Xbox Series X : découverte, impressions, moments de joie et de doute… On vous raconte notre rencontre avec la bête de Microsoft
Ma famille d'abord
Nous avons connu bien des lancements de consoles, ressenti cet instant privilégié comme nombre d’entre vous au travers des propositions de divers constructeurs. On ne se lasse pas de découvrir quel est le petit « truc » de chacun pour donner vie à sa console. Mais il faut avouer que la découverte de la Xbox Series X a quelque chose d’encore différent, de spécial, de grisant, parfois aussi de déconcertant : c’est bien la première fois que l’on vit ce genre de lancement à la fois tardif (7 ans nous séparent de la première version de la Xbox One) mais relativement frais au regard de l’apparition des consoles mid-gen qui ont définitivement rebattu les cartes. Et avec cela, notre perception d’un changement générationnel. Bref, c’est une découverte nouvelle, excitante, étrange, que nous n’avons nulle autre prétention de vous présenter comme nous l’aurions fait si nous étions assis autour d’une table entre copains.
L’instant critique de l’effeuillage
Rien ne se passe jamais comme prévu avec les bonnes nouvelles et c’est après moult course-poursuites avec le livreur que la grosse boîte de la Xbox Series X rejoint Xbox-Mag. On connait depuis longtemps les formes atypiques de la nouvelle console de Microsoft, mais cela n’enlève rien au sentiment de surprise qui accompagne la découverte de l’emballage. Ce bon Master Chief s’affiche fièrement dessus et nous rappelle que nous avons un rendez-vous manqué avec lui qui sera, on l’espère, rattrapé l’année prochaine de la plus belle des façons. Pour le reste, la sobriété est de mise. Comme nous en avions parlé il y a quelques jours à l’occasion de la publication des premières photos de la Xbox Series X, l’accent est mis à 100% sur la machine.
On prend volontiers l’invitation à donner vie à nos rêves. La machine est massive, plus encore lorsque l’on l’approche du meuble où trônait déjà fièrement une Xbox One X qui semble dès lors souffrir d’un déficit de poids. La Xbox Series X n’est pas facile à caser mais une fois en place (nous avons opté pour la position verticale, plus « naturelle »), elle sait finalement se faire discrète. Placement testé et approuvé par la future relève de l’armée Xbox-Mag, se demandant « où est la console qu’a reçu papa ? » dans un exercice façon où est Charlie. Dans sa boîte, la console prenait tellement de place qu’il ne semblait pas non plus évident de deviner quels étaient les éléments qui l’accompagnaient. Subtilement placés à l’arrière de la machine, la nouvelle manette dont nous reparlerons un peu plus bas (et sa paire de piles qui ne font pas long feu) est accompagnée d’un câble HDMI et d’un cordon d’alimentation. On l’a déjà dit, mais : qu’il est appréciable de ne pas se voir infliger un bloc d’alimentation externe immense et disgracieux ! Les premières Xbox One et la Xbox 360 avant elles nous y avaient contraint mais ici, nous voilà bien heureux de faire sans. Rien d’autre dans la boîte, en dehors d’un petit guide de démarrage rapide et de la documentation traditionnelle accompagnant n’importe quel produit électronique.
Démarrage, menus : le changement n’est pas pour maintenant
Place donc à ce qui nous intéresse maintenant vraiment : le démarrage de la machine et les premiers instants de découverte qui suivent. Si la Xbox One X affichait clairement sa volonté de rappeler qu’elle était la console la plus puissante du marché avec une poignée de secondes au démarrage faisant la part belle à une illustration de son processeur, les choses sont différentes sur Xbox Series X. Le logo Xbox blanc sur fond noir apparait subtilement, et basta. C’est sobre, sans fioriture. Comme l’évocation de la certitude que cette console est une bête de course et qu’il lui est inutile de l’illustrer de quelque manière que ce soit (c’est en tous cas de cette façon que je l’ai perçu). Puis vient la version traditionnelle du logo Xbox sur fond vert, avant de laisser place aux premiers pas dans la configuration de la machine. Et avec cela, le sentiment étrange et quelque peu déconcertant que nous évoquions un peu plus haut.
