Jeux

Viva Piñata

Stratégie | Edité par Microsoft Studios | Développé par Rare

8/10
360 : 01 décembre 2006
24.11.2006 à 19h02 par |Source : http://www.xbox-mag.net

Test : Viva Piñata sur Xbox 360

La vision idéale d’un monde parfait pourrait se résumer à : “tout le monde est beau, tout le monde est gentil”. Voici la première impression qui émane de Viva Piñata, suite aux quelques images et vidéos qu’on l’a pu voir jusqu’ici. Pourtant, c’est derrière la beauté pure et parfaite que se cachent souvent les pires horreurs...en fait, Viva Piñata est un titre bien loin du concept d’univers idyllique même si, au premier abord, on a tendance à le trouver gentillet pour ne pas dire presque niais. Dévoilé le 15 mars 2006, Viva Piñata n’a pas mis bien longtemps à débarquer sur Xbox 360 et arrive en fanfare dans nos contrées le 1er décembre. Au programme, jardinage, gestion sociale et financière... Sortez pelles et râteaux, ajustez votre sens esthétique car Viva Piñata est un jeu bien plus pointilleux qu’il n’en a l’air.
Viva las Piñatas au jus d’ananas


Sorti de nulle part (enfin si des studios de Rareware), Viva Piñata fût présenté il y a quelques mois, sobrement mais efficacement, avec une promesse de lancement vers la fin de l’année et, en parallèle, celui d’une série animée pour les plus jeunes tournant autour de quelques personnages du jeu. Séduisant déjà pour sa finition graphique, intriguant pour son concept encore trop vague à l’époque, Viva Piñata avait su faire parler de lui un temps avant de retourner à une discrétion surprenante, du moins en Europe. Les Etats Unis ont pu goûter depuis plusieurs mois à la série qui, bien que réalisée en 3D avec un rendu très proche de celui du jeu, s’adresse très clairement à un public jeune, très jeune. Il était donc indispensable de vérifier si Viva Piñata le nouveau titre de Rare, studio immensément célèbre avec ses sorties sur Nintendo 64 et ses titres présents au line-up de la 360, s’adresse réellement à un public dont l’âge se situe sous la barre de la dizaine d’années.

Comme nous n’aurons vraisemblablement pas droit à la série de ce côté ci de l’Atlantique, un petit résumé posant les bases de l’univers s’impose. Piñata Island se trouve être une île merveilleuse sur laquelle vivent en “harmonie” un peuple, à savoir celui des Piñatas, des fleurs, quelques arbres, un peu d’eau et d’autres créatures un peu bizarres. Au centre de cette île, Piñata Central : un immense complexe au sommet d’une montagne armé de gigantesques canons qui tirent dans toutes les directions régulièrement. Et enfin, votre petit carré de jardin, près du village, coincé entre les montagnes et la forêt. Les Piñatas vivant sur l’île grandissent, deviennent de plus en plus heureuses et, une fois prêtes, partent vers Piñata Central. A partir de là, ils sontexpédiés à l’aide des canons dans les fêtes du monde entier afin de remplir de joie petits et grands enfants. La série animée met en scène quelques Piñatas évoluant sur cette île afin de partir vers Piñata Central. Le jeu, de son côté, vous demande d’élever ces charmantes créatures pour les rendre heureuses. Si le principe de base s’avère simple à première vue, c’est beaucoup plus minutieux que ça semble l’être.

On peut considérer que Viva Piñata est un jeu qui se divise en deux phases : la Création et la Gestion. La première consiste en quelques mots à créer votre jardin, le rendre prospère et le plus joli possible. La seconde partie demande de gérer l’écosystème ainsi créé. La Création de votre jardin est une étape qui allie autant le sens esthétique de chacun que la logique, l’aspect pratique ainsi qu’un tas d’autres paramètres à prendre en compte. Il vous appartient de planter graines, arbres et autres plantes. Il vous faudra aussi installer des haies, des accessoires, creuser des étangs ou encore semer de l’herbe haute. Un peu à la manière d’un Sim City le côté sérieux en moins, en résumé le jeu attendra de votre part que vous composiez minutieusement votre petit carré de terre.

