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Neverwinter Nights Enhanced Edition

Hack'n slash | Edité par Beamdog | Développé par Beamdog

2/10
One : 03 décembre 2019
10.12.2019 à 06h53 par

Test : Neverwinter Nights Enhanced Edition sur Xbox One

Ou l’art de prendre les joueurs pour des jambons

Après les compilations au charme intemporel consacrées à Baldur’s Gate, Planescape Torment et Icewind Dale, c’est désormais au tour d’un autre vestige de l’âge d’or de Bioware de faire sa première apparition sur consoles de salon. Dans l'exercice délicat du passage à la fois vers la 3D et le jeu en ligne, Neverwinter Nights : Enhanced edition -une fois de plus adapté par le studio Beamdog- est-il aussi flamboyant qu’au premier jour ?

Une fois n’est pas coutume, commençons tout de suite par un point qui fâche. Bien que comprenant une campagne solo complète, Neverwinter Nights est un jeu conçu et pensé avant tout pour être joué en ligne avec d’autres joueurs. Sauf que pour une raison totalement inconnue, toutes les fonctions multijoueur -aussi bien en ligne qu’en local- sont actuellement totalement absente du soft de Beamdog. Pire encore, l’éditeur de scénario ultra complexe permettant de modeler une aventure à sa sauce, à la manière des jeux de rôle papier, n’est également pas disponible et ne semble pas prévu dans une future mise à jour sur console si l’on en croit les menus du jeu.

Il faudra donc se rabattre sur la campagne solo au scénario et personnages globalement anecdotiques, bien que correcte en termes d’aventure et profitant d’une durée de vie honnête du long de ses quatre chapitres. Bonne nouvelle toutefois, le jeu est intégralement traduit en français, autant au niveau des nombreux textes que du doublage conservant la tonalité et la charme d’époque. Vous pourrez également profiter des deux extensions officielles, ajoutant cinq chapitres indépendants à l’histoire principale et pouvant être lancés à n’importe quel moment via les menus du jeu. Pour les insatiables, malgré l’absence de l’éditeur de quêtes, vous pourrez également profiter d’une sélection de scénarios supplémentaires, vous permettant de vous frotter aux défis des développeurs de Bioware ou bien à la créativité des fans. Il faudra toutefois oublier les succès et la traduction française si vous désirez vous y frottez. On regrettera toutefois que le deuxième épisode, développé par Obsidian, et sa campagne nettement plus réussie ne soit pas disponible en accompagnement.

Neverwinter nights Enhanced 1

Le début de l’aventure passera inévitablement par la création de son personnage -à moins que vous préfériez le choisir via la vingtaine de personnages préinstallés- et les joueurs de Baldur’s Gate seront une fois de plus en terrain connu. Choix du sexe, de la race, de la classe et même de l’alignement : tous les critères sont repris quasiment à l’identique et vous permettront de réellement créer un héros selon votre préférence, via des centaines de combinaisons différentes. Contrairement à ses prédécesseurs, vous aurez avec Neverwinter Nights un peu plus de flexibilité concernant l’apparence visuelle de votre personnage. Toutefois, les modèles 3D étant ce qu’ils sont, vous vous rendrez rapidement compte que quels que soient vos efforts pour le rendre agréable, il se retrouvera toujours avec la même tête d’abruti que vous prendrez plaisir à camoufler derrière une armure et un casque intégral. Le choix de sa voix est quant à lui particulièrement bien pourvu, allant du ton de l’érudit prétentieux jusqu’à celui du psychopathe inquiétant.

Bien qu’en 3D intégral, Neverwinter Nights reste un RPG au tour par tour totalement dans la lignée de sa série modèle Baldur’s Gate. Les combats vous demanderont donc de lancer des commandes d’attaques ou de sortilèges, sans toutefois devoir prendre en compte votre unique compagnon désormais totalement pris en charge par l’IA. Les animations, très lentes, vous donneront souvent l’impression que votre action n’est pas prise en compte et le manque total d’impression de coup porté n’arrange pas les choses. Le gameplay simplifié à l’extrême et la possibilité de pouvoir recruter un seul et unique compagnon à la fois, sans possibilité de gérer ses caractéristiques et son équipement, réduisent également la stratégie et l’immersion que prenaient les combats sur les précédents jeux du studio. Concernant les menus, on appréciera la taille correcte des sous-titres, même si la typo Arial des dialogues renforce l’aspect vintage du titre. On regrettera également un nombre de fenêtres un brin envahissante, avec le même texte visible en haut et en bas de l’écran lors des phases de dialogues par exemple.