*Dans l’incapacité de capturer une image du menu sur notre console, voici comme se présente la section jeux via une image de Major Nelson
Vous le savez certainement mais on vous le confirme si besoin : tout ici est strictement identique à ce qui s’affiche déjà sur votre Xbox One. Vous avez même la possibilité après avoir renseigné vos identifiants d’appliquer les réglages de couleurs et de thème sombre/clair en vigueur sur votre précédente machine. La bonne nouvelle si les choses ne changent pas d’ici le lancement le 10 novembre prochain, c’est que la mise à jour nécessaire avant la première utilisation de la console n’est que de 770Mo environ. C’est donc vite vu et il vous appartient ensuite de vous lancer à la découverte de ce que la Xbox Series X a dans le ventre. Passé le petit pincement au cœur en voyant que tout est à l’exact même emplacement que sur Xbox One (trier par consoles permet néanmoins de faire apparaitre en première ligne les jeux Xbox Series X|S) et en constatant également qu’aucune petite surprise n’est là pour nous accueillir (comme le furent sur Xbox 360 Hexic et la sélection de musiques planquée dans le disque dur), le moral est vite regonflé par l’effet rétrocompatibilité totale. Aussi vrai que l’on aime le changement, il faut avouer qu’il est particulièrement appréciable de retrouver en un clin d’œil tous les jeux que l’on possédait déjà sur Xbox One, Xbox 360 et Xbox Originale (rétrocompatibles, bien sûr). On ne sent en un instant comme à la maison, profitant de ces derniers moments de réglages pour ajouter éventuellement une manette Xbox One à la Xbox Series X. La compatibilité totale, simple, intuitive de tout ce qui fait aujourd’hui l’univers Xbox est un atout rare et dont on ne mesure vraiment le caractère exceptionnel qu’une fois que l’on s’y essaie.
Rétrocompatibilité : la puissance de la Xbox Series X au service de l’expérience
J’ai parlé à l’instant de la rétrocompatibilité comme d’un atout rare et j’imagine que l’on pourrait me rétorquer que des consoles comme la PS2 ou la WiiU intégraient déjà cette dimension, permettant de profiter des anciens jeux et d’une bonne partie aussi du matériel de leurs prédécesseurs. Dans une moindre mesure puisque cantonnée exclusivement aux jeux, la PS3 « 60Go » était également une machine qui s’inscrivait dans cette logique transgénérationnelle. Mais ce qui est différent aujourd’hui avec la Xbox Series X c’est qu’au-delà du fait qu’elle est compatible avec l’intégralité des jeux Xbox One existants (auxquels s’ajoutent les jeux Xbox 360 et Originale rétrocompatibles sur One), elle modifie de manière significative la performance des jeux en question. Grâce à son architecture, au travers notamment du recours à un disque dur SSD et la mise en œuvre du Xbox Velocity Architecture (plus de détails sont disponibles à cette adresse).
Nous parlons de cela maintenant, avant d’évoquer les premiers titres optimisés spécifiquement pour la Xbox Series X, parce que c’est par ce biais que nous avons découvert la console (quasiment aucun jeu optimisé n’était disponible alors) et qu’il est tout bonnement bluffant. Jouer à un jeu Xbox One sur Xbox Series X c’est mettre un terme au choix par dépit entre qualité visuelle et performances. Il est assez surprenant de lancer un jeu que l’on a connu comme souffrant par exemple de problèmes de framerate, se comporter beaucoup mieux sur Xbox Series X. Il ne faut bien sûr pas attendre de miracle mais dans le même temps, c’est bien la première fois sur consoles qu’un jeu rétrocompatible s’améliore de façon visible sans qu’il ne soit question de patch dédié (comme pour certains jeux 360 sur Xbox One X).
Sur un jeu comme Truck Driver, qui propose à la fois un mode qualité et un mode performances, l’effet de la console est tel qu’il n’a non seulement plus aucun problème pour tourner proprement en mode qualité, mais son mode performance lui donne d’une certaine façon l’air d’avoir été dopé à quelque chose. Au point de ne plus avoir aucun intérêt. Même chose pour Crysis Remastered qui souffrait sur Xbox One X, en mode qualité et surtout ray tracing : sur Xbox Series X, dans cette configuration et avec le HDR activé, le jeu de Crytek se comporte merveilleusement bien.
Tout cela ne vient bien sûr pas gommer comme par magie les problèmes et bugs divers qui peuvent toucher certains jeux et qui n’ont que peu à voir avec la machine sur laquelle ils tournent. Le pouvoir de la Xbox Series X n’est pas infini. Mais nous avons essayé bien des jeux, tiré jusque loin en relançant par exemple GTA San Andreas dans sa version Xbox 360. Déjà pas franchement beau et bien optimisé lors de sa sortie sur PS2, le classique de Rockstar se joue tout de même très bien sur Xbox Series X. C’est fluide, c’est net et l’application du HDR automatique lui rend un peu de sa gloire passée. Toujours côté vieilleries, on est demeure une nouvelle fois subjugué par le rendu de The Elder Scrolls IV: Oblivion. Déjà grandement amélioré sur Xbox One X, le jeu d’aventures de Bethesda gagne encore quelques points ici… A bientôt 15 ans. C’est d’autant plus émouvant lorsque l’on fait partie de ces joueurs qui l’on connu sur Xbox 360, sans disque dur. Certains doivent encore attendre que les portes ne s’ouvrent.