Quand le jardin prend des airs de Caracas


Car c’est à ce moment que la partie gestion entre en jeu – laquelle représente une grande majorité de la difficulté du titre. Viva Piñata vous demande d’être ce jardinier attentif qui équilibre avec attention son petit morceau d’écosystème. Plus de soixante Piñatas attendent dans les bois, les mares, les monts et vallées en vue de venir visiter votre petit coin de paradis. Mais rien n’indique qu’elles le feront : tout dépend de vous. Chaque créature apparaîtra dans un premier temps selon des critères précis : présence d’une certaine quantité d’eau ou d’herbes hautes, Piñatas déjà présentes dans votre jardin, équilibre et niveau de celui-ci… Dans un premier temps, la Piñata convoitée ne fait qu’apparaître, elle n’est pas encore présente dans votre domaine, n’y a même pas posé le pied. Vous la verrez alors évoluer autour, s’approchant et s’éloignant des limites de votre lopin de terre sans jamais les franchir. Qu’attend-t-elle ? Que vous répondiez aux critères de visite, c’est à dire que votre jardin soit suffisamment tentant pour qu’elle vienne y faire un tour. Et, une fois que c’est le cas, il faut la convaincre de rester, de devenir une habitante de votre jardin à part entière… Encore une fois avec d’autres critères.

Le plus compliqué dans cette démarche est de jongler avec l’espace que l’on a dans le jardin pour faire de celui-ci un équilibre suffisamment intéressant pour que les Piñatas viennent y faire un tour. Une fois que c’est le cas, c’est pour ainsi dire gagné puisque la Piñata reviendra inlassablement jusqu’à ce que vous remplissiez les conditions d’installation de cette dernière. Un exemple pour illustrer la démarche : l’Arocknid. Charmante petite araignée toute mignonne, cette dernière n’acceptera d’apparaître que si vous êtes un jardinier de niveau 6. Pour qu’elle se décide à venir vous rendre visite, vous devrez avoir 4 Tafflys ou 4 Raisants pour résidents. Et enfin, pour qu’elle se décide à emménager, elle devra en avoir mangés deux. Absolument, vous avez bien lu “mangé”. En fait, le monde de Viva Piñata fonctionne comme un réel microcosme qu’il vous appartient de gérer. Certaines espèces en mangent d’autres, quelques habitants ne se supportent pas… C’est toute une hiérarchie sociale qu’il vous faut coordonner avec précision sans quoi vous resterez bloqués.

Une fois votre Piñata installée, une seconde ne tardera pas à venir elle aussi afin que vous puissiez les faire se reproduire. La reproduction fonctionne en deux étapes : vous devrez d’abord répondre une nouvelle fois aux attentes des deux Piñatas pour que celles-ci acceptent de se reproduire (en l’occurrence pour nos deux Arocknids : avoir mangé deux Buzzlegums). Ensuite, il vous faudra résoudre un mini jeu (un petit labyrinthe en vérité) pour que vos deux Piñatas s’accouplent dans une chorégraphie pétillante. En plus d’augmenter votre “cheptel”, la reproduction d’une espèce représente une sorte d’accomplissement en soi puisqu’elle vous octroiera un certain nombre de points d’expérience. Si l’on observe bien, ce sont les pétales bleus qui apparaissent en haut à droite. Plus vous gagnez de l’expérience, plus vous montez en niveau et plus vous obtenez des améliorations d’équipement pour votre jardin. Obtenez ainsi une pelle plus efficace, un jardin plus grand, de nouveaux accessoires… De l’évolution de votre jardin dépend votre capacité à gérer ce dernier et c’est loin d’être une mince affaire.

Mes Piñatas sont des bandidas !


Dans ce titre de Rare, vous n’êtes pas seul pour autant. Vous regardez évoluer vos Piñatas dans votre petit jardin merveilleux, vous plantez une graine, vous surveillez deux Piñatas qui se battent mais vous avez également accès à un ensemble de protagonistes qui sont là pour vous donner un coup de main moyennant finance. Un charpentier qui viendra construire des bâtiments, une vendeuse qui n’hésite pas à tenter de vous arnaquer, un amoureux des graines qui passera tous les jours vous en donner de nouvelles pour rendre votre jardin plus complet et plus beau… Chacun a son utilité bien précise, chacun vous extorquera quelques pièces en chocolat. Parmi les plus importants de ces précieux “alliés”, le médecin qui vous sera indispensable pour soigner les Piñatas malades. Celles-ci peuvent tomber malade en perdant lors d’un combat (d’où la gestion minutieuse de votre écosystème) ou encore en se faisant attaquer par de méchantes Piñatas envoyées par votre ennemi de toujours, une sorte de Gargamel version aztèque.

