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Resident Evil 7

Survival Horror | Edité par Capcom | Développé par Capcom

10/10
One : 24 janvier 2017
30.01.2017 à 22h28 par - Rédacteur

Test : Resident Evil 7 sur Xbox One

Won't let nobody hurt you, I'll stand Bayou

En dépit d’un succès commercial retentissant, Resident Evil 6 est et restera l’épisode de la cassure entre la saga horrifique et ses fans de la première heure. Il était temps de passer à autre chose. Non sans un certain sens de la surprise, Capcom a fait le choix du contre-pied total pour développer un Resident Evil prompt à ouvrir à la série les portes d’une ère nouvelle. Une ère où la peur et le sentiment d’oppression balayent gros flingues et grandes gueules. Porte-étendard de la réalité virtuelle, Resident Evil 7 est aussi et heureusement pour nous bien plus que cela : c’est ce que l’on pouvait espérer de mieux pour la saga. En mieux.

Ce n’est pas la première fois que Capcom se risque à une remise en question importante quand il s’agit de Resident Evil. Difficile de ne pas voir avec ce virage serré vers l’expérience à la première personne une réédition du tour de force opéré avec Resident Evil 4. Si ce n’est qu’ici, la faute peut-être à une communication restée longtemps minimaliste, on craignait pour la qualité de ce revirement total. La prise de risque est importante, non seulement parce qu’elle met de côté un genre qui, tout critiquable qu’il ait pu être, fut un véritable carton du côté de ventes ; mais aussi parce ces dernières années, le jeu vidéo horrifique a beaucoup évolué, avec à sa tête des expériences qui ont replacé la peur au centre des débats. On pense évidemment au succès des Outlast et autres Alien Isolation. Dans ce contexte particulier, Resident Evil fait un peu figure d’outsider et choisit ainsi un angle de vue inédit pour un épisode canonique. Nous voilà propulsé dans la peau d’Ethan, jeune qui s’apprête à vivre une visite très particulière de la Louisiane, à la rencontre de ses charmants habitants.

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Films et autres séries TV ont dépeint le bayou avec suffisamment de bizarrerie pour que ce coin d’Amérique puisse servir de cadre parfait à la quête désespérée d’Ethan. Protagoniste nouveau dans l’univers Resident Evil, le jeune homme est ici, dans le patelin reculé nommé Dulvey, à la recherche de sa bien-aimée Mia. Aux dernières nouvelles (il y a trois ans, tout de même), elle intimait à Ethan de rester le plus loin possible d’elle, de ne pas chercher à venir la sauver en dépit de l’immense détresse qu’elle affichait dans un message vidéo ô combien énigmatique. Mais il en faut évidement plus pour stopper Ethan qui se décide finalement à se rendre à Dulvey, dans la résidence de la famille Baker. Cette maison sert de cadre principal à une aventure horrifique qui reprend avec brio les codes qu’instaurait il y a une vingtaine d’année l’épisode fondateur. La bâtisse regorge de pièces à visiter, de portes que l’on ne peut ouvrir qu’avec une clé à emblème (mais sans temps de chargement !), de couloirs étroits, de lieux secrets et bien sûr d’objets dépeignant une vie qui n’a plus sa place ici désormais. En partageant le regard d’Ethan, on découvre lentement, pas à pas, une maison dont la structure rappelle inévitablement le manoir de Resident Evil premier du nom. Cette touche nostalgique prend d’ailleurs un sens encore plus grand à chaque fois que l’on pénètre dans une pièce où se trouvent le traditionnel coffre de rangement et l’enregistreur à cassettes en lieu et place de la machine à écrire pour sauvegarder. Le tout sur un air musical bien connu.

« Il y a comme un malaise latent qui s’installe, une ambiance à la fois lourde mais suffisamment gérable émotionnellement pour laisser au joueur la once de courage suffisante pour avancer »

Ces refuges tranchent par ailleurs complètement avec l’état général de la maison. Tout est propre et à sa place : un soulagement quand on vient de passer plusieurs minutes à traverser pièces, couloirs et autres sous-sols sales, poisseux, ensanglantés évidemment. Plus que la peur, les environnements de Resident Evil 7 suscitent un sentiment d’oppression permanente. Il y a comme un malaise latent qui s’installe, une ambiance à la fois lourde mais suffisamment gérable émotionnellement pour laisser au joueur la once de courage suffisante pour avancer. Pour appuyer tout cela, la bande-son délivre une partition menée avec beaucoup d’efficacité : plancher qui craque, coups sur les murs dont on ignore l’origine et lamentations lointaines assurent une ambiance bien pesante. On est en revanche un peu moins convaincus par les doublages en français qui oscillent entre le correct et le raté. Pas de quoi gâcher la fête cela dit, d’autant que d’un point de vue technique, Resident Evil 7 se montre convaincant. Ne vous laissez pas distraire par les premières minutes de jeu et ses décors aux textures baveuses parce qu’une fois posé un pied dans la maison, les choses sérieuses se mettent en place avec en point d’orgue une maitrise parfaite des éclairages. L’ensemble se veut suffisamment propre et détaillé pour dépeindre avec beaucoup de réussite la folie qui s’est emparée de la maison et de ses hôtes.

