Jeux

Kane & Lynch : Dead Men

Action | Edité par Eidos Interactive | Développé par IO Interactive

4/10
360 : 23 novembre 2007
07.12.2007 à 02h11 par |Source : http://www.xbox-mag.net/

Test : Kane & Lynch : Dead Men sur Xbox 360

La réputation d’IO Interactive n’est plus à faire comme le démontre le « par les auteurs d’Hitman » s’affichant quand on lance Kane & Lynch. En légère perte de vitesse avec leur série fétiche, les danois d’IO reviennent sur le devant de la scène avec leur dernière production qu’ils ont soigneusement mise en avant grâce à de nombreuses références cinématographiques et un scénario qu’ils promettaient hollywoodien. Le parfait mariage jeu vidéo-cinéma enfin accompli avec Kane & Lynch ? Malheureusement, il va falloir encore attendre.
La fusillade dans la rue tout droit sortie de Heat, la discothèque de Collateral, la jungle à la Rambo… Pas de doute, Kane & Lynch est blindé de références cinématographiques en tous genres. Mais suffisent-elles pour lui forger une personnalité ? Au fur et à mesure qu’on avance dans l’histoire, elles aident énormément à s’immerger dans le jeu, c’est indéniable, mais on sent malgré tout qu’IO Interactive aurait pu approfondir son scénario tant le vide narratif entre les différentes missionsse fait sentir. Pourtant il y avait tout pour que Kane & Lynch devienne une belle petite référence à ce niveau, à commencer par les deux personnages principaux.

Moi pas aimer toi, toi pas aimer moi.

A ma gauche : Kane, un ancien mercenaire, braqueur de banques et cible d‘un organisme dont il faisait partie et qu‘il a volé. A ma droite : Lynch, un doux psychopathe à la solde de ladite compagnie qui cherche à faire payer Kane. Un duo détonnant dont on prend plaisir à suivre les déboires. Tout commence mal avec un transfert à destination du couloir de la mort qui tourne au carnage et qui voit les deux compères menés devant l’alliance des « 7 » (où plutôt ce qu’il en reste), qui veulent la peau de Kane à cause de son dernier braquage, où il a laissé en plan ses petits copains en emportant la totalité du magot avec lui par la même occasion. Il est donc prié de rembourser dans les plus brefs délais sous menace de voir toute sa famille assassinée. Lynch, quant à lui, est chargé de faire office de chien de garde. Inutile de dire que les deux hommes ne s’apprécient guère, et cela transparaît très souvent dans les dialogues résolument adultes qui rendent le jeu très vivant et cru, entre insultes qui fusent et passages comiques en pleines fusillades. On regrette toutefois que Lynch ait surtout tendance à apparaître comme un boulet alors qu’il aurait été intelligent de jouer davantage sur sa psychose et ses crises de folie incontrôlables. Vous l’aurez compris, le background de Kane & Lynch est assez attirant et original malgré les trous scénaristiques dont on vous parlait plus tôt.

Suivant la mode des jeux d’action à la 3ème personne, IO a adopté le système de mise à couvert à la Ghost Recon. Une idée qui serait louable si seulement… le système n’était pas aussi foireux. Quand on est constamment sous le feu ennemi, il est extrêmement rageant de voir que le personnage prend des plombes à se caler contre un obstacle. D’autant plus qu’on ne peut pas se protéger derrière tous les éléments du décor. On s’habitue bon an, mal an, tout en se demandant comment ce qui constitue finalement la mœlle épinière des combats peut être aussi peu ergonomique, d’autant que la vise s’avère elle aussi peu précise et nécessite presque obligatoirement de faire un tour par la case des réglages. Il est tout aussi dommage de relever une IA en carton pâte, qui suit des scripts tellement bien définis qu’ils en deviennent préjudiciables. Quand une caisse où sont abrités deux ennemis explose, ceux-ci ne sont même pas touchés. Loin d’être isolés, les exemples de ce genre abondent dans le jeu.Fort heureusement, l’ambiance et la mise en scène, très prégnantes (Vivre soi-même le passage de la fusillade tirée de Heat est une expérience qui, quoi qu’on puisse dire, marque), permettent de passer outre, en partie seulement, ce bilan très mitigé, en apportant un vrai fond aux fusillades, sans pour autant que l’on ressente un réel accomplissement côté gameplay.

Le mode coopératif (où on contrôle Kane et Lynch, contrairement au solo où le premier des deux est imposé) décuple cette sensation, mais il est décevant de voir qu’il n’est disponible qu’en offline et qu’il impose un écran splitté horizontal au lieu de laisser le choix.

