Jeux

Ninja Gaiden 3

Action | Edité par Tecmo | Développé par Team Ninja

6/10
360 : 23 mars 2012
03.07.2012 à 11h17 par - Rédacteur |Source : www.xbox-mag.net

Test : Ninja Gaiden 3 sur Xbox 360

Il est parfois celui qui vient remettre de l'ordre et apporter un peu de testostérone au milieu de la bande de chipies qui, dès septembre prochain, reprendra le chemin du versus. Mais son boulot numéro un, c'est d'être un ninja. Le plus puissant de tous. Personnage lié pour l'éternité à la Xbox, Ryu Hayabusa fait face aujourd'hui à ses propres démons, au fardeau que porte celui qui d'un seul mouvement, hôte la vie. Orpheline depuis Ninja Gaiden 2 de son père fondateur, la Team Ninja a fort à faire pour honorer la grandeur de son héros dans ce troisième épisode résolument différent.

Un Hayabusa 1300 cc²

Ninja Gaiden. Deux mots qui évoquent tout de suite un grand moment de jeu vidéo pour les uns, et une belle séance d’arrachage de cheveux pour les autres. Il n’était pas forcément aisé de contrôler le maitre ninja Ryu Hayabusa mais le jeu en valait la chandelle, et finalement assez peu de titres de la première Xbox ont su délivrer autant d’adrénaline, ont pu flatter à ce point l’égo face à la victoire que Ninja Gaiden. Avec le deuxième épisode sur Xbox 360, les choses étaient quelque peu différentes : Ryu s’était mis en tête d’y aller franco, faisant sauter celles de ses ennemis à tour de bras. Plus qu’une approche différente de l’action en termes de gameplay, Ninja Gaiden 2 marquait la fin de l’aventure pour la figure de la Team Ninja, l’excentrique Tomonobu Itagaki. Si l’adaptation du second opus sur Playstation 3, en raison des améliorations qu’il apportait, pouvait rassurer sur la capacité des développeurs à assurer le travail sans leur gourou, l’arrivée de Ninja Gaiden 3 était naturellement sujette à de nombreuses interrogations. Est-il digne de son nom ? Pour le savoir, le joueur est invité à prendre les commandes de Ryu Hayabusa (et seulement lui pour l’intégralité de l’aventure solo). Huit heures durant, soit un peu moins que ce que proposaient ses prédécesseurs, Ninja Gaiden 3 propulse son héros aux quatre coins du globe pour tenter de mettre fin aux agissements d’une société secrète, dont les desseins semblent intimement liés à la personne de Ryu. Piégé, en proie à une malédiction qui le consume peu à peu, le héros devra faire face à ses démons.



C’est un des changements opéré par ce troisième épisode : Ryu devient un être humain. Il n’est plus vraiment la machine à tuer silencieuse du passé et parle plus ici que dans tous les autres jeux réunis. Un peu déroutant au départ, ce choix s’avère finalement assez juste en parvenant à provoquer plus de sympathie de la part du joueur envers le héros, sans nuire pour autant à son charisme légendaire. Oui, même dans la douleur, Hayabusa en jette. Constat qui ne s’applique malheureusement que très peu au reste de l’univers Ninja Gaiden 3 car si les changements de destinations fréquents permettent d’apprécier des décors aux inspirations diverses et variées (Londres, village japonais, forêt tropicale, inévitable laboratoire secret, etc), le bestiaire et les personnages secondaires déçoivent par leur manque d’originalité et de variété. Du côté des ennemis on se fritte principalement à des soldats ou des bêtes issues d’expériences douteuses et parfois quelques ninjas. C’est assez limité, et ce n’est pas les quelques boss sans envergure qui changent quelque chose. Un comble pour une série qui a su déployer par le passé une armada d’adversaires aussi impressionnants que brutaux. De fait, on retrouve des personnages secondaires, alliés comme ennemis, d’une classe à des années lumières de celles d’un Murai, d’un Genshin ou de la sulfureuse Elizebeth. Certains comme Momiji sont heureusement là pour apporter un peu de relief (hum…) et les doublages japonais assurent un minimum d’immersion (on se serait quand même bien passé des vilaines fautes d’orthographe dans la traduction). On est donc face à un titre vraiment différent de ses prédécesseurs quand il s’agit de distiller les ingrédients d’un univers mais malgré les faux-pas, l’ensemble fonctionne et se laisse suivre. C’est qu’il faut dire que l’on a rarement le temps de souffler.

