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Star Wars : Battlefront II 

FPS | Edité par Electronic Arts | Développé par DICE

6/10
One : 17 novembre 2017
26.11.2017 à 01h34 par - Rédacteur

Test : Star Wars : Battlefront II  sur Xbox One

Deux ans après nous avoir servi le reboot globalement réussi d'une recette qui avait fait les beaux jours du Xbox Live voilà fort longtemps, Electronic Arts et DICE remettent le couvert. Poussé par un huitième épisode cinématographique dans les starting blocks, l'heure est venue pour Star Wars d'ouvrir la marche de l'empereur avec Battlefront II, histoire de donner aux fans de la saga de quoi patienter... Et plus si affinités. Autrement plus costaud que son ainé sur le papier, Star Wars Battlefront II a-t-il pour autant les bonnes cartes en mains pour s'imposer ?

Entre les premières images de Star Wars Battlefront sur Xbox One et sa sortie en 2015, une frange des joueurs eut le regret d’apprendre que le titre de DICE serait uniquement un shooter multijoueur. La déception témoignée alors a eu, semble-t-il, un sérieux effet puisque Star Wars Battlefront II propose bel et bien une campagne, à expérimenter uniquement en solo. C’est par ailleurs avec une certaine surprise que l’on parcoure la douzaine de niveaux proposés qui constitue un véritable mode solo avec ses héros, son scénario et ses cut-scenes pleines de «piou-piou starwarsdesques». On y incarne Iden Versio, commandante de l’escouade Inferno et donc placée du côté obscur de la force ; suivant une série d’évènements débutant peu de temps avant la fin du Retour du Jedi et se prolongeant au-delà, le solo de Star Wars Battlefront II offre une poignée d’heures loin d’être désagréables (comptez-en environ six pour boucler l’aventure en difficulté standard). Les niveaux alternent le plus souvent entre phases de shoot à pied (à la troisième ou première personne) et batailles spatiales particulièrement bien fichues. Si les quelques passages nous invitant à contrôler certains héros se révèlent passablement ennuyeux, simples prétextes à découvrir des personnages que l’on incarne plus tard en multijoueur, l’aventure dans sa globalité n’est pas déplaisante. Cela permet entre autres choses de se familiariser avec les différentes armes et compétences avant de se lancer dans le grand bain du multijoueur. En gardant à l’esprit bien sûr que le solo de Battlefront II repose sur une progression très balisée et favorise la mise en scène au détriment de la liberté d’action.

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Les doublages en français sont soignés, la bande-son excellente : des musiques aux bruitages, tout est naturellement dans les canons de la saga. Mais surtout, Star Wars Battlefront II est une réussite technique comme on en croise rarement. Graphiquement c’est propre, détaillé, vivant, un joli cran au dessus de tout ce qui se fait actuellement. Le travail sur les éclairages est véritablement bluffant, les cut-scenes sont par ailleurs les bons moments pour découvrir des visages très soignés (le personnage d’Iden Versio en particulier). Pas grand chose à redire du côté du framerate qui ne connaît jamais de baisse notable ; c’est fluide, c’est beau et c’est probablement encore plus impressionnant en multijoueur où DICE est parvenu à maintenir un certain niveau de qualité visuelle, même lorsque quarante joueurs s’affrontent. Plutôt une bonne nouvelle puisque c’est ici qu’est le coeur de Star Wars Battlefront 2, bien qu’en marge de la campagne on retrouve un mode «arcade» composé d’une vingtaine de petite missions (inspirées de ce que l’on retrouve en multijoueur) et jouable seul, en coopération en ligne voire même en écran scindé. De quoi là encore se faire la main avant les choses sérieuses.

