Blue Dragon
Une surprise nipponne, ni mauvaise
La première chose qu’on remarque en démarrant la version preview de Blue Dragon – qui reprend l’intégralité de ce que proposera le premier des trois DVD contenant l’aventure, dans un état d’avancement quasi-définitif – c’est que, contrairement à ce qu’avaient fait croire les informations données par Sakaguchi lors de la dernière Game Developers Conference, le jeu contient les doublages d’origine en japonais. Miracle de la compression de données, ils devraient donc bel et bien être disponibles sur la mouture commerciale du soft, une nouvelle que les fans de mangas devraient apprécier. Comme prévu, une VF complète est elle aussi accessible. Si on salue sans problème l’initiative et les efforts qu’elle a dû nécessiter (les JRPG traduits intégralement, ça ne court pas les rues), sa réalisation déçoit avec des voix qui manquent sensiblement de conviction. Ce n’est pas un ratage complet, dans le sens où les dialogues se laissent écouter, mais, vraiment, la VOST sous-titrée restera sans doute le meilleur choix, comme on s’y attendait pour être tout à fait honnêtes. Chacun pourra tester et déterminer ses préférences sans crainte, puisque le menu des sauvegardes permet de switcher à tout moment entre voix japonaises, anglaises et françaises.
This old Blue Magic
C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes, comme dit l’adage. Ca ne s’adapte pas toujours bien aux jeux vidéo, mais c’est clairement de ce postulat que part Blue Dragon. Résolument classique, le soft de Mistwalker fait remonter tout un tas de souvenirs à la surface, dans le sens où on a réellement l’impression de jouer à un vieux RPG Square de la fin des nineties. Avec des graphismes évolués, cela va de soi. On retrouve donc du combat au tour par tour très peu déroutant avec diverses attaques et magies à utiliser. Les développeurs ont fait le choix de la visibilité, on n’a donc aucune limite de temps pour lancer une attaque et les tours sont clairement affichés en haut de l’écran de jeu. En général, la clé du succès est de repérer le point faible de l’adversaire et d’appuyer là où ça fait mal tout en gérant correctement son équipe, avec des personnages centrés sur l’attaque et d’autres sur le soutien, pour recharger les jauges de mana et de vie. Il existe environ dix classes à attribuer aux cinq personnages qui se rajoutent petit à petit au groupe de héros de l’histoire. Elles permettent d’accéder à des pouvoirs propres à chaque classe, et on peut en changer à tout moment, mais récupérer les aptitudes les plus puissantes demande bien entendu de conserver sa classe le plus longtemps possible afin de gagner des niveaux supplémentaires au combat. Pour doper ses capacités, on peut s’équiper de bijoux magiques qui ont pour effet d’améliorer un ou plusieurs secteurs de compétences (bonus de force, de défense, etc.). Oui, oui, c’est horriblement classique, mais également bien équilibré et accessible.
Malgré l’impression d’être en terrain (très) connu, deux particularités sautent aux yeux : d’abord, la présence visible des ennemis dans les niveaux, et donc l’absence des combats aléatoires considérés comme une plaie par toute une caste de fans. Le petit plus apporté par Blue Dragon est la possibilité d’engager plusieurs adversaires ou groupes d’adversaires par le biais d’une commande très simple, et d’influer sur le combat à venir, soit en utilisant un sort dédié (certains permettent de se débarrasser rapidement des ennemis les plus faibles), soit en attaquant le premier avec X, ce qui donne l’avantage de débuter les hostilités une fois le tour par tour engagé.
Ensuite, pendant les combats, on remarque que certains coups ou sorts peuvent être chargés, c’est-à-dire qu’on peut les préparer pour les rendre plus puissants, à la condition de sauter quelques tours. Le tout s’effectue via un mini-jeu de précision, jolie trouvaille pour éviter de rendre les affrontements trop monotones.
On regarde et on se tait
La plupart d’entre vous l’auront constaté en regardant les images et vidéos disponibles depuis bien longtemps sur la toile : Blue Dragon est un jeu magnifique. Sans en faire trop, il parvient à offrir des décors d’une grande richesse et d’un esthétisme rare,lequel va en s’améliorant à mesure qu’on progresse dans l’aventure. Quelques zones «vides» sont à déplorer, mais globalement, on peut difficilement trouver à redire, avec des couleurs qui explosent l’écran, dans le bon sens du terme, et des niveaux plein de poésie, entre cavernes à cristaux, machines anciennes et chateau majestueux.
Question scénario, après une entrée en matière musclée, quelques longueurs sont à déplorer. L’histoire peine à se mettre en route et certaines cinématiques manquent de peps. Heureusement, là aussi, cela va en s’améliorant, et de notre côté, après 18 heures passées sur le DVD, on enrage de ne pas pouvoir continuer pour connaître la suite. A noter les excellentes compositions de Nobuo Uematsu, qui, c’est officiel, n’a pas perdu la main.