Shadow Complex
Le complexe du corn-flakes
Il y a des jours où on aimerait ne pas avoir écouté notre petite amie, avec ses envies de promenade qu’on finit toujours par accorder pour faire plaisir. Jason Fleming ne pourra pas dire le contraire vu que sa dernière expérience en la matière l’a conduit dans un énorme complexe paramilitaire que même James Bond n’aurait pas osé arpenter.
Shadow Complex joue la carte du scénario prétexte digne d’une bonne série B des familles. Que ce soit lors des cinématiques où lorsque le héros, tel Solid Snake, écoute les ennemis discuter au travers des bouches d’aération, tout est volontairement gros et abusé. On sent que les concepteurs ont voulu produire un blockbuster du Live Arcade et il semblerait qu’ils y soient arrivés. Les connaisseurs retrouveront vite des concepts de game design tirés des séries Metroid et Castlevania avec une progression sur une map dont les zones bourrées de secrets ne seront accessibles qu’au compte goutte à mesure que le héros acquiert de nouvelles possibilités. Pourtant, si le titre semble reprendre nombre d’idées à d’autres titres, il n’en garde pas moins une identité propre avec des idées particulièrement intéressantes.
Premièrement, le système même des combats se rapproche plus de la précédente production du développeur (Undertow, comme on le disait), en bien meilleur fort heureusement. La visée directionnelle au stick est par exemple très précise, pour ne pas dire pointue. Et pointu il vaudra mieux l’être. Cela sera même vivement recommandé vu qu’en général le jeu demandera d’être le plus discret possible dès lors que l’on jouera dans des difficultés respectables. Le headshot sera parfois le meilleur allié de Jason pour ne pas s’embarquer dans de longs combats. Mais Shadow Complex laisse généralement le choix au joueur. Si bourriner est toujours une possibilité, les lieux regorgent d’alternatives plus où moins efficaces pour appréhender le jeu différemment. Ainsi, tirer dans un câble électrique où dans des explosifs pourra faire place nette, tout comme essayer de jeter une grenade dans des conduites de gaz, ce qui grillera rapidement nombre d’adversaires. Plus discret, il sera parfois possible d’arriver derrière un ennemi et l’éliminer au corps a corps.
Gros point fort du jeu, le level design est souvent ingénieux, et trouver tous les objets cachés demandera un certain investissement dans la recherche. Pour les moins aventuriers, le jeu vous aide toutefois dans les difficultés inférieures en indiquant sur le plan les zones contenant des objets à trouver. De plus, à la demande, le tracé du chemin à prendre pour arriver à la prochaine destination peut s’afficher en surimpression de la carte. Malgré la taille du complexe, tout est fait pour qu’on ne s’y perde pas, et petit à petit des raccourcis se déverrouilleront.
Petit Rambo deviendra grand
Shadow Complex est un jeu qui mélange aventure, action et des notions de RPG. Si l’équipement de Jason lui permettra petit à petit d’explorer de nouvelles zones, ses armes elles aussi deviendront de plus en plus performantes. Son arsenal se garnira rapidement de grenades, de missiles, mais aussi et surtout d’un fusil à mousse. Ce dernier enverra de la mousse expansive qui bloquera les ennemis, empêchera les caméras de le voir, ou servira encore de plateforme de fortune ou de support pour rendre les grenades adhésives. Outre de nouveaux axes d’exploration et de nouvelles manières d’apporter la mort aux méchants, le héros acquera aussi au fur et à mesure du jeu de l’expérience comme dans tout bon RPG, améliorant ses statistiques (comme la précision ou l’endurance).
Mais le titre d’Epic ne se contente pas de reprendre les meilleures recettes du genre, il en profite pour faire preuve d’innovation. La lampe torche par exemple. C’est grâce à elle que non seulement vous pourrez éclairer les endroits sombres, mais que vous pourrez déceler les portions du décor qui nécessitent un objet particulier pour être activées ou détruites.
Autre atout majeur du titre, l’intégration du gameplay 2D dans des décors en trois dimensions. Rarement réussie, cette intégration est ici sublimée par un parfait mix entre un gameplay old school et nos exigences actuelles. La troisième dimension apporte ici une réelle impression de se balader dans un complexe énorme et facilite l’immersion. Les ennemis peuvent en effet souvent se cacher dans le fond de l’écran, ou même en avant-plan. De plus, quelques récurrentes (mais rares) séquences de shoot vous permettent de prendre les commandes d’une tourelle, et le jeu bascule alors dans une perspective tridimensionnelle plus propice à l’exercice.
Tout ceci ne serait qu’un pétard mouillé si la réalisation technique ne suivait pas. Ce n’est vraiment pas le cas tant le titre est magnifique. Non seulement, on tient là le plus beau jeu du support, mais Shadow Complex tire même le vice jusqu’à être plus abouti que nombre de jeux retail. Une véritable prouesse qui ne se situe pas que dans de belles textures, une modélisation impeccable ou des jolis effets de flammes ou d’explosion. Non, Shadow Complex jouit aussi d’une musique magnifiquement orchestrée, de bruitages convaincants et d’un doublage français de qualité. Rarement (voire jamais) le jeu ne souffre d’une animation défaillante. Et puis c’est long : outre l’aventure principale d’une durée d’environ neuf heures pour trouver tous les objets, le jeu propose des épreuves où il faudra réaliser un temps record pour espérer décrocher les médailles de platine. De plus le jeu intègre particulièrement bien les classements entre amis (à la manière de Trials HD), car certaines actions réalisées dans le jeu compareront vos résultats à vos amis les plus proches pour vous inciter à faire mieux.