Jeux

The Lord of the Rings: Gollum

Aventure | Edité par Nacon | Développé par Daedalic Entertainment

5/10
Series X/S : 25 mai 2023
03.06.2023 à 11h05 par - Rédacteur en Chef

Test : The Lord of the Rings: Gollum sur Xbox Series X|S

La Tour Sombre, Gollum aussi

Plus de cinq ans après La Terre du Milieu : L'Ombre de la Guerre, il nous tardait de retrouver l'univers du Seigneur des Anneaux. Après Warner Bros Games et Monolith Productions, c'est au tour de Nacon et Daedalic Entertainment de récupérer les droits de la franchise imaginée par J.R.R. Tolkien pour nous proposer une adaptation des mésaventures de Gollum dans le Mordor, un sujet jusque-là très peu mis en avant. Une idée intéressante sur le papier, qui ne parvient malheureusement pas à se hisser à la hauteur des attentes.

A la différence de Monolith Productions qui avait choisi de partir sur un scénario totalement original, le studio allemand Daedalic Entertainment a préféré s’appuyer sur un passage de l’œuvre de Tolkien pour imaginer son scénario. Peu de temps avant le début des événements narrés dans la Communauté de l’Anneau, Gandalf se retrouve face à Gollum et tente de savoir ce qu’il est advenu de l’anneau unique, celui forgé par Sauron pour obtenir le contrôle des plus puissants de ce monde. C’est donc sous la forme d’un flashback que le joueur va devoir contrôler le gringalet, pour nous raconter sa capture par les Orques et sa captivité à Barad-dûr, la Tour Sombre qui sert de domicile à l’impitoyable Sauron. Une excellente idée sur le papier, qui offre une trame scénaristique suffisamment libre pour que les développeurs puissent proposer une aventure avec un minimum de contraintes.

8ecf722e-64f3-4064-8ab4-20551f7157eb

Avec des voix uniquement disponible en version originale, la retranscription en français possède la particularité de bénéficier de sa traduction la plus récente, celle de Daniel Lauzon, avec des noms qui diffèrent parfois de ceux entendus dans la trilogie de Peter Jackson. Bilbo Sacquet devient alors Bilbo Bessac, tandis que Arachne devient Araigne. Il aurait été appréciable d’avoir une petite annotation pour que les joueurs puissent rapidement faire le lien entre les deux versions, ou même une option qui permette de passer d’une traduction à l’autre pour que les joueurs biberonnés aux adaptations cinématographiques puissent rapidement s’adapter.

D’ordre plus général, le scénario manque de clarté, et même s’il est très appréciable de voir Sméagol et Gollum échanger quelques désaccords verbaux, la plupart de ces dialogues interviennent dans des moments d’action qui ne permettent pas toujours capter ce qu’il se dit. D’où la désagréable impression de passer à côté d’éléments scénaristiques importants. A noter que quelques passages imposent des choix narratifs, avec la nécessité de trancher entre la compassion de Sméagol et la méfiance de Gollum en sélectionnant divers propositions pour faire basculer la décision d’un côté ou de l’autre. C’est appréciable mais pas forcément bien amené.

4ef82ed5-101d-4374-a711-0748f8738ac9

Ce n’est pas beaucoup plus maitrisé côté gameplay. Le Seigneur des Anneaux: Gollum prend la forme d’un jeu d’aventures à la troisième personne, découpé en une dizaine de chapitres linéaires. On retrouve des mécaniques assez classiques pour le genre avec la possibilité de sauter, d’escalader certaines parois, de s’agripper à un rebord, de courir sur des murs et de s’accrocher à de se balancer à des barres en métal. Des phases qui demandent parfois un petit temps d’observation pour comprendre le trajet imaginé par les développeurs, avec toutefois une aide visuelle activable qui permet de donner quelques indices sur le chemin à suivre. Des phases pas si simples à gérer, la faute à un level-design qui aurait mérité un peu plus de précision. D’autant que cela crée parfois un décalage dans les animations de notre héros, la faute à une plateforme placée trop loin ou trop près, ce qui crée un mouvement automatique du personnage vers la plateforme visée. Un élément qui casse l’immersion, et qui n’est malheureusement pas isolé avec globalement des sensations de gameplay assez mauvaises.

