Xbox Game Pass : Microsoft se défend des accusations de la FTC
Leçon de moisissure argumentative
Les joutes par lettres d’avocats interposées ont repris cet été entre Microsoft et la FTC. Après la très étrange décision de Xbox d’augmenter les tarifs d’abonnements à ses services de jeux en ligne, la FTC voit rouge dans son appel face à la justice américaine.
Et on la comprend. Très loin de ses louables intentions de démocratisation du jeu vidéo, la branche gaming du géant américain développe depuis ces derniers mois une stratégie commerciale qui pose beaucoup de questions aux observateurs comme aux consommateurs. Une stratégie qui, selon la FTC, est en totale contradiction avec les engagements initiaux pris par la marque lors de l’acquisition d’ABK, et l’agence ne s’est pas privée de signaler ces manquements auprès de la Cour, targuant le Game Pass futur d’un «service dégradé». Il n’aura pas fallu longtemps pour que Xbox réponde par la voix de ses avocats.
Microsoft se défend en déclarant que l’augmentation de l’abonnement au Game Pass Ultimate se justifie par une «offre améliorée permettant aux consommateurs d’avoir accès à plus de nouveaux jeux sur divers supports» (entendez via le Cloud, sur GeForce NOW par exemple), mais aussi par l’arrivée de Call Of Duty sur le service, une première pour la franchise. Selon Microsoft, la nouvelle offre «Game Pass Standard» serait plus avantageuse pour les joueurs puisqu’elle permettra le jeu en ligne, chose que le Game Pass for Console n’offrait pas. En revanche, aucune mention n’est faite de la disparition de la disponibilité day one des jeux sur cet abonnement standard, alors qu’il s’agit pourtant d’un point essentiel. C’est bien dommage.
Dans la suite de son écrit, la firme riposte en signalant, plutôt à raison il faut l’avouer, que la FTC «oublie volontairement de mentionner» que l’appel en cours concerne surtout la disponibilité – ou non – de la franchise Call Of Duty sur consoles Sony et Nintendo. Nous savons désormais que la licence restera disponible encore dix ans pour les produits Sony (mais nous nous interrogeons encore sur son arrivée chez Nintendo) et l’augmentation des prix du Game Pass n’entre effectivement pas dans le cadre de cet appel qui interroge la question de «non concurrence» provoquée par l’acquisition d’ABK.
En somme, il s’agit plus d’une discussion rhétorique et sémantique sur fond de bataille judiciaire qu’autre chose. On n’en attendait pas moins d’échanges entre juristes. Mais sur le fond, Microsoft et Xbox nous laissent assez dubitatifs. Si la hausse des tarifs du Game Pass permettait une meilleure valorisation et mise en avant de studios de moindre envergure, il est certain que bon nombre de consommateurs, dont nous faisons partie, l’accepterait allègrement. Or, celle-ci coïncide au contraire avec des fermetures de studios ainsi qu’une totale absence d’avancée technique concernant le xCloud, toujours aussi instable et sans évolution depuis au moins trois ans. Autant de raisons qui nous font douter des réelles intentions de la branche gaming de Microsoft. S’agit-il encore et toujours d’une réelle maladresse en communication ou une démarche de marché bien décevante ? Nous croisons les doigts pour la première option et que le futur du service et de Xbox s’inscrive dans une démarche protectrice des développeurs, des joueurs, tout autant que de la marque.