Sony critique les politiques d’exclusivités Xbox 360 et Wii
On avait besoin de faire monter la pression avant l’E3, Jack Tretton, boss de la branche US de Sony, s’en charge en critiquant ouvertement la politique de traitement des exclusivités de ses concurrents, Microsoft et Nintendo. Une attaque qui part d’un postulat assez juste, mais qui ne fait, en définitive, pas que du bien au groupe japonais, à l’heure où celui-ci estparfois critiqué pour son arrogance.
"Microsoft dépend trop des développeurs third-party tandis que Nintendo est trop dépendant de sa production first-party. Nous aimons à penser que nous, Sony, disposons du meilleur compromis." commence-t-il.
C’est, à peu de choses près, vrai. Microsoft fonctionne avant tout avec des studios de développement externes, et ne s’en cache pas, d’ailleurs.Encore jeunesur le marché, le groupe a aquis quelques noms prestigieux (Bungie, Rare, Lionhead), mais le rendement de ses éléments internes n’est pas aussi élevé que celui dont bénéficie Sony. Redmond base toute une partie de sa stratégie d’exclusivités en finançant et assistant le développement de jeux third-party. Il suffit de regarder le catalogue 360 : Gears of War, Mass Effect, Too Human, Project Gotham Racing, Blue Dragon et Lost Odyssey, tous sont présentés comme des fers de lance, mais tous sont aussi le fruit d’accords passés avec des studios indépendants, avec lesquels Microsoft a bâti une relation privilégiée.
Nintendo, pour sa part, a toujours été connu pour proposer un catalogue first-party très solide, avec des licences ultra-vendeuses (Mario, Zelda), mais a rarement bénéficié de grosses exclusivités third-party ces dernières années.
"Nous avons une approche très différente vis-à-vis des exclusivités par rapport à nos concurrents, continue Tretton. Nous n’achetons pas d’exclusivités. Nous ne finançons pas de développements. Nous – il n’y a pas de meilleur terme pour le dire -n’arrosons pas quelqu’un pour qu’il fasse un jeu sur notre console. Les exclusvités, nous les gagnons en disant "vous pouvez faire un meilleur jeu chez nous. Si vous développez sur notre plateforme, vousaurez automatiquement plus de succès. [...] C’est le choix le plus évident que vous puissiez faire, d’un point de vue économique et technologique"."
Là, on tique plus volontiers. Pourquoi ? Pour commencer, en quoi Tretton peut-il définirla meilleure façon de négocier une exclusivité ? Différencier les stratégies est une chose, les décrier en est une autre. En quoi financer un jeu et aider le studio tiers le développant (comme le fait Microsoft)serait moins noble que de le convaincre à travailler exclusivement sur sa plateforme ? Pourquoi Nintendo aurait moins de mérite à alimenter son catalogue lui-même ? Situation, d’ailleurs, qui tend à changer radicalement avec la Wii, la nouvelle console attirant de plus en plus de projets exclusifs, du fait de son énorme succès.
Là où le discours de Tretton perd encore plus de sa logique, c’est qu’il a tout du discours de leader, quiséduit de par sa position dominante. C’était le cas avec la PS1. Encore plus avec la PS2.Or Sony n’est plus le leader actuellement. Il le sera peut-être dans 4, 5 ans, qui sait. Mais à l’heure actuelle, il ne l’est plus.Plusieurs exclusivités importantes ont été perdues par le groupe nippon, dont certaines, semble-t-il,à cause d’unmanque de communication avec les éditeurs tiers tels que Take Two pour GTA IV. Un comble quand on relit les déclarations du patron. A l’extrême limite, si Sony, comme le laisse penser Tretton,n’avance aucune aide financière aux développeurs third-party et se base uniquement sur les avantages offerts par sa plateforme, il est encore plus envisageable de les voir se tourner vers le multisupport, dans la configuration actuelle de l’industrie. Voilà, peut-être, pourquoi des Metal Gear et des Final Fantasy mettent autant de temps à être confirmés exclusifs PS3.