Yar’s Revenge
Elle revient et elle est pas contente
La guerre à laquelle elle a participé il y a fort longtemps n’est malheureusement pas terminée. Yar est contrainte de reprendre les armes, sans vraiment savoir pourquoi ni contre qui. Quelques jolies et trop rares cut-scenes (ainsi que le comic d’époque d’une dizaine de pages en bonus) essayeront de nous éclairer là-dessus mais on perdra rapidement le fil de l’histoire, la faute à des dialogues in-game non doublés et intervenant toujours au moment où il est préférable de rester concentré sur l’action. Et c’est qu’il y en a de l’action. Celle qui s’exprime si bizarrement, encore plus qu’Alain Delon, va traverser forêts, cavernes et gigantesques bases dans le ciel pour accomplir sa destinée. La première chose que l’on remarque dans Yar’s Revenge et qui perdure jusqu’au bout du jeu, c’est que les décors, légèrement teintés de cell-shadding, sont plutôt jolis pour un jeu Xbox Live Arcade et défilent sans l’ombre d’un ralentissement. Des débuts à l’habillage tout droit sorti de Morrowind avec ses champignons géants à la suite faisant slalomer l’héroïne entre de gigantesques constructions de métal, rien ne semble pouvoir gâcher la fête. Rien ou presque. Les décors restent malgré tout redondants et ne comptent que deux univers vraiment différents. Et le bestiaire est franchement peu inspiré. Usant et abusant des classiques du genre (insectes, robots araignées ou vaisseaux spatiaux), mal modélisés de surcroit, Yar’s Revenge réussit l’exploit de les dévoiler quasiment tous dans le premier niveau. Ce copier-coller fait tâche et nuit à la diversité des situations.
Mais Yar a plus d’un tour dans son sac. Le titre d’Atari est un rail shooter dans la veine du célèbre Panzer Dragoon, sorti sur la Saturn de Sega au milieu des années 1990. Ainsi, on contrôle simplement le personnage pour éviter les tirs, celui-ci avançant automatiquement dans le niveau, et on vise avec l’autre stick. Un petit temps d’adaptation sera nécessaire mais ce genre de shooter plutôt rare de nos jours fait plaisir à être retrouvé et donne de fait à Yar’s Revenge une aura particulière. La blonde revancharde disposera de tout un arsenal pour faire tomber les têtes : classique mitrailleuse, canon laser, roquettes (au système de ciblage très proche de Panzer Dragoon ou encore Rez) et plus tard le "canon zorlon", arme surpuissante qui aide à faire le ménage en quelques secondes. Divers bonus viennent s’ajouter à tout cela, offrant des roquettes à tête chercheuse, des tirs anti-missiles ennemis ou un booster de mitrailleuse. Le nombre de possibilités se révèle intéressant au final et apporte au gameplay cette variété qui manque tant à l’habillage du titre. Yar ne pouvant transporter qu’un nombre limité d’objets de chaque genre à la fois et leur apparition étant très aléatoire, les utiliser devra se faire avec parcimonie pour ne pas risquer un affrontement avec un boss, la fleur au fusil. Il en sera de même avec les objets de soin, que le joueur risquera d’utiliser assez souvent dans un jeu offrant un challenge intéressant… et des moments bien confus.
La blonde contre attaque
En facile, Yar’s revenge ne posera aucun problème au plus novice des joueurs pour être terminé. Mais à partir de la difficulté par défaut, la progression se veut plus délicate. Les niveaux relativement longs et les objets de soin aux apparitions très aléatoires rendent ce jeu plus difficile qu’il n’y parait au début. Dans le feu de l’action, les tirs ennemis fusent. Yar est très résistante mais c’est souvent à l’usure qu’elle se fera abattre, en particulier contre des boss à la puissance très inégale mais qui ont tous un point en commun : une résistance à toutes épreuves. Après avoir traversé un très long niveau, faire face à un boss pour un affrontement presque aussi long casse le rythme. Ces derniers utilisant seulement moins de quatre patterns différents, ne cherchant pas à vous avoir par surprise, un sentiment de redondance et de lenteur se fera parfois sentir. D’une manière générale, des moments un peu trop posés sont succédés par des passages trop chargés en ennemis. L’angle de vision n’est pas toujours idéal et rend difficile l’appréciation des tirs ennemis lorsqu’ils approchent en grand nombre. En résultent quelques moments de cafouillage : on vise, on bouge, on esquive jusqu’à perdre le fil de l’action. Enfin, on regrettera que le level-design n’influe aucunement sur la progression : pas la peine de chercher à éviter une branche d’arbre ou un pilier, Yar passera automatiquement à côté et parfois légèrement à travers. Mais en dépit de tous ces défauts, Yar’s Revenge n’est pas désagréable à jouer ; il aurait seulement mérité plus d’attention.
L’aventure reste très agréable lorsqu’elle est partagée avec un autre joueur en local. L’approche des combats change, et on ne peut que regretter l’absence de coopération sur le Xbox Live qui aurait été être un vrai plus pour Yar’s Revenge. Quelques défis viennent compéter les modes de jeu, proposant de passer les niveaux avec des handicaps plus ou moins importants, ou en axant l’objectif sur le scoring. Ce dernier élément, primordial comme dans tout shooter, demandera une bonne connaissance des niveaux et de l’apparition des ennemis pour ne jamais laisser retomber le multiplicateur de score. Une raison qui incite toujours à revivre le mode campagne. Car s’il ne faut guère plus de deux heures pour en voir le bout, c’est la course à la progression parfaite et au gros score qui primera. Cette aventure, soutenue par une bande-son aux accents électroniques et assez discrète, offre au final un contenu honnête. Du côté des bonus, en plus du petit comic précédemment cité, une série d’artworks viendra gonfler l’offre. Proposé au prix convenable de 800 points Microsoft, Yar’s Revenge offre une expérience suffisamment peu commune pour mériter d’être essayée.