Dossier

La première console Xbox, sortie fin 2001 aux États-Unis était une machine construite pour le futur. En dehors de ses caractéristiques techniques de haut vol, la Xbox était la première console à proposer un disque dur de série ainsi qu’une prise réseau Ethernet RJ45. Cette prise réseau était utilisée au début pour organiser des parties en réseau local, comme sur le premier Halo par exemple. Mais Microsoft avait une autre idée en tête, quelque chose de beaucoup plus ambitieux que le jeu en LAN : réussir là où SEGA avait échoué avec sa Dreamcast : permettre aux joueurs Xbox de jouer en multijoueur en ligne de la manière la plus simple et qualitative possible. Pour commencer, afin de garantir des conditions de jeu optimales Microsoft a choisi de réserver son service de jeu en ligne aux joueurs disposant d’une connexion haut-débit. Exit les vieux modems 33 et 56k, place à l’ADSL et tout ce que peut permettre cette technologie.

Comme la Xbox, le Xbox Live avait pour but de rassembler le meilleur des deux mondes, la simplicité d’utilisation inhérente aux consoles de jeu et l’avancée technologique proposée par les PC en matière de jeu en ligne. Cependant, contrairement à la très grande majorité des jeux PC online, Microsoft a fait le pari osé de faire payer cette prestation. Pour jouer online, les joueurs Xbox allait devoir payer un abonnement annuel de 59,99€ par an. Mais alors, qu’est-ce qui pouvait bien justifier ce changement radical ? Comment Microsoft allait-il réussir à convaincre les joueurs de payer pour jouer online alors que c’était majoritairement gratuit sur PC ?

Pour séduire les joueurs, Microsoft a conçu une offre unifiée, simple, complète et efficace : Le Xbox Live.

Pour commencer, chaque joueur devait créer un compte unique pour tous les jeux compatibles avec le Xbox Live. Ça peut paraître évident aujourd’hui, mais en 2002 c’était l’anarchie sur PC pour retrouver ses amis sur différents jeux. Ce compte unique est attaché à un Gamertag, l’identité vrituelle du joueur. À cette époque on a eu droit à un paquet de pseudos bien éclatés tellement on n’avait l’habitude de se créer une autre identité que celle du monde réel. Pour couronner le tout, à l’époque, on ne pouvait pas changer de Gamertag. La seule solution était de créer un nouveau compte avec un nouvel abonnement… Ou de pleurer à chaudes larmes auprès du SAV téléphonique Xbox.

De la même façon que MSN Messenger, on pouvait ajouter des amis et se constituer une solide liste de contacts à inviter pour jouer ensemble. N’étant accessible qu’avec une connexion haut-débit, le Xbox Live a inauguré la présence systématique du chat vocal sur tous les jeux compatibles avec le service. C’était génial ! Chaque joueur avait un micro-casque rudimentaire (le Xbox Communicator) fourni avec l’abonnement, et c’était aussi ça la révolution du Xbox Live : jouer online tout en communiquant le plus simplement du monde, en parlant. En ce temps là, il n’y avait pas de gestion de groupe d’amis. Il n’était donc pas possible de jouer en entendant que certaines personnes choisies en amont. Par conséquent le Xbox Live permettait de faire plein de rencontres virtuelles dès lors que les lobbys se remplissaient. Mais rassurez-vous, dès que les parties se lançaient les joueurs répartis dans des équipes différentes n’entendaient plus que les joueurs de leur équipe.

L’autre promesse de Microsoft c’était de proposer un suivi gratuit des jeux online. Mises à jour, contenus additionnels, tout était inclus dans l’abonnement au début. Au début seulement… Quelques fonctionnalités grandement appréciées telles que les classements (leaderboards) sur quasiment tous les jeux, les recherches de parties simplifiées avec le matchmaking et optimisé avec l’optimatch ont rendu l’expérience attrayante et toujours plus simple à utiliser tout en y ajoutant une notion de compétition.

Malgré une part de marché faible de la Xbox par rapport à la PS2, le Xbox Live a réussi son démarrage avec plus de 750 000 joueurs abonnés en à peine plus d’un an, alors que Sony, de son coté, n’avait pas encore mesuré l’intérêt des joueurs pour les jeux en ligne… Le match du jeu online entre Sony et Microsoft ne commencera réellement qu’à partir de la génération Xbox 360 / PS3, mais ça, c’est une autre histoire.

Pour finir voici quelques titres majeurs du Xbox Live sur la première Xbox (il y en a beaucoup, tous ne sont pas présents) :

• Unreal Championship 1 & 2
• Return to Castle Wolfenstein : Tides of War
• Moto GP
• MechAssault 1 & 2
• Midtown Madness 3
• Counter Strike
• Top Spin
• Project Gotham Racing 2 (PGR2)
• Rainbow Six 3 et Black Arrow
• XIII
• Crimson Skies
• Phantasy Star Online I & II
• Ghost Recon 1 & 2
• Halo 2
• RalliSport Challenge 2
• Splinter Cell Pandora Tomorrow et Chaos Theory
• Outrun 2
• Forza Motorsport
• Dead or Alive Ultimate

Si vous avez les yeux humides après avoir parcouru cette liste c’est que vous avez fait partie de ces pionniers, de ceux qui ont été présents au début de l’aventure de la Xbox et de son abonnement Xbox Live. Je vous ai parlé d’un temps, que les moins de vingt ans n’ont pas pu connaître, aujourd’hui le Xbox Live laisse peu à peu la place à un autre service, plus complet, incluant une large sélection de jeux à la demande : Le Xbox Game Pass. Le Xbox Live semble donc vivre ses derniers instants, mais ne soyez pas tristes, le plus important reste de jouer, jouer ensemble et le Xbox Live continuera d’exister au travers du Game Pass.