Jeux

Kinect Sports Rivals

Sport | Edité par Microsoft Studios | Développé par Rare

6/10
One : 11 avril 2014
10.04.2014 à 18h19 par

Test : Kinect Sports Rivals sur Xbox One

Lors du test de Kinect Sports Saison 2 publié fin 2011, votre serviteur qui rédige aujourd'hui ces lignes espérait « que pour un éventuel prochain épisode, Microsoft fasse son possible pour sortir sa jeune licence de la médiocrité dans laquelle elle [commençait] doucement mais sûrement à s'installer » en guise de conclusion. Pour cette édition 2014, nouvelle console, nouveau Kinect, balle au centre. Le nouveau titre featuring motion gaming de Rare a-t-il enfin la forme nécessaire pour tout rafler et terminer en tête de son genre « pour tous » ? À vos (re)marques...

Si l’on doit comparer Kinect Sports Rivals à une course d’obstacles, on peut déjà faire une analogie justifiée avec le départ canon qu’il inflige. Le système de création de personnage qui ouvre le bal, basé sur un scan 3D de notre corps via Kinect, est juste bluffant. Via une série d’exercices de calibration bien amenés et rapides, les pixels se transforment rapidement en un corps, puis en un visage. La pièce est trop sombre ? La voix off nous indique qu’il serait mieux d’allumer quelques lumières pour un rendu optimal, même si la machine est capable de se débrouiller dans la pénombre, non sans vannes bien placées. Après avoir choisi son sexe et une tranche d’âge, Kinect prend le relais pour s’occuper du reste, moyennant de se rapprocher de temps à autre de l’objectif et effectuer quelques simagrées. Le clone rendu dans la minute qui suit est sidérant, à la fois intimidant par ses traits familiers et doté d’une dimension cartoon qui transformerait n’importe quel monsieur tout le monde en héros (ou super vilain) de bande dessinée. Grâce à la possibilité d’effectuer quelques retouches (coupe de cheveux, poids, pilosité, accessoires), Kinect Sports Rivals est le premier jeu vidéo à permettre un scan 3D éditable de son utilisateur pour l’introduire dans un univers virtuel. Il est d’ailleurs possible dans la section adéquate d’articuler son sportif comme s’il était notre reflet issu d’un miroir. Ce qui est impressionnant, c’est que l’avatar fraîchement généré plisse le front, ouvre la bouche, sourit ou embrasse comme son marionnettiste de chair et de sang qu’il plagie. On ne nous avait donc pas menti, Kinect 2.0 en a dans le bide.

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Afin d’en perdre justement, du ventre, KSR propose dans les allées colorées de sa petite île tropicale une série de six sports, à appréhender par l’intermédiaire d’entraînements plutôt complets, même si les règles les plus avancées ne sont que brièvement abordées, comme les conditions d’accession aux rechargements des items bonus selon les sports. Ces aptitudes à charger peuvent par exemple déclencher un turbo salvateur, poser une mine, créer un champ de force, voler du temps à un adversaire ou tout un tas d’autres effets selon le sport sélectionné. Le jeu star qui ouvre le bal et largement mis en avant avec l’apéritif Preseason est le jet ski. Les contrôles, faciles à appréhender puisque demandant de diriger l’engin en maintenant dans ses mains un guidon imaginaire, répondent parfaitement. Les sensations qui se dégagent de ces joutes aquatiques sont plus que plaisantes. Les vagues font planer les motos des mers, l’eau turquoise reflète le décor ensoleillé et laisse entrevoir la faune comme la flore sous-marine, et les différents tracés font visiter du pays, de jour comme de nuit. Pour pimenter le tout, les courses accueillent tremplins (à prendre en faisant une figure et ainsi charger son bonus) et mines (à éviter, sinon, c’est l’explosion assurée), obligeant le joueur à dompter sa machine pour terminer devant tout le monde. Le corps se met petit à petit à accompagner les bras pour mieux prendre les virages serrés et l’accélérateur géré avec la main droite se gère avec méticulosité, offrant une courbe de progression bienvenue pour ce type de jeu facilement catalogué comme étant réservé aux « casual gamers ». Au fur et à mesure de l’avancée dans la campagne, différentes équipes sont présentées (les Aigles, Loups et Vipères) afin de rythmer la quête de points d’XP et de gros dollars. Les malheureux semblent tous souffrir du même mal, la « synchronisation labiale » scandaleusement ratée. Ceci étant dit, plus on gagne de niveaux, plus il est possible d’acheter du matériel performant et ainsi maîtriser davantage une discipline. Le magasin de l’île présente aussi tout un lot de combinaisons pour personnaliser son avatar, que l’on peut partager via le HUB du jeu afin de craner un peu.

