Wii vs. 360 et PS3 : les dirigeants ne sont pas d’accord
Chacun a sa petite idée sur la question, la fameuse question, à savoir qui va gagner la guerre des consoles. Il y a quelques mois, on s’attendait à une PS3 souveraine et beaucoup nourissaient de gros doutes sur le potentiel de la Wii. A présent c’est l’inverse : on se demande comment la première va faire pour rattraper son retard sur la seconde. La 360, elle, bénéficie toujours de sa précieuse année d’avance, et se trouve donc être la console Current-Gen (on va arrêter avec "Next-Gen" maintenant, il serait temps) la plus répandue, mais pas la plus dynamique, puisque Nintendo emporte tout sur son passage en ce moment.
Pour les éditeurs tiers, le problème est de taille. Il s’agit de miser sur le bon cheval pour faire un maximum de chiffre et continuer le business bon pied bon oeil. Or, les trois acteurs du marché présentent des différences importantes. La Wii a, on le sait, un gros déficit de puissance comparé aux deux autres, la PS3 et la 360, sur lesquelles il n’est pas non plus très aisé de faire du multisupport, en raison des spécificités de leursarchitectures hardware. Il faut donc faire des choix. Où développer son jeu ? Faire un soft magnifique, jouer sur la HD et le online, mais se priver du public grandissant de la Wii ?Se résoudre à faire du casual gaming, au détriment des grosses productions plus chatoyantes, faciles à mettre en avant et bonnes pour l’image de marque? Sacré dilemme.
Certains osent trancher, comme Scott Steinberg,vice-président du marketing chez Sega US.Pour lui, la Wii n’est pas un investissement sûr à long terme.
"La Wii va commencer à accuser le coup dans un ou deux ans, quand les développeurs tireront parti des capacités de la 360 et apprendront à exploiter la PS3." a-t-il confié à Reuters, avant de carrément remettre en question l’inventivité des développeurs de jeux. "Comment vont-ils faire pour créer des choses qui ne soient pas du déjà vu ?" questionne-t-il.
Même si, sans surprise, Steinberg vient de revenir sur ses propos en assurant que Sega "soutenait la Wii", fruit d’un "remarquable travail", le mal est fait. D’aucuns sont du même avis : la Wii ne pourrait être qu’un effet de mode, qui accusera bientôt un tel retard technique que les gens se tourneront vers les PS3 et 360 qui, dans l’intervalle, auront baissé leurs tarifs, encore trop élevés aujourd’hui.
En face de ceux-là, ily a ceux qui défendent la Wii et attaquent la stratégie "course aux armements" de Microsoft et Sony. Yoichi Wada, PDG de Square Enix, est de cet avis.
"Il y a trop de spécificités, et vous avez besoin d’une télé haute définition, d’une connexion internet haut débit et d’une grande connaissance du monde du jeu vidéo. Ces consoles [NDLR : la 360 et la PS3] ne sont pas adaptées à la situation actuelle du marché." assène-t-il dans les lignes du Financial Times, pour conclure que les deux machines ont besoin de coûter moins cher. Des baisses qu’il attend pour dans un à deux ans, mais dont Sony et Howard Stringer commencent déjà à parler. Serait-ce pour bientôt ?
En tous les cas, ces deux positions illustrent bien la tendance actuelle. La Wii surprend, mois après mois, et faits’interrogeraussi bien ses concurrents (avons-nous fait les bons choix ? Que faire pour attirer les joueurs qui s’amusent sur Wii ?) que ceux qui la fournissent en jeux (que développer sur Wii ? Comment ? En combien de temps ? Et en quelles quantités ? Et doit-on continuer d’investir autant sur PS3 et 360 ?). Et dans un marché aussi incertain que celui du jeu vidéo, il est difficle de jouer les prophètes et de deviner comment la situation va évoluer.