[Xbox - Japon] L’avis de Jeux Vidéo Magazine
Depuis son lancement, la Xbox n’a réellement convaincu qu’aux Etats Unis, sa terre natale. Depuis peu, elle refait son retard en Europe grâce à une correction d’un tir par trop ambitieux et mal calculé d’emblée. Au Japon en revanche, la Xbox ne décolle pas, mais compte tout de même un nombre d’unités supérieur à ce que d’autres machines étrangères avaient fait. Il n’empêche que certains mois, la Wonder Swan Color vend plus d’exemplaires que la bête de jeux de Microsoft… Pourquoi ? Quelques pistes.
Japon et protectionnisme
Une machine de jeux au Japon se doit d’être japonaise. Les Japonais ont toujours su défendre les valeurs nationales, et pour ce faire achètent du « made in Japan » dès que possible. Difficile pour les fiers américains d’accepter cet état de fait, même si le succès de la Xbox aux USA peut s’expliquer par la même volonté de défendre les couleurs de son pays, le « made in USA ». Reste que les japonais sont des joueurs comme les autres, sensibles à l’offre ludique d’une machine. Une offre trop pauvre à leurs yeux pour le moment.
Microsoft, l’éléphant et la porcelaine
L’hégémonie de Microsoft dans le monde de la bureautique, puis des jeux PC, a sûrement conforté le géant de Seattle dans des idées reçues mal venues sur un marché complexe. La Dreamcast a tout de même réussi l’exploit de disparaître avec un hardware convaincant et des jeux fantastiques. Aussi Microsoft a choisi de s’adjoindre les services de sociétés japonaises en tant qu’éditeurs tiers, les nippons ayant déjà boudé de nombreux supports américains (la 3DO ou la Jaguar par exemple). Mais le choix, parfois pas très judicieux, combiné à une largesse de moyens injustifiée, a conduit certains éditeurs japonais à profiter de la situation. Avec le gros chèque remis par Microsoft, on réalise un jeu moyen… Avec la « monnaie », on prépare des jeux pour des supports japonais, dont le parc installé intéresse forcément plus. A côté de cette maladresse, le choix des éditeurs n’a pas non plus été toujours brillant. Tecmo est plus reconnu hors de ses frontières (normal, vu les prétentions délirantes et le manque de modestie de Itagaki, père des DOA) que dans son propre pays, et les deals réalisés avec Sega ou Namco portent sur des titres moins prestigieux que ceux signés avec Sony.
Un line-up bancal
Lancer une machine du calibre de la Xbox au Japon avec comme tête de proue Nezumix, titre obscur à base de souris blanches, c’est courageux… ou stupide. Sous prétexte que les japonais ont des goûts parfois étranges, on les prive de Halo en day one. Un Halo qui n’aura pas droit aux honneurs qu’il mérite au Japon, là encore sur la base d’une idée reçue : les japonais n’aiment pas les FPS console. Ajoutons à ça des jeux de commande minables, tels que des RPG à la japonaise de seconde zone, des jeux de robots (excepté le prohibitif Tekki) foireux… Non décidément le lancement japonais n’a rien pour plaire. Peut-être que le réajustement de la filiale Microsoft au Japon (que les US estiment loin d’être compétente) aura des effets bénéfiques sur l’évolution de l’offre ludique de la Xbox au Japon. Bien sûr, un Virtua Fighter 4 Evolution aurait fait beaucoup de bien mais… Sega fait dans la rentabilité, pas dans le social !
Le constat actuel est très sombre du côté du soleil levant. Même des versions collector de la machine n’ont pas boosté les ventes comme prévu. Même des accords avec de grands éditeurs japonais n’ont pas suffi… Mais n’oublions pas que Microsoft fait ses premières armes sur le marché de la console, n’oublions pas qu’à ses débuts d’éditeur sur PC, catastrophiques, on n’aurait pas donné cher de sa peau. Microsoft est désormais premier éditeur PC ! Côté financier, difficile de trouver plus solide. Bilou ne vient pas en touriste, ni jeter un œil sur une industrie qu’on annonce comme plus forte en CA que le cinéma. Le Japon pliera forcément un jour, et cela passera par le déclic tant attendu par les fans de la Xbox : des jeux majeurs ! Une grosse licence, ou un jeu développé dans le calme et la sérénité. Pas une daube commandée sur six ou huit mois avec des intentions douteuses (Kakuto Chojin ?). Imaginons un instant que Virtua Fighter 4 Evolution sorte en fin d’année au Japon comme pionnier du Xbox Live : vu l’engouement sur place en arcade, on imagine sans peine les dégâts causés sur les autres machines. Pourraient suivre des titres plus ou moins spécifiques au marché, toujours on line, comme les derniers jeux d’arcade de Sega en arcade basés sur des cartes reader et le monde des courses hippiques ou du football. Arcade, puissance et connectivité sont les trois plus belles cartes à jouer de MS sur l’archipel. Ajoutez « XI » pincées de RPG et c’est prêt, vous avez LA machine pour s’imposer sereinement au Japon ! Bon courage Bilou…
Vincent Oms – Jeux Vidéo
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