« Les sensations qui se dégagent de ces joutes aquatiques sont plus que plaisantes. Les vagues font planer les motos des mers, l’eau turquoise reflète le décor ensoleillé et laisse entrevoir la faune comme la flore sous-marine »

L’autre bonne surprise des sports de Rivals vient sans aucun doute de l’escalade. Encore peu exploitée dans le motion gaming, la grimpette sauce Kinect révèle rapidement toute sa technicité et son fun, pour peu que l’on dispose d’un certain recul par rapport au capteur pour un fonctionnement optimal. Le joueur doit ici se servir exclusivement de ses bras pour agripper les prises d’un mur naturel gigantesque, en prenant bien soin d’ouvrir et de fermer ses mains puis les glisser le long de son corps pour se hisser en hauteur. Les parcours, rapidement tortueux, pullulent de prises plus compliquées (rouges) voire instables (grises rayées) ou électrifiées, quand ce n’est pas le vent qui s’en mêle. Avec la possibilité de sauter pour attraper d’autres prises, le fait de devoir gérer son équilibre via une jauge qui se vide lorsque l’on ne se tient que d’une main, et le pouvoir de chopper les jambes des concurrents pour les balancer dans le vide, l’escalade apporte les éléments clés pour assurer de chaudes soirées entre amis. Le jeu en local, point ô combien important dans un party game, est accessible via un onglet « partie rapide » sur l’île ou en connectant jusque trois autres joueurs via l’option « ajouter joueur » sur l’interface principale. Cette dernière manière de procéder permet ainsi de créer des scans 3D pour chaque sportif présent dans la salle, ce qui assure déjà de franches rigolades. Il est par contre déplorable de constater que seul le bowling peut être joué à quatre (au tour par tour) et qu’aucun mode tournoi/party n’est au rendez-vous. Cette feature, pourtant présente dans les anciennes moutures, permettait de créer des équipes de joueurs pour les voir s’affronter dans des séries de défis. Idéal lors des soirées arrosées, il est le grand absent de ce Rivals, accompagné des vidéos marrantes publiées à la fin des épreuves. Pas certain que les graphismes chatoyants et l’ambiance sonore au top fassent passer la pilule.

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Si les premiers pas sur l’île paradisiaque de KSR font forte impression, les nuages pointent dès que l’on aborde les quatre autres sports du pack. À cause de leur non-originalité tout d’abord. Le bowling, par exemple, est la copie presque conforme du premier Kinect Sports, les jolis graphismes et items bonus en plus. Autre sport issu de cet épisode : le soccer, que nous n’oserons qualifier de football. Légèrement simplifié par rapport à ce que nous avions, le joueur lorsqu’il attaque doit faire une succession de passes à ses hologrammes disponibles sur le terrain sans être intercepté par les joueurs adverses pilotés par la console, puis tirer dans le but ennemi. Faire une passe réussie à un attaquant en surbrillance permet de charger la puissance du coup final. En défense, on oublie les contres jouables puisque les mignons sont dirigés par l’ordinateur. Le joueur est effectivement cantonné au rôle du gardien de but, prêt à repousser d’un coup de poing les tirs cadrés de son adversaire. Le tennis, rescapé de la saison 2, se joue toujours en trois jeux gagnants. Les services comme les coups liftés ou encore lobés sont toujours de la partie, même si l’on peut noter la disparition (bénéfique) des objections. Le fait de ne pas pouvoir monter manuellement au filet réduit malheureusement la sensation de vraiment contrôler son avatar, qui se déplace automatiquement sur le court. L’intérêt et le fun fainéant du tir à la cible en fait peut-être le défi le moins réussi de ce Rivals, malgré la nouveauté qu’il représente. Loin d’être précis à cause d’un réticule de visée qui a du mal à suivre notre doigt mimant un pistolet sans trembler, ce sport oblige l’utilisateur à déplacer sa main sur des cibles (la plupart du temps mouvantes) afin que le coup de feu parte automatiquement. Aucun mouvement de l’index n’est donc nécessaire, ce qui est fort dommage dans l’entreprise de rendre l’épreuve de tir intéressante à dompter. Les soucoupes à détruire dans un certain ordre ou à éviter font finalement trop cache misère à notre goût, même si les mécanismes qui consistent à activer des tourelles pour obliger l’adversaire à esquiver des coups ou encore tirer sur les cibles ennemies pour piquer des points cassent la monotonie des parties en multijoueur.

