News

02.02.2022 à 12h02 par - Rédacteur

Halo Infinite : La marque du renouveau des Xbox Game Studios ?

Les équipes de 343 sortent la tête de l'HALO

Fan de la licence Halo, joueur tout support, j’ai passé la dernière génération à profiter de ma passion tant sur Xbox One (Quantum Break, Sunset Overdrive ..) que sur Playstation 4 (Uncharted 4, The Last of Us 2, Spiderman ..). J’avais été grandement inquiet de l’avenir forcé tant pour 343 Industries que pour la saga Halo et cela se confirmait lors de la première présentation, reste que le jeu final, malgré ses grands défauts propose quelque chose qui, personnellement, me semble totalement positif pour la firme de Redmond. Analysons cela ensemble.

Nous sommes en 2015, 343 Industries souffle le chaud et le froid avec un Halo 4 (2012) qui est une véritable claque visuelle, propose une campagne variée et une histoire plus présente. Mais le jeu lorgne un peu trop du côté du transmédia, tandis que la campagne plus linéaire, rappelant Call of Duty, n’aide pas à convaincre les joueurs. En 2014 sort la collection Halo avec l’excellent remake du 2 mais fait face à de nombreux soucis techniques notamment sur le multijoueur. Halo 5 débarque avec une campagne qui en aura déçu plus d’un, notamment dans sa proposition scénaristique mettant en retrait 117 et perdant encore plus le joueur.

2015 : Huit ans d’existence, trois jeux dont un remake, et malgré des qualités indéniables le studio peine à convaincre suffisamment pour s’attirer la grâce des fans de Bungie et n’arrive pas à être un véritable succès critique.

2014-2015-2016 c’est également la période critique côté Microsoft. La branche Xbox a failli mourir. Satya Nadella est promu CEO de Microsoft et Phil Spencer est propulsé directeur de la branche Xbox avec beaucoup de ménage à faire suite aux échecs Kinect et aux dépenses mal gérées. Ainsi, Microsoft décide de libérer Twisted Pixel Games et de fermer Press Play Studios et Lionhead (snif), sans parler de l’annulation de Scalebound en 2017. Du beau ménage pour une période de Microsoft très compliquée et qui demande une restructuration de tous les instants. Dans ses bagages, le duo Nadella/Spencer apporte la rétrocompatibilité Xbox 360/Originale (2015) pourtant « rétrograde et impossible » d’après un ancien dirigeant Xbox. Puis vient l’arrivée du Xbox Game Pass en 2017, et l’année d’après marque le début des nombreux rachats et créations de studios. Il fallait bien cela afin de préparer le terrain pour la Next Gen et également combler le « vide » laissé par cette période de transition en termes d’exclusivités.

Revenons donc à 343I. Le studio de Bonnie Ross est actuellement sur le dernier épisode de sa trilogie : Halo 6. Le projet reste assez silencieux pendant un bon moment et en 2018 nous apprenons que le jeu n’arrivera pas pour tout de suite car le studio mise sur son moteur-maison, le Slipspace Engine, taillé pour l’ambition Next Gen. Reste que tout ne se passe pas forcément comme prévu. En 2019, Halo Infinite s’officialise réellement via un teaser qui en a fait frémir plus d’un, mais en coulisses les centaines de développeurs commencent à encaisser le coup. Entre le moteur finalement plus complexe que prévu, les soucis de direction créatives et le temps de développement rallongé, les équipes tirent la langue et la première sonnette d’alarme tombe en pleine période de Covid-19 avec la présentation du gameplay qui fera un bad buzz incroyable. Une désillusion qui est finalement positif pour le studio.

Changement de directeur créatif, mobilisation des équipes de 343I pour relever la barre et donner de la fierté aux fans, mobilisations de nouveaux personnels, avec notamment divers studios de Microsoft dont The Coalition, et une année entière durant laquelle nous avons pu voir la nette progression pour la partie graphique et gameplay. D’abord via les bêtas privées qui ont démontrent un gameplay finalement nerveux et une superbe gestion de la physique, mais aussi visuellement avec quelques screens montrant une nette amélioration et qui se reflétera sur le résultat final : un jeu certes pas totalement Next Gen mais très agréable visuellement et avec certains effets magnifiques (particules et lumière notamment).

