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Pillars of Eternity II: Deadfire Ultimate Edition

RPG | Edité par Versus Evil | Développé par Obsidian Entertainment

8/10
One : 28 janvier 2020
04.02.2020 à 18h57 par

Test : Pillars of Eternity II: Deadfire Ultimate Edition sur Xbox One

Dieu merci

Après de multiples reports et une absence de communication pendant quasiment une année entière, Pillars of Eternity 2 : Deadfire débarque enfin sur console dans une version Ultimate permettant de profiter immédiatement des nombreuses mises à jour et DLC qui ont suivi la sortie du jeu sur PC. Valait-il le coup d’attendre deux ans pour profiter du dernier bébé d’Obsidian ?

Pillars of Eternity 2 prend place directement après les événements du premier épisode. Alors que notre gardien coulait des jours heureux dans sa forteresse de Caed Nua, le dieu Eothas choisit de se réveiller sous la forme d’un titan pile-poil sous les fondations du château, détruisant l’édifice et faisant un millier de mort sur son passage. Notre héros faisant parti des dommages collatéraux, il débute son aventure directement dans le monde des esprits. Un prétexte parfait pour profiter d’un résumé de l’aventure précédente, tout en introduisant la trame de ce nouvel épisode qui l’emmènera dans une région totalement nouvelle, sur les traces du titan destructeur.

Comme annoncé en introduction, cette Ultimate Edition permet de profiter d’énormément d’ajouts et ce, dès le début de l’aventure. Un très large éventail d’options vous permet de configurer intégralement votre aventure. Libre à vous de laisser actives toutes les indications visuelles, vous permettant de savoir si un dialogue ou un personnage est lié au premier épisode ou bien si vous avez les conditions requises pour débloquer une ligne de dialogue ou d’actions. La difficulté est entièrement customisable sur 5 niveaux, allant du mode «histoire» dont les combats ne seront qu’une formalité, jusqu’au mode de difficulté «ultime» promettant larmes et sueurs aux joueurs les plus acharnés. Vous pouvez également tenter le mode Iron Man, axé sur une sauvegarde unique, vous laissant autant à la merci d’un combat trop retors que d’une sauvegarde corrompue. Plus intéressant pour le commun des mortels est le choix d’activer ou non le level scaling, afin de ne jamais vous retrouver beaucoup plus puissant que les ennemis les plus faibles du jeu, ou inversement. Autre choix vous permettant de changer radicalement votre aventure : vous devrez choisir en début d’aventure entre le combat en temps réel avec pause active -similaire à ceux du premier épisode et du genre en général- ou bien un nouveau système de combat au tour par tour, rendant le jeu nettement plus stratégique avec des combats plus longs, mais aussi beaucoup plus clairs et moins confus. Idéal pour profiter d’un deuxième run radicalement différent dans sa partie action. Plus classique, le système original vous permettra de régler l’IA de vos co-équipiers ou de choisir leur prochaine action en passant le jeu en pause à n’importe quel moment à l’aide de la touche X. A savoir que dès le mode normal, la difficulté est bien présente et qu’il faudra rapidement apprendre à jongler entre les différentes compétences des classes qui composeront votre équipe, ainsi que les différents pouvoirs et magies. La moindre rencontre avec une bande de pirates peut se révéler mortelle. Le nombre relativement élevé de pouvoirs et effets spéciaux liés rendent parfois l’action confuse et il faudra constamment rester aux aguets lors des combats contre des ennemis de très hauts niveaux.

Pillars of Eternity II 1

Hors combat, le mode exploration reste totalement libre et vous permettra d’explorer tranquillement les nombreux environnements, détaillés et souvent magnifiques. Le choix des menus se fait d’une simple pression sur la gâchette gauche et vous pourrez naviguer facilement entre l’inventaire, le journal ou encore la gestion de votre navire. Concernant les déplacements, les développeurs ont eu la bonne idée de laisser le choix entre deux configurations possible, interchangeables à tout moment via la touche Y. La première, directement inspirée de la version PC, vous demandera de cliquer à l’endroit voulu pour déplacer votre groupe et de faire la même opération concernant la fouille ou activation d’objet. La deuxième, nettement plus pratique, vous permettra de déplacer votre personnage et sa bande de compagnons, directement via le stick gauche, les interactions s’affichant lorsqu’on se trouve à proximité. Un choix bien vu et permettant de profiter du meilleur des deux configurations à n’importe quel moment. Hors exploration, les déplacements se font sur une world-map, que ce soit à pied ou aux commandes de votre navire vous permettant d’arpenter l’archipel du Feu Eteint. Clairement inspirée par les jeux de rôle japonais, la world-map vous permettra d’explorer certains endroits afin de récupérer de l’équipement ou bien de vous retrouver face à des passages romancés, directement repris des légendaires Livres dont vous êtes le Héros. Ces passages, toujours brillamment écrits, permettent une variété de situations ainsi qu’une description des actions compensant l’absence totale de cinématique. Les gains et conséquences auront un impact direct sur vos choix ainsi que sur les compétences de votre groupe. L’exploration d’un navire immergé étant, par exemple, lié directement à vos capacités de natation, alors que celle d’un temple inconnu mettra vos talents d’historien à rude épreuve. Des passages souvent passionnants et qui permettent de fluidifier la narration en évitant des tunnels d’exploration inutiles.