« Il faut être efficace sur le champ de guerre pour espérer les incarner mais surtout, pour utiliser certains personnages comme Dark Vador ou Luke Skywalker, il faut les avoir débloqué. Et c’est là qu’entre en scène le système d’évolution ô combien tortueux de Star Wars Battlefront II »

Cinq modes de jeu sont là pour déterminer qui de l’Alliance Rebelle ou de l’Empire sera le maitre de la galaxie. Aux côtés des classiques escarmouches pour vingt joueurs, affrontements à objectif à huit contre huit intitulés «Frappe» et joutes de grande classe à quatre héros contre quatre, Star Wars Battlefront II s’appuie principalement sur les Assauts Galactiques et Combats de Chasseurs. Dans ce dernier mode vingt-quatre joueurs s’affrontent dans les airs tout en attaquant ou défendant un objectif, aux commandes de trois types de vaisseaux, auxquels s’ajoutent les mythiques X-wings, TIE fighters et bien évidemment le Faucon Millenium. Ce sont les points engrangés durant la partie (en éliminant des adversaires ou en jouant l’objectif) qui permettent de se doter d’un aéronef plus puissant. Ce système de points de bataille régit également le gros morceau de Battlefront II, offrant la possibilité à 40 joueurs de s’écharper pour défendre ou attaquer un objectif. Aux quatre classes de base (assaut, combattant lourd, officier capable de booster ses équipiers et spécialiste – autrement dit sniper) s’ajoutent deux/trois soldats un peu plus évolués (équipés d’un jet pack par exemple), des véhicules terrestres ou aérien et bien entendu les héros, les grandes figures de l’univers Star Wars. Le tout déblocable donc en fonction des points de bataille remportés. Il faut être efficace sur le champ de guerre pour espérer les incarner (le nombre de points requis est assez élevé) ; mais surtout, pour utiliser certains personnages comme Dark Vador ou Luke Skywalker, il faut les avoir débloqué. Et c’est là qu’entre en scène le système d’évolution ô combien tortueux de Star Wars Battlefront II.

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Au coeur de la matrice, il y a les Starcards. Chaque type de soldat, chaque héros, chaque véhicule dispose d’un certain nombre d’améliorations déblocables avec les Starcards correspondantes. Il peut s’agir d’une défense améliorée, d’un gain plus rapide de points de bataille, d’une capacité spécifique à la classe de soldat choisie ; dans le cas des héros, les cartes servent à améliorer le trio de compétences dont chacun dispose de manière unique. Ces Starcards disposent de quatre niveaux d’efficacité (blanc, vert, bleu et violet) pouvant parfois multiplier par deux, cinq ou dix l’efficacité de l’atout ; elles peuvent être soit fabriquées à l’aide de pièces de fabrication (obligatoirement pour les violettes), soit remportées en ouvrant des caisses de récompense. Si une caisse est gracieusement offerte pour chaque jour de connexion, cela ne suffit pas vraiment à évoluer. Aussi, il est nécessaire de dépenser les crédits durement gagnés à l’issue des parties (ou en accomplissant certains défis) pour acheter des boites et faire grossir sa collection de Starcards, sachant que plus on a de cartes, plus notre niveau est élevé et permet d’équiper des cartes plus efficaces. Sans oublier aussi que le rang (niveau d’expérience classique, indépendant du niveau de Starcards) influe sur la possibilité ou non d’équiper certaines cartes. Vous êtes toujours là ? Bien. L’ennui avec ce système c’est tout d’abord le montant gagné à la fin de chaque partie : avec une moyenne de 350 crédits, il faut cravacher pour acheter des boites dédiées aux soldats à 4000 crédits (celles pour les véhicules et héros sont plus abordables). Tout cela en gardant à l’esprit que ce sont ces mêmes crédits qui permettent de débloquer certains héros ; même si l’on sait que les développeurs ont réagi face à ce problème en baissant drastiquement le nombre de crédits requis pour cela, le système n’en demeure pas moins frustrant. On a un sentiment semblable à celui qui remplit le coffre de sa voiture avant les vacances : quand ça passe d’un côté ça ressort de l’autre.

