Jeux

Kelly Slater’s Pro Surfer

Sport | Edité par Activision-Blizzard | Développé par Treyarch

6/10
360 : 18 octobre 2002
24.10.2002 à 06h12 par

Test : Kelly Slater's Pro Surfer sur Xbox

S’il est une personne que j’envie sur cette terre, c’est bien Kelly Slater. Non mais mettez vous à sa place : il surfe les plus beaux spots du monde, est (super bien) payé pour, et en plus il peut se permettre de prendre son pied vu que sa technicité n’a désormais pas d’égal. Bon évidemment je ne parle pas des femmes, même si là il n’a pas toujours fait preuve de bon goût (P.A.)… Alors que voulez vous, lorsque j’ai compris qu’on me proposait de me mettre dans sa peau toute tannée, et qu’en plus le soft devrait se situer dans la lignée des Tony Hawk, j’ai immédiatement enduit mon pad Xbox de Wax et me suis attelé à la tâche.

Il est beau mon Tony !

La première chose qui sort de la bouche d’un être normalement constitué lorsqu’il s’essaie à Kelly Slater, c’est bien « Wouaaahhhh » (et s’il a en plus un penchant pour le surf, vous pouvez rajouter le filet de bave qui fait bien blaireau des dunes). Non seulement les vagues sont superbes, mais en plus leur dynamique est sans conteste la plus réaliste vue à ce jour sur console. C’est rapide, très fluide, et ça donne cette sensation de bête sauvage que n’offrait pas le moyen Transworld Surf. L’effet d’eau est saisissant, au point d’émerveiller vos pupilles à chaque découverte d’un nouveau stage. Mais bon, étant un gamer averti, vous vous rappelez qu’il serait opportun de se lancer dans le mode carrière plutôt que de zoner à admirer le décor.

De ce point de vue, on pourrait résumer le

contenu de Kelly Slater à 2 mots : Tony et Hawk. Car niveau gameplay,

l’innovation est tout de même proche du néant. Les modes de jeu sont juste super

éculés, la progression ultra connue (avec les objectifs et tout le toutim), et

la maniabilité encore une fois assez proche. Cependant, cette dernière n’est pas

totalement calquée sur l’aîné du bitume, et pour cause, puisque cette fois les

figures ne sont pas les mêmes, et surtout parce que l’environnement est

totalement différent. Ainsi, par exemple, le fait d’appuyer deux fois sur les

boutons X, Y ou B permet de rentrer des figures d’enchaînement, comme des carves

bien appuyés ou autres bottom turn. Autre chose, la gestion du tube, même si

elle empreinte la classique jauge d’équilibre, a le mérite d’innover un peu, et

surtout de retranscrire la préciosité et la complexité de cette manœuvre (on se

rappelle les tubes interminables de Trans. Surf). Mais bon, une fois sorti de

là, c’est blanc bonnet et bonnet blanc. En revanche, les divers bonus sont

toujours aussi appréciables (et présents en grand nombre !).


Maman il est bizarre le quarter pipe !

Ben oui mon chéri ! C’est normal, Il bouge !

Bon, c’est bien gentil madame de répondre aux questions

existentielles de votre enfant, mais ce qui nous intéresse nous, c’est de savoir

si tout cela bouge bien, et surtout si c’est maniable. Et bien oui madame, vous

ne rêvez pas, le Kelly est livré avec une maniabilité adaptée ! C’est très

péchu, le bellâtre répond au doigt et à l’œil, et surtout on enchaîne les scores

assez facilement (pour peu que l’on ait de l’entraînement sur Tony Hawk

évidemment). Seul bémol, la gestion des caméras. Conscients des soucis que les

maudites peuvent occasionner, les développeurs ont décidé de vous proposer non

pas une, mais deux caméras ! Attitude louable certes (car sinon le jeu serait

retourné aux oubliette), mais le résultat est loin d’être parfait. Car

malheureusement, les deux caméras souffrent d’un défaut assez gênant : elles

permettent difficilement d’anticiper la vague. Ainsi, leur positionnement trop

proche du surfeur rappelle un peu trop la maniabilité à la California Games, où

le seul plaisir était de rentrer des figures (et de survivre à la monstrueuse

vague qui déferlait). En fait, on se rend vite compte que l’accent a été mis sur

les figures, alors que les fans de ce sport auraient apprécié une troisième

caméra plus centrée sur les sensations de glisse. Ensuite, deuxième grief, on a

du mal à saisir la raison pour laquelle la caméra n’est pas plus évolutive.

