Jeux

Panzer Dragoon Orta

Action | Edité par Sega | Développé par Smilebit

10/10
360 : 21 mars 2003
20.02.2003 à 07h36 par - Rédacteur

Test : Panzer Dragoon Orta sur Xbox

Dehors, il faisait un temps de chien, un de ces temps à ne pas mettre un chat dehors (pour éviter qu’il ne se fasse becter par les chiens, vous me suivez ?). A vue de nez, il était deux heures du matin. Le sommeil resserrait inexorablement son emprise sur moi et l’épisode d’Histoires Naturelles sur les fromagers du Vercors, déjà vu, l’assistait dans son entreprise. Il fallait pourtant que je résiste pour pouvoir livrer dans les délais le test du très attendu Panzer Dragoon Orta. J’avalais donc une gorgée de ce café infect qui traînait sur mon bureau depuis des lustres et me mettais au boulot, afin de déterminer si oui ou non la version finale tenait les promesses émises par la preview.

De la suite dans les idées

Pour ceux qui auraient passé les 8

dernières années dans un goulag en Sibérie, Panzer Dragoon Orta est le quatrième

épisode de la saga, et le troisième à se présenter sous forme de shoot, Panzer

Dragoon Azel étant un RPG. Les 3 premiers sont sortis sur Saturn, et la pauvre

Dreamcast n’a pas eu le droit à son épisode, Sega préférant sauter une

génération, peut-être à cause du faible succès commercial de la machine. C’est

donc sur Xbox que Panzer Dragoon fait son retour et vient redonner ses lettres

de noblesse au genre shoot’em up, un peu oublié depuis quelques temps et de

retour sous diverses formes depuis peu, que ce soit avec Contra sur Ps2, Ikaruga

sur GC ou ce PDO sur Xbox. Mais revenons à nos dragons, puisque c’est de cela

qu’il s’agit.



Un scénario abyssal

C’est un des nombreux points forts du jeu,

et sa complexité en fait un des scénar’ les plus balèzes que j’ai vu, avec des

ramifications et des subtilités qui ne seront accessibles qu’une fois le jeu

fini plusieurs fois. C’est quand même fort appréciable, surtout qu’en général

dans les shoots on zappe l’inutile introduction pour se consacrer au jeu. Je

vous explique le topo en quelques mots : Il était une fois un monde délabré, au

bord de la disparition, sur lequel un Empire (avec forteresses volantes et tout

le toutim) règne et contre lequel une rébellion se met en place. Vous, vous êtes

Orta, une jolie jeune fille aux cheveux blancs que beaucoup de monde semble

craindre pire que la peste, puisqu’elle est enfermée et enchaînée dans une

prison depuis sa plus tendre enfance. Vous la découvrez au moment où les

dragonmares de l’Empire (des sortes de dragons avec un « laser » sur la tête,

comme les auraient apprécié le Dr d’Enfer) s’abattent sur sa prison pour

l’occire une bonne fois pour toutes. Elle croit sa dernière heure arrivée, quand

apparaît le dragon emblématique de la série (celui avec une tête de scarabée)

qui la sauve inexplicablement. Le reste, je vous laisse le découvrir au fil de

vos parties, mais sachez que tout n’apparaîtra pas comme l’ange Gabriel, et

qu’il faudra réfléchir un bon coup pour comprendre et démêler tous les fils de

l’intrigue.



Une réalisation dantesque

Je m’étais dit : « Ok Ed, maintenant tu

leur parleras du gameplay. Les lecteurs ils aiment ça qu’on leur parle de

gameplay après tout donc autant le faire tout de suite, tu seras débarrassé… ».

