Lost Judgment : nos impressions sur Xbox Series X après 12 heures de jeu
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Disponible depuis le mois d’avril sur Xbox Series X, Judgment premier du nom est un jeu que l’on a particulièrement apprécié. Le genre de jeu sur lequel on se perd facilement, où l’accord presque parfait est trouvé entre l’intrigue principale et les petits à-côtés. Judgment est ainsi à Yakuza ce qu’un spin off se doit d’être : un jeu qui reprend grandement les fondements de ses aînés tout en parvenant à se différencier en termes de scénario, de personnalité des protagonistes, d’ambiance générale. Après une douzaine d’heures passées dans Lost Judgment à arpenter Kamurocho et surtout Ijincho, nouvelle zone située dans la ville de Yokohama, on peut dire que l’aspect spin off prend ici encore un peu plus de libertés.
Sur fond de meurtre sordide et d’un grand mystère entourant son exécution, Lost Judgment semble prendre plus nettement ses distances avec Yakuza que ne le faisait son prédécesseur. Difficile de mettre totalement de côté la mafia dans un jeu du genre, vous le verrez au fil des heures, mais cet aspect est ici (du moins au stade où nous en sommes) moins prégnant que dans Judgment. Dans un contexte où le clan Tojo comme l’Alliance Omi ont été dissouts, Lost Judgment s’avance sur un terrain où le mal originel est causé à des personnes « banales » par d’autres personnes « banales ». Tak, accompagné par l’inévitable Kaito (d’ailleurs totalement en roues libres et attachant comme jamais), passe ainsi la grosse première partie de son enquête à décortiquer les tenants et aboutissants de l’ambiance malsaine qui règne au Lycée Senryo d’Ijincho. Harcèlement, racket, désespoir, regards détournés, corruption : l’enquête de Yagami, certes jamais dénuée d’une bonne dose d’humour et de situations ubuesques, s’attaque à un sujet que l’on perçoit autrement, plus intensément peut-être, que lorsqu’il touche le meurtre d’un gangster.
Au point où nous en sommes rendus, Lost Judgment assure le travail côté scénario. Le jeu ne traine d’ailleurs pas trop à se lancer, en dépit d’une paire d’heure durant les cinq premières qui contraint à quelques moments assez calmes. Toujours porté par des voix japonaises parfaites (le doublage en anglais est sinon disponible) et sous-titré en français, Lost Judgment déploie comme les Yakuzas de très belles cut-scenes, entrecoupées de dialogues plus figés. La mise en forme change d’ailleurs dans ces moments-là : l’illustration du personnage qui parle se superpose à l’image en cours de jeu, à la manière de nombreux RPG japonais sortis ces dernières années. Bref, ça fonctionne comme dans tout Yakuza, grâce entre autres à des modélisations de visages de principaux personnages très soignées. Anciens comme nouveaux, les protagonistes de Lost Judgment ne manquent pas de caractère.
Judgment ayant été rendu disponible seulement sur Xbox Series quand Lost Judgment peut aussi se jouer sur Xbox One, vous vous demandez peut-être si on peut l’apprécier sans avoir fait le premier ? On est tenté de dire oui. Vous passerez assurément à côté de nombreuses références (à Judgment mais aussi à Yakuza en général) et vous n’aurez naturellement pas le même rapport aux personnages dont une bonne partie marque son retour. Cela étant, le jeu ne manque pas de rappeler rapidement qui est qui et s’extirpe suffisamment nettement du précédent scénario pour permettre à quiconque d’en profiter.
A l’inverse, si vous connaissez déjà bien Judgment, vous serez en terrain connu sur bien des aspects : mini-jeux, rencontres plus ou moins fortunées dans les rues, rendez-vous avec de possibles futures conquêtes ou quête de remplissage frénétique de l’application Towngo (ex-Kamurogo) sont autant de choses très familières. A noter que les restaurants sont toujours très présents et avec l’ajout des établissements d’Ijincho, en faire le tour risque de prendre un long moment. On y retrouve la variété de Judgment et plus encore qui -personnellement- a constitué une véritable passion dans le précédent épisode. Dommage toutefois que l’animation du repas ait été simplifiée, se cantonnant à faire apparaitre sur l’écran les mets consommés et laissant Tak en face du comptoir. On appréciait le souci du détail dans Judgment de ce côté-là. A l’inverse, manger s’avère plus utile que par le passé car non seulement on récupère des points de vie, mais certains aliments et assemblages secrets de plats permettent d’obtenir des bonus à durée limitée (meilleur gain de PA, objets de meilleure qualité à l’issue du prochain combat, etc).
