Stranglehold
Prêts ? Action, ça tourne !
Comme ceux qui suivent le développement de Stranglehold le savent, John Woo n’est pas là pour faire de la figuration. C’est lui qui écrit le story-board du soft et aide les équipes de Midway Chicago pour certaines questions techniques, comme le choix des angles de caméra. Chow Yun-Fat s’est lui aussi très impliqué dans le projet, se pliant à des séances de motion-capture et doublant intégralement son personnage. Doublage qui ne sera pas perdu dans la version française du jeu, puisqu’on bénéficiera d’une VO sous-titrée.
La griffe de Woo transparaît dans les quelques cut-scenes qui parsèment l’aventure. On rentre très vite dans l’ambiance particulière de Hong Kong (un des deux lieux principaux visités avec Chicago, patrie des développeurs) et dans l’histoire, qui voit l’inspecteur Tequila, quelques années après Hard Boiled, se retrouver aux prises avec la mafia chinoise, qui kidnappe sa femme et sa fille. Dans le même temps, un des partenaires de Tequila est assassiné. Le policier va devoir faire le lien entre les deux affaires, à sa manière bien entendu. Et sa manière, c’est plutôt celle du genre à faire de gros, gros dégâts.
Max Payne à la sauce chinoise
Stranglehold joue tout sur l’action immédiate. On le ressent tout de suite en posant ses mains sur le pad et en faisant évoluer Tequila dans les niveaux du soft. En dehors des contrôles habituels (déplacements et visée), dédiés aux sticks, le gameplay se base sur les deux gâchettes. La droite sert à tirer, l’autre à effectuer des actions contextuelles. C’est là-dessus que repose une grande partie de l’intérêt du titre de Midway. Les niveaux sont en effet remplis d’éléments avec lesquels on peut interagir. A leur approche, ces derniers entrent en surbrillance, et une simple pression permet d’effectuer une action particulière. C’est une table, Tequila glisse dessus en renversant au passage tout ce qui est posé à sa surface. C’est une rambarde, il monte dessus et tire en équilibre. Chacune de ces interactions déclenche un bullet-time qui permet d’aligner les bad guys plus aisément. Et même quand aucun élément de décor n’est à proximité, Tequila, toujours avec la gâchette gauche, effectue sauts, plongeons et glissades qui font furieusement penser au jeu qui a porté le concept du ralenti ingame à son paroxysme : Max Payne.Stranglehold est en effet très proche du titre qui a fait la réputation de Remedy. Ses mécaniques de jeu sont juste légèrement plus évoluées. En effet, à chaque figure effectuée au ralenti, Tequila accumule des points de style, comptabilisés dans une jauge spéciale. Ces points ont une double fonction : utilisés avec la croix directionnelle, ils permettent soit de se remettre de la vie, soit d’effectuer des attaques spéciales particulièrement destructrices (dont le fameux 360° déjà vu en vidéo, accompagné des fameuses colombes, une des signatures de John Woo). Ces coups spéciaux utilisant plus de points que le bonus de santé, on se retrouve face à un dilemme intéressant : soit ne pas prendre de risque et se remettre de la vie régulièrement (parce qu’on en perd souvent, croyez-nous), soit économiser ses points pour pouvoir sortir les attaques les plus destructrices aux moments clés de l’aventure.
Bien que cela constitue l’essentiel du gameplay, on ne fait pas que sauter et tirer dans Stranglehold. Tequila peut se mettre à couvert contre les murs grâce au bouton de tranche gauche, utile pour, par exemple, patienter en attendant que la jauge qui gère le bullet-time se remplisse. Il existe également des phases de jeu particulières, semblables aux duels que tentent souvent de reproduire les jeux de western. Immobile et entouré de plusieurs ennemis, Tequila doit tirer et éviter les balles adverses au ralenti. Appelées Standoff (le terme s’inspire du fameux mexican standoff), ces phases de tir arrêtés sont gérées aux sticks et apportent un peu de diversité entre deux fusillades classiques.
Destruction derby
A côté de ça, Stranglehold propose des stages très linéaires, mais avec énormément d’éléments destructibles. Le moteur Massive D, création maison de Midway Chicago née d’un mélange d’Unreal Engine 3 et de Havok, se montre très efficace sur ce plan, puisqu’on se retrouve avec un des softs les plus impressionnants à ce niveau. Presque tout peut être réduit en miettes, des meubles aux murs en passant par les fruits du marché. Mieux, on peut souvent se servir de panneaux, de pierres retenues en équilibre ou de tout autre chose située en hauteur pour neutraliser les gardes assez imbéciles pour se placer en dessous. Les fusillades sont donc particulièrement agréables, puisque les balles, dont ni Tequila ni ses ennemis ne font l’économie, ont un réel impact sur l’environnement. Cette physique très convaincante,Stranglehold l’affiche au détriment du graphisme à proprement parler, puisque le soft n’est pas le plus joli qui soit. On regrette également que la caméra à la troisième personne supporte mal les environnements confinés, où elle peine à se positionner correctement. Cela peut être fatal, car le jeu n’est pas si facile qu’il pourrait en avoir l’air, et les adversaires, s’ils ne bénéficient pas d’une IA exemplaire, visent avec beaucoup de précision et attaquent souvent par grappes entières. La mafia chinoise a les moyens, pas de doute là-dessus, et Tequila devra s’employer, au risque de devoir payer la note. Les statistiques de fin de niveau affichent en effet le montant des dégâts matériels provoqués par l’inspecteur au sang chaud, un chiffre qui a vite fait de s’envoler.