Mais ce qui est le plus intéressant avec ce Halo Infinite, ce sont ses inspirations. En effet, même si Halo Infinite joue la carte du monde ouvert et un soft reboot pour tenter de raviver la flamme des anciens fans, nous pouvons voir plusieurs inspirations qui ont motivé le développement de 343 Industries. Car en effet même les développeurs jouent et s’inspirent des jeux « concurrents ».

Parlons d’abord de la narration. Si vous avez joué à Halo Infinite, vous n’êtes pas sans savoir que le dernier né de 343I chamboule un peu sa formule en proposant une suite de Halo 5 mais en mode soft reboot. Les évènements de la trilogie de 343 sont gardées mais plutôt que de faire une suite directe, nous avons une ellipse de plusieurs mois montrant John 117 se faire totalement détruire par Atriox avant d’être éjecté. Ainsi l’aventure commence avec un Master Chief récupéré complétement inconscient dans le vide spatial. Un élément, certes facile, mais qui permet surtout de permettre aux nouveaux venus de se lancer dans Infinite sans être encombré par un énorme passif et ainsi jouer la carte du mystère à résoudre tant pour le joueur que pour le personnage principal avec un héros totalement perdu. Ainsi nous avons une magnifique séquence pour poser le cadre (défaite de John, récupération par le soldat pour sauver le HALO) mais sans pour autant tout divulguer au joueur, ainsi il se concentre avant tout sur le gameplay. Cela permet de repartir presque à 0 avec des évocations d’un antagoniste mais qui n’apparait jamais car présumé mort, la situation de Cortana est similaire et rapidement John formera un duo avec le soldat ou avec l’IA du nom de ARME.

Dans son périple, le joueur découvrira les évènements qui se sont déroulés auparavant et que cela cache quelque chose de plus grand encore. Mais surtout, 343 va totalement humaniser son héros au travers de la perte de Cortana, et de ses relation avec ARME et le pilote, et c’est effectivement une grosse différence avec le reste de la saga Halo. Certes nous avions déjà pu avoir quelques bribes d’humanité chez John, mais ici cette posture est clairement assumée par le personnage, qui n’a jamais été aussi terre à terre.

Et malgré une narration plus en retrait, Microsoft n’a jamais été aussi proche de PlayStation. Sony via PlayStation est connu notamment pour ses jeux à forte composante narrative et encore plus ces dernières années avec The Last of Us, God of War ou encore Spider-Man. Ce n’était pas forcément un move il y a de cela 10 ans, nous avions certes une composante cinématographique, mais pas avec une écriture si travaillée. Et à mon sens 343 s’en est largement inspiré. Inspiré dans le soin apporté à l’écriture des personnages et la mise en scène c’est même une certitude avec parfois quelques plans séquences que n’a jamais osé la saga, mais surtout dans le soin apporté aux relations.

Les personnages ne sont plus des objets permettant de faire avancer l’histoire, ils sont réellement liés au personnage principal et au final le trio John/Arme/Pilote prend un place prépondérante dans le récit, s’inspirant notamment du travail de Santa Monica sur le dernier God of War. La plus belle preuve à mon sens est la scène, en milieu de jeu, où John et le pilote se retrouvent après un crash. John va alors commencer à compatir et « consoler » le pilote, par la parole, mais surtout par sa gestuelle. La scène est magnifique de sens et humanise énormément 117 même si ce n’est pas forcément ce qu’attendaient les joueurs, tout comme God of War 2018 a surpris son monde.

Tout n’est pas parfait, ni même à la hauteur des meilleures productions PlayStation, d’autant que le titre n’est pas vraiment bavard, si ce n’est dans son dernier tiers pour enfin donner des réponses et revenir sur les évènements se déroulant entre l’épisode 5 et Infinite. Ce n’est pas toujours fait de la plus belle des manières (couloirs, discussion en réalité augmentée qu’il est possible de passer) et parfois cela peut perdre le joueur, mais force est de constater qu’il y a eu un réel effort sur la narration. Un élément qui même est peut-être arrivé tard dans le processus de développement puisque des rumeurs ont évoqué un reboot du développement. Entre profondeur d’écriture, rythme de dialogues, plans séquences et côté soft reboot : 343 Industries lorgne clairement du côté du dieu de la guerre de chez Sony.  

