendre pour mettre la main sur un nouveau blockbuster concocté par les suédois d’Avalanche Studios. Après une jolie année 2015 qui aura permis au studio d’affirmer son style explosif grâce à Mad Max et Just Cause 3, le retour de Rico Rodriguez est désormais une réalité. Et avec lui tout un fantasme sur la liberté du genre dit bac-à-sable, et la capacité offerte au joueur de détruire à peu près tout sur son passage. Pour cela, celui qui ne souffre sans doute pas de la peur du vide utilise sa wingsuit, de nombreux véhicules allant de la moto à l’avion de chasse, d’un arsenal plutôt diversifié mais surtout de son grappin. Véritable engin de mort par procuration, celui-ci permet en effet à Rico de se déplacer rapidement vers une zone, un ennemi ou un véhicule, mais surtout de relier deux éléments entre eux afin que ceux-ci se rapprochent. De quoi obliger un mercenaire à aller embrasser le mur d’une maison, ou constater ce qu’il se passe lorsqu’une voiture rencontre une citerne remplie d’essence par exemple.

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Un concept qui fonctionne toujours aussi bien du fait du nombre de possibilités offertes et qui fait assurément la force de la franchise. Autour de cette base de gameplay indispensable, plusieurs éléments ont évidemment été modifiés afin de proposer une expérience de jeu relativement différente de ce que proposaient les précédents épisodes. A commencer par le terrain de jeu puisque après San Esperito, Panao et Medici, voici que Rico débarque à Solis, sur les traces des travaux de son défunt père. Il fait rapidement connaissance avec l’armée de mercenaires, la Main Noire, dirigée par un certain Espinosa, et rencontre quelques alliés qui l’aideront à satisfaire cet énième besoin de renverser un dictateur local. La carte est légèrement plus petite que ce que l’on a pu connaitre par le passé, mais sa disposition en fait un terrain de jeu plus grand finalement, car moins envahi par les mers.

Ce qui n’est pas forcément une bonne nouvelle dans la mesure où Just Cause 4 ne comble pas ce surplus de terres par un plus grand nombre de points d’intérêts. Là où Just Cause 3 permettait de se déplacer de ville en ville rapidement sur la première partie du jeu, ici tout se trouve à plusieurs kilomètres de distance dès le départ, avec cette nécessité de recourir à la wingsuit plutôt qu’à des véhicules terrestres (pas toujours agréables à conduire d’ailleurs) pour rejoindre un nouveau point d’activité. Suffisant pour créer des longueurs qui cassent complètement le rythme du jeu, et qui n’est pas sauvé par l’envie d’explorer une carte finalement assez vide. Plongé au milieu de la jungle, rappelant Panao d’ailleurs, on se rend compte par le suite que les environnements sont tout de même un minimum diversifiés avec le désert et son canyon, la montagne enneigée ou encore la grande ville et ses gratte-ciels. Un soulagement qui contraste avec le fait que l’ensemble manque de vie, avec cette fâcheuse impression que les mercenaires embauchés par Espinosa sont finalement plus nombreux que les autochtones eux-mêmes.

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Du côté de la progression, le carte est découpée en plusieurs zones, toutes contrôlées par Espinosa et sa bande. Afin de renverser une région, il est systématiquement demandé de se rendre dans un lieu appartenant à l’armée de la Main Noire pour y réaliser une action qui permettra aux rebelles locaux de déplacer la ligne de front en leur faveur. A l’exception de quelques unes, ces missions sont rébarbatives et demanderont à peu près toujours la même chose à Rico, ponctuée de dialogues qui reviennent vite en boucle. Il faut donc trouver une console pour ouvrir une porte, pirater un système ou désactiver des engins meurtriers, tout en débarrassant le lieu des ennemis qui y ont pris place. Une fois fait, cela permet de débloquer des missions principales, axées sur les armes météorologiques capables de créer des tornades, des orages et des tempêtes de sable. Des événements puissants qui apparaissent de façon inopinés et qui ont l’avantage d’être plutôt bien réalisés, dans la lignée de ce qui se faisait dans Mad Max, et qui était déjà bien maîtrisé à l’époque.

