1st Look

23.08.2008 à 01h19 par |Source : Rédaction

Mirror’s Edge

Les trailers de Mirror’s Edge et l’intense médiatisation du jeu, soutenue par le poids d’Electronic Arts, commencent à faire leur petit effet. Le nouveau FPS de Dice est actuellement un des projets en développement les plus en vogue chez les amateurs de jeux vidéo. Enfin FPS... Le terme a rarement été aussi peu approprié pour un soft en vue à la première personne. Et c’est toute l’originalité d’une création qui a le potentiel pour au minimum sortir des sentiers battus et rebattus d’un genre qui a cruellement besoin de fraîcheur, et au maximum pour être candidate à la distinction enviée de jeu de l’année.

Le contexte dans lequel se déroule l’aventure de Mirror’s Edge n’est sans doute plus étranger à ceux qui suivent de près ce jeu très particulier. On incarne Faith, un jolie acrobate au physique moins artificiel que la plupart des héroïnes classiques de jeu vidéo. Au service d’une espèce de résistance combattant un régime ultra-sécuritaire, la jeune fille achemine des colis ou des messages dans le seul endroit où les forces de l’ordre relâchent leur emprise : les toits. Mais cette situation va être amenée à évoluer rapidement après le début du jeu. C’est à peu près tout ce qu’on sait du scénario original préparé par Rhianna Pratchett, auteur des scripts d’Overlord et Heavenly Sword, qu’on souhaite particulièrement inspirée pour l’occasion.

La vue à la première personne : le miroir de l’âme

L’idée de base de Mirror’s Edge est de proposer quelque chose d’innovant, qui reste accessible et profond et se serve intelligemment du pad. Dans cet ordre d’idée, les contrôles sont simples, basés très majoritairement sur les sticks, les boutons de tranche et les gâchettes. Les courses de Faith sont gérées de façon analogique, pour mieux contrôler ses gestes, et elle s’accroche automatiquement aux obstacles qu’elle rencontre, afin de ne pas écraser le joueur sous une trop grande quantité de commandes. En résulte une action extrêmement fluide et plaisante à pratiquer.

Mirror’s Edge n’est pas un jeu où on est lâché librement dans une ville entièrement modélisée. Les niveaux sont de vastes couloirs parsemés d’obstacles à franchir. Cela permet aux concepteurs, selon Dice, de se concentrer sur la qualité des parcours et de maximiser les sensations du joueur en maîtrisant totalement leur agencement. Et il faut bien avouer que le level design du soft, sur les trois niveaux complets que nous avons pu voir, est excellent, varié et incite à l’audace du côté des sauts, marches en équilibre ou franchissement d’obstacles. Faith virevolte, et ce sans désagrément chez celui qui la contrôle grâce à une astuce technique inspirée de la danse professionnelle : un repère lumineux au centre de l’écran permet de ne pas perdre le Nord, malgré les roulades effectuées, les mouvements de tête ou les chocs encaissés.

Mais, pour revenir aux niveaux, c’est aussi la réalisation artistique qui convainc. Le moteur propose une excellente gestion de la lumière, et les couleurs vives des murs et sols, qui changent selon l’environnement (les toits sont blancs, bleus et oranges, les égouts sont gris et verts), sont autant d’éléments qui confèrent à Mirror’s Edge un style unique.

La foi d’un développeur, le pouvoir d’un concept

Pour augmenter encore davantage la fluidité des cabrioles de Faith, les éléments du décor avec lesquels on peut interagir apparaissent en rouge. Option qu’on devrait pouvoir désactiver, mais on n’hésitera pas à dire que le joueur est relativement assisté dans Mirror’s Edge. Les checkpoints sont très fréquents, presque à chaque obstacle, et la mort n’est donc que très peu pénalisée. Et Faith dispose d’un ralenti (l’ « action time », qu’on peut enclencher à tout moment, mais qui doit ensuite se recharger) lui permettant de gérer plus aisément les situations mal embarquées. Tout cela parce que Dice tient à faire un jeu où la plaisir l’emporte sur la frustration. Un choix qui sera à coup sûr discuté par les plus exigeants, même si le développeur suédois promet de récompenser les joueurs les plus rapides.

Pour compenser la relative facilité de la progression, Faith est très fragile et ne résiste pas longtemps aux coups de feu ennemis. Car oui, la police la pourchasse et ne lui laisse que peu d’options. Elle peut engager un corps-à-corps et récupérer des armes, mais elle a tout intérêt à s’en débarrasser rapidement car les calibres qu’elle tient en main l’empêchent de se mouvoir avec la même fluidité et lui interdisent certains passages. Mirror’s Edge est, de toute manière, un jeu qui se veut pacifiste. Un achievement récompensera le joueur qui n’aura tué personne à la fin de l’aventure. Pour un jeu à la première personne, le paradoxe est flagrant, mais très agréable, finalement.

En définitive, la chose importante à retenir est que Mirror’s Edge est une mécanique qui marche à merveille. Les commandes sont très intuitives et la fluidité de l’action impressionnante, encore plus quand on s’est familiarisé avec les contrôles « avancés » (roulade après une réception, sauts sur les murs, tacles sur les ennemis, etc). Les stages sont étudiés pour toujours laisser le choix entre plusieurs itinéraires. Le son est à l’avenant, avec le bruit du vent pendant les sprints, le souffle de Faith qui s’accélère en même temps que l’impact de ses pieds au sol. Sans parler des musiques, dont les trailers ont donné un magnifique avant-goût.

Tout en Mirror’s Edge respire le produit bien fini, des menus de sélection des niveaux, surlignant en rouge les contours d’une ville immaculée, jusqu’aux temps de chargement (courts), illustrant les mouvements d’une Faith en ombre chinoise. Le jeu de Dice n’est pas qu’un gameplay brillant et isolé, c’est un tout, qui mise sur une personnalité de feu et un enthousiasme communicatif. Pourvu que le studio conserve cette dynamique jusqu’à la sortie, prévue en fin d’année.

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