La navigation dans les menus n’est pas en reste, avec des raccourcis simplifiés, des fiches claires et une taille de texte largement suffisante pour peu que l’on ne se trouve pas à 6 mètres de son écran. La traduction française est par ailleurs impeccable et l’écriture générale a nettement gagné en simplicité, les longs pavés indigestes des backers du précédent épisode ayant totalement disparu, pour le plus grand bonheur du joueur. Les quelques dialogues doublés sont restés en anglais, mais la qualité du jeu des acteurs devrait convaincre le plus réticent des anti-VO. Les compagnons sont dotés d’une personnalité attachante et profitent pour la plupart d’une bonne dose d’humour, certes beaucoup plus réservée que sur The Outer Worlds, mais qui vous offrira toutefois quelques sourires lors de joutes verbales contre certains PNJ. Les nombreuses quêtes annexes ne sont pas en reste et en plus d’être intégralement scénarisés, elles proposent souvent plusieurs façons de les résoudre et des objectifs variés. Aucune quête typée MMO n’est présente dans Pillars of Eternity 2, vous ne perdrez pas de temps à cueillir des feuilles d’origan ou à partir à la chasse aux rats. Mieux encore, le jeu ne se repose pas sur un système de suivi ni de marqueurs de quêtes. Il faudra arpenter les lieux seul comme un grand garçon et surtout prendre le temps de trouver comment résoudre vos objectifs avec pour seule aide votre journal de quêtes. De la progression à la narration, l’ensemble permet de vivre une aventure fluide et complète, plutôt qu’une course permanente vers l’icône de quête.

Pillars of Eternity II 2

Deadfire ne vous permettant pas d’importer votre sauvegarde de l’épisode précédent sur console, il faudra passer obligatoirement par l’outil de création de personnage ainsi que par un questionnaire vous permettant de reprendre les choix scénaristiques et moraux de votre profil. La création de personnage, très complète, vous prendra quasiment autant de temps que la durée de vie d’un walking simulator moyen. On commence par le choix du sexe et de la race, parmi les 6 principales du monde d’Eora : Aumaua, Nain, Elfe, Divin, Humain ou Orlan, suivi par une quinzaine de sous-nationalités. Il faudra ensuite choisir une classe parmi des dizaines de classes et sous-classes aussi diverses que prometteuses. Arnaqueur, tacticien, paladin, voire même tireur d’élite ou cannibale ne sont qu’un maigre exemple de toutes les possibilités ouvertes, agissant autant sur les statistiques que les compétences de votre personnage. Un joueur expérimenté pourra également choisir de créer un personnage multi-classe cumulant les avantages de deux classes différentes, mais l’empêchant d’aller au maximum des capacités uniques. Le tout vous donnera accès à un arbre de compétences étalé sur 9 niveaux, très complets et bourrés d’atouts et de pouvoirs actifs ou passifs. Pour finir sur le profil de votre avatar, vous devrez également choisir un lieu d’origine ainsi qu’un emploi permettant de profiter de bonus et de rares références lors de certains dialogues. La customisation visuelle est limitée au visage, au portrait ainsi qu’à la voix du héros. Concernant le questionnaire, il prend la forme d’une discussion et reviendra sur l’intégralité de vos choix effectués sur le premier épisode, du début d’aventure jusqu’au combat final en passant par la moindre quête de compagnons et les DLC. Malheureusement, il faudra réellement avoir la mémoire eidétique ou enchainer les deux volets coup sur coup pour se souvenir de la trame et ramification de vos moindres faits et gestes d’une aventure longue et aussi verbeuse que l’était Pillars of Eternity. Toutefois, Obisidian a eu la très bonne idée d’ajouter des profils préétablis vous permettant de profiter de choix basés sur le profil moral de votre personnage. Rassurez-vous également si vous n’avez pas fait le premier épisode : la trame est indépendante et les références nombreuses reste suffisamment discrètes pour ne pas donner l’impression à un nouveau venu de prendre un film en cours de route.