« Battlefront II saute à pieds-joints dans la gueule de l’ennemi des jeux multijoueur : l’équilibrage raté »

C’est pénible parce que non, ce n’est pas tout. Vous vous souvenez des pièces de fabrication servant à créer des Starcards ? On se dit que c’est bien et que ça donne une alternative à la course aux caisses… Sauf que pour gagner des pièces de fabrication, eh bien il faut des caisses. Le serpent se mord la queue au point de se crever un oeil. A l’heure où sont écrites ces lignes, le système d’achat de caisses à coups d’euros sonnant et trébuchants est suspendu. En attendant des jours meilleurs ? Quoi qu’il en soit, ce système nuit clairement à l’expérience Battlefront II, au-delà du spectre de l’incitation à l’achat. Avec ses Starcards pouvant faire passer un bonus de défense de 1 à 10%, Battlefront II saute à pieds-joints dans la gueule de l’ennemi des jeux multijoueur : l’équilibrage raté. Comme les bons et les mauvais chasseurs, habitués et novices restent certes à leur place ; mais quand s’affrontent des joueurs de niveaux similaires, l’apport de la Starcard dépasse parfois l’aide pour devenir un véritable booster. Durant les Combats de Chasseurs, on sent très clairement la différence entre un joueur lambda et un autre qui a eu suffisamment de patience pour grinder les milliers de crédits nécessaires à la création d’un set de cartes efficace. En l’état actuel des choses, Battlefront II ne récompense pas suffisamment pour leur éviter la frustration liée aux heures de récoltes qui se profilent. swb21

C’est bien dommage car dans ses mécaniques de jeu, le shooter de DICE offre des combats intenses, un large panel d’armes et de compétences pour permettre à chaque type de joueur d’être à l’aise. Entre les classes de base, les spéciales, les héros voire la possibilité de survoler le champ de bataille aux commandes d’un vaisseau, tout est réuni pour des affrontements XXL. Si l’on peut reprocher une marge de manœuvre un peu plus séré pour les attaquants que pour les défenseurs semblant là encore créer un sentiment désagréable de déséquilibre, Battlefront 2 ne manque en revanche pas de rythme. Avec près d’une vingtaine de cartes plus ou moins ouvertes selon les modes de jeu, dans des environnements très vivants pour un shooter multijoueur et nous emmenant dans quelques lieux mythiques de la saga, de Hott à Jakku en passant par Naboo, il serait difficile de prétendre que tout cela ne créé pas un petit quelque chose d’attachant auprès du joueur. Toujours est-il que l’ADN Star Wars ne fait pas tout : Battlefront 2 est un jeu qui souffre et souffrira probablement longtemps du déséquilibre de la force (et de quelques déconnexions intempestives entre deux parties, forçant à relancer les recherches), né d’un modèle économique ayant lorgné un peu trop vers le côté obscur.

6/10
Il était l'élu. Star Wars Battlefront II avait l'expérience gagnée sur le premier épisode d'où résulte une forme de shooter multijoueur rythmée, dynamique, forcément spéciale quand on elle est bercée par le design visuel et sonore de Star Wars. Solide sur ses bases, techniquement dans le très haut du panier de la Xbox One, Battlefront 2 propose aussi une campagne solo convenue, dirigiste mais néanmoins sympathique et qui fait bien plus que seulement exister. Oui, il était l'élu. Mais en s'appuyant sur un nouveau système d'évolution en multijoueur lourd, usant à suivre et injustement radin, le jeu de DICE s'est égaré. Surtout, il a créé un grand trouble dans les rapports de force entre les joueurs : un fossé grandissant sépare ceux qui ont les bonnes cartes des autres. Pas de quoi transformer un mauvais joueur en pro de la gâchette c'est évident, mais peut-on vraiment imaginer cumuler des heures de jeu dédiées à ratisser de maigres récompenses face à des opposants parfois bien avantagés ? Que la force soit avec vous.

+

  • Techniquement très solide
  • Et un contenu qui l'est tout autant
  • Campagne solo qui fait le boulot
  • Bande-son de grande qualité
  • Prise en mains agréable et combats rythmés

-

    • Starcards et soucis d'équilibrage qui vont avec
    • Incite (contraint) à courir après les crédits...
    • ... Tout en se montrant très radin...
    • ... Et le plaisir de jeu en prend un coup
    • Quelques soucis de connexion entre deux parties