1st Look

06.09.2004 à 09h53 par

Fable, la preview

Après un premier essai furtif et donc frustrant d’Ed Warner à l’E3, je n’attendais que de pouvoir me poser tranquillement sur une console pour essayer l’arlésienne par excellence sur Xbox. Inutile de dire qu’avec l’obligation de jouer avec des personnages déjà évolués (et donc non personnalisés, le concept même du jeu), la courte présentation de l’E3 n’avait pas permis de se faire un avis sur le titre. Aujourd’hui, avec une bonne heure et demie passée sur le titre évènement des frères Carter, y’a de quoi rassurer les pessimistes.

« Bonjour, je viens pour la présentation de Fable »

Soyons clair, je n’ai jamais vraiment porté attention aux infos

et dossiers traitant de Fable. Face à un tel projet, j’étais persuadé que je ne

pourrais être que déçu et qu’en savoir trop serait préjudiciable à mon plaisir

lors de la première partie (j’ai l’air fin de vous dire ça alors que vous faites

en ce moment même précisément ce que j’ai évité…). C’est donc assez vierge de

tout préjugé que j’ai pu m’essayer à cette version quasi finalisée (95% du

développement). Celle-ci s’ouvre sur une sorte de « stage zéro » servant

d’introduction à l’histoire durant lequel on se familiarise avec le concept de

bonne et mauvaise action. On y incarne le héros en tant qu’enfant (celui-ci vous

est imposé, la personnalisation se faisant au fil du jeu) et on fait face à ses

premiers choix : accepter ou non de l’argent en échange de la promesse de ne

rien dire à la femme d’un villageois adultère, ou encore protéger un morveux

malmené par un gamin un peu despotique sur les bords. Pour chaque bonne action

votre papa vous offre une pièce, dont l’économie vous permet d’acheter le cadeau

de votre soeurette. Et là patatra ! Les méchants débarquent, massacrent tout le

monde, brûlent les maisons, jouent au Pictionnary avec les entrailles de

l’épicier et surtout… déciment votre famille. Etant vous-même le seul survivant,

le chef de la Guilde vous laisse la vie sauve et décide de vous enrôler pour

tout vous apprendre. Evidemment, votre ressentiment ne vous quittera jamais, et

on devine que sommeille en vous un désir de vengeance intarissable. Le décor

planté, la fable peut s’ouvrir sur le tutorial vous familiarisant avec les

combats et autres éléments de gameplay.