« Si les premiers pas sur l’île paradisiaque de KSR font forte impression, les nuages pointent dès que l’on aborde les quatre autres sports du pack »

Bien évidemment, il est difficile d’établir un classement empirique des sports. Un amateur de bowling adorera l’épreuve attitrée, alors qu’un badaud qui déteste la course boudera le jet ski, assurément. Kinect Sports Rivals use et abuse de feedbacks visuels, étrangement absents dans les volets précédents, afin d’aider le joueur à interpréter le bon timing pour effectuer un mouvement (comme taper dans une balle). Basés sur des cercles concentriques qui rapetissent, ces retours ont pour effet pervers d’amoindrir les sensations si l’on se focalise dessus. Au soccer, la précision lors des tirs au but peut par exemple sembler discutable, à cause d’un timing de tir pas très clair avec lequel le joueur doit se dépatouiller et ces feedbacks parfois trompe-l’œil. Au tennis, trop se concentrer sur ces cercles dorés pour frapper une balle peut carrément engendrer des défaites cuisantes, la faute encore une fois à un timing bâtard difficile à appréhender. Ces deux sports deviennent d’ailleurs particulièrement problématiques en multi local. Au tennis, l’écran scindé en deux amenuise la perception de la balle et oblige à (trop) se fier aux éléments visuels d’interface. Sur les terrains de football, intercepter un tir « poteau rentrant » sans manger la safe zone de son ami (et ainsi lui filer une jolie patate dans les dents) se révèle tout bonnement impossible. L’escalade nécessite un certain recul, alors que le jet ski et le tir sur cible se prêtent plutôt bien aux joutes entre amis, côte-à-côte. Le tour par tour du bowling lui permet d’être, sans surprise, le sport en multijoueur local le plus précis.

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Si Kinect Sports Rivals est finalement décevant dans sa promesse de party game familial, la faute à la disparition du mode party et des vidéos kikoo lol montées selon nos performances filmées par Kinect, il assure cependant dans ses affrontements en ligne et ses fonctions sociales. Les rencontres en ligne classiques se font via un système d’invitation. Il n’est donc pas possible de se battre « en Live » contre un inconnu. Inutile de préciser que dans cette configuration et contrairement au local, les joueurs ne peuvent se gêner mutuellement. Les features Xbox Live se greffent également au solo, puisqu’il est possible de défier n’importe quel bot provenant d’un ami entre deux missions de la campagne, par exemple. Et c’est clairement sur ce point précis que KSR livre son nectar. Grâce aux multiples tableaux de scores accessibles via le HUB et au système de défis d’amis directement intégré, le joueur est toujours motivé pour améliorer ses résultats et écraser joyeusement l’avatar provenant du scan de son petit copain. Un concept maintenant connu, standardisé par des perles du XBLA comme Trials et bien d’autres, mais qui prend diablement bien avec un Kinect implacable devant soi. Malgré un « prêt à démarrer » joyeusement fixé à 20% du téléchargement, les petits gestes adressés au joueur côté finition sont rares. Le titre de Rare est effectivement bourré de détails, autres que ceux déjà abordés, qui nous empêchent d’être totalement emballés. Les chargements sont assez longs, il est impossible d’essayer les vêtements pour son avatar scanné avant de les acheter, et malgré un studio pour s’amuser à animer son personnage, il n’est pas possible de le prendre en photo manuellement, le jeu sélectionnant des poses à notre place. La navigation sur la map via les gestes respecte la grammaire de Kinect à base de boutons à pousser, procédé que certaines personnes trouvent inconfortables. Les commandes vocales, elles, fonctionnent à la perfection. KSR demeure au final une démonstration plutôt réussie des possibilités de Kinect 2.0 dans le motion gaming, rarement mis à défaut au fil des épreuves. Dommage que le contenu assez léger ne l’empêche de devenir un indispensable pour tous.

6/10
Kinect Sports Rivals est bourré de bonnes intentions mais ne parvient pas totalement à transformer son essai maintenant entamé depuis fin 2010. Malgré la refonte du système d'avatar (bluffant), la simplification de certains sports et la disparition regrettable du mode party pourtant emblématique, la formule Kinect Sports continue de se chercher pour un résultat qui ne dope pas. Bien mieux réussi que la saison 2 qui volait au ras des pâquerettes, le dernier né de Rare déçoit cependant en tant que party game familial, le tout cadencé à seulement six sports dont trois sont des redites. Il livre malgré tout une bonne seconde mi-temps avec ses fonctions sociales Xbox Live intelligemment intégrées et sa courbe d'apprentissage plus intéressante qu'envisagée. À l'instar d'un maillot de Zlatan, KSR reste un petit peu trop cher pour ce qu'il est, mais les amateurs apprécieront.

+

  • Bonne reconnaissance des mouvements et scan 3D bluffant
  • Des sports vraiment réussis (jet ski, escalade)
  • La compétition entre amis, en ligne
  • Graphismes colorés et musiques d'enfer

-

    • Seulement six sports, et des redites (bowling, soccer, tennis).
    • Le multi en local en berne
    • Adieu le mode party, les défis, les vidéos finales...
    • Un léger manque de sensations (tennis, soccer)
    • Des chargements un peu longuets