Parlant de PA, ou plus simplement des points d’expérience, ils sont distribués en plus grande quantité dans Lost Judgment. Une bonne chose pour un jeu qui compte plus d’aptitudes et qui intègre notamment un troisième style de combat pour lequel il convient, à l’image des deux autres, de débloquer progressivement des améliorations. Le style du serpent, habile mélange de Kung Fu et d’Aïkido concocté par Yagami, est assurément le meilleur ajout de Lost Judgment à son prédécesseur. Rapide et gracieux, le style du serpent permet surtout d’adopter une défense solide en déviant les coups ennemis pour mieux contre-attaquer. Moins puissant que le style du Tigre, moins vif que celui de la Grue, il se pose en équilibre parfait. En dehors des combats de boss, on serait même tenté de dire qu’il facilite un peu trop les affrontements (en difficulté par défaut). On apprécie toutefois grandement ce style de combat qui permet par ailleurs de désarmer les ennemis : une bonne chose lorsque l’on rencontrera des vilains équipés d’armes à feu, véritable prise de tête dans le précédent épisode.
On retrouve autrement de nombreux ajouts plus ou moins marquants, touchant à la fois les missions et l’exploration. Il faudra parfois escalader des immeubles, à la manière d’un Assassin’s Creed, mais sans la liberté de mouvement. Ces phases ne sont pas désagréables mais assez anodines, tout comme l’usage de gadgets tels que l’amplificateur de son ou le détecteur de micros. Ils servent à dénicher des objets ou des éléments relatifs à des objets à collectionner ou des quêtes secondaires/tertiaires à réaliser. C’est le cas par exemple si vous vous lancez à la recherche d’un mystère grâce au « radar de buzz » de votre smartphone. Il s’agit d’une version plus complète de l’outil déjà vu dans Judgment : un mot-clé repéré dans de nombreux message sur Chatter permet de trouver la source du mystère. Il peut ainsi s’agir de quelque chose, quelqu’un, avec éventuellement le lancement d’une quête secondaire à la clé. Dans le même genre de cas de figure, on peut à partir d’un certain moment faire appel à un chien qui détectera d’éventuels points d’intérêt. Un mot enfin sur les filatures, point faible du premier jeu : ça ne change pas des masses ici (nous avons cependant eu seulement une seule opportunité en douze heures de jeu). Le principe est le même mais au lieu de se cacher dans des zones déjà prédéfinies, Tak peut ici exécuter quelques actions de diversion (lacer ses chaussures, regarder son téléphone), pendant un temps limité.
Nous reparlerons bien sûr de tout cela à l’occasion du test complet de Lost Judgment sur Xbox Series X, à venir dans quelques jours. On termine cet aperçu par un petit mot sur la carte. Kamurocho ne change guère mais ce n’est pas très grave car pour l’heure, l’essentiel du temps de jeu s’est déroulé à Ijincho. La ville est grande, d’un bon tiers supérieur à Kamurocho, et on peut d’ailleurs se déplacer sur les routes à l’aide d’un skate board, ce qui est plutôt utile. C’est un quartier très différent de Kamurocho, rappelant plutôt l’Osaka de Yakuza Zero pour sa sobriété. Son manque de propreté aussi. On apprécie de s’y balader, d’autant que Lost Judgment marque sur Xbox Series X (et S on imagine) une belle avancée en termes techniques pour la saga. On le choix de privilégier le framerate (à 60 images par seconde) ou les graphismes, ce qui offre un niveau de détails autrement plus net que pour le premier Judgment. Les effets de lumière sont particulièrement réussis (le soleil de l’après-midi, saisissant), les visages bien modélisés (les principaux du reste). Seules les animations souffrent encore d’un peu de rigidité.
En conclusion, nos première heures passées avec Lost Judgment sont pour le moment à la hauteur de nos attentes. Il faudra voir comment le scénario, intéressant jusqu’ici, parvient à nous tenir en haleine ou non. On vous dit tout ça très vite !