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Vous les avez certainement vus et revus en images : les membres de la famille Baker sont cinglés et jouent pour beaucoup dans la qualité de ce nouveau Resident Evil. Ils nous mènent la vie dure, forçant parfois à quelques parties de cache-cache terriblement stressantes. Violents et complètement fous, les Bakers servent l’ambiance avec beaucoup de réussite en pointant le bout de leur nez au moment où on ne les attend pas forcément. Mais à la différence de survivals où le combat n’est pas une option, Resident Evil 7 choisit là encore un angle légèrement différent et autorise le joueur à user de la force pour se défendre. Attention, n’allez pas croire que vous pourrez résister longtemps aux pelletées de Jack Baker, mais au moins pourrez-vous le ralentir avec une bastos bien logée dans son front. On trouve donc des armes dans Resident Evil 7, plus ou moins semblables à celles du premier épisode : pistolet, fusil à pompe, couteau ou encore lance-grenade sont de la partie. Oui ça fait rêver, mais les munitions, elles, sont distillées en quantités réduites et l’inventaire limité. Avec beaucoup de maitrise, le jeu parvient à nous mettre en position de faiblesse permanente mais avec tout de même juste ce qu’il faut de puissance pour ne pas paraitre trop injuste. Chaque combat est alors une épreuve où l’on s’efforce de bien viser la tête pour économiser des balles qui pourraient être précieuses par la suite. Il y a une certaine lourdeur dans la visée qui ne facilite guère la tâche mais globalement on s’en sort, la difficulté étant elle aussi particulièrement bien jaugée. On regrette en revanche un peu plus les combats au corps-à-corps : on doit se contenter d’un pauvre couteau pour des sensations presque inexistantes. Dommage de ne pas avoir inclus quelques armes supplémentaires, ou le recours n’importe quel objet de fortune à la manière d’un Condemned (mais peut-être cela aurait-il rendu les combats moins stressants ?).

« En dépit de quelques éléments scénaristiques difficiles à digérer, l’aventure Resident Evil 7 est une réussite, la démonstration que le risque paie quand le travail fourni fait preuve de rigueur et d’une envie débordante de marquer une nouvelle fois les esprits »

En dehors des affrontements avec les Baker qui prennent des allures de combats de boss, on fait face régulièrement à une poignée d’engeances monstrueuses. Le bestiaire est un peu limité mais cela permet de conserver une certaine unité et une cohérence au regard du lieu où l’on se trouve et aux événements qui se succèdent. L’alternance entre les rencontres avec les Baker et les passages plus traditionnels face aux monstres, le tout agrémenté ponctuellement de quelques énigmes et d’une bonne dose d’exploration sont les éléments d’une progression parfaitement rythmée. La tension est présente jusque dans les derniers instants, même si évidemment, au bout d’un moment, on commence à voir les ficelles des nombreuses surprises macabres qui nous ont valus quelques sursauts les premières heures. Le dernier quart du jeu est également synonyme d’environnements un peu moins inspirés et de combats facilités par l’obtention d’une arme en particulier, un peu trop efficace au regard du reste de l’arsenal. Et puis il y a ce combat final qui n’en est pas vraiment un et dont on peut regretter la trop grande facilité. Au terme d’environ neuf heures de jeu (avec la possibilité de rejouer pour obtenir une seconde fin), on ressort de Resident Evil 7 soulagé de pouvoir relâcher la pression et peut-être aussi un peu bête d’avoir douté de la capacité de Capcom à donner un souffle nouveau à sa série phare. En dépit de quelques éléments scénaristiques difficiles à digérer, l’aventure Resident Evil 7 est une réussite, la démonstration que le risque paie quand le travail fourni fait preuve de rigueur et d’une envie débordante de marquer une nouvelle fois les esprits.

10/10
Sans aller jusqu’à dire que l’on n’attendait pas de la part de Resident Evil 7 un certain niveau de qualité, il faut reconnaitre que le titre de Capcom se hisse au-delà de toutes espérances. Porté par un gameplay à la première personne qui lui sied à merveille, Resident Evil 7 pioche habillement dans ce qui a fait la réussite de ses ancêtres et celle de ses concurrents pour livrer une aventure haletante, prenante et oppressante. Le rythme est maitrisé de bout en bout, la tension est constante et donne le sentiment de vivre chaque instant sur le fil du rasoir. Le survival de Capcom a bien quelques défauts, notamment une dernière partie aux environnements moins convaincants et une difficulté en légère baisse. Mais cela n’empêche pas de ressortir de l’expérience repu, souriant et dégoulinant de sueur à la fois, ravi et soulagé d’avoir pris part à un survival de cette trempe. Un incontournable du genre, tout simplement.

+

  • Ambiance oppressante, fantastique
  • Rythme maitrisé de bout en bout
  • Ambiance sonore au poil
  • Visuellement réussi
  • Level design parfait
  • Difficulté bien dosée
  • Mélange habile d’exploration et de combats
  • Ambiance Resident Evil originelle

-

    • Combats au corps à corps ratés
    • Doublages français pas au point
    • Dernier quart moins inspiré
    • Affrontement final trop facile
    • Quelques trous dans le scénario