Test

17.10.2025 à 17h01 par - Rédacteur en Chef

Test de Keeper sur Xbox Series X, une véritable épopée phare-aonique

Le jeu qui nous emmène phare phare away

Alors qu'ils nous ont longtemps habitués à enchainer les productions, avec parfois plusieurs titres disponibles sur une même année civile, les développeurs de Double Fine ont appris à se poser depuis leur rachat par Microsoft. Plus de quatre ans après Psychonauts 2, le studio de Tim Schafer est de retour avec un jeu imaginé par Lee Petty, à qui l'on doit Stacking (2011), Headlander (2016) et RAD (2019). Plus que de simples jeux vidéo, le créatif américain a toujours eu en tête de nous proposer des expériences à part, chargées de thématiques fortes qui nous invitent généralement à avoir une réflexion autour de la condition humaine. Et de ce point de vue là, Keeper n'échappe pas à la règle.

En nous dévoilant Keeper lors du dernier Xbox Games Showcase diffusé en juin dernier, le studio américain Double Fine a su attiser la curiosité de nombreux joueurs. En allant voir le titre imaginé par l’équipe de Lee Petty à la Gamescom 2025, nous pensions obtenir quelques réponses sur ce qui nous attendrait avec cette franchise inédite, mais finalement nous sommes sortis de la présentation organisée par Microsoft avec assez peu de réponses, et donc plutôt dubitatifs. Il aura donc fallu mettre la main sur la version complète du jeu pour savoir précisément de quoi il retourne, et comment le joueur était amené à contrôler un phare, dans un monde post-apocalyptique d’inspiration surréaliste. Chassé par une meute d’ennemis volants plutôt agressifs, un oiseau chute près d’un vieux phare et lui insuffle un peu de magie pour le remettre en route et profiter de sa lumière protectrice. Bien décidé à ne pas rester sur place, notre bâtiment s’équipe rapidement de pattes pour se déplacer, et débuter ainsi une aventure pleine de promesses.

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Les premiers pas sont naturellement hésitants, et la démarche chancelante du phare nous permet de bien ressentir sa fragilité et sa lourdeur. Durant les premières minutes du jeu on se demande d’ailleurs ce qui nous attend réellement dans Keeper, tant le parti pris d’incarner un tel héros peut paraitre audacieux, son champ de compétences étant, de fait, très limité. On s’en rend compte assez vite d’ailleurs puisque le début du jeu se contente de nous faire traverser un environnement de désolation en avançant sur un chemin tout tracé. Un côté linéaire qui fait la part belle à la direction artistique, véritable pierre angulaire de cette production qui invite constamment à la contemplation. L’équipe créative semble avoir conçu le titre en misant énormément sur son univers, capable de nous faire voyager à travers de véritables tableaux vivants, tantôt teintés de mélancolie, parfois de joie et d’allégresse, le tout sur fond de récit fantastique dans un monde où les humains semblent avoir disparu depuis bien longtemps.

Une volonté artistique qui vise à compenser un gameplay assez basique, du moins sur les deux premières heures de jeu. On déplace le phare sur un chemin tout tracé, avec pour seule capacité de pouvoir éclairer certains éléments du décor pour interagir avec. Il est ainsi possible de faire réagir des plantes pour qu’elles libèrent la voie ou qu’elles vous aident à installer une plateforme pour continuer votre route. Par moment, lorsqu’un élément du décor se met à briller, cela signifie que l’on peut envoyer Brindille, l’oiseau qui est sous notre protection, pour effectuer une action. Un game-design limité, constitué tout de même de diverses énigmes, parfois basées sur des mécanismes à activer, d’autres fois en jouant avec un processus capable de nous faire voyager dans le temps et donc de changer l’environnement autour de nous. Dans la grande majorité des cas ces puzzles font appel à l’esprit logique et se résolvent en peu de temps, sans jamais générer de frustration.

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Un concept simple complété par quelques évolutions qui interviennent en progressant dans un scénario qui saura assurément vous surprendre à mesure que l’on avance. Et c’est sans doute là la principale force du jeu imaginé par Lee Petty, qui nous offre parfois de très gros rebondissements, à des moments où on ne s’y attend pas forcément. Impossible de vous en dire plus sans vous spoiler, mais sachez que Keeper a le don de vous surprendre et de se renouveler de manière très inattendue durant toute l’aventure. De quoi offrir aux joueurs de vrais moments marquants qui resteront certainement gravés dans leur esprit pendant un long moment.

*Si le jeu se veut majoritairement linéaire, il existe d’ailleurs quelques zones un peu plus ouvertes, et même quelques secrets cachés. Ces derniers prennent la forme de statues à reconstituer en illuminant des fleurs spécifiques. Mais ce n’est pas tout, puisque dans cette aventure où la narration est totalement silencieuse, ce sont les succès débloqués par ce biais qui se chargent de vous en dire un peu plus sur le lore du jeu. C’est bien trouvé, et plutôt original, en plus de nous pousser à chercher dans l’environnement en profondeur pour trouver ces fameuses statues. L’atmosphère générale nous a d’ailleurs fait un peu penser à Jusant dans sa capacité à nous faire voyager avec un concept simple mais efficace, une proposition originale, et un univers capable de nous embarquer rapidement avec lui.

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A noter qu’à la fin du jeu, il est possible de recommencer n’importe quel passage avec un système de chapitrage plutôt précis, ce qui permet de récupérer les statues manquantes très simplement, même après avoir fini le jeu. Côté défaut, et même si le studio américain nous avait prévenus en amont, on peut pointer une durée de vie un peu faible, qui tourne autour des 5/6 heures de jeu pour voir le bout de cette fable poétique.

Une œuvre portée par son ambiance, on l’a dit, grâce à une direction artistique sublimée par des décors majestueux, allant du surréalisme au psychédélique, mais aussi par un sound-design toujours très juste et par les compositions imaginées par David Earl qui s’adapte aux diverses situations que rencontre le joueur. Aucun bug à signaler, le jeu est fluide et la résolution en 4K permet de se plonger d’autant plus dans les décors du jeu, et de profiter au mieux de quelques effets de brouillard et d’une texture de l’eau très crédible. L’utilisation de l’Unreal Engine 5 a logiquement contribué à ce que les développeurs tirent le meilleur de leur talent, sans tomber dans la facilité ou la banalité en parvenant à donner un vrai cachet au titre. Seuls quelques angles de caméra sont parfois mal choisis, et même s’ils servent la mise en scène, ils desservent parfois le gameplay.

9/10
Après avoir assisté à une présentation qui nous a clairement laissée sur notre faim durant la Gamescom 2025, on avait hâte de pouvoir découvrir Keeper dans des conditions de jeu optimales. La nouvelle production de Lee Petty nous propose un véritable voyage dans le monde d'après, teinté de magie et de créatures fantastiques. Les craintes d'être face à un titre plutôt limité au niveau du gameplay s'envolent au fur et à mesure que l'on avance dans cette belle aventure qui monte crescendo. On aurait bien voulu y passer une poignée heure de plus, mais toutes les bonnes choses ont une fin et on espère bien que vous vous laisserez séduire par Keeper et son expérience de jeu qui ne ressemble à aucune autre.

+

  • Direction artistique de toute beauté
  • Concept original qui attise la curiosité
  • Gameplay qui évolue au fil de l'aventure
  • Enigmes intéressantes et simples à la fois
  • L'histoire racontée par les succès

-

  • Des plans de caméra pas toujours lisibles
  • On aurait bien aimé une aventure plus longue

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