Dossier

22.11.2023 à 16h59 par - Rédacteur en Chef

Metal Gear Solid Collection Vol.1 : Que vaut la compilation sur Xbox Series X ?

Les jeux du Snake

On ne présente évidemment plus la franchise Metal Gear imaginée en 1986 par Hideo Kojima, et qui a valu au développeur japonais sa renommée actuelle. Alors qu'un épisode inédit ne semble absolument pas à l'ordre du jour chez Konami, et en attendant le remake de MGS3, il est désormais possible de relancer plusieurs anciens épisodes via une nouvelle compilation. Une de plus pour l'éditeur, après avoir ressorti de vieux titres tirés des licences Contra, Castlevania ou encore Tortues Ninjas. Une occasion de graver dans le marbre cette série mythique avec une collection qui regroupe les deux épisodes originels (sous forme de bonus), et les trois premiers jeux tirés de la licence Metal Gear Solid. De quoi offrir pas mal d'heures de jeu, mais dans quel état ?

Plutôt qu’un test qui reprendrait finalement tout ce qui a été dit depuis 25 ans, date de sortie du premier Metal Gear Solid sur la première console PlayStation, nous avons fait le choix de nous attarder un peu plus sur l’intérêt générale d’une telle compilation, à l’heure où on ne manque pas de portages, remasters, remakes ou autres reboots. Avant de détailler la compilation jeu après jeu, il est bon de préciser que cette compilation oblige en réalité de télécharger les jeux séparément (comme c’est le cas avec la compilation Ninja Gaiden par exemple), ce qui s’explique certainement par le fait que chaque épisode peut également s’acheter à l’unité. Ceux qui n’ont pas beaucoup d’espace de stockage seront ravis, mais de notre côté on aurait préféré avoir un hub central qui regroupe l’ensemble des titres. Au final, seuls les deux Metal Gear MSX sont regroupés sous une interface commune, ce qui prouve par ailleurs qu’il y avait certainement moyen de mieux faire.

Et globalement on s’attendait à un enrobage bien plus qualitatif que ce qui est proposé ici. Accueilli par des conditions générales qui forcent l’ouverture d’une page Microsoft Edge pour pouvoir être validées, on a rapidement l’impression que les développeurs qui ont travaillé sur cette compilation ont été au plus pressé. On y trouve à chaque fois un Master Book, une sorte de bouquin dématérialisé qui replace l’épisode en question dans le contexte, avec une alerte spoiler pour ceux qui découvriraient la saga, ou qui ne se souviennent plus de tous les éléments scénaristiques. C’est intéressant, avec notamment quelques interviews de développeurs, mais c’est tout en anglais. Chaque jeu dispose également de son script, là aussi en anglais, et vient témoigner de la densité de chaque scénario. C’est anecdotique, mais en même temps c’est aussi le genre de bonus que l’on attend de ce genre de compilations. Gros bémol aussi concernant les notices des jeux, qui nous envoient refaire un tour forcé sur Microsoft Edge pour les consulter en ligne… On aurait évidemment préféré qu’elles soient intégrés aux jeux.

Metal Gear Solid 1

Alors qu’il bénéficie d’un excellent remake sorti sur Gamecube sous le nom de Metal Gear Solid: The Twin Snakes, c’est bien la toute première version de Metal Gear Solid qui est présente dans cette compilation. Un choix étrange qui tient soit à la détention des droits par un tiers (Nintendo par exemple), soit à la décision d’ajouter le jeu à la Collection Vol. 2 qui arrivera sans doute l’an prochain. Mais même avec l’absence de MGS: TTS, c’est déjà sacrément bordélique pour s’y retrouver entre les différentes versions de ce Metal Gear Solid original. Entre le jeu d’origine, la version «Special Mission», celle intitulée «VR Missions» qui nécessite de télécharger un pack «Amérique du Nord» en basculant sur le Xbox Store et la version Metal Gear Solid Integral qui demande de son côté de faire la même chose avec un «Pack Japonais»… Il y a de quoi se perdre. Ce qu’il faut retenir, c’est que les VR Missions sont en réalité des petits tutoriels qui introduisent les différentes aptitudes de Snake, ce qui s’avère bien utile avant de se lancer dans l’aventure principale. Le reste ne concerne en réalité que quelques spécificités régionales.