Neverwinter nights Enhanced 3

De façon surprenante, la jouabilité à la manette s’avère convaincante et très bien pensée, profitant d’une caméra totalement libre et une très grande variété dans les niveaux de zoom, vous permettant d’ajuster à votre guise l’angle de vision, pour une lisibilité parfaite lors des phases d’explorations. Les raccourcis manette sont plutôt bien organisés, avec un bouton dédié au passage en pause active, un autre pour le repos et un autre pour accomplir une action. L’inventaire se gère également très aisément en se superposant directement à l’écran. Les gâchettes quant à elles serviront de raccourcis très pratiques et utiles pour toutes les fonctions optionnelles comme la furtivité, la pause de piège ou encore l’envoi de sorts. De son côté le journal, beaucoup moins clair, vous obligera à un minimum d’organisation pour être parfaitement maîtrisé.

Techniquement Neverwinter Nights est un jeu 3D de 2002 et ça se voit. Dès l’intro et sa cinématique d’époque étirée plus que de raison pour s’adapter aux écrans actuels, vous serez mis dans le bain dans ce qui est probablement le jeu le plus laid disponible sur Xbox One. Les cinématiques sont bizarrement proposées à chaque fois dans des formats différents. Parfois en plein écran -en dépit du bon sens- d’autres fois dans une fenêtre limitée, en rapport avec leurs résolutions. Une fois en jeu les choses n’iront pas en s’arrangeant, bien au contraire. Textures vétustes, modèles 3D dépouillés… Hormis la définition rehaussée tout est resté dans son jus et il faudra faire preuve d’un maximum de tolérance et d’abnégation pour réussir à s’immerger un tant soit peu dans l’aventure. La pauvreté technique du jeu permet toutefois une consolation devant la résolution impeccable, permettant au moins de profiter d’une image totalement nette, sans la moindre parcelle d’aliasing. On profite également d’un framerate à 60 FPS, contrebalancé toutefois par des micro-saccades constantes lors des nombreux passages d’exploration ou lorsque s’enclenchent certains scripts ou dialogues.

S’il est possible de faire abstraction de l’austérité technique du titre lors des passages en intérieur, impossible en revanche de garder la même tolérance une fois en extérieur. Le ciel laisse place à un brouillard uniforme, véritable hommage à la Nintendo 64, et la distance d’affichage parait extrêmement réduite même pour la plus myope des taupes. Les PNJ apparaissent souvent au dernier moment et malgré la pauvreté des textures, il n’est pas rare de constater du clipping. Pire encore, le jeu souffre aussi d’une finition scandaleuse, capable de vous renvoyer directement au dash de la console sans préavis. Dans l’attente d’un patch salvateur, pensez donc régulièrement à sauvegarder votre partie au risque de devenir fou de rage après une perte de plusieurs minutes de jeu, même si celui-ci dispose tout de même d’une fonction de sauvegarde automatique et d’un retour quasi direct au dernier combat lors d’un game over.

2/10
Neverwinter Nights : Enhanced Edition entrera probablement dans l’Histoire comme l’une des plus grosses bananes éditoriales de cette génération. Que seul le premier épisode soit disponible ou encore que le soft ne propose absolument aucune évolution technique, même pas le minimum syndical qu'il aurait mérité ? Passe encore. Mais impossible d’excuser les soucis techniques qui viennent plomber l’expérience et plus encore l’absence totale -pour le moment- des fonctions principales du jeu, c’est-à-dire son expérience multijoueur et son éditeur de quêtes. Reste une campagne solo sympathique et le plaisir d’avoir la quasi-intégralité des productions Bioware désormais disponible sur la même console de salon. Maigre consolation, mais il en faut parfois peu pour être heureux.

+

  • Intégralement traduit en français
  • Adapté au jeu à la manette
  • Toutes les extensions et des scénarios additionnels

-

    • Encore plus moche qu’un jeu Xbox rétro
    • Cinématiques en basse définition
    • Multijoueur totalement absent pour le moment
    • L’éditeur de quêtes n’est pas disponible
    • Problèmes de technique et de stabilité
    • Neverwinter Nights 2 aux abonnés absents