Il est chaud Ryu

A l’instar de Ninja Gaiden 2, ce troisième opus est une ode à la vitesse, aux enchainements sans temps morts. Ryu se laisse très facilement prendre en mains et il ne faut pas plus de quelques minutes pour entailler les ennemis, les empiler comme de vieilles carcasses (on regrette quand même la disparition des décapitations). Rester en mouvement, ne pas se laisser encercler est souvent la stratégie de base pour survivre. Ce dynamisme est aujourd’hui appuyé par l’ajout désormais immanquable dans le jeu d’action : le QTE. Que ceux qui voient la chose d’un mauvais œil se rassurent car si ces actions contextuelles font furieusement penser à celle de Ninja Blade, elles ne sont heureusement pas aussi prépondérantes que dans le titre de From Software. L’entaille manuelle au katana demeure l’action de base… A tel point qu’on souhaiterait parfois utiliser d’autres jouets. Souvenez-vous du second opus et de la myriade d’armes qu’il était possible d’utiliser : bâton, faux, tonfas, nunchakus, etc. On peut leur dire au-revoir, à moins de les ressusciter auprès du Dieu local (moyennant offrande), le marché Xbox Live. C’est une sacré chute de diversité que nous offre Ninja Gaiden 3, mais ce n’est pas tout : plus d’objets à récupérer et utiliser, plus moyen d’augmenter la puissance ou la résistance de Ryu, un seul et unique Ninpo à disposition. Cet essorage du contenu entraine de fait un changement majeur dans la progression. Désormais, on fait face ponctuellement à des vagues d’ennemis qu’il faudra détruire jusqu’au dernier de ses hommes, en veillant bien à ne pas se laisser avoir à l’usure, puisqu’il n’est donc plus possible de remettre sa santé au maximum avec un objet (seule l’utilisation du Ninpo a un effet régénérant). Ninja Gaiden 3 prend ainsi des airs de survival incessant, entrecoupé par des séances d’escalade. Mais paradoxalement, cet opus est de loin le plus accessible de tous.



La simplification du gameplay, illustrée entre autres par un système d’exécution hautement permissif et un ciblage automatique de l’arc on ne peut plus précis, rend ce Ninja Gaiden assez facile à parcourir une fois que l’on en a compris les mécanismes, soit en quelques minutes. Ce qui a fait l’attrait du premier épisode n’est clairement plus. Mais est-ce fatal au titre de la Team Ninja ? Oui et non. Certes, on veut traditionnellement jouer à Ninja Gaiden pour vivre une expérience riche et technique pour toute la satisfaction que cela procure ; mais bouder ce troisième opus c’est aussi se priver d’une expérience réellement intense, jouissive à sa manière (même si une fois de plus la caméra offre de grands moments de n’importe quoi). Ninja Gaiden 3 est à ses ancêtres ce que The Darkness 2 est au sien : la magie, la surprise ne sont plus, au profit d’une aventure brutale et sans concessions. On peut aimer cela. Et s’il se montre un peu radin sur le contenu solo, Ryu Hayabusa ressort ici la recette expérimentée dans Ninja Gaiden Sigma 2, à savoir proposer un mode multijoueur. Un mode versus vient prêter main forte au contenu coopératif, histoire de rallonger la sauce. Il est possible de modifier son combattant et si l’on adhère au concept, nul doute que la course aux points d’expérience et éléments de personnalisation inciteront à ressortir la galette de temps en temps.

Ninja Gaiden 3 est assurément une suite bien différente de celle que l'on aurait imaginé, espéré, voir débarquer un jour. Faisant table rase de son passé d'homme comme de héros de jeu vidéo, Ryu Hayabusa s'offre aux joueurs dans une aventure qui pourrait paraitre bien fade, la faute à un gameplay allégé par rapport aux précédents opus et un univers manquant quelque peu de piquant. Mais ce Ryu demeure quand même Hayabusa et Ninja Gaiden 3 est un beat'em all rythmé, brutal, qui a ce qu'il faut sous le capot pour faire passer un assez bon moment à tout bon amateur de beat'em all.

+

  • Rythme intense
  • Prise en mains instinctive
  • Ryu a toujours la classe

-

    • Gameplay en régression
    • Une seule arme, plus d'objets
    • Univers et personnages quelconques
    • Caméra parfois pénible