Ca, c’était pendant le chargement du premier niveau. C’est alors que j’élaborais

ce plan machiavélique, un sourire dément aux lèvres, que je me pris un coup de

pied au cul d’une telle intensité que je fus au bord de la descente d’organe. «

Seigneur ! » me dis-je, « tu me rappelles donc à toi, si tôt, si jeune, dans la

force de l’âge ? ». Et bien, il me faut vous dire que nulle intervention divine

n’était responsable de mon état, mais que c’était bel et bien ce jeu, cette

galette de pétroleum amydoplastifié enfournée dans cette boîte de plasticus

noirodis, qui me faisait cet effet. C’est bien simple, dès le premier niveau on

sent qu’on a affaire à l’un des plus beaux jeux de la création, et à la fin du

jeu on en est persuadé. Smilebit à fait (comme pour Gun Valkyrie et Jet Set

Radio) un monstrueux travail de design et de réalisation, d’ailleurs les deux

sont indissociables dans PDO tant le design est au service de la réalisation et

vice-versa. Les niveaux sont tous plus magnifiques les uns que les autres, et si

certains sont un peu moins fournis que d’autres, ça ne signifie pas pour autant

qu’ils sont bâclés, ce léger dépouillement étant tout à fait cohérent avec le

scénario (par exemple le niveau du désert est désertique, c’est ce qu’on lui

demande, et encore l’effet de tempête de sable est assez bluffant). Je pourrais

aussi vous dire que les effets d’eau sont splendides, que les tirs et autres

effets de lumières dépotent un max et que les textures sont bien comme il faut

mais je ne le ferai pas. Ah, au fait, malgré le véritable déluge de polygones et

de textures engloutissant parfois l’écran, je tenais juste à signaler qu’il n’y

a jamais, au grand jamais, le moindre ralentissement. Mais même par un bébé

ralentissement vous voyez, genre qui se serait échappé de son berceau pour faire

l’intéressant, non même pas. Le tout est d’une telle fluidité qu’on en arrive à

penser qu’ils auraient pu en mettre 3 fois plus, c’est dire. Le seul petit bémol

concernant l’aspect technique du soft est l’effet d’explosion, un poil cheap

mais en même temps assez old-school pour rappeler les bons souvenirs qu’on a de

la Saturn (c’est un peu opaque ce que je dis mais ceux qui ont joué à la Saturn

me comprendront, les effets spéciaux étant un peu similaires à l’époque). En

conclusion on peut aisément dire que Panzer Dragoon Orta se hisse sans problème

dans le trio de tête des plus beaux jeux Xbox (techniquement parlant), et qu’il

est aussi un des plus beaux jeux (esthétiquement parlant cette fois) jamais

conçus.



Côté son, c’est globalement très bon, même

si je trouve certains thèmes moins magnifiques que d’autres, plus « synthétiques

» je dirais. Les musiques manquent un poil de puissance et auraient mérité

d’être un peu plus « grandioses » pour coller encore plus à la superbe du jeu.

Les voix sont absolument splendides et, dans cette langue créée spécialement

pour la saga (à la manière de Tolkien et la langue elfique), participent

pleinement à une ambiance déjà fort prenante. A noter aussi pour les amateurs

que le jeu est encodé en 5.1 et que par conséquent ils pourront profiter encore

mieux de la bande son en entendant les ennemis arriver, où qu’ils soient.



Un gameplay titanesque

La maniabilité de PDO est identique à celle de ses prédécesseurs, à quelques subtilités et innovations près. On chevauche toujours le dragon dans des décors précalculés et l’on ne peut choisir son chemin que lorsqu’on nous le demande (première nouveauté d’ailleurs, plusieurs embranchements sont disponibles au cours du jeu et ils influeront plus ou moins sur vos résultats de fin de mission) mais on peut tout de même diriger la bête sur l’écran afin d’éviter de s’écraser sur un mur ou un missile. Les ennemis arrivent de tous les côtés et l’on peut à loisir (avec les gâchettes) changer d’angle de vue à (par paliers de 45°) pour les annihiler en les lockant (passer le curseur sur eux en le maintenant les « accroche », et une fois le nombre d’ennemis voulus accrochés, y’a plus qu’à lâcher la sauce) avec les lasers du dragon.

Jusqu’ici rien de nouveau mais comme je vous l’ai dit, quelques subtilités de pilotage ont été ajoutées afin de donner plus de profondeur au gameplay.

Tout d’abord on peut noter l’apparition de touches d’accélération et de décélération (X et B). Si dans la majeure partie du jeu elles ne serviront qu’à éviter les missiles ou encore à laisser passer des obstacles volants, dans certains cas, pour les boss en fait, elles permettront de tourner autour dudit boss afin de se retrouver face à son point faible, matérialisé à l’écran par un petit curseur. On ne peut pas utiliser cette fonction à volonté puisqu’elle est dépendante d’une jauge qui se vide d’une unité (elle en comporte 2 ou 3 selon le dragon, voir plus loin) à chaque pression sur le bouton, il faut donc s’en servir avec parcimonie pour ne pas se retrouver au dépourvu.

Seconde grosse innovation, la

gestion des formes de dragon. Les développeurs ont en effet eu la riche idée de

rendre le dragon transformable à volonté (touche Y) en 3 versions très

différentes. Les 3 versions ont un tir d’appoint (avec le pistolet d’Orta), plus

ou moins rapide et précis. La première forme, celle que vous dirigerez au

départ, est assez homogène et propose une bonne puissance de tir ainsi qu’une

vitesse normale, le tout avec un bon nombre d’ennemis à verrouiller. La seconde,

très imposante, ne peut locker que 3 ennemis au maximum mais possède une

puissance de feu énorme. En contrepartie, sa taille l’empêche de pouvoir

accélérer et ralentir comme les autres, attention donc à ne pas faire de folies

avec. Le troisième modèle est tout petit (on dirait un mélange de mouche et de

colibri), très rapide (il a une unité de jauge en plus pour la vitesse) mais

relativement peu puissant et ne dispose pas du lock d’ennemis. A la place il ne

dispose que de son tir d’appoint, mais celui-ci est à tête chercheuse et

détruira tout ce qui passera dans le viseur sans que vous vous fatiguiez. En

plus de ses armes de base, chaque dragon dispose d’une sorte de furie, que vous

pourrez déclencher quand la jauge appropriée sera remplie et qui fera pas mal de

dégâts dans les rangs adverses. Un système de niveau et d’expérience a aussi été

mis en place, et par moments des pastilles vous seront distribuées, augmentant

par la même occasion votre jauge de vie, etc. Chaque dragon ayant ses forces et

ses faiblesses, il vous faudra apprendre à jongler avec les formes aussi vite

que le vent pour vous sortir le plus rapidement et facilement possible de chaque

situation. Très intéressant et diablement efficace pour atteindre les meilleurs

scores. Vous l’aurez compris, le gameplay de Panzer Dragoon Orta est à la

hauteur du reste, au sommet, tout simplement.