En dehors de la mise à couvert, le principe de jeu permet de donner des ordres à Lynch et d’autres coéquipiers qui nous rejoignent tout au long de l’aventure. Assez basique, cette option « stratégique » permet de demander aux alliés de se rendre à tel point, de tirer sur tel ennemi, voire de leur demander de couvrir telle zone. S’ils ne sont guère plus précis que ceux d’en face, ils sont très utiles par leur capacité à nous remettre sur pied après qu’on ait encaissé un coup trop sévère. Attention, ce n’est pas illimité puisque l’overdose guette si l’écart de temps entre deux piqûres est trop restreint. On peut aussi aider les alliés par le biais de ce système. La mort de n’importe qui dans le groupe met automatiquement fin à la mission, ce qui oblige à gérer attentivement les déplacements des coéquipiers, histoire qu’ils ne partent pas un peu trop loin et qu’on ne soit pas obligé de les soigner en plein milieu d’une escarmouche. Surtout que le laps de temps entre l’agonie et la lumière blanche est plus court qu’il n’y paraît.

IO Interactive ayant eu l’intelligence de découper les missions en sous-niveaux, on se retrouve face à 16 chapitres dont la plupart durent moins d’une demi-heure. N’ayons pas peur de le dire : Kane & Lynch est court, très court ! Et ce n’est pas la différence minime entre les 3 niveaux de difficulté qui va prolonger les 7-8 heures que dure l’aventure. Cela pourrait suffire, mais l’intérêt diffère énormément selon les missions : si certaines sont très réussies et très bien mises en scène, d’autres sont plutôt inintéressantes, surtout quand il faut se taper des passages en caisse tout simplement horribles et d’un autre temps… Tout comme le rendu graphique justement.

Si la fameuse patte graphique d’IO est toujours aussi présente, on se demande parfois s’ils n’ont développé le jeu qu’avec des kits Xbox première du nom tellement on est loin des maîtres étalons de la 360. Mis à part certains niveaux bien réussis (notamment la prison où le plan de sauvetage se transforme en une émeute qui rappelle les meilleurs moments de Prison Break ou Oz) grâce à l’ambiance qui se dégage du jeu ainsi que la modélisation faciale des protagonistes, très réussie au demeurant, Kane & Lynch ne brille pas pour ses visuels. Les textures sont fades et peu détaillées, les décors vides et, cerise sur le gâteau, les animations « balai dans le cul » propres aux jeux de la maison sont toujours présentes.

Si l’on a déjà regretté plus haut l’absence du mode coopératif en ligne, le multijoueur se rattrape avec le mode « Fragile Alliance » qui permet de jouer en coopération. Original et très bien pensé, il permet de jouer entre 4 et 8 personnes durant 3 à 5 manches, l’objectif étant de braquer un lieu en récupérant le magot dans les coffres ou dans les poches de braves et honnêtes gens. Le gros point fort, c’est qu’il permet de trahir ses alliés pour récupérer un maximum de sous. Mais attention, si vous trahissez un de vos amis, les autres seront prévenus et n’auront peut-être pas de pitié envers vous. Qui plus est, la personne que vous avez éliminée reviendra sous la forme d’une force policière (agent du FBI, policier, yazuka) pour se venger et mettre à mal votre fuite. L’objectif principal étant d’amasser la plus grosse somme à la fin des manches, vous devrez surveiller ceux qui ont amassé le pactolelors de la dernière manche pour faire en sorte qu’ils en récupèrent le moins possible. Quand rompre la « fragile alliance » ? A vous de voir ! Un multi qui aurait pu faire date s’il n’y avait pas eu cette jouabilité imprécise et seulement 4 scénarios, courts et très scriptés. On relève aussi, malheureusement, des parties un peu trop « foutoir » avec des coéquipiers qui s’entretuent dès les premières secondes du jeu, sans exploiter toute la richesse du concept. De plus, il est parfois bien ardu de rejoindre une partie : on se retrouve assez souvent redirigé au menu principal via un message d’erreur.

On était un peu partis pour braquer la Banque de France avec Kane & Lynch mais en définitive, tout ce qu’on peut cambrioler, c’est la petite supérette du coin. Doté d’un background excellent et qui appelle à une suite, la nouvelle licence d’IO Interactive est plombée par de nombreuses faiblesses (système de couverture, visée, IA, technique) qui peuvent sérieusement nuire au plaisir de jeu. A ranger dans la catégorie des jeux dont l’enrobage fait terriblement envie mais qui déçoit une fois qu’on regarde ce qu’il y a derrière. Les amateurs d’ambiance couillue peuvent tenter l’aventure en occasion, les autres se rabattront sur une concurrence beaucoup plus attractive.

+

  • Quelques séquences dantesques, ambiance explosive
  • Le duo d’anti-héros qui fera date
  • Un multi très original
  • Des dialogues vivants en VO

-

    • Techniquement un ton en-dessous
    • Un scénario trop haché
    • Pas assez de maps en multi
    • Visée imprécise
    • Des phases en véhicules à s’arracher les cheveux
    • IA digne des moules de bouchot
    • Système de couverture foireux
    • Une VF médiocre