Ce que l’on constate d’ailleurs dans Oblivion et dans à peu près tous les jeux rétrocompatibles que l’on a pu essayer sur Xbox Series X (jeux que l’on rappelle non-optimisés pour la console !), c’est le grand changement en termes de vitesse de chargement. Vous avez certainement aperçu une courte vidéo tournée par un journaliste américain sur DOOM Eternal, ou alors via l’illustration de la vitesse des voyages rapides (désormais bien nommés) dans The Witcher III : c’est la réalité du jeu sur Xbox Series X. C’est même probablement la première grosse claque que l’on prend dans la figure lors des premières sessions de jeu. Ca va nettement plus vite. Quelques secondes pour envoyer une sauvegarde de DOOM Eternal, un temps d’attente coupé et découpé pour Forza Horizon 4 et quelque chose comme 5 secondes entre le temps où vous lancez The Touryst et celui où vous commencez à faire se déplacer le personnage sur la plage.
Jeux optimisés pour Xbox Series X : une agréable mise en bouche qui augure un avenir intéressant
The Touryst, voilà précisément le premier jeu optimisé Xbox Series X que nous avons eu l’occasion de tester. Il fallait bien laisser à Gears 5 le temps de se télécharger dans nos contrées où la fibre (ou la simple perspective de pouvoir bénéficier d’une connexion ADSL correcte) demeure un mirage. Peut-on vraiment être scotché par le rendu d’un jeu en pixel art issu de la Switch ? En bien figurez-vous que oui. Déjà agréablement surpris par la vitesse avec laquelle le jeu se charge, pris aussi de sympathie pour cette expérience relativement paisible sur Xbox One, nous voilà face à un titre tout bonnement sublime sur Xbox Series X. Il doit cela à un élément en particulier : la gestion de ses éclairages. Il y a quelque chose dans le soleil de The Touryst sur Xbox Series X que l’on n’a pas ressenti ailleurs. Le jeu étant disponible sur le Xbox Game Pass et de surcroit agréable à vivre, on vous conseille vivement de le tester sur votre future console.
D’une manière générale, les jeux optimisés que nous avons eu l’opportunité de tester ne provoquent pas forcément de gros effet « wahou » mais ils mettent un terme au débat qui a animé la demi-génération Xbox One X/PS4 Pro : faut-il privilégier les graphismes ou les performances ? En lançant Forza Horizon 4, déjà bien agréable à l’œil sur Xbox One X, on ne prend pas de claque mais il est néanmoins difficile de feindre l’absence d’excitation quand enfin le jeu de Playground Games nous offre ses plus beaux graphismes et un framerate au poil, même endroit même moment. On prend plaisir à arpenter de nouveau la campagne britannique face à un jeu qui gagne en netteté, qui vous enveloppe encore plus fort dans son écharpe de bucolisme. A y réfléchir, et sans volonté aucune de grossir le trait, je ne suis pas certain que l’évolution entre Need for Speed Rivals de la Xbox 360 et celui de la Xbox One ait été aussi nette que celle de Forza Horizon 4 ici. Sans être flamboyant, le changement de génération est bien là.
C’est un sentiment de grand confort que l’on ressent au contact des jeux optimisés Xbox Series X, à défaut donc de véritablement faire plaisir à nos yeux comme ce fut cas notamment avec Ryse lors du lancement de la Xbox One. La machine inspire solidité, maitrise et il en va de même pour les jeux. Gears 5, déjà fichtrement beau sur One, nous apparait ainsi vraiment plaisant pour son équilibre entre qualité visuelle et performances. Il y a aussi le cas ARK : Survival Evolved qui fait un grand bon en avant et parvient à décrocher de véritables grands moments de beauté, égratignés néanmoins par les bugs visuels qui lui collent définitivement à la peau. D’autres comme WRC 9 ou encore Sea of Thieves fournissent via l’optimisation une prestation que l’on qualifierait de « définitive ». C’est propre, ça tourne comme un charme et aussi vrai que cela créé la différence sur les jeux rétrocompatibles, la vitesse avec laquelle les temps de chargement s’opèrent continue d’être la grande satisfaction de ce premier contact avec la Xbox Series X.