Pillars of Eternity II 3

Une grosse nouveauté marque ce second opus. Après quelques heures de pérégrinations sur la première île du jeu, faisant office de prologue réussi, vous vous retrouverez aux commandes d’un navire qui vous permettra d’arpenter l’archipel du Feu Eteint ou si vous le désirez, de vous adonner à la piraterie. Un brin compliquée de prime abord, la gestion du navire se fera rapidement naturelle et surtout très agréable. Vous devrez tout d’abord constituer un équipage que vous placerez aux emplacement clés (canonniers, navigateurs ou encore cuisiniers) puis faire le plein d’équipements et de rations permettant la survie lors de longs voyages. Il vous faudra surtout d’éviter une mutinerie pour cause de moral d’équipage trop bas. En plus de cette gestion, qui deviendra rapidement une formalité, l’investissement dans des navires plus puissants ainsi que leurs équipements deviendra rapidement un gouffre financier, les tarifs étant relativement élevés. Vous pourrez également passer des heures dans les combats navals ainsi que dans le pillage de navires marchands. Invité dans un premier temps à prendre part dans une forme combat stratégique au tour par tour vous demandant de d’effectuer des actions l’un après l’autre contre le navire adverse, vous pourrez ensuite vous battre à mains nues lors des abordages sur la proue du navire. Libre à vous ainsi de partager le butin avec votre équipage ou bien de tout garder égoïstement dans votre besace.

Techniquement, Pillars of Eternity 2 est une réussite intégrale. Les décors sont beaux et détaillés et la définition sur Xbox One X permet un affichage net et sans aucune trace d’aliasing. Le framerate est également sans reproche, même lors des échanges les plus costaux et remplis d’effets spéciaux en tout genre. La direction artistique, un brin trop classique dans le premier épisode, se trouve une deuxième vie grâce à son ambiance maritime et côtière et les illustrations lors des passages romancés sont également de toute beauté. Déjà longue d’une quête principale d’une quarantaine d’heures, à laquelle on peut ajouter des quêtes secondaires doublant facilement le temps de jeu complet, cette Ultimate Edition profite également des trois DLC ajoutant encore une bonne vingtaine d’heures à l’aventure, ainsi que des environnements et des ennemis totalement inédits. Petite astuce en guise de cadeau pour le lecteur ayant pris le temps d’aller jusqu’au bout de ce long test : lorsque vous vous trouvez dans le menu principal, en mettant en surbrillance le crâne visible sous le menu principal, vous pourrez faire apparaitre un menu secret vous permettant d’actionner toute une liste de défis secrets, que nous vous laissons la surprise de découvrir par vous-même.

Pillars of Eternity II 4

Puisque tout ne peux malheureusement pas se dérouler comme sur un long fleuve tranquille, il reste toutefois à parler des problèmes techniques qui entachent un peu le paysage idyllique et ensoleillé que constitue Pillars of Eternity 2. Le premier détail particulièrement agaçant concerne les temps de chargement très nombreux et surtout très mal optimisés. Le moindre changement d’étage à l’intérieur d’un bâtiment impliquera un écran de chargement de plusieurs secondes. L’exploration de cartes riches en lieux, notamment la capitale Neketaka, impliquera de passer quasiment autant de temps devant les écrans de chargement qu’en exploration. De quoi nous donner réellement envie de goûter à la next-gen et ses promesses sur les chargements invisibles. Deuxième point tout aussi contraignant : les plantages du soft, beaucoup trop fréquents. Si la sauvegarde auto et la possibilité de sauvegarder quasiment n’importe quand permettent de sécuriser facilement sa progression, il est toujours regrettable de se retrouver subitement dans les menus. Pire encore, au bout d’une trentaine d’heures de jeu, il nous est devenu totalement impossible de pouvoir faire le moindre combat maritime, le jeu retournant systématiquement au dash avant la fin du chargement. A moins d’un patch salvateur, il semble pour le moment totalement improbable de tenter l’aventure en mode Iron Man, au risque de voir sa sauvegarde tout simplement disparaitre à cause d’un fichier corrompu.

8/10
Beau, long et profond. Il est facile de résumer Pillars of Eternity 2 : Deadfire Ultimate Edition, mais il le sera beaucoup moins d'y résister pour le fan de jeu de rôle et de grandes aventures. Cette course-poursuite contre un dieu, aussi prenante que passionnante, saura vous tenir en haleine durant de très longues heures, grâce à l’écriture et le savoir-faire des génies d’Obsidian. Dommage qu’il faille subir des problèmes techniques qui ternissent l’expérience et le plaisir de jeu global.

+

  • Quête principale et aventure passionnante
  • Environnements beaux et variés
  • Customisation de personnage très développée
  • Exploration pédestre et maritime prenante
  • Deux systèmes de combats différents
  • De nombreuses options et customisations
  • Tout les DLC et mises à jour sortis en deux ans

-

    • Ecrans de chargement très mal optimisés
    • Des plantages beaucoup trop nombreux
    • Impossibilité d’importer sa sauvegarde du premier épisode