Viva Piñata est un jeu au gameplay riche et varié passant par de nombreuses étapes. On crée son jardin que l’on optimisera chaque jour afin de faire en sorte que de nouvelles Piñatas arrivent, s’installent et vivent en harmonie entre elles. On cherchera à éviter l’apparition des ennemis ou à apprendre à les repousser. On cultivera baies et fruits pour s’enrichir afin de s’offrir de nouveaux éléments toujours dans cette optique d’améliorer la vie de nos Piñatas. Une Piñata épanouie vous rapportant plus d’argent (car oui vous pouvez les vendre), il devient vite indispensable d’être attentif à leur besoin au fur et à mesure que le temps passe. Et le jeu évolue en fonction de votre progression devenant un peu plus complet à chaque fois. Viva Piñata devient alors un savant mélange d’Animal Crossing, de Sim City et ponctué d’un soupçon très léger de Sims pour l’aspect relationnel des Piñatas.

Graphiquement, les images déjà disponibles le prouvent et sont mêmes loin d’être assez révélatrices du travail de Rare sur le titre. Sans atteindre le détail graphique d’un Gears of War, Viva Piñata a la chance d’associer une patte artistique réussie et un moteur graphique extrêmement propre. Il faut le voir pour le comprendre vraiment : l’herbe qui bouge lentement sous le vent, les arbres qui poussent sous votre arrosage attentif, la pluie qui arrose vos Piñatas… D’une fluidité exemplaire également, la caméra supporte d’être maltraitée sans broncher tandis que le jeu affiche des dizaines de plantes et de créatures en même temps alors que l’horizon s’étend à perte de vue. On appréciera également la partie audio de l’ensemble. Si les musiques ne sont pas des plus sidérantes (à l’exception d’une ou deux), celles-ci contribuent de manière discrète à l’immersion générale du titre. Toutefois, c’est principalement l’excellent doublage que l’on saluera de la part de l’équipe de localisation : d’une rare qualité celui-ci plonge le joueur dans la titre au point qu’il arrivera, fait suffisamment rare pour être signalé, que l’on ne passe plus certains dialogues une fois lus simplement pour profiter de la voix du personnage.

Le soft arbore aussi fièrement un aspect Xbox Live dans lequel vous pourrez à loisir envoyer des objets, Piñatas, accessoires et autres cadeaux à vos amis via un système de “poste”. Pas de visite du jardin de vos amis pourautant, ce qui rend cet aspect surtout gadget sans une bonne tripotée de compagnons possédant le jeu également. A noter également la présence de contenu téléchargeable qui, on l’espère, sera bien plus consistant que la poignée d’accessoires pour Piñatas déjà disponibles contre quelques Microsoft Points… Un peu ridicule. En terme de durée de vie, sachez enfin que celle-ci s’annonce conséquente puisque non content de proposer un gameplay solide, Viva Piñata cache également une histoire et tout un tas d’objectifs à suivre au sein même de l’aventure.

Que dire donc en définitive de Viva Piñata ? Une surprise, une excellente surprise quoique justement un peu trop surprenante. Si le titre possède un gameplay solide associé à une patte graphique originale, on ne pourra pas nier cette étonnante difficulté qui jalonne le titre et donc l’écarte du public auquel il semble destiné. Même s’il reste extrêmement accessible aux plus jeunes, ceux-ci prendront beaucoup de temps et de plaisir à peaufiner leur jardin sans pour autant atteindre le niveau d’un joueur un peu plus âgé et patient. Difficile donc et pas totalement dénué d’une certaine répétition lors des phases “creuses” de jeu, Viva Piñata dépasse donc les attentes de par la profondeur qu’on discerne derrière un habillage de fête chamarré.

+

  • Un gameplay riche et varié
  • Finalement plus subtil qu’il n’y paraît...
  • Un doublage français d’une rare qualité
  • Une patte artistique originale

-

    • ... Parfois trop subtil justement.
    • Une difficulté pointilleuse
    • Un mode Xbox Live trop léger
    • Une routine qui risque de s’installer