On ne va pas exagérer jusqu’à vous dire que ce confort vaut à lui seul l’investissement dans la Xbox Series X… Encore que, combien fûmes-nous à débourser une somme identique en 2017 pour jouer enfin dans de bonnes conditions sur Xbox One X ? Jouer sur Xbox Series X en ces premiers instants, et en attendant que les véritables premières grosses cartouches ne soient tirées, c’est profiter d’un effet « ++ » rendu plus accessible on le rappelle grâce au principe de Smart Delivery. Si l’on a beaucoup pesté contre le besoin de repasser si souvent à la caisse lors de la génération précédente pour pouvoir jouer dans des conditions -un peu- meilleures à des jeux Xbox 360, on apprécie vraiment grandement toute la souplesse ici de l’écosystème Xbox qui permet de profiter de tout cela en ne déboursant « que » le prix de la machine. On ressent une certaine maturité derrière la proposition faire par la Xbox Series X et on a plus que hâte d’en découvrir plus.
Une manette qui fait la même chose en mieux
Je ne sais pas ce qu’il en est de votre côté mais en ce qui me concerne l’argument n°1 qui me fait pencher côté Xbox, en dépit d’un véritable intérêt porté aux jeux des consoles concurrentes, c’est la manette. J’aimais la manette Xbox, profondément celle de la Xbox 360 et presque tout autant celle de la Xbox One. Microsoft connait notre attachement à ce pad qui est probablement l’élément identitaire premier de la famille Xbox et nous sert sur Series X un pad qui ressemble beaucoup au précédent, au point que l’on pourrait s’y tromper. Le grip est cependant bien meilleur grâce à un revêtement vraiment agréable ; l’ajout d’un bouton partage est bien venu et comble ce grand manque constaté sur Xbox One. A ce stade il ne reste plus qu’à remettre la section communautaire au cœur de l’expérience utilisateur car depuis plusieurs années maintenant, elle a clairement perdu de son attrait.
On note enfin sur le pad une différence qu’une frange de joueurs seulement trouvera très appréciable mais qui, personnellement, me ravit : la croix directionnelle change fondamentalement. Nous voilà enfin en capacité de jouer comme il faut aux jeux de baston, une bénédiction si vous appréciez vous aussi les trips rétro à grands coups de jeux SNK ou Capcom mais n’avez pas investi dans du matériel dédié. Ce n’est évidemment pas parfait comme pourrait l’être un Fightpad ou un stick, mais c’est à des années-lumière de la piètre croix directionnelle de la manette Xbox One.
Le mot de la fin
Que dire, si ce n’est que nous sommes globalement satisfaits de cette première phase de jeu sur Xbox Series X. L’idée maintenant est d’aller piocher dans tous les titres optimisés en cette période de lancement, comme Assassin’s Creed Valhalla, Yakuza : Like a Dragon ou encore Dirt 5, avec l’espoir de vivre de bonnes expériences, en attendant celle qui parviendra véritablement à nous décrocher la rétine. On espère voir également se démocratiser (pour de bon) la possibilité de choisir ce que l’on veut installer pour un jeu, parce que là, le disque dur présentant 800Go utilisables a rapidement fait de saturer si l’on aime varier les plaisirs. D’autant que, on le rappelle, profiter des améliorations liées à la Xbox Series X nécessite obligatoirement de passer par le disque dur interne ou le cas échéant, une extension de mémoire dédiée. Si vous jouez via votre disque dur externe «classique», vous aurez droit à la version Xbox One du jeu, sans optimisation ou amélioration.
Pas d’effet « wahou » donc, mais un confort de jeu inégalé pour un lancement. Microsoft a soigné la transition et offre une console parfaitement prête à vous faire vivre de très bons moments. Jusqu’à pourquoi pas vous faire concrètement redécouvrir des jeux. Tout va vite, tout marche bien. On a parlé des temps de chargement bien sûr, mais il faut aussi mettre au crédit de cette console une fonction Quick Resume parfaite pour passer d’un jeu à l’autre à grande vitesse, sans rien perdre de la progression. On confirme par ailleurs qu’il est possible de reprendre un jeu via le Quick Resume (DOOM Eternal en l’occurrence), même après que la console a été éteinte et débranchée. Et que dire du bruit… Puisqu’elle n’en fait pas. Du tout. Rien.
Bref, on aime déjà plutôt bien cette Xbox Series X car une fois passée la petite déception liée à l’absence de nouveautés dans les menus et l’expérience utilisateur plus généralement, on apprécie pleinement cette machine qui sonne comme un aboutissement, l’expression enfin modelée d’une vision du jeu sur Xbox qui se dote des moyens d’arriver à ses fins.
Vivement la suite.