E3 : le pourquoi du comment
Internetrévèle l’affaire
L’histoire commence samedi avec une première news sur le site du magazine MCV, révélant que despourparlers ont lieu entre l’ESA et les éditeurs de jeux, dont le leader mondial Electronic Arts, à propos des futurs coûts découlant de l’E3. A ce moment il n’est pas encore question d’un lifting, néanmoins une source interne livre un témoignage sans équivoque sur le sérieux de la situation.
"Les coûts ontéchappé à tout contrôle. Nous parlons de dizaines de millions de dollars pour certains [éditeurs]. Mais ce n’est pas que l’emplacement des stands bien sûr, ce sont les événements promotionnels, les hôtels, les vols en avion… La sécurité, en particulier, est devenue très coûteuse."
C’est ensuite Next-Gen, partenaire de MCV, qui enfonce le clou en dévoilant un jour plus tard, le dimanche,que les discussions ont débouché sur le désengagement des gros éditeurs, l’ESA n’ayant pas réussi à trouver de terrain d’entente. Seulement voilà : sans les leaders de l’industrie, l’E3 n’est plus un salon majeur. Les autres éditeurs ne bénéficiant plus de la promiscuité (gage de publicité) de ces derniers décident alors de ne pas se rendre à l’E3 2007. Plus de gros, plus de petits,la réaction en chaîne est terrible et marque un coup d’arrêt pour l’ESA, forcé de revoir sa copie en profondeur et de proposer autre chose, sous peine de tout perdre.
C’est dans ce climat propice aux rumeurs (on parle d’annulation complète) que Douglas Lowenstein s’adresse à la presse. Un discours langue de bois à la sauce édulcorée qui tente tant bien que mal de cacher la crise interne menée par les éditeurs. Les explications du président parlent bien de coûts désormais inutiles, mais rien n’est dit sur la révolte qui a précipité les évènements et provoqué cette soudaine conférence de presse.
"Il n’est plus nécessaire ou rentable pour l’industried’avoir un seul "mega-show". En se reconcentrant sur un événement allant à l’essentiel, nous pensons que nous pouvons faire un meilleur travail pour servir nos membres et ceux de l’industrie dans son ensemble." déclare Lowenstein.
Des changements radicaux
Dès lors, et commeon pouvait le supposer,il apparaît officiellementqu’une nouvelle version de l’E3a été mise au point, laquelle serait plus à même de satisfaire les nouvelles exigences des éditeurs (c’est d’ailleurs par vote, sur proposition de Lowenstein, que le choix aurait été fait). Les infos ne tardent pas à tomber puisque Next-Gen rapporte dans la nuit de lundides propos tenus par Lowenstein dans les lignes du Wall Street Journal. La première est de taille : l’exposition changerait de nom, devenant l’"E3 Media Festival". Mais les nouveautés ne s’arrêtent pas là puisqu’on apprend que le salon sera déplacé de mai à juillet (volonté de donner plus de temps aux développeurs pour rendre leurs jeux prévus en fin d’année"présentables")et ne se tiendra plus au colossal Convention Center mais dans deux grandshotels de Los Angeles. De fait, la capacité d’accueil sur toute la duréede l’expopasseraitde 60.000 (chiffres de cette année, déjà en diminution par rapport à 2005) à 5.000 personnes seulement. Rien à voir donc avec les images de l’énorme hall des expositions bourré à craquer de ces dernières années.
L’E3, quelque soit sa future appellation, n’aura donc plus le même visage à partir de l’année prochaine. Un changement qui, si l’on en croit un article paru sur GamesIndustry, doit beaucoup à Electronic Arts. Le tentaculaire groupe américain, au rôle toujours plus prépondérant, ne cachait pas en mai dernierque les coûts liés à l’exposition étaient trop élevés et dérangeaient sa stratégie. Un avis qu’on devine partagé par les autres cadors de la publication numérique, en particulier les trois constructeurs de consoles, Sony, Microsoft et Nintendo. Tous devaient casser leur tirelire pour bien figurer au mois de mai. En effet, comme le note Next-Gen, un E3, ce n’est pas qu’une conférence avec des tatouages Haloet des canards de bain, deux jours sur un stand avec des filles nues et puis basta. C’est toute une stratégie événementielle à mettre en branle, des structures à acheminer et à construire etdes jeux à finir au moins partiellement pour faire bonne figure. L’écho médiatique, bien qu’important, n’était apparemment plus suffisant pour compenser une telle débauche d’énergie et de moyens, d’autant que les éditeurs peuvent à présent compter sur les salons qu’ils organisent eux-mêmes et où ils sont certains d’occuper quoi qu’il arrive le devant de la scène,comme Microsoftavec son X0.
Pouvait-on s’attendre à un tel séisme ? Au delà de l’évidente surprise, plusieurs éléments, avec le recul, paraissent aujourd’hui enêtre les prémisses, comme la sus-citée baisse de fréquentation, qui était passée de 70.000 personnes en 2004 à 60.000 en 2005 en raison de quotasmis en place afin d’éviter de trop fortes affluences. Il y eut aussi la nouvelle réglementation concernant la tenue des hôtesses des stands, qui, dans une moindre mesure, amorçait un assagissement, une volonté d’évacuer le surplus de superficiel.
A voir
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