Les missions de l’histoire principale proposent un peu plus de diversités et promettent quant à elle une petite dose d’action supplémentaire. Sans donner dans l’épique, la plupart sont très plaisantes à jouer et contrastent complètement avec le reste du jeu, bien trop classique dans son ensemble. Certains alliés proposent également quelques quêtes annexes comme la chasse aux tombeaux de Javi, les scènes filmées par la réalisatrice Garland et l’entraînement des recrues organisé par Sargento. Des missions très courtes qui ont l’avantage d’être un peu plus attrayantes que la prise de contrôle des régions et qui parviennent non sans mal à faire oublier l’espace de quelques minutes l’ennui général qui règne les trois quarts du temps.

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Quelques nouveautés font leur apparition, aussi bien du côté des armes – dont certaines sont agréables à dégainer à l’image du lanceur de vent – que des améliorations du grappin, tout de suite moins enthousiasmantes. Il faut dire qu’accrocher des ballons de baudruche à des objets ou des personnes n’est pas forcément très emballant et contraste un peu avec le côté bourrin habituel. Le treuil et le propulseur sont déjà un peu plus ancrés dans l’esprit de la série, mais peinent là aussi à convaincre car finalement peu utiles. On se contente donc de faire à peu près les mêmes choses que dans Just Cause 3, avec la désagréable surprise d’avoir un terrain de jeu pauvre en tâches à accomplir. Les éléments à exploser sont moins nombreux, réapparaissent comme par magie après un temps et ne sont plus comptabiliser dans le pourcentage de choses à faire sur une région. Les villes deviennent quant à elles sans intérêt avec la disparition des casernes, des haut-parleurs et surtout des statues qui constituaient pourtant une brillante idée en offrant aux joueurs de multiples façon de les détruire dans l’épisode précédent.

Des éléments qui pouvaient être critiqués par leur côté répétitif mais restaient tout de même un peu moins barbants que ce que propose désormais Just Cause 4. La grosse vingtaine d’heures de jeu proposée – en ligne droite – inclut une bonne grosse dose d’ennui donc, et n’incite absolument pas à grappiller quelques dizaines de minutes sur autre chose, à l’image de la purge que représentent les cascades de vitesse, de wingsuit et autres, elles aussi très peu amusantes. Les joueurs qui possèdent la Xbox One S auront également la désagréable sensation d’être devant une version au rabais quand ceux qui ont la chance de jouer sur Xbox One X profiteront pleinement des paysages plutôt réussis. Pas de jaloux côté bugs, tout le monde y a droit et pourra tôt ou tard se retrouver coincé dans le décor. Même combat du côté de l’I.A., vraiment pas au point, dont le summum reste les hélicoptères qui s’écrasent seuls.

4/10
A notre grand désarroi, Just Cause 4 est une sacrée déception. Depuis qu'elle a basculé sur la génération de console actuelle, la licence ne cesse de montrer ses limites, et continue finalement de proposer la même recette mais en moins bien. Alors oui, l'utilisation du grappin est toujours aussi plaisante et permettra à ceux qui ne connaissent pas encore Rico d'expérimenter l'outil afin de créer des situations cocasses. Malheureusement, les autres s'apercevront vite que celles-ci sont moins nombreuses, la faute à un titre moins complet que son prédécesseur et qui voit débarquer quelques nouveautés qui sont bien loin de compenser les possibilités offertes par le passé.

+

  • Quelques phases d'action réussies
  • Arsenal et véhicules de qualité
  • Diversité des environnements
  • Des paysages à couper le souffle sur One X
  • Temps de chargement très courts

-

    • Scénario toujours aussi niant
    • Dialogues vite barbants
    • Intelligence Artificielle perfectible
    • Carte un peu vide, sans vie hors armée
    • Pas de niveaux de difficulté
    • Quêtes et missions répétitives au possible
    • Moins de choses à détruire que dans le 3
    • On s'ennuie bien trop vite
    • Nouveautés inintéressantes
    • Sabordé graphiquement sur Xbox One S