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En lançant la partie, on constate que le résultat affiché à l’écran tient plus du simple portage que du remaster. Les premiers pas du côté du Détroit de Béring se font en 4/3, avec la possibilité de combler les espaces vides avec 7 fonds d’écran différents. C’est à la fois peu et suffisant. L’action quant à elle se fait dans une 3D très commune pour l’époque, avec des textures qui bavent bien, des visages très peu détaillés et surtout tout un tas de bugs visuels qui ne passeraient plus aucune certification aujourd’hui, même chez Microids. Etrangement, on finit par s’y faire, l’ensemble étant suffisamment cohérent dans sa proposition pour quelqu’un qui a connu les machines de l’époque. On doute en revanche qu’un jeune joueur parvienne à faire abstraction du tearing et de l’aliasing constant, qui viennent rappeler que le pixel-art est finalement bien plus appréciable pour un jeu 16-bit en 2D, que pour un titre 32-bit en 3D.

Le constat est le même en termes de gameplay, alors que le titre était considéré comme une référence à sa sortie il y a 25 ans. Malgré des caméras fixes, il est compliqué de s’orienter dans la bonne direction lorsque l’on rampe, que l’on se déplace le long d’un mur ou que l’on tire. Les déplacements au pas de course sont déjà plus souples, et le close combat reste assez simple à prendre en main. Toujours est-il que ce Metal Gear Solid joue la carte de l’infiltration à fond, et ne force l’affrontement qu’en de rares occasions, notamment face à des boss toujours aussi charismatiques. Et c’est là la véritable force de Ce MGS1. Alors que son gameplay et son esthétique sont désormais à la peine, il règne toujours ce petit parfum de moments épiques qui force le joueur à poursuivre l’aventure avec plaisir. La bande-son absolument parfaite y est forcément pour quelque chose, contrairement aux répliques en français abominables, dignes d’une mauvaise sitcom. Gros regret, l’absence d’un mode de sauvegarde rapide ou de retour en arrière, comme cela se fait généralement dans ce genre de compilation. Une expérience dans son jus mais qui vaut tout de même le détour pour ceux qui cherchent à connaitre les origines de la saga.

Metal Gear Solid 2: Sons of Liberty HD Edition

Changement de génération avec Metal Gear Solid 2. Finies les textures pixellisées à l’extrême et les bugs d’affichage qui font partie du décor, MGS2 réussi la transition, seulement trois ans après la sortie du premier épisode. On retrouve la volonté d’Hideo Kojima de nous proposer une expérience portée par son scénario et la mise en scène, avec un résultat évidemment plus abouti sur les intentions cinématographiques. Cela ne signifie pas pour autant que le jeu n’est pas exempt de défauts, notamment techniques, loin de là. Difficile là encore de comprendre le choix de Konami d’opter pour la version originale du titre en version HD, alors que Metal Gear Solid 2: Substance (sorti l’année suivante, et notamment sur la première Xbox) se chargeait justement de corriger certaines choses (et était disponible dans la Metal Gear Solid HD Collection sortie en 2014).

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A commencer par les cinématiques gâchées par cet horrible effet de blur (flou) omniprésent. Malgré une amélioration notable, les visages sont peu expressifs même s’ils bénéficient toutefois d’un doublage plus qualitatif, mais en anglais cette fois-ci. Nouvelle machine mais encore beaucoup d’imperfections concernant la gameplay, avec des déplacements beaucoup trop vifs et donc moins précis que dans MGS1, et des phases de tir toujours aussi chaotiques. Globalement, MGS2: Sons of Liberty est le moins bon des trois premiers épisodes de la franchise, de par des phases d’action trop souvent exagérées et des boss moins charismatiques. Toujours pas de sauvegarde rapide ou de retour en arrière, ni même la possibilité de revenir au menu principal sans devoir forcer le redémarrage. A noter que si vous voulez faire le jeu en version originale japonaise, il est nécessaire de télécharger un pack en passant par le Xbox Store.