Malgré une vraie volonté de diversifier au maximum les séquences de jeu, tout est finalement assez approximatif à jouer. A commencer par les phases d’infiltration. Là aussi très classique, Gollum peut ramper pour éviter de faire du bruit, se dissimuler dans l’ombre d’un meuble, jeter des pierres pour faire diversion et même prendre par surprise un orque pour l’étrangler et le mettre à terre. Il n’en ressort que très peu de satisfaction, tout comme les phases de filature qui demandent de rester à bonne distance d’un PNJ. On note tout de même la volonté d’avoir incorporé un mode «compagnon», peu utilisé et très basique une fois de plus, il est possible d’indiquer une route à suivre à certains personnages, pour résoudre une énigme ou récupérer un objet en hauteur par exemple. Le Seigneur des Anneaux: Gollum introduit quelques courses poursuites également, capable de donner un peu de rythme à l’ensemble, même si l’imprécision de l’ensemble, et donc la frustration liée à de multiples échecs, vient plomber le petit sentiment de satisfaction qui commençait à pointer le bout de son nez.

9bbc0cce-4d7f-4c10-9c72-ac3ba6198b90

Difficile de vraiment se laisser porter par l’aventure proposée, d’autant que la direction artistique n’aide absolument pas à porter le joueur vers des passages plus enthousiasmants. Les musiques sont anecdotiques, ce qui est tout de même bien dommage lorsque l’on parle du Seigneur des Anneaux, tandis que le sound-design est une catastrophe absolue. C’est bien simple, les pas de Gollum rappellent surtout un chat qui gratterait à une porte, ce qui est très désagréable à l’oreille. Un constat d’autant plus navrant qu’il est impossible de faire les bons réglages dans le menu pour atténuer cet effet désobligeant. Une catastrophe pour les oreilles, mais également pour les yeux. Les effets de lumière sont absolument ignobles et bien trop prononcés, une véritable agression pour la rétine. C’est dommage car ils masquent en partie le travail réalisé sur les textures et les décors, plutôt au dessus du reste.

Côté animation, même si le personnage de Gollum a bénéficié d’un soin particulier assez logique, ce n’est malheureusement pas le cas pour les autres acteurs du titre, avec des mouvements peu détaillés et donc beaucoup trop mécaniques, pour bien finir de gâcher ce qui restait de l’immersion. Malgré un framerate un peu léger, on a fini par s’habituer au mode «Qualité» du jeu qui propose une résolution en 4K, tandis qu’aucune différence n’a été notée avec le ray-tracing activé, ni en positif, ni en négatif. Symbole du manque d’optimisation du jeu, les temps de chargement sont un peu longuets, d’autant que les morts sont nombreuses.

5/10
Le Seigneur des Anneaux: Gollum est une terrible déception. Malgré de bonnes idées et un univers suffisamment riche pour se prêter au jeu d'aventure linéaire, le titre de Daedalic Entertainment s'empêtre dans des mécaniques de jeu qui manquent de maitrise, combinées à une direction artistique qui ne parvient jamais à se mettre au niveau de l'univers imaginé par Tolkien. Un résultat qui ressemble à un terrible gâchis qui, on l'espère, permettra surtout aux développeurs de corriger le tir avec un autre jeu issu de la franchise, d'ici quelques années.

+

  • Pan scénaristique inexploré jusque-là
  • Volonté de diversifier les phases de jeu

-

    • Gameplay beaucoup trop bancal
    • Beaucoup trop juste techniquement
    • Effets de lumière totalement loupés
    • Sound-design catastrophique
    • Mise en scène peu convaincante