Une durée de vie en acier trempé

Premièrement, je tiens à rappeler à ceux

qui l’auraient oublié que le shoot’em up n’a jamais été un genre de jeu qui se

caractérise par une durée de vie monumentale, parce que quand je lis ça et là

que le jeu est trop court car il se finit en 4-5 heures ça me fait bondir

quelque chose de bien. Ok j’ai fini le jeu en à peu près une après midi la

première fois, mais c’était en mode facile et le mode normal est un challenge

tout autre croyez moi (je ne parle même pas du mode difficile). Une après midi

pour finir un shoot’em up en facile, croyez moi c’est vraiment pas mal du tout,

surtout vu la constellation de bonus qu’offre le jeu aux plus persévérants.

Cette pléthore de bonus est à consulter dans la Boîte de Pandore, objet de tous

les délits dans la mythologie grecque. Ici ce ne sont pas les maux qui y sont

renfermés mais plutôt les monts et merveilles que vous aurez débloqués durant

vos parties, suivant vos scores (établis selon le temps mis a finir le niveau,

le temps passé contre le boss ainsi que le score, une note de D à S vous étant

attribuée au final). Vous aurez le droit pêle-mêle à des artworks magnifiques

sur la saga Panzer Dragoon, aux cinématiques du jeu ainsi qu’à des épisodes et

épreuves supplémentaires. On pourra par exemple entrer dans la peau d’un jeu

garçon, fils d’un soldat de l’Empire tué par Orta et son dragon. Le jeune homme

entrera donc dans l’armée et passera ses classes, partira en mission contre la

rébellion et le dragon pour finalement être abattu par celui-ci et rejoindre la

rébellion. C’est passionnant à jouer et avoir un autre point de vue sur l’action

permet de mieux s’immerger dans le scénario, d’autant plus que la mise en scène

de ces épisodes est à la hauteur de celle du mode principal, c’est-à-dire

excellente. Comme vous le savez depuis un moment le premier Panzer Dragoon

(sorti en 95) est aussi présent en bonus, en version intégrale (avec sa longue

cinématique d’introduction) s’il vous plaît. Il y a donc énormément de choses à

débloquer et chaque partie bouclée rajoutera moult artworks et descriptions

diverses (chaque créature et objet est décrit avec précision, un pur bonheur

pour celui qui veut approfondir sa connaissance du scénario et du monde de PDO)

dans la Boîte de Pandore. C’est encore une fois, au risque de me répéter, un

grand plus pour le jeu et ça rajoute énormément à la durée de vie, déjà vraiment

bonne. Il faudra par contre persévérer pour remplir la boite, et il est clair

que ceux qui auront survolé le jeu, juste pour le finir par exemple, pourront

être déçus de la durée de vie. Mais Panzer Dragoon Orta n’est pas un jeu que

l’on survole, que ce soit dit.




Vous l’aurez compris, Panzer Dragoon Orta fait partie des 5 meilleurs jeux de la Xbox, et dans de nombreuses années, quand elle n’existera plus et quand Cryo dirigera le monde avec sa nouvelle console multimédia qui lira les étiquettes de babybel et qui maîtrisera la 4D, on ne pourra qu’être fiers d’avoir connu un tel jeu. Smilebit a tout mis en œuvre pour nous offrir une belle expérience et l’on ne peut que les remercier pour ça. Une telle réalisation, ornée d’une superbe bande-son (malgré ses faiblesses) et transcendée par un gameplay et une durée de vie excellents, ça donne un jeu qu’on n’oubliera pas de sitôt.

+

    -

      • De l'esthétique à la technique pure, tout est sublime. On ne l'oubliera pas de sitôt...
      • Parfaite, complète et facile d'accès, tout en restant évolutive.
      • Honnête pour un shoot'em up (la difficulté est relevée en plus). Si vous voulez débloquer les bonus, il vous faudra trimer pendant des heures et des heures.
      • Le "point faible". Les musiques sont très belles, mais pas inoubliables de la mort qui tue la vie.
      • L'histoire est magnifique, et absolument pas négligée pour un shoot. Emouvant presque...
      • Un des jeux les plus marquants de la Xbox, tout simplement.
      • Vu la profusion d'effets projetés sur l'écran, on se demande comment la Xbox fait pour afficher tout ça sans broncher une seule fois.