PlayStation 3 vs Xbox 360 : 1 – 0 ?
On le sait tous, Sony est expert en communication, et Microsoft
ne l’est toujours pas. Cela s’est largement ressenti pendant l’E3, et à ce jour
Sony s’est payé la Xbox 360 «sans vaseline» dans les médias. Pourquoi ? Tout
simplement parce qu’avec un graphique de Téra flops montrant que la Xbox 360
était «deux fois moins performante» (sur ce point précis), et quelques vidéos
pas du tout ingame, Sony a convaincu la plupart de la «large» surpériorité
technique de sa console.
Et c’est bien le terme large qui pose problème. Depuis une
quinzaine de jours, on voit fleurir nombre d’articles ou reportages qui
insistent sur le fait que la PlayStation 3 est «deux fois plus puissante que la
Xbox 360″. On l’a vu ou entendu chez TF1, 20 minutes ou MCM, mais le mouvement
est quasi général. On a même pu lire dans l’article de 20 Minutes une
confirmation par un «spécialiste» du milieu, Sébastien Pissavy (rédacteur en
chef de Jeux Vidéo.com), que «les démos présentées à l’E3 nous ont vraiment
bluffés. Côté technique, la PS3 est largement au-dessus de la Xbox 360″. Nous
avons contacté Sébastien Pissavy, il nous a répondu mais n’a pas souhaité que sa
réponse soit publiée. Tout ce qu’on peut vous dire, c’est qu’il n’a aucune
information supplémentaire que vous et moi…
Quand même, il serait de bon ton de tempérer un peu tout ça. La
PlayStation 3 sera plus puissante que la Xbox 360, c’est un fait, et c’est
normal étant donné que Sony mise énormément là dessus et sortira sa console 6
mois à un an plus tard que Microsoft. Le souci, c’est qu’à l’heure actuelle il
est totalement impossible de dire si cette différence sera «large» ou «deux fois
plus importante». On ne mesure certainement pas la puissance d’une console à ses
seuls calculs en virgule flottante, et si le hardware de la PS3 est très
prometteur, il n’en reste pas moins qu’il est impossible de faire de vrais
benchmarks tant que personne n’a les deux supports finalisés. Car pour le
moment, personne ne les a, et pour cause, aucun n’est encore terminé.
Mais voilà, Sony a largement réussi son coup, et Microsoft
s’est littéralement fait manger vis à vis du grand public. On reconnaît là
parfaitement la stratégie alors mise en oeuvre par Sony pour enfoncer la
Dreamcast (qui a très bien fonctionné), et très franchement il est étonnant que
Microsoft se soit laissé faire à ce point. Car ne nous y trompons pas. Si nous,
joueurs, jugeons une console par ses jeux, le grand public lui retiendra surtout
à la sortie de la Xbox 360 que très bientôt une console deux fois plus puissante
sortira, fabriquée en plus par l’actuel leader du marché et donc forcément
performante. Non seulement la PlayStation est déjà extrêmement populaire, mais
en plus la marque rend crédible le message de la surpuissance aux yeux de pas
mal de monde.
Donc, que reste-t-il à Microsoft ? Pour le
moment il lui reste l’avantage
de ne pas être aussi nul que
Sega en lancement de console (enfin je dis ça, en Europe c’était
la catastrophe sur la première Xbox). Notons tout de même que la Xbox 360 a
un fort pouvoir de séduction (bien plus que la Xbox), et que le fait d’avoir su
conquérir un bon noyau de gamers avec la première Xbox lui offre l’avantage de
pouvoir tabler sur un lancement réussi si le line up suit. Il s’agit là d’une
différence majeure entre la 360 et la Dreamcast, puisque Sega à l’époque n’avait
pas su capitaliser sur sa Saturn, et repartait de zéro. Aujourd’hui Microsoft
est devenu très menaçant pour Sony, et la Xbox a convaincu suffisamment de monde
pour que sa suivante soit attendue avec intérêt et impatience.
De plus,
il est plus que probable que la différence graphique entre les deux consoles
soit loin d’être aussi grande qu’annoncée, et que la simplicité de développement
sur Xbox 360 offrira rapidement de bons et beauxjeux à la 360, ce qui est
l’essentiel.
Enfin et surtout, il lui reste une offre de services vraiment
excellente, notamment avec une personnalisation de sa console et de son Xbox
Live qui devrait faire fureur en plus d’être largement plus au point que le
système de Sony. Microsoft a pris beaucoup d’avance sur ce secteur, et il est
clair que cela devrait payer. Problème: il reste à voir s’il s’agit
vraiment d’un facteur clé de succès aussi important qu’on le croit à Redmond,
point sur lequel on serait bien naïf d’avoir quelconque certitude.
Bref, Microsoft voulait l’avantage de jouer le premier ses
billes. Sony lui a répondu, et plutôt bien. Après une annonce fracassante de la
PlayStation 3, le géant japonais semble avoir réussi à réduire cet avantage à
une fine peau de chagrin, en créant une nouvelle fois le hype autour de sa
future console. Bien évidemment, en tant que joueurs si Sony parvient réellement
à nous faire jouer à des jeux du niveau de Killzone 2, on en sera les premiers
ravis. Personne ici n’a d’action dans la Xbox, et c’est bien le plaisir de jeu
qui comptera au final. Néanmoins on ne peut que regretter que la stratégie mise
en oeuvre avec la PlayStation 2 fonctionne encore, car elle n’a rien de positif
pour notre industrie en focalisant la lutte sur du hype plus que sur du vrai
contenu. Et surtout, «chat échaudé craint l’eau froide», et nous ne pouvons que
rester méfiants à l’égard des nombreuses annonces de Sony après
lamythomanie qui régnait autourde la PlayStation 2 à son lancement.
Mais la bataille se fait aussi largement au niveau du grand public, et sur ce
point Sony est resté l’expert que l’on connaît.
A ce stade, il est donc clair que Sony a
pris l’ascendant sur le premier round.
PlayStation 3 vs Xbox 360 : 1 – 0.
On attend le deuxième
avec impatience, car le match est très loin d’être terminé.