Forza Motorsport-
Autant le dire de suite, la courte vidéo présentée durant la conférence Microsoft n’a pas semblé sidérer grand monde. Graphiquement assez proche de Project Gotham 2, Forza ne fait pour l’instant pas parti de ces jeux qui vous déboîtent la mâchoire au premier coup d’oeil. Mais là n’est pas l’intérêt puisque avant tout, Forza est un moteur de simulation aussi pointu que possible, cajolé par des développeurs passionnés de course auto et très expérimentés (certains se sont fait les dents sur Rallisport, Project Gotham, Midtown Madness ou Motocross Madness, des références dans leur genre).
Et c’est en effet la première chose qui frappe une fois aux commandes d’un bolide : Forza est vraiment difficile à prendre en main. Le poids des véhicules est fort bien retranscrit et freiner trop tard est immanquablement sanctionné d’une jolie sortie de route. La maniabilité lorgne bien évidemment du côté de Gran Turismo, mais on retrouve aussi quelques éléments bien plus réalistes tirés de F355, Grand Prix Legends ou Live for Speed. Je ne détaillerai pas ici l’incroyable souci de réalisme de l’équipe chargée du jeu (Studio RX), mais jetez donc un oeil à cette interview qui vous montrera que Forza est bien parti pour jouer dans la cour des grands.
Le seul problème que j’ai rencontré avec cette mise en bouche (rappelons qu’il est prévu pour le premier trimestre 2005) est l’absence d’impression de vitesse. Que ce soit en vue interne ou externe, le framerate est un peu bas et la vitesse d’animation trop lente pour arriver à faire ce que l’on veut de son bolide. Résultat, on roule à fond les ballons alors que l’affichage se traîne, et ce déséquilibre fait qu’on a un mal fou à appréhender les virages et donc qu’on se plante très très souvent. Le décalage entre ce que l’on voit et les vraies réactions de la voiture oblige à faire confiance aux développeurs et donc à espérer qu’ils planchent aussi sur la sensation de vitesse, une chose au moins aussi importante que le réalisme dans une simu automobile.
Niveau contenu, Forza semble plus que prometteur. On devrait disposer de plus d’une soixantaine de caisses sous licence (ndshann : on parle de davantage maintenant), un nombre qui peut paraître faible face aux centaines de bolides disponibles dans Gran Turismo ou dans Sega Gt, mais tout à fait suffisant quand on sait que chacune des voitures bénéficie d’un travail énorme pour retranscrire fidèlement son comportement (on peut aussi supposer que notre garage s’agrandira à l’aide de mises à jour via Xbox Live). Aussi on n’oubliera pas que contrairement à Gran Turismo, les bolides subiront les déformations consécutives à votre conduite alarmante ou à des adversaires un peu trop véhéments. Les pistes seront nombreuses, sous forme de circuit ou de route classique (mais sans trafic), certaines étant des reproductions fidèles de tracés existants, à l’instar de Laguna Seca ou de Nurgburgring.
Comme cela avait été annoncé à l’E3 et répété dans l’interview, l’IA des concurrents est au centre des préoccupations des développeurs. Elle devrait être très performante puisqu’elle sera soumise aux mêmes règles que le joueur et qu’elle pourra commettre diverses erreurs suivant le niveau de difficulté que vous aurez choisi.De plus, l’IA est intelligente et apprendra à comprendre la physique de la voiture au fil des tours, n’ayant pas besoin de script pour avancer. De quoi dire adieu aux troupeaux en file indienne de Gran Turismo.
Composante essentielle de tout jeu de caisse moderne, la partie réglages rassemblera amateurs de tuning et férus de mécaniques, puisque vous ne devrez pas vous contenter de modeler votre véhicule selon vos goûts artistiques, mais serez aussi forcés de mettre les mains dans le cambouis pour tirer la substantielle moelle de vos acquisitions. Avec plus de 40 points de modification, on devrait avoir de quoi se lâcher et enfin prouver au monde qu’on sait faire autre chose que tuner une R5.
Techniquement, Forza fait en revanche une impression mitigée, visiblement à cause du développement encore loin d’être terminé. A l’heure actuelle, on constate quelques trucs sympas (jolis reflets, peinture qui s’érafle et qui reste collée aux barrières de sécurité…) et la modélisation des bolides est très classe, mais rien d’époustouflant. D’autant plus que le jeu « ramouille » un peu et que, comme je le disais plus haut, la vitesse d’animation est très loin d’être convaincante. On se gardera de juger le jeu en l’état vu le temps qu’il lui reste, mais on espère bien qu’un effort sera fait pour nous proposer une simu pointue ET rapide.