Metal Gear Solid 3: Snake Eater HD Edition

Après avoir fait un petit pas en avant dans la chronologie, Metal Gear Solid 3: Snake Eater nous invite à faire un gros bond en arrière pour nous amener en 1964. Ce troisième épisode marque un petit virage pour la série, qui troque ses nombreux passages dans des lieux confinés, pour une aventure qui se déroule majoritairement en extérieur et qui offre une nouvelle dimension à la partie infiltration. Grimper dans les arbres est dorénavant possible, tandis que s’allonger dans les herbes hautes devient un loisir à plein temps, au risque d’y croiser un serpent ou un crocodile. Malgré ce topo peu aguichant, Metal Gear Solid 3 est une expérience ludique absolument incroyable qui force le joueur à se montrer patient et à prendre conscience de son environnement pour parvenir à ses fins, le tout sur fond de Guerre Froide, pour une ambiance totalement maitrisée.

Problème majeur, la caméra ne permet pas de balayer convenablement les alentours, tandis que ramper dans les hautes herbes masque une grande partie de la visibilité, ce qui oblige à s’exposer un minimum au risque de se faire repérer. Deux mécaniques originales viennent agrémenter l’aventure puisque Snake peut adapter sa tenue et son maquillage tel un caméléon. Plus fort encore, il est possible d’utiliser des pansements, du fil à suture et d’autres traitements médicamenteux pour soigner ses blessures. Une barre d’endurance fait également son apparition et limite Snake dans des actions particulières, comme le fait de s’accrocher à un rebord, suspendu dans le vide. Des trouvailles qui, misent bout à bout, offrent une expérience de jeu incontournable pour l’époque, couplée à une mise en scène qui se rapproche grandement de ce que peut produire l’industrie du cinéma. Les visages gagnent enfin en détails, et le titre tient bien la route techniquement, avec une végétation dense et crédible. On retrouve en revanche les mêmes défauts que les deux précédents volets, avec l’absence d’options de sauvegarde rapides et un système de visée ultra archaïque. Juste pour l’anecdote, on peut rappeler que MGS3 est sorti la même année que Metal Gear Solid: The Twin Snakes, en 2004. Un titre bientôt vieux de 20 ans mais encore bien au point aujourd’hui, et qui aura prochainement droit à un remake.

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Metal Gear & Metal Gear 2: Solid Snake

On ne va pas s’étaler autant sur ces deux titres, ajoutés sous la forme d’un bonus pour ceux qui achètent la compilation au complet. Bien plus limité ludiquement parlant que les titres tirés de la franchise Metal Gear Solid, ces deux épisodes prennent la forme de jeux d’infiltration en 2D, avec une vue du dessus suffisamment inclinée pour que l’on distingue les personnages (héros et ennemis) de la tête au pied. Chacun des deux jeux proposent deux difficultés, normale et originale, et bénéficient d’une traduction des textes en français, ce qui n’était pas le cas sur les versions sortis respectivement en 1987 et 1990. Le système de sauvegarde est ici plus simple à utiliser que sur les autres titres de la compilation, même si on regrette toujours l’absence d’une option qui aurait pu permettre un retour rapide en arrière pour corriger une erreur de jugement malencontreuse. Ce duo est en tout cas bienvenue, puisqu’il s’inscrit pleinement dans la chronologie de la saga.

Que vaut la compilation Metal Gear Solid Collection Vol. 1 ?

Le travail réalisé autour de cette première compilation n’est clairement pas à la hauteur de la grandeur de la saga. Même s’ils restent des références incontestables en matière d’infiltration, les trois premiers volets de la franchise Metal Gear Solid auraient clairement mérité de passer par la case remaster avec une remise à niveau sur la forme et quelques améliorations en termes de gameplay. Au final, on a affaire à de simples portages, ce qui devrait satisfaire ceux qui cherchent à récupérer les titres en guise de patrimoine vidéoludique, mais on aurait bien aimé pouvoir profiter de ces jeux cultes dans le meilleur écrin possible, ce qui n’est malheureusement pas le cas ici. 

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