Un gameplay plutôt classique

Finalement le gameplay de Fable est assez classique (comment ça

je l’ai déjà dit dans le titre ?!). D’un côté le système de combats, basé sur un

choix de l’action par la touche, s’avère au départ très simple. Chaque couleur

du pad correspond à une action, comme par exemple un coup d’épée avec le bleu,

une magie avec le vert etc. Cependant avec vos évolutions les possibilités

s’étoffent bien évidemment et un système vous permet de choisir, en temps réel

et sans passer par un menu, un groupe de 3 actions qui sont attribuées aux 3

boutons d’action (par exemple : magie – attaque – défense ou alors magie – coup

spécial 1 – coup spécial 2). Bien qu’un peu déroutant au départ, ce système

offre la possibilité de ne pas perdre de temps et donc de conserver

l’intensivité du combat. Par ailleurs, on passe facilement d’une épée à un arc

ou une arbalète avec les boutons noir et blanc, et la « rugby attitioude » ne

payant que peu il faut habilement se servir de la garde. Bref, tout ça rend les

combats de Fable à la fois très complets et très péchus, évitant de fastidieux

menus pour jouir d’une grande variété d’attaques. D’un autre côté, les

statistiques classiques des jeux de rôle restent la clef des évolutions et

possibilités que votre expérience, acquise à chaque ennemi vaincu, vous permet

d’obtenir.
Niveau interaction avec les PNJ et l’univers, les possibilités

sont vraiment grandes, et c’est là que Fable devrait puiser sa profondeur. Vous

pouvez provoquer un peu n’importe qui en lui pétant à la gueule (dommage, il n’y

a pas de petit nuage nauséabond renforçant le sentiment d’ignominie), vous

pouvez shooter les poules qui traînent, vous marier autant de fois que vous le

désirez si la lumière rayonne autour de vous (en revanche c’est ceinture pour le

côté obscur) et même dépuceler chacune de vos conquêtes ; et si l’envie de vous

saouler la gueule au troquet du coin vous prend il ne vous en coûtera qu’un peu

de volonté (liste très peu exhaustive). Le jeu est d’ailleurs rempli de stats

permettant de tout comptabiliser, comme le nombre de fois où on a pris une cuite

(désolé pour les junkies en herbe, ça s’arrête à l’alcool). Bref, on nous avait

promis une interaction de malade avec l’univers, et on l’a, même si elle semble

évidemment moins profonde qu’aux débuts du projet. Ceci étant, Fable s’annonce

extrêmement complet de par les possibilités qu’il offre, et le fait que chaque

acte soit comptabilisé et influe sur votre physique et votre réputation devrait

renforcer le sentiment que la quête poursuivie est unique et personnelle.

D’ailleurs, comme cela avait été annoncé, votre look général dépend largement de

vos activités, puisque vous bronzez au soleil ou au contraire pâlissez à force

de rester dans une grotte, que vous grossissez si vous outre mangez, ou encore

que vous devenez poilu du dos si vous basculez du côté obscur (ce qui me fait

penser que mon tonton Jacques doit pas être super expert en B.A. pour arborer

une telle pilosité dorsale).

Le fond, la forme, la classe

Maintenant, ne perdons pas de vue qu’il nous a été possible de

ne jouer qu’assez peu au jeu et qu’il est impossible pour l’heure d’affirmer que

sur la longueur Fable saura tenir le joueur en haleine, alors que la durée de

vie annoncée est de 20h (40h si on fait toutes les quêtes). Car visiblement si

le choix est possible, j’avoue une légère crainte que ce choix offert au joueur

ait été considéré comme une fin en soi dogmatique et non comme quelque chose de

déterminant pour l’histoire elle-même, au demeurant plutôt linéaire si l’on en

croit nos premières impressions. Par exemple, il est possible de se marier avec

qui l’on veut (homme ou femme ou les deux, on a pensé à toutes vos lubies), et

autant de fois que l’on veut… mais avoir 56 femmes et 36 concubins est-il un but

en soi ? Il reste donc pour le moment difficile d’évaluer la vraie profondeur du

jeu, et Fable pourrait n’être qu’un jeu classique avec des éléments ambitieux et

non un jeu ambitieux dans lequel s’est immiscé un peu de classicisme.
En

revanche, s’il est un point sur lequel on peut d’ores et déjà lui envoyer des

roses, c’est bien sa réalisation. Qu’il s’agisse des décors, des personnages,

des armes ou des monstres, la modélisation et la finesse esthétique de Fable

atteignent juste des cieux assez rarement vus sur ce type de jeux. Sans compter

que toutes les évolutions de personnages sont à la fois belles et évocatrices,

et il faut bien reconnaître que bon ou mauvais le héros a toujours la grande

classe (certes, quand il se retrouve en sous vêtement et sobrement rehaussé d’un

casque, ça le fait moins, mais au moins ça rafraîchit Popol).Textures très

belles, couleurs chatoyantes, et en plus animations sublimes, pas de doute Fable

en jette et on sent que l’équipe a tiré un maximum de la Xbox, qui tourne de

façon assez constante à 30 images par seconde (on note cependant quelques

ralentissements lors de certains combats). En outre, l’ensemble est bercé par

des musiques juste divines qui ont de quoi immerger le plus blasé des joueurs,

avec des partitions oniriques et mélodieuses du plus bel effet (on sent que Dany

Elfman est passé par là). Bref, à de nombreux égards, après cette heure et demie

de jeu, il semble clair que la version définitive sera au pire un excellent jeu

d’action RPG, le meilleur sur Xbox pour le moment, voire pourquoi pas une

référence du genre.

Longtemps fantasmé, Fable risque donc dans un premier temps de décevoir les fans les plus férus. Non Fable ne semble pas aussi démesuré qu’escompté, mais oui il est bien parti pour faire sensation à sa sortie. Car finalement à défaut d’avoir LE jeu qui révolutionne le jeu vidéo, on est clairement face à un titre d’exception, à la finition dantesque et au charme ravageur. Fable sera un très bon jeu, c’est certain. La version finale nous dira s’il s’agit même d’un très grand jeu… en attendant je suis bien tenté de dire que les belles fables, moi j’y crois.

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