Résultat, dans certains cas elle manque de naturel et empêche la bonne

réalisation des figures. Cela entraîne même parfois la chute par manque complet

de lisibilité. Bilan mitigé donc, même si la plupart du temps la maniabilité

reste exemplaire.


Petits regrets, et autres détails pour les passionnés…

Commençons par les spots. Ceux-ci sont au nombre de 15, avec quelques déclinaisons climatiques. On retrouve ainsi les grands noms du WCT (Teahupoo, Pipeline, Mundaka etc…) avec un plaisir certain. Et là je sens déjà les inconditionnels se dire : mon Dieu Teahupoo doit être énooorme ! ! Et bien malheureusement pas tant que ça… Certes les vagues affichent des formes différentes d’un spot à l’autre, et font preuve d’un mimétisme plutôt réussi de ce point de vue. Mais en revanche, la taille n’est jamais vraiment au rendez vous. Ainsi, Teahupoo n’a rien d’extraordinaire, Pipeline n’est plus Banzaï, et Jaws fait carrément rigoler, les vagues n’excédant pas les 3 mètres dans le jeu ( ! !). Premier gros défaut donc, le manque de réelles différences entre les spots. Ensuite, le positionnement à l’eau est complètement surréaliste. Sur ce point Transworld Surf faisait mieux, avec des vagues que l’on voyait arriver et qui avaient une vraie fin. Ici, on commence toujours au même endroit, le décor semble en 2D fixe (il l’est d’ailleurs, à la manière d’un Tekken), et la vague lève au dernier moment, comme surgissant de nulle part. C’est très étrange et assez malvenu tout de même… Enfin, dernier reproche, concernant l’algorithmique des vagues. Certes celles-ci offrent une dynamique sans égal. Mais il n’empêche que la sensation d’évoluer sur un élément scripté est beaucoup trop forte, surtout lorsque l’on considère l’importance de l’aléatoire dans ce sport. Bref, de ce point de vue le jeu fait perdre de sa superbe au sport.

Autre détail, il semble que les développeurs n’aient jamais goûté aux joies des conditions « glassy », moment de perfection où le plaisir de la glisse atteint son paroxysme. Résultat, on se retrouve toujours avec de beaux « clapots » dans le barrel, alors que la puissance de vagues telles que Teahupoo rend cela impossible… (je sais je chipote… Mais essayez par vous même, vous comprendrez).

Enfin, et c’est là une opinion personnelle,

ces chers businessmen de chez Activision auraient tout de même pu penser à la

Surfrider Foudation au lieu d’aller chercher Nokia. Atari l’a fait avec Trans

Surf, Activision aurait pu se le permettre, surtout eu égard des bénéfices

dégagés par la ligne de jeux « O2 ».

PS : il convient de préciser que la version Xbox reste

la mieux réalisée des 3, même si les différences ne sont pas énormes. La version

GC arrive 2ème.

In Fine (le latin ça fait tout de suite plus classe), on peut affirmer sans risquer le bûcher que Kelly Slater est bien l’avant-garde de ce que doit être un jeu de surf. Beau, jouable et fun, il se présente d’emblée comme l’ambassadeur tant attendu par les fans de surf qui s’ennuient ferme entre deux sessions. Mais vous l’aurez compris, la perfection n’est pas encore de mise, et le niveau de Tony Hawk pas encore atteint. Un très bon jeu, qui ravira les fans et charmera les joueurs méfiants. Perso, j’y retourne !

+

  • Sensations intéressantes et plutôt fidèles
  • Réalisation honnête

-

    • Vagues superbes, surfeurs un peu moins convaincants. Mais dans l'ensemble, c'est très beau. Je regrette juste le manque de puissance visuelle de certaines vagues
    • Très souple, mais encore trop proche d'un Tony Hawk. Cependant, la vague propose des techniques différentes des pipes.
    • Pour les fans elle sera conséquente, pour les autres le challenge s'avère très vite répétitif et sans originalité.
    • Bruits de vague corrects mais un peu mous comparé à la réalité. Musiques très agréables et dans le ton
    • Une véritable référence pour les surfeurs dans l'âme. Malgré un manque de différenciation par rapport à sa muse sur roulette, KS est un jeu qui ravira les amateurs de glisse.
    • Les surfeurs ont des attitudes crédibles et l'animation des vagues est de loin ce qu'on a vu de mieux dans le genre.
    • Sentiment de déjà vu par rapport à un Tony Hawk
    • Répétitif en raison d'un challenge vite éculé

Sur le même thème