Côté gameplay nous avons plus ou moins deux inspirations majeures. Et non ce n’est pas Doom à mon sens bien que Halo Infinite soit bien nerveux. Il lorgne plutôt vers deux jeux en « monde ouvert » bien différents mais tout deux japonais : Metal Gear Solid V et surtout Zelda Breath of the Wild. Pour le premier c’est une inspiration très basique. Du fait de son monde ouvert, Halo Infinite permet au joueur de varier les situations et de préparer l’attaque d’une base ennemie de diverses manières. Il pourra, comme le jeu de Konami, attaquer de manière frontale, attaquer la base en véhicule ou encore tirer au sniper de loin et tenter une approche un peu plus furtive. Cela étant dit, cette inspiration est très légère et se retrouve également dans Far Cry donc cela reste léger et nous ne sommes malheureusement pas dans toute cette planification propre au jeu de Kojima.

Pour Breath of the Wild, l’idée est déjà plus palpable. Le héros à qui il manque des pièces du puzzle certes, mais surtout dans son système du monde ouvert et plus particulièrement de l’exploration. En effet, Breath of the World avait « cassé » l’aspect exploration en proposant un titre ou la liberté d’action était importante. Chaque zone visualisée est atteignable et c’est clairement la même chose du côté de ce Halo. En effet, grâce au level-design du monde et surtout de l’exploitation du grappin, il est naturellement grisant de parcourir le monde de Halo Infinite, de grimper à une hauteur pour rejoindre un point d’observation, de couper à « travers champ » et il est à mon sens plus agréable d’explorer la carte à pied et son grappin que de prendre un véhicule. Tout est naturel, accessible et simple : Nous sommes clairement dans de l’exploration purement agréable et bénéfique au jeu qui est semblable à Zelda Breath of the Wild : ABSOLUMENT tout est explorable avec un minimum d’ingéniosité et de patience. La liberté d’exploration est clairement le maitre mot de ce Halo Infinite.

Alors que toutes les déclarations s’accordent à dire que les studios Xbox sont libres dans leurs projets, on peut penser que c’est 343 a souhaité proposé sa propre vision de la franchise. On peut même dire qu’à une époque Microsoft aurait rechigner à offrir une nouvelle direction à sa licence phare. On peut penser qu’il y a eu une réelle prise de risque.

Cela étant dit Microsoft depuis quelques années et cela au travers de Phil Spencer a totalement revu sa politique des jeux solo basés sur l’aspect narratif :

  • Entre la création de The Initiative composé de personnes travaillant chez Naugthy Dogs, Rockstar, du cinéma et la télévision
  • Le rachat de studios capables de raconter des histoires (Obsidian, InXile, Beteshda, Compulsion, Ninja Theory…)
  • Le retour de titres comme Fable et la création de la suite de Hellblade

Tout porte à croire que ces décisions sont une volonté du constructeur de s’inspirer du succès de Sony sur ce domaine. A la différence que Microsoft souhaite continuer de jouer la carte de la grande variété de titres, et pas seulement celle des jeux solos narratifs, tout en prenant soin de ne pas tomber dans la copie. Halo Infinite s’inspire fortement de titres importants sortis avant lui, mais sans jamais perdre ce qui fait l’âme d’un Halo.

Dans le même genre d’idée on pense forcément à Gears 5 qui a proposé une narration plus « intimiste », avec des zones interconnectées façon God of War. Les intentions étaient bonnes, mais la réalisation n’était finalement pas encore à la hauteur de ce que propose la concurrence.

Qu’en est-il de la suite ? Comme je le disais plus haut, le futur de Microsoft est composé de différents types de jeux. La composante multijoueur sera toujours présente comme nous avons pu le voir avec Redfall, en préparation chez Arkane Studios, mais le solo devrait revenir en force côté Xbox, avec plus de travail sur l’écriture, la narration et les thématiques. Nous attendons d’en savoir plus mais entre Perfect Dark, Fable, Avowed, Hellblade 2 (et Projet Mara) et les prochains travaux de InXile et Compulsion Games, nous devrions avoir de quoi faire niveau jeux narratifs.

Reste à voir ce qui nous attend du côté du studio The Coalition, qui travaillerait sur une nouvelle licence, mais aussi des rachats avec Bethesda et Activision-Blizzard qui possèdent des studios talentueux, capables de mettre en scène une histoire. Nous pouvons dire ce que nous voulons de Call of Duty, mais niveau script et mise en scène ils proposent quelque chose qui pourra servir aux autres Xbox Games Studios. Le futur s’annonce radieux du côté du X de Xbox.

On en parle aussi

Planning

+